Culture de la Betterave à Sucre en Touraine au XIXe siècle

Publié le par histoire-agriculture-touraine

1806

CHAPTAL Jean-Antoine
Né au hameau de Naujaret (aujourd’hui Nojaret), commune de Badaroux-en-Gévaudan (Lozère) le 5 juin 1756 ; décédé à Paris, le 29 juillet 1832.
Médecin, chimiste et industriel, homme politique
En 1802, sur proposition du préfet Pommereul, Chaptal, ministre de l’intérieur du premier Consul, achète pour 200 000 francs le domaine de Chanteloup (environ 230 hectares) à quatre kilomètres d’Amboise (Indre-et-Loire). À partir de 1804, il engage des sommes considérables pour restaurer le château et les dépendances, et pour remettre les terres en exploitation. Une vingtaine d’hectares sont cultivés en betterave à partir de 1806, puis une soixantaine à partir de 1812 ; il fait construire une sucrerie modèle qui fonctionne de 1811 à 1822 au lieu-dit « La sucrerie », à Amboise.
Chaptal introduit par ailleurs à Chanteloup un élevage de mouton Mérinos qui devient célèbre dans toute l’Europe (vente de béliers et de la laine) ; le troupeau atteint vite 1 200 bêtes et doit être déplacé sur un nouveau domaine de 300 hectares aux Arpentis, sur la commune de Saint-Règle (Indre-et-Loire).

1811

Dictionnaire des scientifiques de Touraine. Presses universitaire François-Rabelais. 2017 
p. 132-133

CHAPTAL Jean-Antoine
Né au hameau de Naujaret (aujourd’hui Nojaret), commune de Badaroux-en-Gévaudan (Lozère) le 5 juin 1756 ; décédé à Paris, le 29 juillet 1832.
Médecin, chimiste et industriel, homme politique

"Il contribue à développer l’extraction du sucre de la betterave et un décret de mars 1811 ordonne l’ensemencement de 32 000 ha * de betteraves dans tout le pays et accorde un million de francs aux promoteurs de cette industrie. Cent cinquante sucreries voient le jour. En 1812, Benjamin Delessert épure le sucre de betterave et obtient une qualité identique à celle du sucre de canne."

* Voir détails pour l'Indre-et-Loire dans :  ADIL 7M140, en cours de transcription.

1833

 

GRILLEMONT et RICHELIEU

Flore complète d'Indre-et-Loire publiée par la Société d’Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres et dédiée à M. d'Entraigues Préfet du département. Précédée d'une introduction à l'étude de la botanique, Tours, chez Ad. MAME et Cie, imprimeurs libraires. 1833, 475 p.
Coup d'œil sur les végétaux cultivés dans le département d'Indre-et-Loire, par M. le Cte ODART (1), Vice Président Honoraire de la Société.


Extrait :
Un progrès notable serait l'introduction de la betterave cultivée pour la fabrication de sucre dans deux établissements (Grillemont (2) et Richelieu (5)) de quelque importance, si elle n'y était pas l'objet d'une spéculation spéciale faite par des propriétaires pourvus de moyens pour les former ; encore ne sommes-nous pas sans de justes inquiétudes sur le succès de celui de ces établissements où la betterave, sortie des terres des vallées, ne réussit sur celle de la plaine à grands frais, tels que l'importation de tourteaux de colza. Dans cette lutte de l'art puissamment secondé par la fortune contre la nature, nous craignons que le premier, après quelques années de triomphe trop incertain, ne finisse par succomber. Le véritable progrès serait la culture usuelle de cette racine avec la destination directe et immédiate de servir à la nourriture du bétail, comme le sont la rabe ou rabioule, et les pommes de terre, introduites l'une et l'autre dans la grande culture sous le ministère d'un véritable ami de son pays TURGOT. Nous ne connaissons qu'un seul domaine où elle soit cultivée dans ce but, l'exploitation rurale de Gaudru (3) (commune d'Yzeures-sur-Creuse), dirigée par MM. BEAUMONT de la BARTHE (4), si digne de servir de modèle et d'être étudiée par tout adepte de l'art agricole qui veut abréger son temps d'épreuves. C'est déjà un premier pas vers l'amélioration des méthodes agronomiques que l'adoption de la rabe semée en récolte dérobée après le seigle, très communément dans l'ouest du département ; c'en serait un plus décidé de lui substituer le navet de Suède ou rutabaga, dont la chair est plus ferme et plus sucrée, et qui, ayant besoin d'une plus longue durée de végétation pour parvenir à son état normal, forcerait à rompre l'éternel assolement triennal.


(1) http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2017/02/odart-alexandre-pierre-1778-1866.html

(2) http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/03/chateau-de-grillemont-la-chapelle-blanche-saint-martin-indre-et-loire.html

(3) http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/05/ferme-de-gaudru-a-yzeures-sur-creuse-1824-1850.html

(4) http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/05/de-beaumont-de-la-barthe-georges-guillaume-henri-1793-1850.html

(5) http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/11/domaine-agricole-de-richelieu-a-richelieu-indre-et-loire.html

Entre 1804 et 1845

Amboise et Chaumont-sur-Loire

http://chaumontaufildutemps.over-blog.com/article-une-fabrique-de-sucre-a-chaumont-sur-loire-sous-leray-de-chaumont-117794137.html

Avant la Révolution Française, le sucre consommé en France était le sucre de canne des Antilles. On ne savait pas produire artisanalement le sucre à partir de la betterave. 
En 1806, le Blocus continental infligé par Napoléon au Royaume-Uni empêche tous commerces par la mer. De ce fait, il prive la France de l’arrivée du sucre venant des Antilles. 
Il s’ensuit une pénurie qui va engendrer des recherches sur la production de sucre à partir de la betterave. 
En France en 1810, Benjamin Delessert poursuit à Passy les recherches des Prussiens, Magraff et Achard sur la fabrication du sucre à partir de betterave et réussit à mettre au point un nouveau procédé. 
Parallèlement dès 1804, près d’Amboise, Jean-Antoine CHAPTAL travaille dans sa propriété de Chanteloup notamment sur la culture de la betterave, l’extraction du sucre, la transformation du sucre en alcool (chaptalisation)… Il publie en 1815 un « Mémoire sur le sucre de betterave » suite à ses propres expériences menées sur sa propriété agricole
En 1812, Napoléon favorise en France la fabrication du sucre, crée des écoles de chimie, des fabriques impériales. Il accorde des licences aux personnes désirant fabriquer du sucre de betterave. 
Le 2 juillet 1756, Jacques Donatien Le RAY, seigneur de Chaumont-sur-Loire, devient propriétaire de la maison de la Pommerie située « en haut du tertre qui conduit du frédillet à la rivière de Loire ». Il meurt en 1805 et son fils Jacques Donatien lui succède. 
Vers le début du 19ème siècle, Le RAY de CHAUMONT installe dans la maison de la Pommerie, une raffinerie de sucre de betterave. Celle-ci est équipée d’un matériel important, une douzaine de chaudières, des râpes, des presses et des récipients pour recueillir le sucre. La raffinerie possède une distillerie puisque elle est pourvue également d’un alambic et de cuves de fermentation. 

La culture de la betterave à sucre : le binage - Gravure (collection privée) 
Les racines de betteraves sont produites dans les différentes métairies et fermes, propriétés du domaine de Chaumont : Quenault, Bury, l’Hôtellerie, les Petit et Grand Maindray, la Colinière, la Rossignolière, l’Herpinière. 
Jacques Donatien Le Ray fils était, dans la lignée de son père, un créateur et développeur de modernisme pour l’époque. 
En 1819, Jacques Donatien Le RAY fils est installé aux Etats-Unis d’Amérique dans l’état de New York et ne peut gérer son domaine. Il donne à titre de ferme, à Thérèze-Elizabeth Le RAY, sa sœur, l’ensemble de la terre de Chaumont-sur-Loire, y compris le château. Elle en devient donc fermière générale. Celle-ci passera bail avec les métayers des fermes du domaine et réservera alors 7 arpents de terre (4 ha 25 a) par métairie pour la culture des betteraves, les métayers devant assurer la culture, la fumure et deux façons culturales au cours de l’année. La superficie ainsi cultivée à Chaumont était de 46 arpents (27 ha 95 a). Jacques Donatien fils tenait beaucoup à ses manufactures. Dans le bail passé avec sa sœur, il précise qu’« il convient d’avoir soin d’entretenir l’activité des manufactures et particulièrement celle de sucre ». Cette sucrerie a continué d'exister après 1830, peut-être jusque 1840 ou 1845.

http://dossiers.inventaire.poitou-charentes.fr/le-patrimoine-industriel/4produitsagri/3betterave/4produitsagri_3betterave.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Betterave_sucrière
 

Sucreries du département d'Indre-et-Loire

http://sucrerie-francieres.pagesperso-orange.fr/Pages2013/Page_Indre-et-Loire.htm


Saint-Étienne-de-Chigny (canton de Luynes) : fabrique 
Château de Breuil (Mazières-de-Touraine) : distillerie de betterave
Château de l’Orfrasière (commune de Nouzilly) : distillerie (méthode Champonnois) (1)
Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray (5) : distillerie de betterave
Ferme-Écoles des Hubaudières (2) (commune de Chédigny) : distillerie (méthode Champonnois)
La Bellangerie (4) (commune de Vouvray) : distillerie (méthode Champonnois)
La Briche (3) (commune de Rillé) : distillerie (méthode Champonnois)
La Guéritande (canton de Montbazon) distillerie (méthode Champonnois)
 

(1) Méthode Champonnois : http://memoires52.blogspot.fr/2011/07/des-inventeurs-restes-dans-lombre.html

(2) Ferme-écoles des Hubaudières :

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/03/les-hubaudieres-chedigny-indre-et-loire.html

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2017/02/la-ferme-ecole-des-hubaudieres-a-chedigny-1851-1880.html

(3) Ferme industrielle de la Briche

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/09/le-domaine-de-la-briche-la-revolution-industrielle-dans-la-bassin-de-savigne-indre-et-loire.html

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2017/02/ferme-de-la-briche.html

(4) Domaine de La Bellangerie à Vouvray appartenant à M. Frédéric BORDES

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/11/la-bellangerie-a-vouvray-indre-et-loire.html

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2018/11/la-bellangerie-a-vouvray-indre-et-loire.html

(5) Colonie de Mettray

http://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2017/02/ferme-de-la-colonie-agricole-et-penitentiaire-de-mettray.html

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