Race ovine : DISHLEY (Leicester, Lincoln)
Larousse agricole Tome 1, 1921, p. 484
Dishley (race ovine)
On désigne en France, sous le nom de Dishley, la race ovine créée vers 1760, à Dishley-Grange, par le célèbre éleveur anglais Bakewell et importée au début du XIXe siècle sur le continent comme type anglais du mouton amélioré de grande taille remarquable par sa précocité. En Angleterre, on connaît le Dishley sous les noms de Leicester et de Lincoln, ces deux races ne différentes guère que par la taille, plus grande chez le Lincoln.
Bakewell a créé le Dishley en choisissant parmi les moutons du Leicestershire les mieux conformés pour la production de viande et en les multipliant ensuite par consanguinité ; la précocité a été obtenue par une très copieuse alimentation.
Description. Race grande lourde (0,70 à 0,80 m de taille, poids vif de 90 à 110 kg). Tête chauve, sans cornes, à orbites saillantes, si bien que l'emplacement des cornes est marqué par des dépressions des os frontaux ; profil légèrement concave ; oreilles longues, minces, horizontales ; cou court, mince ; garrot épais, dos droit et large ; gigot épais et descendu, corps cylindrique porté par des membres grêles ; toison blanche pesant 3 à 4 kg, à mèches longues et ondulées, brins longs (20 à 25 cm), brillants, grossiers et rudes. La tête, le ventre et les membres son dénudés.
Aptitudes. Le Dishley est un mouton à viande, d'engraissement facile, mais exigeant une abondante nourriture. Sa viande est de qualité médiocre, parfois avec un excès de de graisse suiveuse ; son rendement atteint 65 % du poids vif. Il résiste bien aux climats humides.
Le Dishley, pour lequel les éleveurs anglais se sont engoués, a servi à l'amélioration des races du nord de la France en leur donnant de la précocité. Il est utilisé dans le même but en Argentine, concurremment avec d'autres races anglaises et avec le Mérinos.
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1853
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%A9conomie_rurale_en_Angleterre/01
"La richesse dont Bakewell a doté son pays est incalculable ; s’il était possible de supputer ce que la seule race de Dishley a rapporté aux cultivateurs anglais depuis quatre-vingts ans, on arriverait à des résultats prodigieux.
Mais ce n’est pas tout. Bakewell n’a pas seulement créé une espèce particulière de moutons qui réalise le maximum de précocité et de rendement qu’il paraît possible d’atteindre, il a encore indiqué, par son exemple, les moyens de perfectionner les races indigènes placées dans d’autres conditions. Les purs Dishley ne peuvent pas se répandre uniformément partout ; originaires de plaines basses, humides et fertiles, ils ne réussissent parfaitement que dans les contrées analogues; c’est une race tout à fait artificielle, conséquemment délicate, un peu maladive, chez qui la précocité n’est qu’une disposition à une vieillesse prématurée, et qui, par sa conformation même, est incapable d’effort; il lui faut, avec un climat froid et une nourriture abondante, un repos à peu près absolu et des soins continuels, qu’elle paie ensuite avec usure, il est vrai, mais qu’il n’est pas toujours possible de lui donner."