CRÉPIN Joseph (1849-1943)

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Chèvres des races alpines françaises sélectionnée (à gauche) ; Chèvres de la race des Alpes, variété suisse Saanen (à droite) ; appartenant à M. Joseph Crépin, à Brunoy (Seine-et-Oise)
Chèvres des races alpines françaises sélectionnée (à gauche) ; Chèvres de la race des Alpes, variété suisse Saanen (à droite) ; appartenant à M. Joseph Crépin, à Brunoy (Seine-et-Oise)

Chèvres des races alpines françaises sélectionnée (à gauche) ; Chèvres de la race des Alpes, variété suisse Saanen (à droite) ; appartenant à M. Joseph Crépin, à Brunoy (Seine-et-Oise)

BIOGRAPHIE

 

Joseph CRÉPIN

Né le 6 novembre 1849 - Altkirch (Haut-Rhin)

Décédé le 23 novembre 1943 - Brunoy (Essonne), à l’âge de 94 ans

 

Rédacteur au ministère de la guerre

 

Agriculteur et éleveur de chèvre au Brunoy (Essonne)

Fondateur du Club de la chèvre de race pure

Membre de la Société Nationale d'Acclimatation

Chevalier de la Légion d'Honneur en 1897

Officier de la Légion d'Honneur en 1911

Chevalier du Mérite agricole

 

Généalogie : http://www.visseaux.org/pc.htm

 

Dossier Légion d'honneur

Base Léonore  n° 19800035/0244/32530

http://www.culture.gouv.fr/LH/LH144/PG/FRDAFAN84_O19800035v0476534.htm

 

Décorations :

Chevalier le 12 juillet 1897

Officier le 31 décembre 1910

Chevalier du Mérite agricole

 

Carrière au Ministère de la Guerre :

Commis stagiaire en 1875

Commis ordinaire de 4e classe en 1877

Commis rédacteur 1e classe en 1885

Commis rédacteur principal 3e classe en 1887

Sous-chef de bureau 3e classe en 1896

 

Service militaire :

Incorporé au 60e régiment d'infanterie le 12 août 1870 comme appelé de la classe de 1869

Campagne 1870 contre l'Allemagne

Soldat 1e classe le 24 décembre 1872

Caporal 2e classe le 25 avril 1873

etc...

Libéré du Service de l'Armée active le 30 juin 1875

 

Joseph Crépin et le développement de l'élevage caprin

en France

 

Source : Claire DELFOSSE, « Chèvre des champs ou chèvre des villes ? Sélection et élevage caprins dans l’entre-deux-guerres », Ruralia [En ligne], 20 | 2007, mis en ligne le 01 juillet 2011, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://ruralia.revues.org/1592

Extrait :

La chèvre, une nourrice idéale

Joseph Crépin (1849-1943), au parcours assez mystérieux, comme il convient aux apôtres, va fédérer en France les acteurs favorables à la chèvre et se faire l’ardent promoteur de cet animal. Ce militaire passe en effet la deuxième partie de sa vie à défendre cet animal et à mettre en valeur ses aptitudes laitières. Ses travaux sur la chèvre commencent en 1896 à la Société d’acclimatation, où il est secrétaire de la sous-section d’études caprines nouvellement créée. Il publie en 1903, un traité de « capriculture », La chèvre, son histoire, son élevage pratique, ses bienfaits, ses services, qui constituera longtemps une référence en matière de sélection et d’élevage caprins. Cet ouvrage est suivi en 1919 d’un autre livre, intitulé Les utilisations de la chèvre, puis, en co-écriture avec son fils, de L’encyclopédie caprine .

Son intérêt pour la chèvre naît des difficultés que son fils Pierre (1896-1978) a à s’alimenter dans ses premières années. Il achète alors une chèvre, qu’il nomme Amalkée, comme la nourrice de Zeus. Pierre tète directement les pis de la chèvre, et sera sauvé. Joseph abandonne

les écrevisses sur lesquelles il avait commencé à travailler pour ne plus se consacrer qu’aux chèvres et à leur fonction nourricière. La chèvre est, selon sa propre formule, « l’animal des délicats » – nourrissons, enfants malades et vieillards. Il va ainsi chercher à démontrer que la chèvre est une meilleure laitière que la vache, animal nourrisseur triomphant, et surtout que son lait est de meilleure qualité. En effet, l’action de Crépin doit être replacée dans le contexte de la prise de conscience nationale de l’importance de la mortalité infantile et de la surmortalité des enfants placés en nourrice ; inquiétude qui se transforme en obsession après la guerre de 1870. À côté des actions en faveur du développement de l’allaitement maternel, il faut proposer d’autres modes d’allaitement pour les nourrissons que leur mère ne peut nourrir : le lait de vache s’affirme comme le principal mode d’allaitement artificiel. Toutefois, les laitiers nourrisseurs s’éloignent des villes qui ne cessent de croître : la qualité du lait tend à s’altérer durant le transport.

Par ailleurs, les travaux des élèves de Pasteur montrent que le lait de vache est porteur du virus de la tuberculose, autre fléau national. On préconise alors la stérilisation et la pasteurisation du lait de vache. Mais cette méthode n’a pas que des partisans : au moment où la science de la nutrition commence à se développer, certains pédiatres dénoncent les méfaits de la stérilisation sur les qualités nutritives du lait. Ils qualifient même le lait stérilisé de « lait mort ». C’est l’occasion pour Crépin et ses amis de réhabiliter le lait de chèvre. Il ne cesse d’affirmer que le lait de chèvre n’est pas porteur du virus de la tuberculose et qu’ainsi on peut le consommer cru, donc « vivant », sans danger aucun : l’enfant consommera donc un lait vivant. La chèvre revêt d’autres avantages : le nourrisson peut téter directement à ses mamelles, ce qui évite toute contamination du lait par un biberon mal stérilisé. Chaque ménage, même en ville, peut en entretenir une, elle demande peu de place, est facile à nourrir et à élever : on peut l’assimiler à un animal familier. La chèvre est donc une nourrice providentielle. Joseph Crépin appelle aussi de ses vœux la création de chèvreries en annexes des « Gouttes de lait ». Il fait ainsi intervenir lors des causeries qu’il organise au Muséum des chercheurs de l’Institut Pasteur, des médecins, et en particulier des médecins des hôpitaux des enfants malades.

À partir des années 1920, dans un contexte qui est celui de l’obsession du déclin démographique et sanitaire des populations fortement ébranlées par les pertes de la guerre, le discours de Crépin et de ses émules, dont Jenny Nattan, prend un tour de plus en plus idéologique, celui de la « régénération de la race » que permettrait le lait de chèvre. Pour Joseph et Pierre Crépin, le lait de chèvre est plus qu’un simple aliment « sûr » et « sain » ; il a aussi des qualités thérapeutiques. Ils reproduisent dans leurs publications, non seulement des témoignages de pédiatres et de parents sur les bienfaits du lait de chèvre pour les nourrissons – témoignages accompagnées de photographies de bébés grassouillets et à la mine joviale –, mais aussi des témoignages de médecins ou de personnes guéries grâce au lait de chèvre. Aussi Pierre Crépin va-t-il jusqu’à prôner la création de sanatoria de chèvres. Son action a quelque retentissement dans les milieux qui fréquentent la Société d’acclimatation, ainsi que dans le milieu médical qui s’intéresse à l’hygiène sociale. Il dispose aussi d’appui auprès d’industriels, de militaires, de colons ainsi que de nobles dames ou filles de riches propriétaires. Pour développer son action et resserrer les liens entre ses adeptes, il fonde au début des années 1920 une revue, La Chèvre au foyer. Ce titre est significatif du rôle que Joseph Crépin et son fils Pierre donnent à la chèvre : elle est pour eux la nourrice des villes et des banlieues, plus qu’un animal contribuant à l’amélioration de l’économie rurale.

Encore faut-il que les personnes qui souhaitent acquérir une chèvre en trouvent une sur le marché – et une chèvre de race pure de préférence. Il convient donc de développer l’élevage de chèvres et la sélection caprine, ce à quoi Crépin commence à s’adonner. Il joue en effet un rôle fondamental en matière de connaissance de l’espèce caprine et il est surtout le premier à distinguer plusieurs races au sein de la population caprine française, jusqu’alors regroupée sous le vocable de capra vulgaris. À l’inverse des auteurs qui l’ont précédé, il dénonce les méfaits des croisements des chèvres françaises avec des races étrangères en vue de les transformer en bêtes à laine. Il explique même le déclin du succès du fromage du Mont d’Or du Lyonnais, particulièrement réputé au milieu du 19e  siècle, par la dégénérescence des « excellentes chèvres indigènes » croisées avec des chèvres angora. Son explication est certes partiale, mais elle a le mérite de mettre en valeur les qualités des races communes et en particulier de la chèvre de race alpine, dont il est le grand promoteur. Cette race revêt plusieurs avantages à ses yeux : elle a le poil ras, ce qui est plus sain, son lait n’est pas trop riche en protéines, il est donc digeste, enfin elle répond aussi à un souci esthétique : l’alpine rouge serait élégante.

Publié dans Personnage

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