Origines du syndicalisme agricole en France

Publié le par histoire-agriculture-touraine

http://www.fresyca.org/IMG/pdf/Article_sur_la_representation_professionnelle_caprine_V_6_c-2.pdf

Extrait

Les origines du syndicalisme agricole général à la fin du XIXe siècle.

La première expression syndicale se fait entendre à Blois le 7 juillet 1883, quand Jules TANVIRAY, professeur départemental d’agriculture lance avec 70 exploitants le Syndicat des Agriculteurs du Loir-et-Cher. A l’époque, ils sont dans la plus parfaite illégalité. Le but proclamé du Syndicat est de lutter contre les fraudes sur les engrais et de négocier les meilleurs prix. Le mouvement syndical est lancé.

Quelques mois après la création de ce premier syndicat local de paysans, la IIIe République reconnaît par la loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884, le mouvement syndical de type professionnel. Elle est le signal d’une expansion importante ; en 1890, tous les départements comptent au moins une organisation syndicale. Trente ans après sa promulgation, en 1914, on dénombre 6667 syndicats, dits locaux, rassemblant 1 029 727 membres. Cette expansion n’est pas sans déranger les propriétaires terriens.

Pour ôter à la droite le monopole de la représentation agricole et faire face à la SAF (Société des Agriculteurs de France fondée en 1867), Léon Gambetta, Président de la Chambre de la République, créé en 1879 la Société Nationale d’Encouragement à l’Agriculture (ou SNEA) installée sur le boulevard St Germain à Paris. La SNEA prône le corporatisme et le crédit mutualiste. GAMBETTA installe ensuite en 1880 le premier Ministère de l’Agriculture qui met en place une administration unique pour satisfaire tous les actes de la vie du paysan. A la politique néo-féodale de la SAF (le suzerain protège son petit personnel en échange d’une obéissance totale), l’Etat oppose une politique de clientèle, avec service public particulier et des subventions. La SAF et la SNEA vont longtemps symboliser la droite et la gauche agricoles (La gauche est plus présente au sud de la Loire).

Afin d’endiguer le syndicalisme d’inspiration républicaine, la SAF s’engouffre dans la loi de 1884 pour pousser la création de syndicats locaux dont la Présidence échoit « naturellement » au hobereau du lieu, béni par l’évêque. Dans la durée, la SAF lance, le 21 mai 1886, l’Union Centrale des Syndicats des Agriculteurs de France (UCSAF), qui deviendra l’Union Nationale des Syndicats Agricoles (ou UNSA). La doctrine est claire : défense de la propriété, de l’autorité paternelle et de l’enseignement religieux. Le syndicat sera au sommet d’une pyramide reposant sur le crédit, l’assurance et la coopération.

Dans les années 1920, les partis politiques de gauche créent deux mouvements syndicaux destinés à prendre racine à la campagne. Pour les communistes, c’est la Fédération des Travailleurs de la Terre en 1924 qui mutera en Conseil Paysan Français en 1925 pour finalement aboutir à la Confédération Général des Paysans Travailleurs (CGPT) en 1929. Pour la SFIO, c’est la Confédération Nationale Paysanne (CNP), créée en 1933. Elle sera animée par Tanguy PRIGENT qui sera député socialiste du Front Populaire.

Après l’armistice signé le 22 juin 1940, une des premières décisions du gouvernement de Vichy est de dissoudre tous les syndicats (loi au sein d’une organisation unique : la Cdu 2 décembre 1940). Les syndicats agricoles et les chambres d’agriculture n’y échappent pas. La JAC et la JACF sont tolérées par Vichy mais délocalisent leurs secrétariats à Lyon pour être présentes des deux côtés de la ligne de démarcation. Le gouvernement de collaboration avec les nazis entend structurer la campagne au sein d’une organisation unique : le Corporation Paysanne. Il n’y a qu’un seul syndicat local par circonscription et il est obligé d’adhérer à l’Union Régionale de la Corporation Paysanne. Dans la plupart des départements, dans le droit fil de l’évolution de ses syndicats locaux, l’UNSA se transforme donc en Corporation Paysanne.

A la libération, le résistant Tanguy PRIGENT est nommé Ministre de l’Agriculture le 4 septembre 1944 par décision du Général de Gaulle. Le 12 octobre, une ordonnance dissout la Corporation Paysanne. En mars 1945 se tient à Paris le congrès pour la création de la Confédération Générale de l’Agriculture (CGA) composée de sept branches : le syndicalisme à vocation générale qui va devenir la FNSEA (Fédération Nationale des Exploitants Agricoles),des propriétaire la coopération agricole, la mutualité agricole, le crédit agricole, la branche « divers » abritant deux nouvelles organisations : le Cercle des Jeunes Agriculteurs (CNJA) dédié à la formation de la jeunesse, qui ne verra le jour qu’en 1947 et l’Association Nationale des Migrations Rurales (ANMR), les techniciens, cadres, employés des organisations de l’agriculture et les ouvriers agricoles. Il n’y a pas de représentation des rentiers du sol. La vieille classe des propriétaires terriens non exploitants est exclue de l’organisation. La CGA est une association régie par la loi de 1901 ; le pouvoir économique est séparé du pouvoir syndical et il est interdit aux syndicats agricoles d’effectuer des opérations économiques. La liberté syndicale est rétablie le 8 juin 1945.

Une nouvelle ère du syndicalisme agricole s’ouvre qui verra la France devenir la seconde puissance agricole mondiale en quelques décennies. Le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, participera à la cogestion de la politique agricole. De son côté, la structuration du syndicalisme agricole dit « de gauche » se réalisera (seulement) en 1987 avec une fusion qui conduira à la naissance de la Confédération paysanne.

Apparition des syndicats spécialisés au début du XXe siècle.

Leur entrée dans l’histoire est liée à un mouvement social. La crise qui frappe les vignerons languedociens les pousse à descendre pendant trois mois dans la rue en 1907. Ils incendient la préfecture, envahissent les villes, barrent les routes. L’armée est envoyée. Les syndicats locaux de cette région de monoproduction décident de s’unir en une Confédération Générale des Vignerons du Midi (CGV). La première association spécialisée est donc née sur fond de révolte le 22 septembre 1907. La CGV se donne des moyens financiers avec un système bas sur la surface. Dès le départ, elle est plus riche que le syndicat local. Les planteurs de tabac suivront cet exemple en 1908, puis les planteurs de betteraves (CGB en 1921), puis le blé (AGPB en 1924), des éleveurs laitiers (CGL), des producteurs de viande (CGV), des productions légumières (pommes de terre). Ces associations spécialisées sont dirigées, non plus par des propriétaires rentiers, mais par d’importants exploitants souvent diplômés, sortis des écoles catholiques d’agriculture ou de l’Institut national d’agronomie (INA). Elles passent rapidement de la défense des intérêts à l’organisation des marchés, puis à l’organisation de la commercialisation et de la transformation.

==============================================

Autres sources à consulter :

http://www.agter.org/bdf/fr/corpus_chemin/fiche-chemin-134.html

http://eve.ressaire.over-blog.fr/article-34904245.html

https://economierurale.revues.org/809

http://www.universalis.fr/encyclopedie/syndicats-agricoles/1-evolution-historique-jusqu-a-la-seconde-guerre-mondiale/

http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Loisirs/Fetes-festivals/n/Contenus/Articles/2012/10/22/Une-histoire-du-syndicalisme-agricole

http://www.agter.asso.fr/spip.php?page=imprimerarticle&id_article=859

https://www.cairn.info/revue-pour-2008-1-page-64.htm

http://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1962_num_12_3_403386

http://emmanuellemartin.pagesperso-orange.fr/telechargement/mst/picc2.pdf

Publié dans Syndicalisme

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article