LAITERIE DE LA CLOCHE D'OR à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)

Publié le par histoire-agriculture-touraine

LAITERIE DE LA CLOCHE D'OR à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)
LAITERIE DE LA CLOCHE D'OR à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)
LAITERIE DE LA CLOCHE D'OR à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)
LAITERIE DE LA CLOCHE D'OR à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)
LAITERIE DE LA CLOCHE D'OR à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)

1903-2016

Création de la laiterie BLAIN et MAÎTRE à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire)

http://www.camembert-museum.com/pages/historique-region-ouest/fromagerie-de-la-cloche-d-or-37.html

http://www.camembert-museum.com/pages/departements/37-indre-et-loire/

« Une petite histoire » de la Laiterie de Pont de Ruan.
La société a été enregistrée en 1903 par les familles BLAIN et MAÎTRE  : « Fabrique de produits laitiers ». Par la suite, la Société des Fermiers Réunis a continué quelques années jusqu’à la reprise en 1914 par Messieurs RÄÄS Frères. Ils déposent le 28 novembre 1914 la marque fromages et camemberts de la « Corne d’Or ». La laiterie fabriquait du beurre, de la caséine, et de l’emmental (gruyère) sans doute parce que Messieurs RÄÄS Frères Frères étaient d’origine Suisse. Une porcherie existait déjà sur le site (Utilisation du petit beurre et du babeurre). A la suite de nombreuses vicissitudes, cette affaire a déposé son bilan et a été vendue  aux enchères publiques par le tribunal de Tours en 1923.

En 1923, le futur propriétaire, M. Willy MEESE, originaire de Belgique, exploitait avec son frère Aimé MEESE la scierie, fabrique d’emballage d’Azay-le-Rideau qui deviendra par la suite les Etablissements LEROY. Monsieur Willy MEESE se porta adjudicataire de la laiterie et abandonna le travail du bois. Il venait de se marier avec Mlle TAFFONEAU, d’Azay-le-Rideau, dont le père était marchand de grains, et la mère épicière. C’est pourquoi la laiterie s’appellera longtemps MEESE-TAFFONEAU. La laiterie fabrique des fromages de chèvre, du beurre et des camemberts. Rares étaient les laiteries en dehors de la Normandie à fabriquer ces fromages. La marque de Pont-de-Ruan connue et renommée était la Corne-d’Or, nom du lieu-dit de la laiterie. Les marques de camembert avaient une telle valeur que W. MEESE ne put l’acheter, elle passa aux mains des mandataires des Halles de Paris qui la firent exploiter ailleurs. Le 26 mars 1923, la société devient Laiterie de Pont-de-Ruan, la marque Cloche d’Or est déposée. Puis vint la guerre, difficiles moments pour cette famille, originaire de Belgique, qui avait déjà beaucoup souffert lors de la guerre de 14/18. Après le décès brutal de W. MEESE en 1941, son épouse et sa fille continuèrent, avec difficulté, l’exploitation pendant cette période d’occupation.

Arriva alors à Pont-de-Ruan Monsieur Henri GUELLERIN, se fiança à Lisette MEESE, ils avaient 21 ans chacun lors de leur mariage à l’église de Pont-de-Ruan. Monsieur Henri GUELLERIN et son épouse fondent, avec les autres membres de la famille, la SARL Cloche d’Or, qui deviendra par la suite une société anonyme (S.A.). Cloche d’Or commence à fabriquer des produits frais type petit suisse et des yaourts. En 1946 une activité de négoce de produits laitiers est développée sur le site de Pont de Ruan pour alimenter le commerce régional, en plus des produits Cloche d’Or. En 1953, Cloche d’Or a installé une des premières tour de séchage en France, pour fabriquer de la poudre de lait SPRAY, qui se dissout seule. A cette époque, il y avait environ 200 à 300 éleveurs locaux en lait de vache et (ou) en lait de chèvre, ramassé en bidons dans les communes voisines, pas ou peu refroidi. On ne parlait pas en centaines de germes mais en millions voire milliards, mais les analyses de l’époque étaient rudimentaires. On ne connaissait pas la Listéria, les Eschérichia Coli, les staphylocoques, ni les salmonelles. Les bagarres entre laiteries étaient vives et notamment avec la coopérative de Ligueil et de Saint-Epain. Des tournées entières pouvaient changer de laiterie d’un mois à l’autre.
Le 1er mars 1953, Cloche-d’Or loue la laiterie de Sautonne à Martaizé (86) jusqu’au 28 février 1962. Elle reprend alors les locaux de la laiterie de Loudun, située aux Fontaines Blanches pour y fabriquer des fromages de chèvre et des fromages au lait de mélange vache-chèvre. Une grosse partie de ces productions est exportée vers l’Allemagne et l’Italie, via une filiale du groupe Bongrain !!! déjà. Entre 1960 et 1976, Cloche d’Or transforme journellement quelques 25 à 30 000 litres de lait en fromage type camembert (Horizon, l’Empire, Val Fleuri), 30 à 40 000 yaourts, 5 à 10000 litres en fromages blanc, de la crème et du beurre.

Le 11 novembre 1974, un incendie détruit les bureaux, l’atelier de fromages frais, la maintenance et les bâtiments de stockage emballages (ancienne porcherie). Suite à cet accident, la fabrication des fromages frais est assurée par la laiterie d’Onzain dans le Loir-et-Cher. Sur le marché des camemberts, la concurrence devient très sévère et la cloche d’Or arrêtera la fabrication en 1978. Parallèlement, les fromages de chèvre frais et surtout les yaourts se développent. En 1979/80 il est décidé de créer un nouvel atelier yaourt construit dans l’ancienne fromagerie. Il sera opérationnel en février 1982, avec une capacité de 24 000 pots par heure. En 1984/85 Henri GUELLERIN, PDG, recrute un Directeur Général : Y. CLÉMENT, venant d’une grande entreprise ASTRA CLAVE (margarine Astra). Parallèlement, l’usine de Loudun, sans investissement depuis quelques années, diminue en volumes sur des marchés devenus très concurrentiels. A partir de 1985/86, Cloche d’Or lance une gamme de yaourts aromatisés puis de yaourts avec morceaux de fruits.
Des développements importants sont faits sur des produits sans cholestérol (à base de soja : tofu, sauce, etc..) et sur des sauces allégées à base de yaourt. Les premières sauces salade à base de yaourt sortent en 1988 « SALAD AZUR ». Ce procédé et les recettes (protégées par un brevet) ont tous été créés à Pont de Ruan par les collaborateurs de Cloche d’Or. Ces produits ont attirés la société Astra Calve qui décide de lancer nationalement sous sa propre marque « VIVE LA VIE » les mêmes recettes et aussi de développer pour elle des vinaigrettes allégées. En 1988, Cloche d’Or est la première société à mettre sur le marché des yaourts au lait de chèvre nature, puis miel, puis myrtilles. Début 1989, la famille GUELLERIN cède la totalité de la société au Groupe Bongrain, qui était le premier groupe fromager d’Europe avec des marques prestigieuses comme « caprice des Dieux », « Tartare » « Chavroux » « St-Môret » « Chaumes » et autres.. La division grossiste va être cédée aus Ets Gaudais à Tours, qui eux ferment la laiterie du Petit Beaumont, boulevard Tonnellé.

Bongrain oriente l’entreprise sur des produits nouveaux qu’ils possèdent déjà aux Etats-Unis. L’usine de la cloche d’Or va fabriquer des glaces au yaourt (frozen yogurt aux USA) pour des produits type glace à l’Italienne, développer des desserts innovants (mélanges de senteurs et de saveurs du sud de la Méditerrannée : MELIOS (Melon, menthe, pastèque) (Miel, amande, citron, raisin) (Pamplemousse, citron vert, gingembre) et des soupes fraîches à base de lait. La fromagerie de Loudun est fermée, les fabrications sont sous-traitées à des confrères. L’atelier des yaourts n’est plus compétitif. La stratégie du groupe évolue. Cloche d’Or perd beaucoup d’argent car les grands projets se développent mal (glace, soupe). L’entreprise doit faire de gros investissements pour obtenir l’agrément CEE. Le marché du fromage de chèvre traditionnel n’intéresse pas Bongrain car trop petit. La décision de fermer l’entreprise est prise quelques jours avant Noël 1993 à Paris.
Suite à cette décision, terrible pour la société de la Cloche d’Or, avec l’aide de J. MARRAnet de M. J-C TURLAY, membre influent du comité de direction Bongrain et amoureux du fromage de chèvre (Créateur du fromage de Chaumes et de l’Etorki), Yves BOUHIER de l'ÉCLUSE, rentré à la Cloche d’Or en 1991/1992 et Michel CARCAILLON (depuis 1974 à Cloche d’Or) vont convaincre le groupe Bongrain de leur vendre l’entreprise. La négociation va durer sept mois. L’atelier de yaourt sera fermé en mars 1994 par Bongrain. Une dizaine de salariés licenciés, Cloche d’Or souffre, le village n’a jamais connu autant de turbulences à la laiterie. Parallèlement le projet de relancer l’usine sur le fromage de chèvre avance. Le 28 juillet 1994 à 7 h à Paris, Cloche d’Or redevient indépendante. Yves BOUHIER en est le Président et Michel CARCAILLON, le Directeur Général et Industriel. Malheureusement, un plan social est nécessaire (12 personnes licenciées). L’entreprise repart avec un effectif de 24 personnes. Un nouvel atelier de fromages frais est construit et démarre le 11 novembre 1994. Dans la foulée l’entreprise obtient l’agrément Européen. La croissance est bonne, les résultats permettent de lancer un deuxième gros projet (un investissement d’un million d’euros) : Reprendre les fabrications de fromages au lait cru dont le Sainte Maure de Touraine AOP. Ce sera chose faite en novembre 1996. Depuis, cet atelier a triplé de surface.
Entre 2000 et 2003, Cloche d’Or va agrandir une fromagerie fermière à Chamizay pour y fabriquer des fromages de Valençay AOP et rachète les Ets Le Meunier à la croix en Touraine, spécialisés dans l’affinage des fromages AOP Sainte-Maure-de-Touraine fermier. Aujourd’hui, Cloche d’Or, certifiée IFS (International Food Standard), c’est 800 tonnes de fromages, près de 5 millions de litres de lait de chèvre, leader du marché AOP Sainte-Maure-de-Touraine, 56 collaborateurs, 11,5 millions de chiffre d’affaire, 65 producteurs de lait et fromage, le tout représentant environ 250 à 300 emplois. Cloche d’Or, après une période de souffrance est repartie. L’entreprise va bien, se développe bien, a des projets, elle est maintenant réputée pour la qualité de ses fromages. La deuxième génération de dirigeants est en place. Elle pourra écrire, dans quelques décennies une nouvelle page de l’histoire de LA CLOCHE D’OR.
Michel CARCAILLON. [Fromagerie de la Cloche-d'Or] [Camembert-Museum le 13 mars 2016]

2009

https://www.lesechos.fr/17/09/2009/LesEchos/20511-088-ECH_la-cloche-d-or-affine-sa-difference.htm

La Cloche d'Or affine sa différence

Les Échos, Le 17 septembre 2009, STEPHANE FRACHET - DE NOTRE CORRESPONDANT À TOURS. –

Depuis 111 ans, la fromagerie La Cloche d'Or à Pont-de-Ruan fabrique des fromages de chèvres de manière artisanale. Après avoir failli disparaître, cette PME reprise à une multinationale résiste aux géants des produits laitiers.

Dans le monde en recomposition des produits laitiers, entre les multinationales et la myriade d'exploitations individuelles, il subsiste quelques rares indépendants qui survivent sur des marchés de niche. Mieux que survivre, La Cloche d'Or, une PME d'une cinquantaine de salariés implantée à Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire), sur le territoire de l'appellation Sainte-Maure de Touraine, affiche une rentabilité supérieure à 8 %, grâce à ses fromages de chèvre. Une belle performance, d'autant que l'entreprise n'étrangle pas ses fournisseurs, soit 80 éleveurs caprins répartis sur l'Indre-et-Loire, la Vienne, le Maine-et-Loire et l'Indre. Mieux, cette laiterie industrielle a instauré au début de la décennie un service de relations producteurs. Celui-ci les assiste dans le montage de leurs dossiers. Leurs emprunts sont aussi garantis auprès des banques. « Nous assurons à l'agriculteur un minimum de chiffre d'affaires, ce qui rassure le prêteur ", dit Yves BOUHIER de l'ÉCLUSE, le PDG, qui, de son côté, sécurise son approvisionnement.

Cet ancien négociant en engrais et céréales, âgé de cinquante-deux ans, s'est associé au directeur de l'époque, Michel CARCAILLON, pour reprendre cette filiale moribonde au groupe Bongrain. Cette fromagerie créée en 1898 menaçait de disparaître. Après une restructuration qui a poussé le duo à licencier, La Cloche d'Or a retrouvé une croissance annuelle d'environ 5 %, y compris cette année. Le chiffre d'affaires dépassait 8 millions d'euros en 2005, il sera supérieur à 10 millions en 2009. « Nous avons resserré la production autour d'un seul produit phare, avec un label qualité exigeant, tout en maintenant une distribution calquée sur le mode industriel. Grâce à cette stratégie, nous avons multiplié par quatre nos volumes », raconte Yves BOUHIER de l'ÉCLUSE. Grandes surfaces, grossistes et industriels de l'agroalimentaire alimentent le carnet de commandes.
Quelque 800 tonnes de fromages de chèvre sortent chaque année des hâloirs, dont la fameuse bûche cylindrique comprenant une paille en son cœur. « Un détail qui n'a pas d'utilité gustative, mais qui assure une belle visibilité au produit », reconnaît-il. La Cloche d'Or veut aussi développer les « Valençay » et vise l'export. Pour cela, elle vient d'obtenir une norme agroalimentaire internationale très stricte, l'IFS 5.
Car produire à base de lait cru reste une activité risquée. Pour garantir des fromages sains, La Cloche d'Or doit renouveler ses installations régulièrement. « Nous investissons 1 million d'euros cette année. C'est lourd, et c'est d'ailleurs ce qui effraie les grands industriels. Eux préfèrent le lait pasteurisé. Ici, chaque lot sortant est analysé », explique Yves BOUHIER de l'ÉCLUSE , qui s'appuie sur un laboratoire dédié de 3 salariés. Mais la différence est à ce prix. « Depuis quinze ans, nous n'avons jamais rappelé un produit ", conclut l'entrepreneur.

2018

La laiterie Cloche d'Or rachète la fromagerie Huchet de Selles-sur-Cher et agrandit son usine à Pont-de-Ruan

Les Échos le 27 juin 2018, Stéphane FRACHET

https://www.lesechos.fr/27/06/2018/lesechos.fr/0301852833436_la-laiterie-cloche-d-or-met-les-bouchees-doubles.htm

La laiterie Cloche d'Or met les bouchées doubles

La laiterie Cloche d'Or acquiert un transformateur de Selles-sur-Cher et s'apprête à agrandir son usine près de Tours.

La laiterie indépendante Cloche d'Or, qui produit des fromages de chèvre pour la grande distribution, les grossistes et la restauration hors foyer, vient d'étendre son périmètre en rachetant un transformateur de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher), la fromagerie Huchet, à la suite du départ à la retraite du cédant. Cloche d'Or, qui a réalisé 13 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2017, devrait enregistrer près de 800.000 euros d'activité supplémentaire dès cette année grâce à cet affineur, qui emploie 4 salariés sur le bassin de l'AOP Selles-sur-Cher, à proximité des appellations Pouligny, Valençay et Sainte-Maure-de-Touraine qu'elle exploite déjà.

40 % de fromage en plus

Simultanément, cette laiterie de 62 salariés pousse les murs sur son site historique de Pont-de-Ruan, près de Tours (Indre-et-Loire), où elle est implantée depuis 1923. Un nouveau hâloir sera construit dès la rentrée afin d'étendre les capacités d'affinage. Ce qui dégagera de l'espace pour les phases de moulage et de caillage. La mise en service est programmée au début de l'an prochain. L'entreprise présidée par Yves BOUHIER de l'ÉCLUSE investit 1 million d'euros. « Notre capacité de transformation de fromages de chèvre AOP Sainte-Maure de Touraine sera augmentée de 40 % », avance le dirigeant. De 800 tonnes aujourd'hui, elle sera donc portée à plus de 1.100 tonnes.

Manque de matière première si la filière trouve des repreneurs

Sauf que cette croissance ne sera pas automatique, admet en substance Yves BOUHIER. Comme d'autres filières agricoles, celle du lait de chèvre peine à renouveler ses exploitants. En Sainte-Maure de Touraine, 7 exploitations cherchent des repreneurs, au moins 3 en Selles-sur-Cher. « Nous manquons de matière première, c'est un défi que nous devons relever ensemble, mais la guerre des prix dans la grande distribution bloque la revalorisation des prix reversés aux éleveurs », constate l'industriel.

Fournisseur des grandes surfaces en fromages de chèvre fermiers, Cloche d'Or produit aussi des fromages pasteurisés, sous ses marques Cloche d'Or, Fleur Tourangelle, Le Meunier, Cabri et Couronne de Touraine. Illustration du succès des fromages au lait cru auprès des Français, cette PME a gagné 3 millions d'euros de chiffre d'affaires en dix ans, essentiellement sur le marché hexagonal.

Publié dans Industrie agricole

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