DUVERGÉ Jean-François (x - 1780)

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Dictionnaire des scientifiques de Touraine, Presses Universitaires François-Rabelais de Tours, 2017, 414 p.
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Extrait p. 237-238

GUILLON–DUVERGÉ (DUVERGÉ) Jean-François 
Né à Rennes ; décédé à Tours le 1er avril 1780.


Médecin, hygiéniste, chimiste et agronome 
Jean-François Guillon-Duvergé naît à Rennes au début du XVIIIe siècle. Son père, Jean-Baptiste Guillon, sieur du Verger, est « capitaine et grand portier » de la ville. Jean-François Guillon étudie la médecine à Bourges (Cher) puis exerce comme chirurgien à Saumur (Maine-et-Loire) où il se marie une première fois en 1732, puis une seconde fois en 1736 après un premier veuvage. Il renonce à établir un service de lithotomie à Angers à cause de l’opposition du corps de ville, et ce malgré l’autorisation royale. Redevenu veuf, il épouse à Tours en 1742, Marie Anne Dugué, la fille d’un officier de la Monnaie. S’installant dans cette ville, il est agrégé au collège des médecins en 1759 : il exerce comme médecin à l’hôpital de la Charité, puis à partir de 1765 comme inspecteur des hôpitaux militaires de la Généralité de Touraine tout en gardant une clientèle privée. En 1778, le duc de Choiseul lui donne un adjoint, Nicolas Jacques de La Crenne du Pichard, qui lui succèdera après son décès. Outre son activité médicale, Jean-François Guillon Duvergé a une activité scientifique importante :

En agronomie
Dès son arrivée en Touraine, il ébauche une chimie agricole de cette province et donne un classement des différents sols. Il prône l’utilisation des boues urbaines pour fertiliser les champs et augmenter les rendements. Il propose aussi des observations météorologiques « pour étudier les lois mystérieuses qui déterminent l’abondance ou la disette des récoltes ». Répondant à une demande de l’intendant de la Généralité de Tours, César Charles Lescalopier, il rédige un précis sur « l’éducation » des vers à soie. Dès 1769, il est membre résidant de la toute nouvelle Société royale d’agriculture de la Généralité de Tours ; en 1772, il est également associé étranger de l’Académie royale des sciences et belles-lettres d’Angers (Maine-et-Loire).


En hygiène
Duvergé fait l’analyse chimique de la source d’eau minérale de Joannette, près de Martigné-Briand (Maine-et-Loire) et communique ses conclusions à Pierre Joseph Buc’hoz (1731-1807), auteur du Dictionnaire des eaux minérales. Influencé par les idées hippocratiques du temps, il est le premier auteur à se préoccuper de l’hygiène de la ville de Tours. En 1774, dans un ouvrage dédié à l’intendant François Pierre du Cluzel, il attribue les fièvres endémiques qui frappent les habitants à la mauvaise qualité des eaux de puits et conseille de préférer les eaux de la Loire qui pourraient être distribuées par un système d’alimentation grâce à une pompe installée dans les faubourgs de Saint-Pierre-des-Corps, commune limitrophe de Tours. Il recommande aussi de laver régulièrement les rues de la ville et de creuser un large canal à l’extérieur de Tours pour recueillir les immondices, afin d’éviter leur mélange avec les eaux des étangs, ce qui peut conduire à l’empoisonnement des animaux qui s’y abreuvent. Duvergé veut aussi éliminer les odeurs nauséabondes dues à quelques industries polluantes comme celles des amidonniers du faubourg Saint-Symphorien. Il souhaite le déplacement des cimetières urbains. Dans l’hôpital militaire installé près de l’Hôtel-Dieu, il regroupe les malades en fonction de leurs affections et désinfecte l’atmosphère en brûlant de l’encens et en nettoyant les sols avec de l’eau vinaigrée. Il s’élève contre la vente de viande « putride » et de lait à « odeur insupportable » et demande un salaire décent pour que les ouvriers de la soie puissent se nourrir correctement. Avec le docteur Pierre François Linacier, de Chinon (Indre-et-Loire), il étudie l’influence des modifications climatiques sur les maladies de la population. 
Les écrits de Duvergé ont été en partie copiés ou commentés par Jean Origet, Bannister (un anglais qui a visité Tours en 1847), Charles Brame*, Casimir Chevalier* qui ont tous reconnu leur intérêt.

DUVERGÉ J.-F., Analyse chimique des terres de la province de Touraine, des differens engrais propres à les améliorer, et des semences convenables à chaque espèce de Terre, Tours, 1763. – Id., Précis sur l’éducation des vers à soie, Tours, 1763. – Id., Mémoire sur les moyens de reconnaître les contrecoups dans le corps humain et d’en prévenir les suites, Tours, 1771. – Id., Mémoire topographique, physique et médical, ou Traité sur la situation de Tours ; sur la nature de son sol ; sur les qualités de l’eau et de l’air ; sur la nourriture, le tempérament, le caractère, les maladies de ses habitants et des troupes qui y sont en garnison, suivi de : Observations météorologique et clinique pour l’année 1767, Tours, 1774.
ARON 1992, p. 135-140. – [BANNISTER], De la salubrité des villes de France par rapport à l’approvisionnement de bonne eau fournie à domicile, et à l’exploitation de la vase des égouts comme engrais liquide, Tours/Paris, 1848. – BUCHOZ P.-J., Dictionnaire des eaux minérales, vol. II, Paris, 1775, p. 250-253. – BRAME C., Le docteur Duvergé, ou coup d’œil sur l’état de l’hygiène publique et de l’agriculture en Touraine à un siècle de distance (1761 et 1861), Tours, 1861. – DEZEIMERIS 1828-1839, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, vol. II, 1re part., Paris, p. 167168. – MAILLARD B., « L’air, l’eau, la ville et le médecin au XVIIIe siècle », dans Vivre en Touraine au XVIIIe siècle, Tours, 2003, p. 317-335.

 

1763

DUVERGÉ J.-F., Précis sur l'éducation des vers à soie, à Tours, Chez Lambert, Impr. du Roi, & de la Société R. d'Agric. de la Gén. de Tours. MDCCLXIII (1763), 85 p.

Note manuscrite :
L'auteur de ce précis est M. Duvergé, Docteur en médecine, agrégé au collège de médecine de Tours, membre du bureau de la Société royale d'agriculture de la même ville.
Il est aussi l'auteur d'une analyse chimique des terres de la Province de Touraine. Imprimé à Tours chez le même Lambert en 1763

Extrait de la préface p. 3
M. L'ESCALOPIER, Intendant de la Généralité de Tours, persuadé de la nécessité d'éclairer cette branche économique de l'Agriculture & du Commerce, & convaincu du bien qu'elle peut procurer aux habitants des provinces confiées à ses soins, a cru devoir proposer à la Société d'Agriculture nouvellement établie à Tours, sous la protection de Sa Majesté, de former un Précis de ce qui a été écrit de plus intéressant sur l'Education du Vers à Soie, de le dégager de toute théorie, de n'indiquer que les pratiques faciles à portée de tous ceux qui cultivent ces insecte, & enfin, de faire distribuer gratuitement ce Précis à tous ceux qui désireront former quelque établissement dans ce genre. etc.
 

1763

DUVERGÉ J.-F. , Analyse chimique des terres de la province de Touraine, des différents engrais propres à les améliorer, & des semences convenables à chaque espèce de terre. Mémoire lu à la Société Royale d'Agriculture du Bureau de Tours, par M. DUVERGE, Doct. en Médec. Aggrégé au Coll. des Médec. de Tours, Membre de ce bureau. A Tours, chez F. Lambert, Impr. du Roi & de la S. R. d'Agric. de la Génée. de Tours. 1763. 60 p. (Gallica)

BRAME (Docteur Charles), Le docteur Duvergé ou coup d'œil sur l'état de l'hygiène publique et de l'agriculture en Touraine à un siècle de distance (1761 et 1861), Tours, impr. Ladevèze, 1861, 34 p. ADIL cote 8°Bh126

Publié dans Agronomes, Personnage

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