ODART (comte) Alexandre Pierre (1778-1866)

Publié le par DESBONS Pierre

ODART (comte) Alexandre Pierre (1778-1866)
ODART (comte) Alexandre Pierre (1778-1866)

Tiré-à-part : Le comte Odart, ampélographe tourangeau

Alexandre Pierre ODART (comte)

Né le 1er mai 1778 à Parçay-sur-Vienne au château de Prézault (Indre-et-Loire)

Décédé le 20 août 1866 à Tours rue Saint-Etienne n° 73

Polytechnicien

Viticulteur et agriculteur

1827

Nommé membre de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire

âgé de 48 ans

Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire. 1827

Séances des 12 mars, 9 avril et 15 mai 1827
Page 81
"La Société vient de réparer une partie des pertes qu'elle a faites, en admettant dans son sein de nouveaux membres résidants et associés.
Dans la première classe (membres résidants), on été nommés MM. Houssard, maire de Cérelles ; Lucet-Lamaillardière, homme de lettres ; Odart (le comte), et Viot Léon tous les deux propriétaires ; et dans la seconde MM. Bouffret (le chevalier de) ; Marchant de la Ribellerie, sous-intendant militaire ; Martigny aîné (de), propriétaire ; Ranque, docteur-médecin ; et Silas (le marquis de), capitaine d'état-major."

1827

Publication

Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire. 1827
Page 121
Séances des 11 juin, 9 juillet et 13 août 1827

"M. Odart communique à la Société un résumé de ses observations sur différents procédés de vinification indiqués dans les nouveaux ouvrages publiés sur cette matière. Il y joint le résultat de ses propres expériences sur celui de ces procédés qu'il a cru devoir adopter, et dont les avantages lui sont chaque année de mieux en mieux démontrés.
La Société entend la lecture de ces observations avec intérêt, et ordonne l'insertion dans ses Annales (On trouvera ci-après les deux rapports de MM. Latour et Odart).

1828
Publication


ODART A. , Notice sur le Blanc-de-Hollande, Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire. 1828, p. 138-141. 
 

1829
Publication

Annales de la Société d'Agriculture Sciences Arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire Tome IX. 1829.
Rapport de M. ODART, sur les progrès de l'agriculture.
p. 146-154
Messieurs,
Nous allons jeter un coup d'œil sur les travaux de la Société depuis sa dernière séance générale, et nous espérons démontrer que si ses efforts n'ont pas amené de résultats brillants, ils ont concouru du moins à maintenir le pays dans la ligne de perfectionnement qui est la tendance générale des esprits dans toutes les parties du royaume ; on verra ainsi qu'elle a marché avec persévérance vers le but de son institution. Cette revue aura spécialement pour objet tout ce qui touche à l'agriculture, laissant à quelques autres de nos collègues le soin de rendre compte de travaux d'un genre différent et qui n'ont de connexité avec elle que la réunion de leurs auteurs dans la même société. Combien de fois n'avez-vous pas recommandé aux propriétaires, la culture des prairies artificielles sans laquelle aucune amélioration n'est possible ; sans elles on ne peut avoir un bétail nombreux, nécessaire à la production d'engrais abondants ; aussi cette culture prend-elle chaque année plus d'extension. Malheureusement cette nécessité d'un bétail nombreux n'a pas été aussi vivement sentie. Nous laissons l'Auvergne nous fournir des bœufs, le Berry des moutons ; aussi l'abondance des fourrages artificiels a réagi de manière fâcheuse sur les propriétaires de prés. Vous avez encouragé, d'après le rapport que vous avait fait de ses essais un de vos membres dont les opérations agricoles méritaient toute confiance, la culture récente en ce pays du trèfle incarnat ou de Roussillon, qui résiste mieux à la gelée que les légumineuses annuelles, qui n'exige pas une aussi bonne qualité de terre que le trèfle ordinaire, et que l'on peut rendre en quelque sorte bisannuel sans porter un préjudice notable à la qualité du fourrage, en choisissant judicieusement l'époque du fauchage. Toutefois sa culture n'est pas encore sortie du cercle trop borné de quelques agriculteurs éclairés. Il n'en est pas de même de celle du trèfle commun qui s'est introduit depuis 12 à 15 ans [1814], et qui chaque année fait des progrès. Ils sont d'autant plus assurés que l'on ne doute plus aujourd’hui des effets merveilleux du plâtrage, que vous avez souvent proclamés dans vos annales, et qui est aussi une amélioration importante introduite peu après celle du trèfle. Mais je ne craindrai pas de la répéter, à côté de la production, il faut faire naître la consommation, par conséquent encourager la multiplication du bétail qui se tient toujours à un prix élevé et dont la trop grande rareté dans ce département, laisse les propriétaires de prés dans l'embarras, et leur fait envisager avec inquiétude l'accroissement continuel des prairies artificielles. Vous avez donc avec raison regardé comme un des objets les plus importants de vos soins la multiplication du bétail ; mais pour faire entrer dans cette voie de perfectionnement avec plus de confiance, vous n'avez manqué aucune occasion de faire ressortir les avantages de l'amélioration des races de haut et menu bétail, et votre voix a été entendue de quelques-uns ; aussi l'intérêt bien conseillé du propriétaire s'est fait jour à travers les obstacles qui résultaient pour lui de son isolement et de la distance des lieux où il pouvait satisfaire cette louable émulation ; nous pourrions citer une foule d'exemples de l'adoption de races supérieures à celles du pays. Vous avez fait de constants efforts pour relever les propriétaires de troupeaux, du découragement où les a jetés l'avilissement progressif des prix des laines. Le conseil général inspiré par le même motif de bien public, a voté l'année dernière l'allocation d'une somme de 3 000 fr., pour l'achat d'un petit troupeau de moutons à longue laine, de race anglaise, et a acquis, par le motif du moins, si ce n'est par le résultat probable, des droits à la reconnaissance des cultivateurs.
Nous avons à regretter que la Société d'Agriculture à laquelle ce conseil a donné constamment des témoignages de bienveillance, n'ait pas appelé à participer à l'accomplissement de ce vote ; qu'elle n'ait eu aucune connaissance ni de la répartition, ni des conditions imposées aux prenants ; nul doute que l'une de ces conditions eût été de rendre compte à la Société de l'état de ces bêtes précieuses, du bon ou mauvais succès du régime auquel on les aurait soumises, et des soins qu'on leur aurait donnés ; enfin Messieurs, vous eussiez rempli votre mission par vos efforts à faire profiter le département de la destination que le conseil général avait donnée à une parie notable de ces fonds.
Je ne laisserai point ignorer qu'un département voisin, celui de Loir-et-Cher, a été plus heureux que nous, et a obtenu de la munificence de Sa Majesté [Charles X], quatre béliers de la même race, de son troupeau d'Agi près de Bayeux Vous reconnaîtrez Messieurs, tout ce qu'il y a de touchant et de vraiment paternel dans cette libéralité ; c'est une des maximes de Marc-Aurelle mise en action. Vous avez répondu avec tout le zèle dont vous êtes animé pour le bien public, aux questions qui vous ont été adressées par M. le Préfet sur les causes de la détresse des propriétaires de troupeaux à laine fine [mérinos], et sur les moyens de les faire cesser. Votre réunion en présence du chef de l'administration, en donnant plus de poids à l'expression de vos voeux, me semble une occasion opportune de le prévenir en faveur du moyen le plus efficace que vous avez indiqué pour obtenir le résultat demandé, et qu'il peut puissamment faciliter ; je me permettrai donc de le rappeler : "c'est aussi dans l'amélioration de nos laines qu'il faut chercher un remède aux souffrances des propriétaires de troupeaux ; mais trop découragés pour hasarder de nouveaux frais d'amélioration dont les résultats leur paraîtraient éloignés et incertains, ils sollicitent votre intervention auprès de l'administration, pour qu'elle accorde une forte prime d'importation locale aux cultivateurs qui voudraient remonter leur race dans les troupeaux reconnus pour les plus beaux du royaume". Un vœu pareil a été exprimé dans quelques autres Sociétés d'Agriculture et exaucé. Malheureusement la session du conseil général s'ouvre trop tard pour que sa bienveillance soit profitable cette année à ces propriétaires.
"Non seulement vous avez porté à la connaissance des lecteurs de vos Annales de nombreux fragments des excellents écrits du cultivateur pratique le plus habile, l'auteur agronomique qui a su répandre le plus d'intérêt sur les sujets qu'il a traités, de M. Mathieu de Dombasle, dont les œuvres ont enrichi cette année vos archives ; non seulement vous avez, par ce moyen, par l'autorité d'un homme si recommandable, fait sentir l'importance des instruments aratoires perfectionnés, dont il décrit la forme et conseille l'usage dans ses écrits et par son propre exemple ; mais vous avez mieux à faire encore, en sollicitant et obtenant du conseil général les moyens d'en former un dépôt. Vous avez regretté que l'extrême éloignement de Roville vous détournât de les en faire venir directement ; mais vous avez pensé qu'il y aurait similitude de fabrication dans l'établissement rural formé à 14 lieues d'ici, par le fils et le gendre de M. Mathieu de Dombasle [M. Busco à Auverse dans le Maine-et-Loire]. Nous supprimons ici, Messieurs quelques réflexions que l'inspection scrupuleuse de ces instruments nous avait suggérées [M. Aubry de Laborde], craignant d'influencer le jugement de ceux qui seront tentés d'en faire exécuter de pareils, nous nous croirions responsables du tort qu'une opinion peut être erronée, pourrait leur faire dans l'esprit du public. Je mentionnerai seulement l'extirpateur à sept jambes de bois, couvertes de plaques de fonte, ou charrue-herse, ainsi que l'appellent les paysans sans mes voisins, parce que je peux attester les bons effets dans les terres légères, me servant avec succès d'un pareil modèle depuis 7 à 8 ans. 
J'engagerais ceux qui voudraient en faire fabriquer un conforme à celui qui est au dépôt, à veiller au placement mieux entendu des mansins, qui dans le modèle sont trop minces et trop couchés. 
Mais un véritable sujet de félicitation, Messieurs auquel vous avez concouru avec zèle par l'empressement de vos membres, soit résidants, soit associés, à donner l'exemple, c'est l'heureuse amélioration de l'instrument aratoire qui est la base de l'Agriculture, de la charrue. Il est difficile de croire qu'on puisse en imaginer une plus simple et d'un meilleur usage que celle qui nous est fournie depuis plusieurs années par MM. rousseau et Nourrisson, dont ils ont tiré le modèle de la fabrique de M. Molard, où elle est connue sous le nom de charrue américaine. 
Vous n'ignorez pas qu'ils en ont livré un grand nombre aux cultivateurs. 
Espérons que l'emploi de bons instruments aratoires contribuera puissamment à l'économie de la production, qui est d’une si grande importance en agriculture.
Ce serait surtout la culture de la vigne qui aurait besoin d'économie dans ses procédés ; malheureusement le mode de plantation, adopté dans la plus grande partie du département, ne permet pas d'espérer que nous puissions la cultiver autrement qu'à force de bras. Les cultivateurs du canton de Bourgueil ont été mieux inspirés en la plantant par rangées très écartées, qui laissant un espace suffisant pour la culture à la charrue, procurent l'épargne des façons à bras. Un particulier, que vous avez depuis agrégé à votre Société, avait tenté il y a une quinzaine d'années [1814], l'introduction de plants de vigne des rives du Rhône, sur une assez grande échelle, car il en avait fait venir 8 000 ; il avait eu l'espoir non seulement d'élever la qualité de son vignoble, mais encore de l'affranchir du tribut qu'il paie chaque année aux possesseurs de bois ; le plant précieux dont il avait fait le choix réunissant à ses autres bonnes qualités, celle de pouvoir se passer d'appui [échalas] ; malheureusement cette louable tentative n'a pas été couronnée de succès. Je ne renouvellerai point ici les doléances des propriétaires de vignes, elles ont été unanimes se sont trop bien fondées pour qu’ils ne conservent pas l'espoir que le gouvernement u aura enfin égard.
Je rentrerai dans le cercle que je me suis tracé en vous rappelant les efforts que vous avez faits, pour répandre les meilleurs procédés de vinification : tous les œnologues les plus accrédités s'accordent sur la supériorité de celui que vous avez si souvent recommandé dans vos annales ; il était déjà pratiqué depuis longtemps par des propriétaires de ce département. Ce qui le distingue particulièrement est une conviction de quiconque s'est occupé avec quelque réflexion de ce qui se passe dans un pressoir au temps des vendanges, de l'influence pernicieuse de l'air sur les masses fermentantes. On y a obvenu parfaitement au moyen du double couvercle et pa l'immersion constante de la vendange dans le moût. Ce serait peut-être ici le moment de reconnaître les vues paternelles du gouvernement qui a fait venir de Morée [La Morée est le nom donné à la région du Péloponnèse, en Grèce, à partir du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle], 12 000 plants de vigne dite raisin de Corinthe, dont il a ordonné la distribution dans les six départements du Midi ; il a sagement pensé qu'il fallait les acclimater en les faisant cultiver sous un climat analogue à celui qui les a fourni.
Vous avez souvent appelé l'attention de propriétaires sur les bénéfices que produisent les plantations ; nous qui pouvons apporter notre longue expérience à l'appui de nos observations, nous ne craignons pas d'affirmer qu'aucune sorte de culture n'en produit d'aussi satisfaisantes pour celui qui peut attendre. Du reste vos conseils n'ont pas plus manqué que les bons exemples, et ils ont porté leurs fruits ; car le paysan lui-même naturellement peu porté pour les innovations est jusqu'alors trop occupé des soins du présent pour chercher des ressources dans l'avenir, a reconnu l'importance d'un produit qui vient sans peine, qui se lie en quelque sorte à son existence, en lui laissant moins de regrets d'accumuler des années qui le rendent plus riche. Ajoutons que cette sage spéculation ne lui laisse aucune chance douteuse ; car quelques nombreuses que soient les plantations, le prix du bois blanc se soutient toujours, et i y a peu d'arbres qui ne rapporte à son propriétaire le prix du terrain qui l'a nourri.
Je pourrai parler aussi des semis nombreux de bois qui ont été faits depuis le retour de la paix dans notre patrie ; je connais un riche propriétaire qui depuis 14 à 15 ans a opéré le boisement de plus de 800 arpents de bruyères ; mais cette amélioration ne peut être entreprise que par des gens aisés, parce que le premier établissement est coûteux et qu'il faut pouvoir se passer pendant 18 à 20 ans du revenu des terres que l'on y consacre.
Nous ne passerons pas sous silence une nature de plantation jugée assez importante par la Société royale et centrale d'Agriculture, pour en avoir fait le sujet d'un concours annuel, celle des arbres à cidre. Quoiqu'elle le paraisse moins dans un canton vignoble et surtout dans une année où les vins restent invendus, nous pourrions dire parce qu'ils sont invendables, n'oublions pas que la principale et presque l'unique cause est leur mauvaise qualité. Qui de nous boira du vin de 1828 ? et qui ne lui préférerait pas un cidre doux et léger, tel qu'il est facile de l'obtenir par un judicieux choix des variétés et une bonne fabrication ? C'est donc pénétré de l'avantage de cette culture, comme le sont les membres de la Société mère, que l'un de nous s'est procuré des greffes des meilleures espèces de pommier en Normandie de chez un vieux praticien et auteur estimé d'un traité sur la matière, M. Renault, et est parvenu à pouvoir en placer environ 200 sur son domaine.
Je vous rappellerai aussi, Messieurs, qu'il y a une quinzaine d'années, la substitution du chanvre de Piémont à celui du pays fut opérée dans un canton de ce département, avec un grand succès qui se soutient toujours et qui s'étendrait encore si l'importation de la graine n'éprouvait pas de grands obstacles.
Ainsi, Messieurs, de quelque côté que vous portiez vos regards, vous y apercevez les efforts de l'industrie agricole pour son perfectionnement, pour affaiblir cette teinte obscure dont M. Charles Dupin [Charles Dupin, né le 6 octobre 1784 à Varzy (Nièvre) et mort le 18 janvier 1873 à Paris, est un mathématicien, ingénieur, économiste et homme politique français.], avec quelque sévérité, a chargé notre département. Continuons notre honorable tâche, nous y sommes encouragés par l'intérêt que le premier administrateur du département nous annonce par sa présence vouloir prendre à nos travaux. Il était déjà connu de toute la France par ses succès à la tribune [Christophe-Armand-Paul-Alexandre, vicomte de Beaumont] ; espérons qu'il voudra l'être plus particulièrement de nous par les bienfaits de son administration ; nous ne pouvons en douter en considérant que l'amélioration de l'agriculture, les progrès des arts et les investigations de la science ont le rapport le plus direct, le plus intime avec le bonheur du département que Sa Majesté" a confié à ses soins.
J'ai dit tout le bien que vous avez cherché à faire, tout celui qui s'est opéré, et comment vous pouviez prendre justement votre part de ces succès ; je ne dois pas pour être juste, laisser inaperçue non plus, la stagnation où est restée une sorte de culture qui, quoique bornée, n'offre pas moins le plus vif intérêt, je veux parler de celle des jardins. Qui le croirait ? que ce soit la province si favorisée de la nature que les étrangers l'ont nommée, trop bénévolement peut-être, le Jardin de la France, qui ne possède pas un jardin digne d'être cité, d'être visité par eux, même par les amateurs régnicoles ; tandis qu'Angers, plus éloigné que nous du foyer des lumières et de l'industrie, peut non seulement se glorifier d'un très beau jardin entretenu par la ville, mais aussi de plusieurs horticulteurs habiles (nous nous servons de ce mot comme étant pris dans une acceptation plus étendue que celui de jardinier), tels que MM. Leroy, Lebreton et autres qui réunissent à une pratique intelligente, de l'instruction sans laquelle tout jardinier n'est qu'un manœuvre, et la louable ambition que leurs talents soient connus et appréciés hors des murs de leur ville. Espérons que la création spontanée de plusieurs Sociétés d'horticulture, surtout celle de Paris, assise sur une large base, excitera l'émulation des amateurs ; qu'il nous feront part quelquefois de leurs observations, et qu'ils se réuniront à nous pour exprimer en commun le vœu de voir s'établir dans cette ville un jardin botanique, qui pourrait l'être en même temps d'étude et de bon exemple.
 

1832
Publication


ODART A. , Essai statistique sur le canton de Montbazon, Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire. 1832, p. 5-12.
 

1833
Publication


ODART A. , Coup d’œil sur les végétaux cultivés dans le département d’Indre-et-Loire, Flore complète d’Indre-et-Loire, (10 pages), Mame, Tours. 1833
 

1836
Publication


ODART A., Quelques observations sur la vigne, dans le département d’Indre-et-Loire, Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire. 1836, p. 204-216
 

1837
Publication


ODART A. , De la vigne et de sa culture. Maison Rustique du XIXe siècle, Encyclopédie d’agriculture pratique, T. II, p. 95-112, Paris. 1837
 

1837
Publication


ODART A., Exposé des divers modes de culture de la vigne, Mame, Tours. 1837
 

1839
Publication


ODART A, Compte rendu d'une mission en Hongrie dans l'intérêt de l'industrie viticole et œnologique 
Imprimerie. Mame Tours 1839
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8509612?rk=64378;0
 


 

1841
Publication


ODART A., Essai d'ampélographie ou description des cépages les plus estimés dans les vignobles de l'Europe de quelque renom. Tours 1841
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416243?rk=21459;2
 

1845
Publication


ODART A., Manuel du vigneron, 2e éd. Lib. Agric., Paris. 1845
 

1845
Publication


ODART A, Ampélographie ou traité des cépages les plus estimés dans tous les vignobles de quelque renom, 1e éd., Lib. Agric., Paris. 1845
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28936s?rk=42918;4
 

1849
Publication


ODART A., Ampélographie universelle ou traité des cépages, 2e éd. Lib. Agric., Paris. 1849
 

1854
Publication


ODART A., Ampélographie universelle ou traité des cépages, 3e éd. Lib. Agric., Paris. 1854
 

1859
Publication


ODART A., Ampélographie universelle ou traité des cépages les plus estimés dans les vignobles de quelque renom, 4e édition, Librairie agricole, Paris 1859
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3052155w?rk=85837;2
 

1861
Publication


ODART A., Manuel du vigneron, exposé des divers procédés de culture de la vigne et de la vinification dans les vignobles les plus renommés d'où l'on déduit, à l'aide d'une longue pratique la méthode rationnelle, 3e éd, Librairie de la Maison Rustique, Paris 1861
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3052477h?rk=107296;4

1862
Publication


ODART A., Ampélographie universelle ou traité des cépages, 5e éd. Lib. Agric., Paris. 1862
 

1865

ÉTUDE DES VIGNOBLES DE FRANCE pour servir à l'enseignement mutuel de la viticulture et de la vinification françaises par le Dr Jules GUYOT. Tome II, régions du Centre-Sud, de l'Est et de l'Ouest. PARIS Imprimé par autorisation de son Exc. le Garde des Sceaux. MDCCCLXVIII (1868)
p. 643-682
DÉPARTEMENT D'INDRE-ET-LOIRE

[Jules Guyot visite les vignobles d'Indre-et-Loire en 1865.]


Extrait p. 680-681
En visitant la Touraine, il m'était impossible de ne pas rendre à M. le comte Odart l'hommage qui lui était dû par tous les viticulteurs du monde, mais par les viticulteurs de France surtout (M. le comte Odart est décédé à Tours le 20 août 1866, dans sa quatre-vingt-huitième année.)
J'ai tenu à très grand honneur de visiter la Dorée (commune d'Esvres), domaine où l'éminent patriarche de la viticulture française (88 ans) a complété et vérifié, par une longue pratique, ses belles études ampélographiques, centre d'où sont partis ses précieuses leçons et ses importants écrits. Son Ampélographie universelle restera comme le cadre le plus naturel et le plus complet, cadre d'ailleurs toujours ouvert, de la classification et de l'appréciation des divers cépages. Son Manuel du vigneron est, sans contredit, le meilleur exposé des vraies données de la viticulture traditionnelle ; et, dans son Ampélographie comme dans son manuel, la plupart des grandes questions de la viticulture et de la vinification sont traitées ou posées de main de maître.
La Dorée n'offrait rien du luxe et du goût du jour, mais elle offrait, dans un vaste enclos, la collection des cépages les plus importants et les mieux étudiés par le plus éminent des viticulteurs modernes. Elle m'a donc paru, comme son propriétaire, digne d'admiration et de respect.
 

1866

Décès à l'âge de 88 ans

Le comte ODART décède le 20 août 1866 à Tours, au domicile de son gendre (M. Prosper Confeix de Neuilly), rue Saint-Etienne n°73.

1867

Annales de la Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire. Tome XLVI, année 1867, Séance publique du 14 décembre 1867
 
Éloge historique au défunt comte ODART (décédé à Tours le 20 août 1866) par Ch. de Sourdeval, président honoraire.

"Celui dont nous allons retracer la vie, ou plutôt apprécier les travaux, a eu le mérite de se créer une carrière sérieuse et honorable en dehors des fonctions publiques, et des exigences non moins grandes des professions lucratives.
M. le comte Odart s'est adonné à l'agriculture, et, dans celle-ci, tournant tous ses soins vers la vigne, il s'est tracé un sillon qu'aucune préoccupation n'a interrompu, d’une infatigable persévérance a conduit jusqu'au terme et fertilisé partout de son glorieux labeur.
Alexandre-Pierre Odart est né le 1er mai 1778, au château de Prézeaux, commune de Parçay-sur-Vienne (Indre-et-Loire), d'une ancienne famille de Touraine, qui comptait parmi ses ancêtres un croisé, dignitaire dans l'ordre du Temple, deux chevaliers-bannerets de l'armée de Philippe-le-Hardi, et un vaillant capitaine, qui, sous le nom de Cursay (fief de Loudun), aida activement Charles VII à reconquérir le royaume.
Un frère aîné, Henri-Louis, né en 1771, était entré aux pages du comte d'Artois [frère de Louis XVI et futur Charles X] et émigra avec le prince ; il ne rentra en France qu'au prix de quatre mois de prison qu'il du subir au Temple. Il reprit du service à la Restauration, sous le titre de marquis de Rilly, fit la campagne d'Espagne en 1823, attaché d'état-major du général Guilleminot qui lui-même était major-général de l'armée. Le caractère de haute distinction du marquis de Rilly a laissé dans le souvenir de son frère un sentiment profond de vénération, dont l’expression est inscrite en tête de la seconde édition de l'Ampélographie.
La qualité de père d'émigré occasionna l'emprisonnement de Claude-Henri Odart dans le donjon de Loches, d'où il fut conduit à la prison de Blois.
Le jeune Alexandre, dont nous nous occupons, avait été mis en 1787 au collège de Pontlevoy, dirigé parles Bénédictins. Il eut presque le temps d'y terminer ses études, et, malgré les troubles apportés par la Révolution, il y devint un latiniste suffisant pour que la lecture d'Horace et de Virgile lui restât familière. Les Bénédictins, cependant, durent abandonner le collège, où ils furent remplacés par des maîtres qui, à la nouvelle de la mort de Louis XVI, dansèrent la Carmagnole avec leurs élèves. Après ce couronnement de ses études le jeune Odart alla rejoindre son père dans les prisons de Blois. Des charrettes furent envoyées de Paris à Blois pour y chercher les prisonniers. Mais le 9 thermidor an II [26 juillet 1794], arrivé sur ces entrefaites, ajourna le départ du sinistre convoi, et le représentant Guimberteau, faisant une visite dans les prisons, mit en liberté MM. Odart père et fils, comme ennemis non dangereux de la République. Ils se retirèrent à Prézeaux, emportant, pour provision de voyage, les œuvres mathématiques de Bezout, que le fils étudia sous la direction du père. Quelques mois passés à Tours complétèrent ces études et mirent le jeune aspirant en mesure d'entrer à l'Ecole polytechnique, alors à sa formation : il y fut reçu en même temps que MM. Vallée et les deux frères Derouet de Tours, qui, tous trois, ont parcouru une honorable carrière dans le génie militaire. Ils eurent la chance insigne d'entendre les leçons de ces hommes illustres qui furent les fondateurs de la science au commencement du siècle, Fourcroy, Bouillon-Lagrange, Guyton-Morveau, Monge, Berthollet.
Les désastres de l'armée d'Italie à Cassano et à Novi, inspirèrent au Directoire l'idée d'incorporer les élèves de l'Ecole dans les régiments de l'armée, sous prétexte qu'on avait besoin de soldats plus que d'officiers. M. Odart fut, en conséquence, envoyé à Lorient, dans un régiment d'artillerie de la marine, dont était colonel M. Leblanc de la Combe, père du colonel d'artillerie que nous avons connu à Tours, auteur d'un travail remarquable sur la vie et les ouvrages du peintre Charlet.
Le premier Consul, après le 18 brumaire, eut assez de confiance dans la France et dans lui-même pour rétablir l'Ecole et y ramener les élèves dispersés. Vers le temps où M. Odart y finissait ses études, il fut rappelé auprès de son père mourant, et, après la mort de celui-ci, se trouvant, à 22 ans, en possession d'un domaine important, il se rappela combien, dans les exercices à l'Ecole et dans ceux du régiment d'artillerie, la faiblesse de sa vue avait rendu pénible la mise en pratique des théories mathématiques qu'il avait apprises ; il se décida à renoncer à la carrière militaire pour se livrer à l'agriculture.
Celle-ci était alors dans l'enfance et ne s'élevait guère au-dessus de la routine. Dombasle n'avait pas creusé ce sillon qui devait ouvrier le sein de la terre à tant d'expériences et de méditations. L'abbé Rozier, Duhamel, Arthur Young, étaient les maîtres d'alors ; le jeune Odart résolut d'appliquer, sous leurs auspices, les facultés studieuses de son esprit. Il le fit avec ardeur, mais aussi avec calme et persévérance. Son attention se partagea toujours entre l'étude et la pratique, car il était littérateur en même temps qu'agriculteur. Les auteurs anciens et modernes étaient l'objet de ses études, et les classiques latins et français toujours présents à sa mémoire. Il a composé diverses œuvres littéraires pour la pure satisfaction de son esprit, et que sa modestie a refusé à la publication, l'étude de la vigne devant suffire à sa renommée. Dans cette carrière ainsi spécialisée, son esprit cultivé vit les choses de haut, et puisa toujours aux sources de l'intelligence en même temps que son sens droit observa sur le sol l'effet de son travail. Ses premiers essais ne furent pas lucratifs ; et cependant, il eut à s'applaudir de deux succès : la culture du chanvre de Piémont donna de tels résultats entre ses mains qu'elle s'est popularisée dans le pays et que les simples cultivateurs ont continué de s'approvisionner de gaines sur les bords du Pô, pour obvier à la dégénération ; la plantation du Grisard de Hollande ou peuplier blanc (populus alba), qui avait si magnifiquement réussi à Duhamel, sur les bords de la petite rivière d'Essonne, au Monceau et à Malesherbes, reçut une heureuse extension en Touraine par les mains de M. Odart.
Peu satisfait cependant de ses débuts agricoles, il se renferma dans l'horticulture. Les plus belles espèces d'arbres fruitiers furent rassemblés, et les soins intelligents qu'il leur donna développèrent les fruits en des conditions peu communes. La pomologie le conduisit à la voie qui devait définitivement illustrer sa vie. Cette voie fut celle de la vigne. Les raisins de table furent naturellement le premier objet de son attention, puis vinrent ceux du pressoir.
Ce fut dans ce moment de transition qu'il se maria : il épousa, au château de la Motte-Sonzay, Mlle de la Bonninière de Beaumont, fille du comte Charles de Beaumont.
Cette honorable alliance le détermina à se rapprocher de Tours et à acheter la terre de la Dorée, au bord de l'Indre, dans la commune d'Esvres. Le parc, entouré de murs, offrait une étendue suffisante pour les jardins d'agrément et les plantations utiles à la fois. Les murs se revêtirent d'espaliers où s'épanouirent les fruits les plus variés et surtout les raisins les plus divers et les plus beaux. Le sol calcaire-siliceux se prêtait dans un juste équilibre au développement des plantes et à la maturité du fruit. La collection de vignes, déjà ébauchée sur les bords de la Vienne, fut continuée sur ceux de l'Indre avec le plus grand zèle. La collection du Luxembourg, confiée alors aux soins intelligents de M. Hardy ; les riches pépinières de M. Audibert, à Tarascon, et des frères Baumann, à Strasbourg, fournirent un ample contingent à cette réunion. Des correspondances, progressivement étendues sur tous les points de la France, sur plusieurs de l'Italie, de l'Espagne, de l'Autriche, dans la Méditerranée et à Madère, finirent par compléter un musé où sont représentés les éléments de toutes les productions viticoles de quelque renom dans l'univers. Le Gouvernement se prêta à cette œuvre utile par le concours de ses fonctionnaires diplomatiques. De la sorte arrivèrent les cépages de Turquie, de la Perse, du cap de Bonne-Espérance, et ceux aussi de la Russie méridionale, où M. de Hartwiss (1) dirigeait les vignes de l'empereur de Russie à Magaratch, en Crimée.
A cette époque, où le bienfait des chemins de fer n'existait pas encore, les voyages étaient lents, pénibles et dispendieux. M. Odart en fit peu ; il s'est rendu aux congrès viticoles de Dijon, de Bordeaux et d'Angers ; il en revint avec l'esprit enrichi d'observations judicieuses, le cœur pénétré des hommages qui lui furent rendus, et sa collection fut accrue de quelques cépages recueillis et bien observés sur les lieux. En 1839, à l'âge de 61 ans, il obtint du ministre de l'agriculture qu'une mission lui fût confiée pour aller en Hongrie, étudier, au moment des vendanges, les vignobles de Tokay. Il s'y rendit, et, chemin faisant, il observa les vignes de l'Autriche et la belle collection de cépages rassemblée à Bude, par M. Schams.
A Tokay, son œil exercé démêla promptement les ressorts divers de la célèbre production. Un massif volcanique, l'Hégi-Allia, en forma l'enceinte ; un sol de basaltes pulvérisés offre, sous le 47e degré, une terre féconde et chaude à la fois que le confluent de la Theiss et du Bodrog arrose, aère et vivifie dans les conditions des meilleurs vignobles connus. Il observa à fond le sol, les cépages, les modes de culture et de vinification. L'accueil qu'il reçut fut digne de la mission qu'il remplissait, et des vives lumières émanant de son langage, car, à cette époque sa réputation n'était pas encore établie. L'Ampélographie n'avait pas paru, et le Manuel du vigneron, à peine né sous un autre nom, n'avait pas encore conquis sa renommée. 
Au retour de la Hongrie, il reprit ses occupations sédentaires. L’étude, l'observation, la pratique, et l'expérimentation, tels ont été ses procédés constants et les su sûrs de ses succès. L'étude a ouvert son attention sur touts les vignes anciennes et modernes, préparé son esprit à la profondeur de l'examen et à la couleur gracieuse qui devaient donner tant de solidité et tant de charme à ses descriptions et à ses conclusions. Entouré d'une richesse d’éléments que nul n'avait jamais eue sous la main, il consacra à cette étude un loisir passionné et une persévérance que ni Chaptal, l'homme d'Etat et le savant, ni Bosc, le voyageur écrivain, n'avaient eus à leur disposition. Aussi, tout en consultant les opinions de ses devanciers, les soumit-il toutes à de nouvelles épreuves. Pour se guider dans ce labyrinthe, il avait, outre l'étude, un grand fonds de bon sens, un esprit critique lumineux, un tact sûr, une grande finesse de dégustation, et nous croyons même pouvoir compter au nombre de ses avantages, une myopie qui, le forçant à examiner de très-près les objets soumis à ses observations, lui révélait les nuances les plus délicates du caractère de chacun et les gravait plus profondément dans sa mémoire (2). Sa collection, si elle ne fut la plus complète, a du moins été la mieux étudiée qui fut jamais, et, à ce titre, elle a produit le meilleur fruit, puisqu'elle a donné l'Ampélographie. Il a justement consacré l'un de ses chapitres à la difficulté de former une bonne collection. C'est, qu'en effet, il ne suffit pas de recevoir des plants étiquetés ; ces plants ont été arrachés pendant l'hiver, alors que l’absence des feuilles et des fruits en efface les caractères ; puis, au milieu de nombreux échantillons, l'expéditeur peur commettre des erreurs : les désignations locales peuvent enfin donner le change et confondre une même individualité sous des noms divers. Son triomphe a été de débrouiller le chaos, d'en faire sortir la lumière et de mettre le positif à la place de l'incertain.
En se livrant à ces études, le comte Odart était loin de songer uniquement à s'enrichir ; sa pensée était plus haute et plus philosophique ; il a cherché le progrès de la science viticole plus que son bénéfice. Celui-ci, cependant, ne lui a pas fait défaut ; mais le désir du bien et de sa propagation a été le but le plus constant de ses effort. Fixé à la campagne, observant les travaux populaires, et se rendant compte de l'esprit qui les dirigeait, il a pris à tâche d'étendre leur action par la connaissance des pratiques usitées en d'autres temps, et sur d'autres terrains. Il a, en conséquence, recherché avec soin et étudié ce qui a été écrit sur la vigne : il a reconnu combien tout était incomplet. Chaque localité était privée de l'expérience et des lumières acquises autre part. Les chimistes, qui étaient intervenus dans la question, avant que les matériaux fussent suffisamment préparés, y avaient, malgré de grands talents, apporté plus de trouble que de clarté. L'observation attentive de la nature lui révéla une foule d'erreurs accréditées dans les esprits. Le redressement de ces erreurs, la recherche de la vérité à la fois simple et féconde, devint alors l’objet de sa vie, et son mérite impérissable est d’avoir éclairé la question viticole de vives lumières restées triomphantes. S’attaquer aux idées émises par la science d’alors était un entreprise bien audacieuse ; la force de la conviction l’y conduisit cependant ; l’exposé de sa discussion est soutenu avec un talent, une force de dialectique irrésistibles, et en même temps avec une courtoisie parfaite, dans l’Introduction du Manuel du vigneron. Eh ! Comment n’aurait-il pas triomphé quand il dénonçait la préoccupation étrange des chimistes, ayant pur but d’augmenter la spirituosité du vin au-delà de la proportion donnée par la nature : « Comme si, dit-il, la spirituosité était la condition unique qui constitue la qualité du vin ; et cependant qui ne préfère aux vins du Roussillon, vins si chauds qu’ils en sont presque impotables, à moins qu’ils ne soient très-vieux, le vin de Bordeaux, froid quand on l’a pas dénaturé, mais en même temps si léger, si salutaire, d’un bouquet si agréable quand il a vieilli ? On a reconnu aussi que ce n’est pas à l’alcool que le Chambertin doit la supériorité de sa qualité, puisqu’il est inférieur, sur ce point au vin de Gouais noir et à celui d’autres cépages peu recommandables. Nos œnologues chimistes ont la manie de dénigrer les vins des climats tempérés. La supériorité qu’ils accordent unanimement aux vins des climats méridionaux a dû faire croire à leurs lecteurs que ces climats produisent naturellement de bons vins comme ils produisent des oranges et des olives, et moi-même j’ai partagé cette impression. Et pourtant, le vin de Champagne, qui n’est pas du midi, se boit dans toutes les parties du monde. Les vins de Bourgogne et des bords du Rhin jouissent d’un renom également incontesté. Ce simple exposé ne suffit-il pas pour renverser la théorie opposée ?
M. Odart a eu à combattre d’autres hérésies, tant populaires que scientifiques. Le vulgaire est porté à attribuer au sol une influence excessive ; il se figure que les crus classés dans l’infériorité par une longue tradition de la routine, doivent toujours conserver leur caractère, qui si on leur confie des cépages supérieurs, ils les dénatureront à la longue, les assimileront aux espèces indigènes, et leur feront produire un vin analogue à celui qui a toujours été récolté dans la localité. Ce préjugé de l’ignorance a même trouvé des échos jusque dans les sommités de la science. Dussieux, Parmentier, Lenoir, Bosc, ont affaibli l’importance des cépages, en attribuant une influence excessive au climat et au sol. ; et l’illustre Chaptal lui-même, a prêté son imagination et sa plume à rédiger la formule suivante : « Supposons qu’un habitant de la Touraine, se procure des marcottes de Bordeaux et de la Champagne, qu’il les plante séparément et qu’il donne à chacune de ces nouvelles colonies les soins de culture qu’elles auraient reçues dans leur pays : voyons quel seront les résultats !
« Les vignes bordelaises mûriront douze à quinze jours plus tard, la première année de leur rapport, que les vignes de la contrée, parce qu’elles se seront trouvées à une température moins chaude ; et, par la raison inverse, les vignes de Champagne amèneront leurs fruits à maturité douze à quinze jours plus tôt. L’année d’après, les temps de la maturité des unes et des autres se rapprocheront davantage, la différence sera encore moins sensible les années suivantes ; et, enfin, après huit ou dix ans, cette époque de maturité, la saveur des raisins, tout sera tellement rapproché, que les caractères apparents et la variété des produits se confondront, au point qu’on ne pourra plus reconnaître ces vignes étrangères de celles du pays. »
« J’ai été, continue M. Odart, après avoir cité ce texte du célèbre chimiste, j’ai été ce propriétaire de la Touraine, invoqué par Chaptal ; j’ai réuni des plant des vignobles les plus renommés du Bordelais, de la Champagne, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Asie mineure, de la Tauride, de la Perse etc. J’atteste que rien de ce qu’il a dit ne s’est passé sur mon sol, et que chaque cep a gardé son individualité avec ses caractères propres. J’affirme, après expérience, que plusieurs caractères sont persistants dans tous les sols : la présence ou l’absence de coton sur les feuilles ; la couleur et la forme des grains du raisin, presque toujours leur disposition sur la grappe, la distance plus ou moins rapprochée des yeux ou boutons sur le bourgeon ou sarment. Le sentiment de ces auteurs est en opposition formelle avec l’observation et aussi avec l’opinion des auteurs italiens, le comte Gallesio, le docteur Gatta, l’abbé Milano, et de l’espagnol Don Simon Roxas Clemente. Je ne soutiendrai pas que le Cabernet produirait ailleurs un vin d’aussi haute qualité que dans le Médoc, quoique sous le nom de Breton, il en donne un très délicat en Touraine, dans la plaine de St-Nicolas de Bourgueil ; mais certainement ses caractères principaux, tels la forme de la grappe, celle des grains et leur saveur se sont immuablement conservés en Touraine. Les vignerons disent que le Côt aime notre pays, mais ces cépages ne sont certainement pas indigènes de ces localités ; ils y ont été importés. »
Eh ! ne voyons-nous pas d’ailleurs que, en chaque vignoble, il existe, de temps immémorial, des cépages divers, à raisins blancs, roses, noirs, avec la pulpe blanche ou rouge ; la feuille est entière ou à plusieurs lobes ; elle est avec ou sans duvet cotonneux. Ces cépages poussent, fleurissent, mûrissent chaque année, l’un à côté de l’autre, sans que jamais ni l’influence du sol ou du climat, ni celle du voisinage réciproque altèrent leurs caractères et les amènent à assimilation. Comment la science a-t-elle pu mettre en question un fait aussi évident ? 
A cette thèse malencontreuse de la transformation des cépages sous l’influence du climat et du sol, s’en joignit un autre peu motivée et qui eut pour défenseurs trois hommes d’un incontestable mérite. Elle consiste à prétendre que la propagation par bouture, marcotte et même tubercules, conduit à la dégénération, et qu’il est urgent de combattre cette décadence en ravivant la nature des plantes par des semis (3). M. Odart, fort de la conviction qu’il s’était fait de la persistance des cépages, de leur invariabilité à travers les sols et les climats divers, et de leur retour constant aux qualités les plus éminentes de leur espèce, lorsqu’après un exil en sol défavorable ils reviennent en terrain de leur première renommée, ne pouvait laisser passer une telle proposition sans en démontrer la vanité et l’inutilité. Il commença par dénier la dégénération, qui, en effet, est toute réfutées par la démonstration qu’il a faite de la persistance des cépages, aussi parfaits aujourd’hui dans le Médoc, ou dans les crus d’Aï et de Romanée, qu’ils le furent jamais. La transmission par boutures lui paraît beaucoup plus constante, plus inaltérable que celle par semis, dont le propre est de produire l’inconnu sous mille variétés. Parmi ces variétés, il en est sans doute dont les qualités peuvent être appréciées à la longue, mais la plupart tendent à se rapprocher du sauvageon et auraient besoin de la greffe. La valeur des espèces inconnues et si incertaines, demande une étude de longue haleine, et lorsqu’on aura entrevu les qualités de certains raisins, il restera à planter une vigne d’un demi-hectare de chaque espèce nouvelle pour en apprécier le mérite au point de vue œnologique ; car la saveur du raisin ne préjuge rien sur celle du vin qui doit en résulter. « Ne savons nous pas dit-il, que deux sortes de vignes qui donnent les meilleurs vins du monde, le Cabernet du Médoc et Granaxa d’Aragon produisent des raisins d’un goût très médiocre ? Or, donc, dans combien de temps et à quels caractères connaîtra-t-on les raisins propres à faire du bon vin ? Ce n’est pas trop de dire 25 ans. » Le succès, sans doute peut couronner quelques tentatives, mais quelles combinaisons, quelles chances ruineuses à courir ? Quel besoin est-il de se lancer en de telles aventures lorsqu’on a sous la main des cépages éprouvés pour chaque sol, chaque climat ; chacun des quels se prête à une migration plus ou moins étendue, de manière qu’il est possible de satisfaire à touts les sols susceptibles d’assurer la maturité du raisin !
Cependant, en soutenant et en démontrant, autant que possible, le principe de fixité et de la permanence des cépages, il était difficile de remonter à leur origine et de dire s’ils ont été ainsi établis par la nature ou par la culture, ou s’il y a lieu de compenser la part de ces deux principes. C’et qu’il n’est pas aisé de saisir ce point de partage où la nature a modifié ses règles strictes pour confier à la civilisation une partie de ses richesses. On ne connait pas l’origine du froment et des autres céréales, ni celles de la plupart des végétaux légumiers ou fruitiers dans le mystère de leur développement cultural, de même qu’on ne peut saisir l’instant où le chien, le cheval, le chameau, le bœuf, le mouton, la poule se sont attachés à l’homme pour vivre à la fois sous sa servitude et sa protection. Ces causes adventices se confondent avec les causes premières dans les traditions les plus lointaines aussi bien que dans le creuset scientifique.
Mais le comte Odart ne borna pas ses études à la connaissance matérielle des cépages, il les étendit à la culture, à la taille, au mode de vendange propre à chacun. Les renseignements les plus minutieux furent pris dans tous les vignobles de France et l’étranger, les documents furent rassemblés toutes parts par livres et correspondances. Le résultat de tant de recherches devait naturellement se résumer en quelques écrits. Les livres qu’il a publiés furent le corollaire, non le motif de ses études ; il a écrit parce qu’il savait. Les Annales de la Société d’agriculture portent l’empreinte de ses premiers essais ; il y a consigné ses vues sur les cultures diverses de la vigne et sur les collections de cépages.
Le premier volume sorti de sa plume fut intitulé : Exposé des diverses cultures de la vigne, d’après les usages reçus dans les vignobles célèbres. Cet ouvrage prit, dans une édition suivante, une extension nouvelle, résultat naturel d’une étude faite à dessein de compléter un livre écrit, cette fois pour le public, non plus seulement pour un petit cercle. Ce livre auquel le titre de Manuel du vigneron fut donné par l’avis de l’éditeur, justifie ce titre, tout en conservant son caractère encyclopédique à l’égard des modes divers employés dans les vignobles célèbres. Les documents les meilleurs y sont groupés autour d’un noyau formé par l’expérience et la pratique personnelle de l’auteur.
La vigne a été son champ d’observations ; il avait fixé son œil scrutateur sur tous les phénomènes, prêté une oreille attentive à toutes les voix de la nature, et une dégustation d’une extrême finesse à tous les produits : « Il m’a semblé dit-il, que le laboratoire du vigneron était sa vigne, son pressoir et son cellier. » Grâce à cette base si vraie et si solide, son immense érudition viticole s’est condensée en un exposé de faits toujours vérifiés et présentés en déduction de la plus saine logique. Tout caractère de compilation disparait pour faire place à l’œuvre personnelle et originale.
La viticulture se partage en deux branches fort diverses ; l’un a pour but l’abondance, et l’autre la distinction des produits. L’abondance et la distinction sont malheureusement incompatibles. Les cépages très féconds n’ont que des produits de qualité médiocre, et les cépages distingués ne donnent qu’une faible vendange. Dans les années d’abondance, les crus les plus célèbres éprouvent une dépréciation marquée dans la qualité de la récolte. Le haut prix des vins distingués peut seul compense le défaut d’abondance ; et ce haut prix ne s’obtient que dans les crus de grand renom. Aussi est-il arrivé que nombre de crus de moyenne renommée, ne pouvant soutenir la concurrence contre le profit des vignobles fameux, ou contre celui des vignobles vulgaires, mais abondantes, ont renoncé à lutter contre le premiers et se sont rangés sous la bannière des seconds, en sacrifiant leurs plants distingués à d’autres moins délicats, mais plus productifs.
Les grands profits de la vigne française se partagent ainsi entre les vins supérieurs de Bordeaux, de la Bourgogne, de la Champagne, et les vins très abondants du Midi. L’un et l’autre système a ses théoriciens très habiles, et à juste titre ; car toute production ne peut atteindre à une haute distinction, et, dans la vie commune, les vins ordinaires rendent plus de services que les vins très recherchés.
Les travaux du comte Odart se sont particulièrement dirigés vers les qualités nobles du vin. C’était une conséquence de son genre d’esprit cultivé et quelque peu aristocratique. Chez lui, l’idée de l’art l’emporte sur celle du profit. Cette dernière a ses professeurs, au grand avantage de la consommation générale. Mais pour lui, sans négliger ce qui, de la vigne, peut tourner au profit des populations, il a incliné assez visiblement vers la production de choix, et il a voulu, autant que les circonstances le permettent, relever la production de la vigne à tous ses degrés et dans tous les sols.
Le but de son ouvrage, il nous le dit lui-même, a été l’amélioration des produits, et il le formule ainsi : « Encourager partout la production des bons vins, et, à cet effet, jeter dans les esprits les germes de cette idée qui peut-être féconde en résultats. Dans les départements où la vigne est cultivée, il n’y a pour ainsi dire, pas un domaine qui ne possède un terrain propre à la production d’un vin de qualité supérieure, moyennant quelques soins, du discernement et de bons conseils ; la similitude du terrain n’est jamais indispensable. »
En tous ses écrits, il a préconisé la qualité au-dessus de la quantité ; il a conseillé l’amélioration du vin dans tous les crus, et le naturel dans la fabrication. Il rejette avec énergie les moyens artificiels, toutes les additions de matières étrangères et tous les procédés employés par le commerce ou exigé par celui-ci des vignerons, au détriment de la renommée des crus et de l’hygiène des consommateurs. Son âme droite et fière, son goût si délicat, se révoltaient également contre toute altération.
Il a insisté pour que l’égrappage, recommandé par Chaptal et son école, pratiqué dans le Médoc et la Bourgogne, ne se fasse pas ; il a remarqué, par nombre d’observations, que le vin cuvé avec la grappe entière acquiert plus de corps, plus de solidité, et qu’il se conserve mieux.
Les mêmes idées philosophiques qui l’avaient porté à écrire le Manuel du vigneron, contenaient les éléments d’un autre ouvrage, non moins original ni moins important. Ce grand musée de cépages, qui forma la collection de la Dorée, et dont les caractères, si bien saisis, si richement nuancés, permettent des combinaisons à l’infini dans la production du vin, demandait un catalogue descriptif et appréciateur. C’est là l’origine et le motif du curieux volume publié sous le titre d’Ampélographie universelle, ou traité des cépages les plus estimés dans les vignobles de quelque renom. Jusque-là, des descriptions incomplètes, des nomenclatures locales étaient seules apparues. Celles laissées par les anciens étaient tout-à-fait insaisissables dans leurs caractères, celle dOlivier de Serres, La Quintinie, l’abbé Rozier, étaient insuffisantes pour débrouiller le chaos. L’allemand Sachs, l’italien Milano, l’andalou Don Simon Roxas Clemente, auteurs d’excellents ouvrages n’avaient décrit que les cépages de leur province. Il s’agissait de franchir les limites de celles-ci et de former un tableau général, qui mit le lecteur, et surtout le vigneron, en présence de tous les éléments que la nature cultivée pouvait offrir. L’Ampélographie universelle fut ce tableau. Trente ans d’études, de recherches assidues, de correspondances sur tous les points du monde viticole, avaient précédé la première édition, qui parut en 1845. Depuis lors, des informations de plus en plus étendues ont permis de rectifier et d’améliorer cet ouvrage ; cinq éditions se sont ainsi succédées, de 1845 à 1862, et celle-ci n’eût pas été la dernière si le grand âge de l’auteur eût permis de continuer une œuvre dont les limites sont nécessairement difficiles à atteindre.
Jamais homme ne fut plus compétent pour traiter une pareille matière. Il a peu voyagé ; mais quelles pérégrinations pouvaient remplacer ces observations de tous les instants, poursuivies pendant plus d’un demi-siècle sur des cépages mis en présence les uns des autres, étudiés en toutes saisons, comparés dans chacun de leurs caractères ? Cette étude ne pouvait être faite que par un praticien zélé, à l’esprit éclairé et pénétrant, comme l’était celui du vigneron de la Dorée. Il a apporté la lumière là où le chaos seul régnait ; on croyait à la confusion, à la variation des cépages : il a démontré leur fixité et présenté autant que possible, les moyens de les reconnaître à travers les synonymies locales ; il a appris à des localités, souvent fort éloignées les unes des autres, qu’elles possédaient à leur insu un même cépage, et que ce cépage avait acquis, sur certains points, la plus haute renommée. Qui se doutait, avant la publication de l’Ampélographie, que le plus délicat plant du Médoc fût cultivé en Touraine sous le nom de Breton [Cabernet], et dans la Nièvre sous celui de Véron ; que le Pinot ou Noirien, l’élément le plus noble des vins de la Bourgogne et de la Champagne, se retrouvait avec tous ses caractères, sous le nom d’Auvernat noir dans le Loiret et le Haut-Rhin ; sous celui d’Orléans ou Plant-Noble dans l’Indre-et-Loire, des Salvagnin noir dans le Jura et à Neufchâtel, de Schwartz-Klewne en Alsace, de noir de Versitch à Bude, et de Czerna-Okrugla-Ranka en Hongrie.
L’œuvre est maintenant facile à continuer pour arriver à plus de précision encore, mais surtout elle est utile pour diriger sur chaque terrain, sous chaque climat, les combinaisons qui peuvent conduire à la production la plus distinguée ou la plus abondante. Elle met en main des ressorts que le vigneron peut faire mouvoir çà son gré dans les limites que permet la nature au profit de la qualité ou de la quantité. L’Ampélographie, si difficile à faire, à cause des conditions toutes spéciales qu’elle demandait dans la vie d’un homme, est donc fondée désormais sur des bases solides, autant que la matière le comporte. Il faut avouer cependant qu’un ordre rigoureux est bien difficile à établir parmi les végétaux qui appartiennent à l’état cultivé, et à la répartition desquels la nature n’a pas donné, comme dans l’état sauvage, ces caractères accentués qui se prêtent aux classifications botaniques. Pour édifier sa classification, M. Odart a consulté tous les auteurs qui l’ont précédé.  Les uns se sont appuyés sur les feuilles cotonneuses ou glabres, entières, lobées ou laciniées, sur la forme ou la couleur des grappes et des grains de raisin, sur les sarments à nœuds écartés ou rapprochés. Mais il a reconnu que la nature se dérobait à ces distinctions, que les espèces bien groupées dans la réalité, comme les Pinots, les Gamais, les Mauzacs, les Carbenets, le Sauvignons, se jouaient dans leurs variétés des caractères ci-dessus. Il a donc cru devoir se borner à une classification par régions. Rien ne parait moins scientifique au premier abord, et cependant, en observant le parti qu’il a tiré de cette méthode, on voit qu’elle a l’avantage de ne pas renfermer trop de système à sa base, et que, par cela même, elle se prête à plus d’élasticité dans la description des caractères. C’est ainsi que le système sexuel dans la botanique, si précis, mais si exigeant, a dû céder la place à la méthode naturelle, qui ne se trouve pas emprisonnée en des conditions absolues et permet de multiplier les caractères. S’il a fallu se relâcher ainsi de la rigueur systématique pour suivre les caractères de la nature végétale dans toute son étendue, à plus forte raison, quand il s’agit de végétaux appartenant à la civilisation et multipliés en de nombreuse nuances sur les mêmes caractères essentiels de la botanique, faut-il agir avec prudence, avec tâtonnement, pour ne pas tomber en de regrettables contradictions.
Le Manuel du vigneron et l’Ampélographie universelle ont créé la Viticulture comparée, science qui fait aujourd’hui de sensibles progrès, grâce aux semences répandues par ces deux ouvrages et fécondée par l’immense pulsion imprimée par les voies de communication. La science viticole, autrefois localisée en divers procédés inconnus d’une province à l’autre, se généralise sous le rayon d’une lumière bienfaisante qui s’étend à tous les sols et à tous les climats, faisant la art à chacun dans la proportion voulue par la nature, et ne laissant ignorer à aucun les avantages qui peuvent lui revenir. Dans cette révolution, qui intéresse le monde entier, les travaux du comte Odart tiendront une place importante. Le nombre d’erreurs réfutées, de vérités rétablies dans le jour le plus sain, forment comme un point de partage entre la science avant lui et après lui.
Ce fut donc à juste titre que ses deux ouvrages furent accueillis du monde viticole par une adhésion sincère. On peut rapporter à l’Ampélographie et à sa remarquable introduction ce que le rapporteur de la Société d’agriculture du Gard a dit du Manuel du vigneron :
« Bonne logique, saine critique, force de preuve, autorité de discussion, érudition choisie, clarté, précision et méthode, toute les qualités nécessaires à un ouvrage de ce genre donnent un nouveau prix à la valeur du sujet. » M. Henri Marès, l’ampélonome du Midi, lui écrivait de Montpellier, le 20 janvier 1858 : « Voilà un mois que je m’entretiens tous les jours avec vous, en relisant la troisième édition de votre Ampélographie. Vous avez fait là une œuvre vraiment nationale car il n’appartient qu’à un français de décrire les principales variétés de la vigne. Que de matériaux vous avez réunis ! Votre ouvrage sera désormais la base de ceux qui traiteront le même sujet. Le service qu’il rendra à la viticulture et à l’œnologie est immense, car les vrais principes y sont exposés et développés avec une lucidité et une autorité qu’on ne connaissait pas encore. Vous avez mis en évidence les seuls moyens par lesquels ont peut obtenir des vins de distinction. Pour mon compte, j’ai vérifié l’exactitude de vos principes, notamment sur l’influence que le cépage exerce sur les produite de la vigne, de même que votre opinion sur l’inaltérabilité des variétés. On sort peu à peu de l’étrange confusion qui régnait dans cette branche de l’agriculture. Il faut bien reconnaître que c’est l’Ampélographie qui rendra possible tout ce mouvement : c’est elle qui est, à chaque instant, citée et invoquée. Ce sont ses classifications qui sont adoptées et qui permettront de se retrouver au milieu du labyrinthe où l’on s’égarait auparavant. »
La Société impériale et centrale d’agriculture lui décerna sa grande médaille d’or, honneur auquel il fut d’autant plus sensible, que cette décision avait été prise à l’unanimité des membres votants après la deuxième édition de l’Ampélographie, en 1849. Ses travaux furent ainsi récompensés par une unanimité de suffrages qui forma une sorte d’ovation pour sa noble vieillesse.
D’un caractère aussi bon que son esprit était solide, il a gardé jusqu’à la fin, à l’âge de 88 ans, ses qualités intellectuelles et morales. Les glaces de l’âge n’altérèrent pas sa gaieté ni la sincérité de ses sentiments. Il plaisantait de la manière la plus naturelle sur la mort qu’il attendait, sans la désirer ni la craindre. Au sein des douceurs de la famille, il a rendu à Dieu son âme toute prête pour l’éternité, et sa fin, comme celle du sage et du chrétien, a été le soir d’un beau jour.

CH. DE SOURDEVAL.


(1) M. de Hartwiss, né en Livonie, était officié dans l'armée russe lorsqu'il fut blessé grièvement à la bataille de Leipzig. Sa blessure l'éloigna de l'armée pendant la campagne de 1814 ; mais, en 1815, il prit part à la seconde invasion. En arrivant, avec son corps, dans une ville de Champagne, il aperçut des cosaques qui assiégeaient la maison d'un marchand de vin, et s'efforçaient d'y entrer pour la piller. Il les chargea à coups de cravache et délivra la maison, dont le propriétaire, reconnaissant, voulut le loger chez lui. Le cantonnement se prolongea pendant l'été et l'automne. M. de Hartwis fut initié par son hôte, à la culture de la vigne et à celle des arbres fruitiers. De retour en Russie, il fut pris en amitié par le prince Woronzoff, qui lui donna la direction des jardins et des vignes qu'il voulait créer au pied des montagnes du midi de la Crimée. En peu d'années, cet établissement devint si prospère, que l'empereur de Russie, en le visitant, conçut le désir d'en créer un semblable ; il fut convenu que ce soin serait encore confié à M. de Hartwiss, qui a dirigé cet établissement, non loin de là, à Nikita, pour les fruits, à Magaratch pour les vignes. M. de Hartwiss entra en correspondance avec M. Odart en 1845, dès qu'il eut connaissance de l'Ampélographie universelle. Cette correspondance affectueuse est intéressante par les détails qu'elle donne sur les établissements de Nikita et de Magaratch, sur les vignes de la Crimée, du Caucase, de la Géorgie et des rivages de la mer Noire ; elle a duré jusqu'à la mort de M. de Hartwis, arrivée vers 1862. Deux de ses lettres ont été publiées dans les Annales de la Société d'agriculture de Tours.

(2) Je parle ici d'après un savant professeur de médecine et de botanique qui, étant myope lui-même, assure que ses yeux valent des microscopes pour saisir les détails de l'anatomie animale ou végétale, et qu'ils voient beaucoup plus de nuances en regardant de près, qu'il n'est donné de le faire aux vues ordinaires. 

(3) Il y eu un malentendu entre la thèse soutenue par M. Cazalis-Allut, éminent viticulteur de l’Hérault, et le comte Odart. M. Cazalis-Allut avait surtout en vue ces dégénérescences individuelles qui rendent certains ceps infertiles, désignés sous le nom de Mulets ou de Coulards. « La dégénération des espèces, dit-il, s’annonce dans certains plants, par la difformité des organes sexuels qui tendent à se doubler, par la disparition des pépins ou la diminution de leur nombre ; en d’autres, et c’est le plus grand nombre, par des feuilles plus découpées ; dans tous enfin, par un accroissement de vigueur, conséquence nécessaire à la diminution des produits. » M. Cazalis-Allut disait juste : Mais ces dégénérations individuelles ne menacent guère les espèces entières, et le remède proposé de chercher de nouvelles espèces de remplacement dans les semis est tellement aventureux, qu’il semble préférable de se borner à arracher les cépages inféconds et à les remplace.

1868

De la variation des animaux et des plantes sous l’action de la domestication. par Charles DARWIN, traduit de l’anglais par J.-J. Moulinié Secrétaire général de l’Institut National Genevois. Préface de Carl VOGT avec 43 gravures sur bois. Tome premier. Paris, C. REINWALD, Libraire-éditeur. 1868

The Variation of Animals and Plants under Domestication, Londres, John Murray, 2 volumes, 1868. [2e éd. : 1875]

p. 353 et 354

Chapitre X. Plantes-Fruits-Vigne.
« Les variétés cultivées sont extrêmement nombreuses ; le comte Odart estime qu’il peut en exister 800, peut-être même 1000, mais dont un tiers sont sans valeur. Un catalogue, publié en 1842, des fruits cultivés dans le Jardin d’Horticulture de Londres, en énumère 99 variétés. Partout où la vigne est cultivée, elle en présente ; Pallas en décrit 24 en Crimée, et Burnes 40 dans le Caboul. Leur classification a fort embarrassé leurs auteurs, et le comte Odart en a été réduit à adopter un système géographique. Sans entrer dans le détail des grandes et nombreuses différences qui existent entre ces variétés, je me bornerai à signaler quelques particularités curieuses, uniquement pour montrer la variabilité dont la plante est susceptible, et que j’emprunterai à l’ouvrage très estimé d’Odart (Ampélographie universelle, 1849)…. [Il cite ici plusieurs exemples tirés de l’ouvrage d’Odart, aux pages 70, 74, 228, 243, 254, 362, 397, 426, 429.]
 

1874
Publication


ODART A., Ampélographie universelle ou traité des cépages, 6e éd. Lib. Agr., Paris. 1874
 

1889

Histoire du département de l'Indre-et-Loire 
avec la bibliographie des personnages remarquables qui en sont originaires.
par 
L. JAVARY 
Inspecteur de l'enseignement primaire, officier d'Académie.
Gustave Guérin et Cie
Editeurs des Histoires départementales
Paris
22, rue des Boulangers
[1889, 70 pages]
Original : ADIL 8°Bh612
p. 64
4. Agronomie
ODART
Odart (Alexandre-Pierre, comte) (1778-1866) est né en Touraine, au château de Prézeaux. Ayant terminé ses études à l'école Polytechnique, il se consacra à l'agronomie. Le gouvernement le chargea d'étudier en Hongrie les célèbres vignobles de Tokay. A son retour, il réunit au château de la Dorée (Esvres) les meilleurs cépages de France et de l'étranger, et ses essais d'acclimatation rendirent un réel service à la viticulture française. Il publia un ouvrage intitulé : Ampélographie universelle ou description des cépages les plus estimés (1841). Le comte Odart était chevalier de la Légion d'honneur. 

1900

ROY-CHEVRIER 1900

p. 37-41

IV. Période contemporaine
Enfin, comme Malherbe, vint le comte Odart (1778-1866), et, le premier en France, il réussit à débrouiller le chaos des synonymies, grâce à des observations personnelles, facilitées par son savoir, sa fortune et la collaboration de la Providence qui le fit vivre très vieux.
Certes, le terrain était bien préparé, - nous croyons avoir surabondamment prouvé que les précurseurs d'Odart sont légion - ; mais aucune œuvre complète ni sur le sol, ni dans les livres, n'avait pu être accomplie à titre définitif par les très nombreux fervents de l'ampélographie. Il restait à rassembler les monographies locales, éléments épars, et à les coordonner en un tout harmonieux. Pour cela, un polytechnicien, comme le comte Odart, jeune, riche, et habitant la campagne, réunissait toutes les conditions désirables pour réussir, là où avaient successivement échoué les fonctionnaires de la Royauté, de la République et de l'Empire.
Dès 1839, il est envoyé en mission en Allemagne et en Hongrie, et il rapporte de ces régions étrangères, non seulement des notes précieuses sur les vignobles visités, mais encore des cépages, notes vivantes, qui vont l'aider à commenter éloquemment ses impressions de voyage.
Les cépages ! voilà les vrais documents originaux auxquels il se reporte toujours. Il aime à s'entourer de ses conseillers naturels. On dirait que, pendant les phases de leur végétation, il cause avec eux et en reçoit des révélations. Son domaine de la Dorée est bientôt trop petit pour les contenir : il l'a transformé en une vaste collection, conçue sur le plan de Rozier plutôt que sur celui de Bosc. Tout polytechnicien qu'il est, il renonce à l'ampélographie d'école, trop exclusivement botanique, pour se vouer à l'ampélographie essentiellement pratique. Aussi, plante-t-il la plupart des cépages intéressants, par carré, et en bon coteau, pour en contrôler tout à la fois la valeur culturale et la valeur œnologique. A l'inverse du naturaliste qui caresse de sa plume, avec a même tendresse, le monstre et l'animal utile, il ne décrit pas pour décrire, il décrit pour expérimenter et juger. Il multiplie les fins cépages et élimine les mauvais. On sent le praticien et le propriétaire sous l'homme d'étude. En grattant le polytechnicien, on découvre bien vite le vigneron. Et c'est ce qui constitue peut-être sa principale originalité et le plus grand de ses mérites.
Au bout de plusieurs années d'observations attentives, le comte Odart est frappé de la persistance universelle de certains caractères, savoir : "la présence ou l'absence de coton sous les feuilles, la couleur et la forme des grains de raisin, presque toujours la disposition sur la grappe, la distance plus ou moins rapprochée des yeux ou boutons sur le bourgeon ou sarment." A la suite de cette constatation répétée, à laquelle s'ajoute l'époque de maturité, - époque mobile évidemment selon les climats, mais d'un rapport constant entre les diverses variétés, - il proteste ave énergie contre l'opinion des auteurs anciens qui fait des cépages les esclaves du sol, alors que, en réalité, tout en voyant, comme les autres arbres, la qualité de leurs produits varier avec le terrain, les cépages n'en gardent pas moins intacte leur personnalité.
La dégénérescence des vignes et la variabilité des espèces qui en résulte, affirmés par Pline et crues par Olivier de Serres, étaient encore parole d'évangile au début du siècle. Dans le dictionnaire de Rozier, Dussieux s'étend complaisamment sur cette hypothèse qu'il accepte sans hésitation et dont il développe les faibles arguments avec plus d'ardeur que de logique. Si Démocrite, Columelle, Bauhin, Merlet, Garidel, Duhamel et quelques autres spécialistes ont eu l'intuition de la personnalité de ces cépages, le comte Odart a la gloire de l'avoir affirmé le premier. C'est pourquoi il est généralement considéré comme le père de notre école française.
Après avoir fait la critique des diverses classifications proposées, avant lui, soit par des viticulteurs, soit par des botanistes, Odart, n'en trouvant aucune suffisamment rationnelle et commode pour son usage, se propose d'étudier les cépages par tribus et par régions. Il remarque que, dans chaque région viticole, il y a des cépages qui ont tant de caractères communs qu'ils forment en quelque sorte, des familles naturelles, soit par leur saveur, comme les Muscats, soit par l'allure générale et la finesse de leurs produits comme les Pinots.
Cette conception, juste en elle-même, se heure, dans la pratique, à des difficultés nombreuses, parce qu'il y a encore bien plus d'individus étrangers les uns des autres que d'exemplaires consanguins d'aspect. Cette multiplicité des types, créé alors une liste, un catalogue plutôt qu’une classification. C'est ce que laissa entendre le comte de Gasparin, dans son Cours d'agriculture, '"espérant, dit-il, que l'ampélographie s'adresserait pour sa classification à des procédés plus conformes à ceux employés pour les sciences exacte".
C'est plus facile à dire qu'à faire. Mais le reproche est piquant, adressé à un polytechnicien.
Dans sa division des régions, Odart prend le monde entier, avec la France pour centre, et le coupe en quatre. Ce qui produit des groupements au moins singuliers : l'Amérique est rangée avec le Bordelais, et la région méridionale française, qui commence à la Drôme, s'étend jusqu'en Perse.
Dans chacun de ces groupes, Odart débute par la monographie détaillée des cépages les plus méritants, les traitant avec faveur, en têtes de colonne, pour glisser ensuite plus brièvement sur les variétés d'un moindre intérêt et omettre volontairement les mauvais plants, inutilisables pour la cuve et pour la table. Il traite à part, dans des chapitres spéciaux, les raisins de bouche de chaque région et termine son ouvrage par un tableau d’époques de maturités, sa première époque correspondants aux raisins précoces de Pulliat, et sa deuxième à la première de cet auteur.
Malgré la simplicité de cette classification, ou peut-être à cause d'elle, la première publication d'Odart attira, en 1841, l'attention du monde viticole sur son signataire. Et, en 1845, la deuxième édition de l'Ampélographie Universelle fut saluée par les éloges enthousiastes de ses nombreux lecteurs, et - ce qui est le complément habituel de la popularité - par les critiques acerbes de quelques collègues, jaloux d'un tel succès en librairie.

ROY-CHEVRIER 1900
p. 524-525

Cte Odart. Ampélographie universelle ou traité des cépages les plus estimés dans tous les vignobles de quelque renom, par Alex. Odart.
2e édition, in-8° de 31 feuilles 1/4. Imprimé chez Mame, à Tours. Prix : 7 fr. 50. Paris, Dusacq, rue Jacob, 26 ; et à Tours, chez Cousturier, 1849, in-8.

Dans sa préface, le comte Odart rend hommage à la mémoire de son frère aîné, et il éprouve le besoin lui, qui, "né à la campagne, a horreur de la poussière des bibliothèques" de nous apprendre que son nom est l'indice d'une haute origine. Il vient du radical Od de Odin et du gothique hard, hardi ; d'où dérive ODART. Sa noblesse remonte au XIIe siècle. De sa personne il passe à son livre :
"Ma première édition, dit-il, tirée à 300 exemplaires, est complètement épuisée, et ceux qui voudront bien la comparer à celle-là comprendront facilement que c'était une obligation de ma part envers le public, que la première n'était vraiment qu'un tableau où les principaux traits étaient tracés, mais pour l'achèvement duquel il fallait encore du temps et du travail ; que cette première enfin n'était qu'une sorte de ballon d'essai."
En effet, cette deuxième édition, par ces développements complémentaires, tribus entières, Panses et Traminers, qui ne figuraient pas dans la première, doit être considéré comme la forme définitive de l'Ampélographie Universelle. C'est pourquoi nous l'avons prises comme point d'arrêt, au lieu de clore notre bibliographie à la date de la première édition.
D'ailleurs, l'épithète Universelle, apparaît pour la première fois en 1849. C'est donc, en quelque sorte, un ouvrage et une véritable première édition.
Voici en quels termes charmants le Cte Odart, devenu vieux, a pris congé de ses lecteurs, peu de temps avant sa mort, en corrigeant les épreuves d'une dernière édition :
"En ce moment ù mon œuvre est finie, où tout est fini pour moi, je ne déposerai pas la plume pour la dernière fois, sans remercier la Providence de m'avoir si bien préparé les voies de ce voyage de la vie, souvent si périlleux ; de m'avoir même laissé prendre pour une longue promenade presque toujours agréable, en me gratifiant de goûts si facile à satisfaire..... Qu'il en soit de même de tous mes lecteurs ! Que le goût des occupations rurales se change sur leurs vieux jours en affection, à défaut d'autres qui ne leur sont plus permises ! Ce sera pour eux comme un dernier rayon de soleil qui leur fera mieux sentir qu'ils n'ont pas cessé de vivre, et puissent-ils alors, dans leurs dernières années, ainsi qu'il arrive à l'auteur, finir de vider la coupe de la vie sans y trouver trop d'amertume !!!"
 

1910

VIALA P. & VERMOREL V., Traité général de viticulture, Ampélographie, Tome 1, Paris Masson, 1910
p. 566-573
Extrait sur le comte Odart
On voit par cette longue énumération, quelle erreur ce serait de croire qu’au moment où le comte Odart entra en scène [1837], l'ampélographie française fût en quelque sorte inexistante. En réunissant tous les documents épars dans les travaux cités, il serait possible de dresser un inventaire des connaissances ampélographiques acquises autrement complet que le Traité d'ampélographie d'Odart.
Le comte Odart s'était déjà signalé au monde viticole par quelques écrits (Lettre à Bouchereau sur la synonymie en 1836) ; quelques Observations sur la vigne dans le département d'Indre-et-Loire (1836) ; exposé des divers modes de la culture de la vigne (1837), reproduit avec des variantes, la même année, dans la Maison Rustique du XIXe siècle, de Bixio ; compte-rendu d'une mission en Hongrie (1840), quand il publia son Essai d'ampélographie [1841] ou description des cépage les plus estimés dans les vignobles de l'Europe de quelque renom. Mais cette publication était prématurée ; c'était, comme l'a dit Odart, une sorte de ballon d'essai. Si on y trouve une introduction déjà importante, où Odart expose la plupart des idées ampélographiques, la description des cépages y est fort restreinte, presque entièrement réservée à des cépages étrangers. L'édition de 1845, est, en somme, le vrai livre définitif ; aussi Odart, modifiant le titre de son esquisse de 1841, a-t-il qualifié lui-même de première édition de 1845, réservant encore le titre d'Ampélographie universelle pour une édition postérieure, celle de 1849.
C'est une noble et singulière figure que celle du comte Odart. Riche, instruit, passionné pour l'Ampélographie comme Rozier et Dupré de Saint-Maur, il voulut reprendre, à pied d'œuvre, le travail d'ensemble que ceux-ci s'étaient proposé. Cette passion était devenue chez Odart une véritable obsession. Il s'étonnait, il se courrouçait de ce que tout le monde ne la partageait point. Avec cela, un orgueil démesuré pour sa naissance, pour son instruction, pour l'importance de ses travaux. De cet orgueil, les écrits d'Odart nous en fournissent des preuves à chaque page. Il dédie son Ampélographie à la mémoire de son frère, et il en profite pour nous donner la généalogie de sa famille. Son nom vient des radicaux od (Odin) et hard (hardi) ; sa famille était d'une noblesse très ancienne, "puisque dans une charte de l'abbaye de Fontevrault, datée du règne de Louis le Gros, au commencement du XIIe siècle, un Aimery Odart est cité comme un des bienfaiteurs de cette abbaye, etc." La modestie n'était pas la caractéristique d'Odart. Parlant de son Ampélographie : "Jamais personne n'a pris plus au sérieux la position d'auteur ; aussi ai-je l'espoir que cet ouvrage sera consulté avec fruit bien longtemps encore après moi. L'on m'excuserait plus facilement de la communication de cette conviction intime, si l'on savait combien il a fallu de circonstances favorables, indispensables même, à la composition de cet ouvrage : il ne se présente pas tous les jours un ancien élève de l'Ecole polytechnique avec les qualités et dans les conditions nécessaires au succès d'un pareil travail...., doué d'une sagacité suffisante et d'un goût aussi ferme dans la durée, aussi constant et aussi vif (Ampélographie 1849)...". Odart sollicitait des observations critiques sur ses travaux, mas il les accueillait d'assez mauvaise grâce quand on lui en faisait. Nous verrons plus loin le magistral rapport que l'illustre Chevreul fit à la Société centrale d'agriculture sur le livre le plus important d'Odart ; Chevreul, tout en couvrant de quelques fleurs l'auteur dont il avait à analyser l'ouvrage, avait profité de l'occasion pour indiquer les lacunes scientifiques qu'il trouvait dans celui-ci. Ces observations ne furent pas du goût d'Odart ; il le fait bien entendre quand il écrit : "... si c'est à cause de ces indications plus scientifiques que praticables, que M. le Secrétaire de la Société centrale d'agriculture, également chimiste des plus distingués, a dit dans son rapport mensuel des séances de cette Société que M. Chevreul avait parfois complété mon travail, il m'est impossible d'admettre pour autre chose qu'un compliment de double confraternité ce prétendu complètement. Non ! ce n'est pas de prime abord qu'on peut compléter un ouvrage, fruit de longues observations ; ce n'est pas un habitant de Paris, mais un homme rural qui y parviendra ; cela n'appartiendra qu'à celui qui se trouvera dans la même position que celle que la Providence m'a faite..."
Ce travers d'Odart, exalté par l'accueil triomphal reçu dans les Congrès viticoles, qui commençaient à s'organiser en France, avait pris sa source dans son genre même d'existence. Odart était un vrai rural : il avait volontairement borné son horizon aux limites de son domaine tourangeau de la Dorée. Chaque jour, il y visitait avec une joie d'amoureux et une joie insatiable la Collection de vignes qu'il y avait patiemment réunie. Isolé, il était arrivé à s'exagérer journellement le mérite de son œuvre. Mais était-il bien sincère lorsqu'il affectait son dédain pour la science, lui qui n'oubliait pas et ne voulait pas qu'on oubliât qu'il était polytechnicien ? Était-il bien sincère quand il nous déclarait qu'il était contre nature de respirer longtemps la poussière des bibliothèques...", alors qu'il faisait précéder sa déclaration de l'énumération fort longue des auteurs qui s'étaient occupés de la vigne avant lui ? N'était-ce pas plutôt pour pénétrer plus facilement auprès des viticulteurs praticiens, déjà alors, comme aujourd'hui, un peu prévenus contre les intellectuels et les scientifiques ?
Ce que l'on ne peut méconnaître, c'est qu'Odart s'est toujours efforcé d'écrire en vigneron et pour les vignerons. C'est ce qui fait le mérite de son œuvre ; c'est aussi ce qui en fait la faiblesse.
L'ampélographie du comte Odart fut acclamée dès son apparition : elle devait demeurer longtemps comme le bréviaire des ampélographes. Il nous serait difficile de ne pas nous y arrêter un instant dans cette histoire, ou plutôt dans cette esquisse de l'histoire de l'Ampélographie.
Dans l'introduction, Odart expose d'abord le but de son ouvrage. Il défend le choix du mot ampélographie, "néologisme par ricochet", dit-il, ce mot ayant été employé déjà par Sachs". Odart aurait pu ajouter que ce mot avait été utilisé par plusieurs autrs auteurs (2). Il passe ensuite en revue les principaux ampélographes : Clemente, pour l'Espagne ; Crescenzi, Cupani, Gallesio, Milano pour l'Italie ; Sachs, Metzger et Babo, Freje, Von Vest, Von Gok, Kerner pour l'Allemagne ; Olivier de Serres, Garidel, Rozier, Chaptal, Bosc et Michel pour la France. De cette bibliographie écourtée, incomplète, Odart tire cette conclusion que l'ampélographie était un sujet neuf pour les Français, assertion injuste, accusation des plus imméritées, comme nous l'avons établi plus haut.
Ayant expliqué par le désir de combler cette lacune le but de la publication de son Ampélographie, Odart étudie sous le titre de Prolégomènes les principales questions générales qui s'y rattachent. C'est la partie de l'œuvre d'Odart qui parut la plus originale et qui consacra sa réputation. Elle vaut donc que nous l'examinions.
Après avoir rapidement parlé de l'importance du rôle des cépages, et par suite de la nécessité d'un bon choix, en s'abritant derrière l'autorité de Puvis et de Gallesio, Odart aborde la grosse question de la variation des espèces. Il se prononce très nettement pour la fixité du cépage, se range du côté de Don Simon de Rojas Clemente, dont nous avons longuement exposé la thèse, en opposition d'idées avec Dussieux, Bosc, Lenoir, etc. Aux exemples fournis par Clemente, Odart en ajoute un grand nombre d'autres, et conclut avec le Dr Bretonneau : "L'influence du sol et du climat se fait sentir sur toutes les variétés de nos fruits, plus sur quelques-unes que sur d'autres, mais c'est dans des limites assez restreintes... Une transformation n'est point la conséquence de ces influences, puisqu'elles agissent pendant des siècles sans effacer les caractères qui distinguent ces variétés."
Odart s'occupe ensuite de la question non moins discutée de la "prétendue dégénérescence des espèces fruitières depuis longtemps." Comme nous l'avons dit plus haut cette théorie de la dégénérescence des arbres fruitiers remonte à Duhamel, et elle était partagée par de nombreux ampélographes que nous avons cités (1). Au moment où Odart écrit son Ampélographie, cette théorie avait pour protagoniste un homme considérable alors, quelque peu oublié depuis, Puvis, auteur d'un livre sur la culture de la vigne (2). Odart ne pouvait mépriser l'opinion d'un homme qui était, comme lui, un ancien polytechnicien. "La plupart des auteurs agronomiques avait écrit Puvis, admettent l'opinion que la propagation des boutures, marcottes, tubercules, tend à la dégénération, et, pour la combattre, ils recommandaient le semis de pépins ou noyaux qui donnent naissance à de nouvelles variétés jeunes et pleines de vigueur. Si l'on consulte les auteurs de tous les temps, on y trouve des observations et des faits qui prouvent d'abord la dégénération et ensuite la fin des variétés anciennement cultivées." Odart s'applique à réfuter, point par point, l'allégation de Puvis. Nous savons déjà que Clémente avait combattu lui aussi cette théorie ; Odart arrive aux mêmes conclusions que le célèbre ampélographe espagnol et s'abrite derrière l'autorité de ce dernier. 
La question des semis de vigne était à l'ordre du jour. Elle semblait s'imposer à ceux qui croyaient à la disparition fatale des cépages par dégénération ; elle était soulevée par d'autres, comme Cazalis-Allut (1), pour l'obtention de variétés de maturité hâtive et de débourrement tardif, Courtiller et Vibert (2), pour le gain de plus beaux raisins de table. Le Congrès viticole d'Angers, (les Congrès d'alors montraient la même incohérence que ceux d'aujourd'hui), avais adopté les vues de Puvis.
Odart, sans se montrer un ennemi "systématique des semis", déclare qu'il a peu de confiance dans cette pratique, se basant, d'une part sur le peu de valeur des grains ainsi obtenus, dont il fait la critique, et d'autre part sur la déclaration de Clemente qu'il reproduite : "Faudra-t-il suivre le travail insensé d'épuiser les recherches de variétés nouvelles, dont une sur mille peut avoir quelque supériorité sur les anciennes (supériorité jusqu'à présent si douteuse, si contestable, que l'expérimentateur a été souvent le seul à la reconnaître), tandis que nous négligeons l'étude plus facile et plus rationnelle des  productions de la même famille dont le mérite a été constaté par l'expérience des siècles ?"
Ce n'est pas cependant que les semeurs ne soient pas antipathiques à Odart ; il veut leur en donner une preuve en leur indiquant un mode d'expérimentation qu'il croit inédit : semer des pépins de raisin provenant d'un cep greffé sur une souche d'une différente variété. Odart estime, en effet, "que rien n'est plus efficace pour le mélange des races que cette réunion de greffes sur une même souche... Comment donc, avec la conviction que j'ai acquise de l'influence du sujet sur les productions de la greffe et aussi du mélange des sèves, cet espoir d'obtenir quelque variété améliorée par la confluence des sèves et le mélange des pollens ne découlerait-il pas naturellement ?" Odart aurait été évidemment mieux inspiré de ne pas faire intervenir la confluence des sèves et de traiter de l'hybridation (le mot hybride étant employé ici dans son sens agronomique). Il aurait d'autant mieux pu le faire que, depuis vingt ans, un modeste mais habile viticulteur cherchait et trouvait des variétés nouvelles par cette voie inédite. C'est en effet dès l'année 1828 que Louis Bouschet de Bernard avait commencé l'hybridation du Teinturier avec les cépages du Midi ; déjà, en 1836, il avait obtenu des fruits des vignes issues des semis et greffés sur des sujets vigoureux, et, en 1840, c'est-à-dire avant qu'Odart publiât ses travaux ampélographiques, Louis Bouschet avait une vigne de 1 100 pieds, entièrement uniforme, provenant de l'un de ses essais (3).
Odart continue sa longue introduction en posant la question : "Y a-t-il vraiment un nombre infini de cépages divers ? Il y répond par la négative, puis abandonne un instant l'ampélographie et s'occupe de la question du refroidissement progressif de la température à la surface de la terre, pour rassurer les viticulteurs sur les "prédictions sinistres d'un professeur d'agriculture de Bordeaux" (ce professeur, c'était Petit-Lafitte). Le refroidissement de la terre avait été avancé par Arago. En 1835, ses idées avaient été combattues par Gasparin, qui se refusait de mettre sur le compte du climat le retrait de la culture de la vigne en Angleterre et dans le nord-ouest de la France. Odart reprend les arguments de Gasparin et revient à son véritable sujet en traitant de la classification des cépages. Ce chapitre est, incontestablement, celui où Odart émet le plus d'idées personnelles : "On attend sûrement de moi, écrit Odart, plus que je ne saurai donner, un système de classification au moyen duquel on puisse reconnaître facilement l'espèce de vigne qu'on a sous les yeux. Ce n'est pas l'envie de mieux faire que mes prédécesseurs qui m'a manqué, mais quand j'ai voulu m'occuper de l'ordre que j'adopterais pour le classement des cépages, je ne suis parvenu, malgré la connaissance que j'avais acquise de la plupart des systèmes nouveaux, qu'à me convaincre davantage des difficultés que présentait le choix de l'un d'eux ou l'intention d'un autre..." Pour justifier cet insuccès, Odart fait une excellente critique des projets de classification proposés par Clemente, Frege, Von Gok, Metzger, Von Vest, Burger, Acerbi, et expose -non pas un système, il se défend d'en avoir un mais son plan de division des cépages par régions, complété par le groupement des cépages en familles, et en considérant chaque cépage comme une variété. Odart ne se fait d'ailleurs pas d'illusions sur ce que ce mot de variété peut avoir d'impropre au sens scientifique strict, mais il déclare qu'il lui est impossible de distinguer les véritables variétés, faute d'expériences suffisantes sur la vérification par la voie du semis. Il doute même que cette vérification soit faite de longtemps : "Quel est l'homme doué d'une assez grande sagacité pour reconnaître dans un cépage la faculté de se reproduire d'une manière plus ou moins constante ?" Odart est moins heureux quand il essaye de justifier la brièveté dont il s'est fait un principe pour ses descriptions des cépages. On avait déjà, de son temps, reproché à Odart le manque de méthode et d'uniformité dans ses descriptions, il espère que, au contraire, on lui sera gré de cette liberté d'esprit, de cette allure irrégulière, de certains tours variés qui rompront la monotonie de son sujet". Odart termine enfin ses considérations générales par l'étude de l'importance d'une collection de cépages, des difficultés à les réunir, difficultés qui lui ont donné tant de peines et dont il craint de voir perdre le fruit après sa mort. Cette mort, l'ampélographe de la Dorée l'attendait avec sérénité : "J'ai vécu, j'ai parcouru la carrière que la Providence m'avait indiquée en me faisant naître à la campagne, d'un père possesseur de biens ruraux. Que mon front habilement tourné vers la terre se relève donc vers le ciel et avec sérénité ! Loin d'être attristé par cette perspective rapprochée, je veux, à l'exemple de l'aimable vieillard de Téos, me couronner de pampres pour me préparer au sacrifice !" Odart, qui écrivait ces lignes en 1849, avait heureusement bien des jours à vivre encore, puisqu'il ne mourut que 17 ans plus tard, en 1866.
La seconde partie de l'œuvre d'Odart comprend la description des cépages. Il y réunit tous les renseignements qu'il a pu, par ses observations directes ou par ses lectures, recueillir sur chacun d'eux. Bien que sa synonymie ne soit pas toujours sans erreur, elle témoigne d'un effort souvent couronné de succès pour résoudre de nombreux problèmes intéressants d'ampélographie comparée. Le plus bel éloge que l'on puisse faire de cette partie de l'ouvrage d'Odart, c'est qu'on peut encore la consulter avec intérêt, souvent avec fruit. Parfois, sans doute, la description botanique du cépage étudié par Odart est trop succincte, mais il a su presque toujours en signaler la partie la plus caractéristique. Odart avait acquis, par son contact journalier avec sa collection de vignes, une très grande habilité à distinguer les cépages. Pulliat, dont s'honora l'ampélographie française à la fin du XIXe siècle, avait aussi, au plus faut degré, acquis une éducation visuelle qui lui permettait de reconnaître, à distance, les divers cépages. Cette éducation spéciale qui demande du temps et une sorte de don, Odart l'a trop généreusement prêtée aux vignerons ses lecteurs, et Pulliat aussi. Du reste, les deux maîtres se sont rencontrés d'autres fois, et en particulier pour le choix d'un classement nouveau des vignes d'après la maturité des raisins. C'est dans une sorte d'appendice qu'Odart, qui dans son introduction, semblait vouloir renoncer à toute classification, expose un classement où il divise les vignes en cinq sections correspondantes à cinq époques de maturités séparées par un intervalle d'une dizaine de jours.
L'Ampélographie du comte Odart était venue à son heure. Depuis quelques années, le monde viticole semblait s'être réveillé à la suite de ces crises si fréquentes en viticulture, et à aucune époque la Société central (aujourd'hui nationale) d'Agriculture de Paris ne fit une part si grande à cette science. Le succès de ce livre fut très vif et durable, et Odart, qui attachait un grand prix à cette preuve palpable de l'estime publique, eut, avant sa mort, la satisfaction d'en voir écouler plusieurs éditions [six]. A vrai dire, il y a dans cette Ampélographie bien des chapitres empruntés à Clemente. Odart ne s'en est pas caché, mais ses admirateurs l'ont volontiers oublié. Notre devoir nous commandait de restituer à l'ampélographe espagnol la part qui lui revient ; mais Odat a eu le réel mérite d'abord d'avoir vulgarisé, en France, les idées de Clémente, ensuite d'y avoir ajouté l'exposition de quelques vues personnelles, enfin d'avoir, - par le premier ouvrage français consacré spécialement à l'Ampélographie -, attiré l'attention des vignerons sur l'étude des vignes. Cet honneur est assez grand pour justifier l'auréole dont demeure entourée la vénérable figure du comte Odart.
L'analyse du livre d'Odart entraîna l'illustre Chevreul sur la voie de l'ampélographie] sur l'ampélographique, d'où semblait devoir l'écarter à jamais la direction de son esprit tourné du côté d'études de laboratoire. Chevreul aurait pu de contenter de faire à ses collègues de la Société d'Agriculture un compte rendu poli, élogieux, et banal, comme ceux de Leclerc-Thouin et Loiseleur-Deslongchamps, de l'ouvrage d'Odart ; il profita de l'occasion pour étudier les questions scientifiques qui se posent à propos de la nature du cépage. Le volumineux rapport de Chevreul, - plus de 100 pages -, contient, dans sa seconde partie, un traité de la nature du cépage et un examen critique de la thèse de la dégénérescence progressive des arbres fruitiers et en particulier la vigne (1).
Chevreul, de l'école de Jussieu, donne d'abord des définitions : "L'espèce comprend tous les individus issus d'un même père et d'une même mère : ces individus leur ressemblent le plus qu'il est possible relativement aux individus des autres espèces. Les variétés sont dits simples si les différences ne se perpétuent pas, ou si elles se perpétuent par la génération ce n'est que dans un petit nombre de circonstances non identiques ; elles constituent des races si un ensemble de différences est prononcé et de nature à se perpétuer par ma génération d'une manière à peu près constante dans un certain nombre de circonstances identiques ; elle constituent enfin des sous-espèces si les différences caractéristiques très prononcées se perpétuent d'une manière très constante dans toutes les circonstances où les individus qui composent l'espèce peuvent vivre."
Chevreul examine ensuite les incertitudes qui peuvent peser sur la notion de l'espèce par excès et par défaut de généralité de celle-ci. Il étudie "les distinctions rationnelles qu'on peut établir entre les individus compris dans une espèce donnée de corps vivants lorsqu'on veut les réunir en différents groupes dont les relations mutuelles, susceptibles de variations à différents degrés, donnent lieu aux catégories désignées par les mots : types d'espèces ou simplement types, variétés, races et sous-espèces (1)..." Chevreul se proclame incapable de classer le cépage dans une quelconque des catégories dont il a donné les cadres. Chevreul passe alors à la question délicate de la stabilité de ces formes organiques et des modifications qu'elles peuvent subir : modifications appartenant à une seule espèce, modifications de deux formes organiques considérées dans l'hybride produit par deux individus d'espèce différente. L'illustre savant examine alors les conséquences que l'on peut déduire de ces considérations générales "relativement à la question de la fixité des espèces végétales dans les circonstances actuelles".
(1) CHEVREUL, loc. cit., parag 2 : ....
 

1990

POUGET 1990

p. 1-2
La culture de la Vigne en France a pris un grand essor à partir de la Révolution, grâce aux réformes de 1789 qui ont aboli un certain nombre d'obstacles s'opposant à son libre développement et en raison de l'amélioration des moyens de transports générateurs de nouveaux débouchés. De 1 546 000 hectares en 1789, la superficie des vignobles est passée à environ 2 millions d'hectares en 1830, pour atteindre 2 446 000 hectares en 1874. Les rendements ont progressé régulièrement durant la même période par suite de l'amélioration progressive de la culture de la Vigne. À des méthodes souvent grossières et empiriques, se sont substituées petit à petit des techniques plus rationnelles, basées sur des principes scientifiques nouveaux. La Vigne, mieux cultivée, fertilisée et taillée est devenue plus productive et les rendements ont commencé à croître. Dès la première moitié du 19e siècle, la surproduction a fait son apparition à certaines périodes, notamment dans le vignoble de l'Hérault où l'on rapporte que le prix du vin était descendu si bas qu'on le consommait "à l'heure" dans les débits de boisson. Mais ces crises, de caractère temporaire et souvent local, n'avaient pas l'ampleur de celles qui devaient survenir plus tard.


Durant cette première moitié du 19e siècle, à la suite des œuvres d'Olivier de Serres (Théâtre de l'Agriculture et Ménage des Champs, 1600) et de l'abbé Rozier (Dictionnaire d'Agriculture, 1785-1800), nombreux furent ceux qui portèrent un intérêt à l'étude de la Vigne, des vignobles et de L'Ampélographie. Chaptal, qui devait devenir célèbre en mettant au point la chaptalisation (enrichissement du moût avec du sucre), publia en 1801 son Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne avec l'art de faire du vin. En 1816, parut la Topographie de tous les vignobles connus de A. Jullien, première œuvre de synthèse qui présente une vue d'ensemble sur la Viticulture de cette époque. Parmi les nombreux amateurs d'Ampélographie, passionnés par l'étude de la description des variétés de Vigne, il faut retenir le Comte Odart dont l'Ampélographie universelle, parue en 1845, fit sensation, à l'époque et constitue encore de nos jours un sérieux ouvrage de référence.
 

2003

GALET Pierre, Cépages et vignoble de France, Tomme III, Les vignobles de France, Volume 1, Méditerranée, Rhône-Alpes, Bourgogne, Franche-Comté, Alsace -Lorraine. 2e édition entièrement refondue, Editions REC & DOC, 2003

Le comte Alexandre Odart (1778-1866), né en Touraine à Parçay-sur-Vienne, publia en 1845, une Ampélographie universelle ou Traité des Cépages, qui connut un grand succès avec 6 éditions successives (1845, 1849, 1854, 1859, 1866, 1873). Ce livre traite des cépages et de leur synonymie, mais ne contient malheureusement ni description, ni illustrations.

2013

 

Pierre DESBONS,

Le comte Odart Ampélographe tourangeau

Mémoires de l'Académie des Sciences Arts et Belles-Lettres de Touraine, tome 26, 2013, p. 287-301.

 

 

2015-2016

Pdf article Revue des œnologues 
Le comte Odart, ampélographe tourangeau. Partie 1/2 : Viticulteur éclairé
Revue des œnologues n° 157, octobre 2015, p. 65-67
Le comte Odart, ampélographe tourangeau. Partie 2/2 : Viticulteur célèbre
Revue des œnologues n° 158, janvier 2016, p. 65-67
 

Revue des œnologues n° 157, octobre 2015, p. 65-67

Revue des œnologues n° 158, janvier 2016, p. 65-67

2017

Dictionnaire des scientifiques de Touraine, Presses Universitaires François-Rabelais de Tours, 2017, 414 p,

p. 322-323.

Le comte Odart

2021

Les raisins de Pierre-Joseph Redouté. Ed. Paulsen 2021

p. 24
Il [Louis Augustin Bosc], pourrait ajouter que sa collection commence à faire des émules. Le comte Odart, futur auteur de la première ampélographie publiée en France, a fait appel au Jardin du Luxembourg pour enrichir sa collection de cépages de la Dorée, qu'il a acquis près de Tours en 1805.

p. 27
Adrien de Gasparin, jugeant L'Ampélographie du comte Odart utile mais trop peu scientifique pour régler les problèmes de la nomenclature, estimait dans son Cours d'agriculture en 1848 qu'il "faudrait qu'un savant fût chargé spécialement de ce travail" au jardin du Luxembourg. Son souhait resta sans effet.
 

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