Noir animal

Publié le par histoire-agriculture-touraine

1830

Annales de la Société d'Agriculture Sciences Arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire Tome X, 1830.


p. 98-99
AUX AGRICULTEURS
L'engrais le plus stimulant pour les fonds argileux et éveux, comme pour les terres fortes, compactes, désignées communément sous le nom de terres froides, est le Noir ou Charbon Animal, (par exemple celui qui provient de la préparation du bleu de Prusse) dont on s'est servi dans la confection du sucre de betteraves.
Ce charbon bien pulvérisé doit être jeté à la volée, sur le terrain, immédiatement avant de semer les blés ; mais cet amendement est si actif qu'il leur deviendrait nuisible, si l'on en mettait plus de trois hectolitres par hectare (deux hectolitres, ou seize boisseaux par arpent). On peut augmenter cette quantité de moitié, lorsqu'il s'agit de planter des choux ou semer des navets.
Dans les mois de mars, avril, mai, on peut encore employer avantageusement le noir animal, en le jetant à la volée, par un temps humide et dans la quantité indiquée ci-dessus, sur les blés faibles et sur ceux dont la rareté du plant donne peu d'espoir de récolte ; quelques jours après ces blés talleront et prendront beaucoup de vigueur ; mais dans aucun cas et dans aucune saison, je ne conseillerai l'emploi du noir animal pour les terres calcaires et les terres siliceuses (autrement dites Aubuis et terres sablonneuses). Ces terrains ont plutôt besoin d'engrais nutritifs que d'engrais stimulants.
Au reste tout agriculteur pourra, facilement et à peu de frais, faire des expériences sur les propriétés du noir animal, puisqu'il en existe un dépôt à la manufacture des betteraves de Richelieu, ce dont je m'empresse de donner avis à mes concitoyens dans l'espérance de leur être utile. Je les préviens encore que ce noir animal est composé de sang desséché, de rognures de cornes, ou bien du charbon qui en provient, et de sous-carbonates de potasse de commerce : qu'après avoir servi à la confection du sucre de betteraves, il contient en outre, une certaine quantité de chaux, d'acide sulfurique, etc. Qu'en conséquence, il serait fort différent de jeter sur les terres du charbon de bois, ou toute autre substance, qu'on vendrait pour du noir animal ; car en cela on serait aussi trompé que lorsqu'on achète du sablon, ou du tuffau broyé, pour du plâtre en poudre, ce qui est arrivé plus d'une fois.
Richelieu, 25 avril 1830.
P. DROUIN.


J'ai su que le boisseau de noir animal se vendait 12 sous.
Il pèse 25 livres seulement, parce que l'on a mis ce noir à couvert dans les magasins, afin de le préserver de la pluie et d'en rendre ainsi le transport plus facile.
 

p. 205-210
EMPLOI DU NOIR ANIMAL.
Nous ajoutons à ce qui a été dit du noir animal dans un de nos derniers numéros, la note suivante su l'emploi de cette substance comme engrais :
Dans plusieurs départements de l'ouest de la France, on connaît, sous le nom de noir animal, un engrais très actif, qui est devenu, surtout à Nantes, l'objet d'un commerce beaucoup plus considérable qu'on ne le croit généralement.
Cet engrais n'est autre que le charbon d'os, employé dans les raffineries à la clarification du sucre, mêlé au sang de bœuf et à une partie des sirops qui ont servi au même usage. Il contient en outre une petite quantité de matières végétales enlevées à la cassonade pendant l'opération. On conçoit sans peine qu'un pareil mélange doit agir puissamment sur la végétation.
Depuis quelques années, le noir a été si bien apprécié dans la grande culture, des demandes si considérables en ont été faites, qu'on est allé à grands frais le chercher non plus seulement en France, mais sur divers points d'Europe. Il résulte de relevés exacts que 173 navires chargés, en partie de cette substance, sont arrivés à Nantes dans le courant de 1828. Voici un aperçu approximatif de la quantité de noir que cette seule ville reçoit de la France et de l'étranger :


De Paris, 40 000 hectolitres
De Marseille, 20 000 hl
D'Orléans, 15 à 20 000 hl
De Saint-Pétersbourg, 10 à 12 000 hl
De Copenhague, 4 000 hl
De Stockholm, 4 000 hl
De Dantzick, Anvers, Gand, 6 000 hl
En total, environ 120 000 hl


Un tel aperçu est plutôt au-dessous qu'au-dessus de la vérité. Je dois ajouter que Paimboeuf est devenu un second lieu de dépôt, qui approvisionne en noir animal une grande partie de la Vendée.
L'hectolitre de noir, dans l'état de dessication convenable, tel qu'on le livre au commerce et à l'agriculture, pèse de 98 à 102 kg. L'hectolitre valait à Nantes, en 1828, 7 fr. ; ce prix est descendu en 1829, à 6,50 fr.
Cet engrais est employé, à ma connaissance, avec succès, non seulement dans les départements de la Loire-Inférieure, de la Vendée, des Deux-Sèvres, mais fort avant dans la Vienne et le Maine-et-Loire. Il est d'une activité si grande, qu'on ne le répand sur la terre qu'à la volée, dans une proportion qui n’excède pas beaucoup, en certains cas, celle de la semence. Mais, selon les localités, la nature du sol et celle du noir lui-même, cette proportion est loin d'être fixe.
Dans notre Bocage, m'écrit M Marchegeay de Lousigny, député de la Vendée, depuis plusieurs années, les engrais et les amendements anciennement usités, tels que les fumiers d'étables, les terres des jardins, des cours et des démolitions, la cendre de marais (provenant de la combustion de fumiers desséchés et destinés à remplacer le bois de chauffage), ont été plus recherchés, mieux et plus abondamment employés ; mais les besoins et l'émulation augmentant sans cesse, il a fallu recourir à d'autres moyens. La chaux seule, ou mêlée à des terres de jardin, a été, depuis 1809, fréquemment substituée à tout engrais, sur les terrains de landes et les fonds argileux, cultivés soit en blé, soit en fourrages verts. Plus tard, la chaux elle-même paraissant insuffisante, on a généralement adopté pour les terres molles ou trop fortes, sur fonds schisteux, l'usage du noir de raffinerie, dont l'effet à d'abord paru surprenant.
Cet engrais nouveau est actuellement tellement recherché, que bientôt on ne pourra plus suffire aux demandes qui en sont faites dans tout le bocage vendéen. Il ne faut cependant l'employer, ajoute M. Marchegeay, qu'en très petite quantité, à peine 2 quintaux, c'est-à-dire 100 kg ou un hectolitre par arpent de Paris, par conséquent moins de 3 hectolitres par hectare ; quantité beaucoup moindre, comme on voit, que celle de la poudrette qu'on devrait employer en pareil cas.
Le noir animal ne convient pas également à toutes les terres. On a remarqué que dans les sols peu profonds, naturellement secs et précoces, il ne produit pas, à beaucoup près, d'aussi bons effets que sur les terrains argileux, frais ou un peu froids ; aussi lorsqu'on l'emploie sur les terres dites à seigle, ce qui est rare, n'est-ce qu'en très petite quantité ; dans les terres fortes et humides, au contraire, on peut en mettre davantage.
Aux environs de Chalonnes-sur-Loire, à quelques lieues d'Angers, on répand cet engrais dans la proportion de 1,5 è 2 décalitres par boisselées de 10 perches de 25 pieds, ou d'environ 66 centiares (65,950 centiares) ; ce qui équivaut à 3 ou 4 hectolitres par arpent du pays, de 64 ares 95 centiares.
Plus avant vers l'ouest, dans la direction de Bourbon-Vendée, il est des localités où l'on fait usage de noir en quantité plus considérable. Pour le froment, on en met jusqu'à 4 à 5 barriques de 30 veltes, 9 à 11 hectolitres par hectare et même davantage. Cet engrais n'est pas toujours employé seul. On le mêle quelquefois, en diverses proportions, à des fumiers d'étable pour les terres déjà soumises d'ancienne date à la culture, ou à de la terre de jardin et à des cendres de marais pour les landes nouvellement défrichées.
Les résidus de raffinerie sans nul mélange conviennent particulièrement aux choux, aux raves, sur betteraves, et autres cultures désignées sous le nom de vert. Sur un hectare convenablement fumé, on plante environ 8 000 pieds de choux ; on sème environ 65 000 raves (rèbes), qui deviennent grosses chacune comme une bouteille ordinaire, et pèsent, terme moyen, 1,5 livres. On sème 10 000 betteraves, elles pèsent communément 2,5 livres.
J'ai entendu parler de divers légumes, et notamment de choux, dont les racines, lors de la plantation, avaient été mouillées, puis trempées dans du noir, et qui étaient devenue remarquablement beaux.
Il est important d'ajouter qu'on a obtenu récemment des résultats très avantageux de l'emploi de cette substance sur des prairies basses et marécageuses.
Comme la poudrette, une fois desséché et mis à l'abri de l'humidité, cet engrais peut de conserver sans éprouver aucun ou presque aucune fermentation. L'avenue d'un château situé dans le voisinage de Saint-Pétersbourg avait été de fort ancienne date, exhaussée avec du noir animal, le propriétaire actuel, s'en étant aperçu, l'année dernière, se hâta de faire défoncer ce précieux terrain. L'engrais qui est provenu n'a pas paru différer de celui qui était sorti plus récemment des raffineries. A Nantes on estime moins le noir de Russie que celui des autres pays d'Europe, parce que, m'a-t-on dit, le charbon d'os employé dans ce pays est plus dur et en plus gros fragments ; ce qui l'empêche de se pénétrer aussi bien du sang de bœuf et des sirops.
Quelques cultivateurs se sont lassés de l'emploi du noir animal. Ce doit tenir à diverses causes. La première, peut-être, c'est qu'ils ne l'auront pas employé avec discernement. Je vies de le dire, les résidus de raffineries ne conviennent pas également à toutes les terres, et sans doute, pour en obtenir constamment un bon effet, il faut les alterner, sur les mêmes champs, avec d'autres fumiers. La seconde cause, c'est que, comme toutes les substances fermentescibles d'une grande et prompte énergie, celle-ci ne peut guère agir sensiblement que pour une récolte. Elle ne fait pas le fond de la terre, disent avec raison nos paysans. Enfin, malheureusement, des marchands sans honneur sont parvenus à falsifier le noir en le mélangeant avec des terres noirâtres, qui altèrent considérablement sa qualité sans changer son aspect. Cependant le débit augmente annuellement au lieu de diminuer ; c'est la preuve la moins équivoque de la bonté de cet engrais. Il a déjà rendu d'importants services à l'agriculture des départements que j'ai cités. Là, presque partout, malgré l'augmentation progressive du nombre des bestiaux, dans chaque métairie bien dirigée, les fumiers sont en trop petite quantité. C'est à cette cause, plus encore qu'au manque de bras et de machines propres à les remplacer, qu'il faut attribuer la multiplicité des jachères qu'on remarque encore à peine dans une grande partie de l'ouest ; mais ces jachères deviennent de moins en moins nombreuses. Si la culture du trèfle, l'introduction plus récente de divers aitres fourrages et celle de la betterave ont puissamment contribué à ces améliorations, je ne doute pas, Messieurs, que le noir animal et la chaux, dont l'usage s'étend de plus en plus, n'y aient aussi contribué pour leur bonne part. Dans le voisinage des villes, les fumiers manquent rarement, mais au fond des campagnes il en est autrement : les frais de transport sont énormes. Un engrais qui, comme le noir animal, sous un petit volume et un poids peu considérable, contient beaucoup de parties nutritives, est donc une acquisition vraiment précieuse.

1849

DUBREUIL-CHAMBARDEL Jacques-Philippe, Exposé des résultats obtenus à Marolles, commune de Genillé (Indre-et-Loire), sur des défrichements de landes et bruyères, par l'emploi du noir animal à petite dose et mêlé à la semence, Notice sur l'exploitation de Marolles, Paris, impr. d'agriculture et d'horticulture Bouchard-Huzard, 1849, 31 p.

Archives départementales d'Indre-et-Loire, cote 8°BH 1528

1850

Second voyage agricole en Belgique, en Hollande et dans plusieurs départements de la France par M. le comte Conrad de Gourcy, Librairie d'agriculture de Mme Bouchard-Huzard, Paris 1850, 387 pages, [Cote A238]
p. 360-363


Manière économique et très profitable de défricher les bruyères.
On fait produire à une bruyère, au bout d'une année ou 18 mois au plus, du moment où le premier labour a été donné, une récolte de 20 à 25 hl en froment, méteil ou seigle, suivant le plus ou le moins de légèreté du sol défriché, en adoptant la manière d'employer le noir animal, imaginée par M. de la Selle fils, propriétaire demeurant à 12 lieues de Tours, près de la ville de Preuilly.
Il y a six ans [1844] qu'il suit cette méthode, qui lui a si bien réussi, que beaucoup de cultivateurs l'ont adoptée et qu'il y a déjà plus 100 ha de bruyères défrichées d'après cette méthode, près de chez lui.
Voici comment procède M. de la Selle : il fait piocher à tranche ouverte la bruyère, après en avoir fait faucher la surface pour litière, ou l'avoir fait brûler, en y mettant le feu par un temps sec. Ce piochage coûte dans ce pays, aux époques où les travailleurs ne sont pas employés à la fenaison ou moisson, 60 fr/ha. Il fait ensuite réduire ce grossier piochage au moyen de herses armées de coutres et à coup de rouleau. En septembre, on donne un labour assez profond pour amener de la terre sur les gazons qui n'ont pu être réduits entièrement ; on herse encore un couple de fois, et puis on sème le grain, mêlé aussi bien que possible avec 360 litres de noir animal bien pulvérisé. Afin de répandre également [uniformément] sur le champ la semence et le noir, il fait passer le semeur trois fois sur l'emplacement où il ne serait passé qu'une, s'il n'avait semé que du grain pur. Une fois la récolte enlevée, M. de la Selle fait donner un seul labour et sème lorsque le temps est venu, une seconde fois du grain d'hiver, en y mettant la même quantité de noir. Cette deuxième récolte produit ordinairement de 30 à 35 hl.
La troisième année produit, toujours avec la même quantité de noir mêlé à la semence, une trentaine d'hl de colza ou de 6 à 8 000 kg de vesce d'hiver mêlée de seigle.
La quatrième année, on sème de l'avoine qui devient superbe et qui peut donner ayant reçu aussi du noir, de 40 à 45 hl.
On se trouve alors, au moyen de l'argent et du fumier produits par les 4 premières récoltes, en état de drainer les terres humides, de les marner et de les fumer ; de cette manière, on continuera à obtenir de ces terres d'aussi bonnes récoltes que dans les bonnes terres cultivées depuis longtemps. M. de la Selle a déjà défriché ainsi plus de 70 ha.
M. Dubreuil-Chambardel, propriétaire de la terre de Marolles, près Loches, où il vint d'établir une ferme-école, a été un des premiers à imiter M. de la Selle. Il a déjà défriché une centaine d'hectares, il ne donne que deux labours ou un piochage et un labour à ses bruyères ; il ne herse que deux fois avant et deux fois après la semaille, et quoique sa terre se trouve ainsi infiniment moins bien préparée que celle de M. de la Selle, il obtient des récoltes encore plus belles, ce qui vient de ce que M. Chambardel met 450 litres de noir au lieu de 360.
J'ai vu, cette année, chez M. Chambardel 3 ha en froment et 3 en seigle, qui produisent leur troisième récolte du même grain ; elle nous a paru encore plus belle que la deuxième récolte sur défrichement que nous venions de voir et qui était très belle. Nous avons estimé qu'une première récolte de grain méteil, qui avait été semée sur une bruyère qui n'avait reçu que deux labours et quatre hersages, devait produire de 28 à 30 hl ; la palle en avait près de 2 mètres de haut ; la récolte était très épaisse et les épis très longs et bien garnis.
M. Malingié, propriétaire de la terre de la Charmoise, près Pontlevoy, département de Loir-et-Cher, qui a établi une ferme-école il y a trois ans, a défriché cette année 100 ha de bruyères pour les emblaver de cette manière.
M. Desloges, fermier près de Manthelan, route de Tours à Preuilly, a plus de 50 ha de bruyères traitées de même, et les récoltes de froment et colza y sont admirables.
M. Lupin, au château de Loroy (Cher), ayant essayé sur 10 ha cette méthode, s'en est bien trouvé, qu'il vient d'emblaver ainsi 50 ha de bruyères défrichées.
M. Mariotte, au château de Trécy près Romorantin, après avoir essayé sur 4,5 ha, vient d'en défricher 20 autres qui ont été semés de même. Il va défricher toutes ses bruyères.
Il faut que j'ajoute que M. Mariotte ayant fait l'essai de semer sur 1 ha, 10 hl de noir animal sans le mélanger avec la semence, sur l'hectare voisin 5 hl mêlés à la semence, le froment du second hectare a été aussi beau que celui du premier. Le noir animal devra être acheté dans les grandes raffineries d'Orléans ou de Paris ; dans celles-ci, il valait cet été, 8 fr/hl, qui pèse ordinairement de 80 à 90 kg. Les cultivateurs, qui n'ont jamais défriché ou vu défricher des bruyères comme il y en a une immense étendue dans le centre de la France et en Bretagne, bruyères qui, malgré le bon sol qu'elles couvrent, peuvent encore s'acheter dans quelques endroits au-dessous de 100 fr/ha, pourront penser qu'une fois que le noir aura été employé pendant 4 ou 5 ans, ce terrain se trouvera épuisé et inerte ; ils devront se tranquilliser là-dessus, en voyant les belles récoltes que M. de la Selle obtient à la cinquième et sixième année, après avoir employé une fumure ordinaire [fumier], ou de 300 à 400 kg de guano du Pérou. J'ajouterai que j'ai défriché, il y a 25 ans [1825], des bruyères qui ont été cultivées depuis ce temps par de pauvres métayers des environs de Blois, et que cette terre continue à être infiniment meilleure que les anciennes terres de la même ferme qui l'entourent.
 

1851

Journal d’Indre-et-Loire, Samedi 26 juillet 1851 (cette publicité parût durant plusieurs semaines de 1851), Archives municipales de Tours, cote 121C36

NOIR ANIMAL pour engrais

Résidus de la raffinerie CHAVANNES et Ce, d’Orléans

Le succès du Noir animal résidu de raffinerie, sur les défrichements de bois, de landes et bruyères, est établi désormais d’une manière si irrécusable que c’est un véritable service rendre à l’agriculture que d’en recommander l’emploi. Mais un plus grand service encore à lui rendre, est de mettre à sa disposition des noirs dont la pureté et la quantité sont garanties, par le seul fait de leur origine.

Depuis plusieurs années j’ai été chargé du dépôt des noirs provenant de la raffinerie de M. B. CHAVANNES Jeune et Ce, d’Orléans. Tous ceux qui en ont employé en ont été tellement satisfaits que je puis me permettre d’invoquer publiquement leurs témoignages.

Pour ne parler que de quelques noms, parmi les plus connus, je crois pouvoir citer ceux de MM. Malingié et de Goury [de Gourcy], dans le Loir-et-Cher ; dans l’Indre-et-Loire, MM. Luce de Tremont, Delaville-Leroulx.

Il est complètement avéré maintenant qu’avec une dose de cinq hectolitres par hectares, on obtient dès la première année sur des bruyères ou broussailles grossièrement défrichées, des résultats qui paraîtront fabuleux, c’est-à-dire 25 à 30 hectolitres à l’hectare de colza ou autant de froment. Plusieurs récoltes semblables peuvent être obtenues consécutivement, quoiqu’en réduisant chaque fois la quantité de Noir employé.

Le mode d’opérer est parfaitement simple ; il est décrit dans un petit ouvrage de M. Dubreuil-Chambardel (3), propriétaire à Genillé, près Loches. Je donnerai d’ailleurs au besoin tous les renseignements à cet égard.

M. B. CHAVANNES Jne et Ce m’ont autorisé cette année à réduire le prix de leur Noir 9 fr. l’hectolitre pris d’Orléans ou 10 fr. rendu à Tours.

J’engage MM. Les cultivateurs qui désirent s’assurer leur fourniture, à ne pas tarder à me faire connaître leurs besoins prévus pour la campagne actuelle.

  1.     COIGNARD

Représentant de commerce, 8, place de l’Archevêché à Tours.

1852

Du NOIR ANIMAL, résidu de raffinerie. De sa nature, de son mode d'action sur les végétaux. Des conséquences économiques qui doivent résulter de son application au défrichement des terres incultes du centre de la France.
(Mémoire lu à l'Académie des sciences dans ses séances des 9 février et 15 mars 1852)
par Le Vicomte de RAMONET, membre du Conseil général de l'agriculture, du commerce et des manufactures. 
Paris 1852, 57 pages

1854

Journal d'agriculture pratique, Quatrième série, Tome I, Janvier à Juin 1854
p. 364-368

p. 401-406
Action chimique du noir animal.
par J. C. CRUSSARD, Agriculteur à l'ermitage de Sixt (Ile-et-Vilaine)

1995

BOULAINE Jean, Quatre siècles de fertilisation, Études et gestion des sol, 2, 3, 1995
p. 206
Le noir animal. 
Il serait plus précis de dire "noir des sucreries". Ils contiennent environ 30 % de phosphates
L'emploi des os broyés se répandit peu à peu cependant, mais avec des interprétations erronées. En 1822, Fabre et puis Payen signalent les bons effets du noir animal. Il s'agit d'os calcinés à l'abri de l'air dont on venait de découvrir les propriétés décolorantes dans le raffinage du sucre. Et c'est donc le produit usé, chargé d'impuretés des mélasses (on l'appelle noir de raffinerie) et donc sous-produit sans valeur, qui sert d'engrais. On va l'utiliser de plus en plus autour des ports qui importent les sucres coloniaux, en particulier dans la région de Nantes. La production atteindra 20 000 tonnes dans les années 1860-1870.
 

1995

BOULAINE J., 1995 -La fertilisation au XIXe siècle. Routine et progrès. In: Histoire et sociétés rurales, deuxième année, n°3, 1er semestre 1995, pp. 242-244.

2006

BOULAINE Jean, Histoire de la fertilisation phosphatée 1762-1914, Etude et Gestion des Sols, Volume 13, 2, 2006, pages 129-137.

Page  131

Le NOIR ANIMAL

Vers 1820, on utilisait à Nantes un produit, nommé "noir animal", pour la purification des sucres bruts importés des Antilles. Un industriel, Fabre, rejetait les résidus de ces filtres et observa que ces "noirs de sucrerie" étaient un engrais particulièrement efficace.

En effet, le noir animal est fabriqué par combustion d'ossements dans des fours à l'abri de l'air, il se forme du pyrophosphate qui possède une capacité d'échange très élevée. Les impuretés des sucres étant retenues par passage sur des filtres, on obtient des jus sucrés purifiés cristallisables. Le noir chargé de débris organiques riches en azote, en potasse et en plusieurs autres éléments nutritifs, s'ajoute aux composés du phosphore. Le tout est particulièrement efficace pour la nutrition des végétaux, bien que les proportions des éléments soient incontrôlables. La région de Nantes connut un développement agricole spectaculaire dans les années 1825 et suivantes (Bournigaud, 1993).

Assez vite, des commerçants peu scrupuleux vendirent de nombreuses substances de couleur noire : tourbe, charbon pulvérisé, etc. Ces escroqueries entraînèrent des réclamations auprès des autorités et le préfet de la Loire inférieure créa un laboratoire d'analyses des engrais, dont la direction fut confiée à Bobierre (1851). Par la suite, de nombreux départements créèrent à leur tour des stations agronomiques, dont la compétence s'étendit à de nombreux produits agricoles : lait, viande, terre, engrais, etc. Une législation sur l'étiquetage et l'analyse des produits mis en vente fut élaborée par la Commission nationale des Engrais de 1864.

Autres sources bibliographiques

WIKIPEDIA : http://fr.wikipedia.org/wiki/Noir_animal

BARRAL Jean-Augustin, L'empirisme des engrais, Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage, 1850, p. 125-127 et 202-203

PUVIS Marc-Antoine, (Président de la société d'émulation de l'Ain), Emploi du Noir Animal dans les défrichements, Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage, 1850  p. 204-209.

BOULAINE Jean, Histoire de la fertilité des sols français. Mémoire de l'Académie des Sciences Arts et Belles-Lettres de Touraine, 1994. p. 69-89

BOURNIGAUD René. 1993, Le développement agricole au XIXe siècle en Loire-Atlantique. Thèse de droit. 685 pages, plus annexes, Université de Nantes.

 

Publié dans Productions, Engrais

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