PÉCARD-TASCHEREAU Jean-Joseph (1776-1830)

Publié le par histoire-agriculture-touraine


Secrétaire perpétuel de la Société d’Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres du département d’Indre-et-Loire : 1814-1829

Dictionnaire des scientifiques de Touraine. Presses universitaires François-Rabelais, 2017.
p. 333
PÉCARD Jean-Joseph, dit PÉCARD-TASCHEREAU.
Né à Tours (paroisse Saint-Pierre-du-Boile) le 2 décembre 1776 ; décédé à Tours le 23 avril 1830.
Industriel producteur de céramiques et de minium.
Fils du faïencier tourangeau Jean Pécard et de Renée Jeuffrain, Jean Joseph Pécard suit d’abord une carrière militaire. Revenu à Tours en 1804, il est comme son père membre de la Société des sciences, arts et belles lettres du Musée de Tours. Dans la Société d’agriculture, sciences, arts et belles lettres du département qui lui fait suite, il remplace Athanase Veau-Delaunay comme secrétaire perpétuel. Le 12 février 1806, il épouse Marie Taschereau, fille d’un négociant de Tours, et adopte le nom de Pécard-Taschereau. Toute sa vie, il pratique la musique, écrit des poésies (Les derniers moments de Socrate, pièce en vers, Tours, 1826) et se pique d’œnologie. L’ordonnance royale du 2 avril 1817 le nomme membre du conseil général du département ; il en devient le secrétaire en 1826. Il est aussi membre du conseil municipal de Tours, secrétaire de la chambre de commerce, et juge au tribunal de commerce à partir de 1829. Il crée plusieurs industries manufacturières à Tours :

 

En 1803, en utilisant une marne argileuse de Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire) et une marne calcaire de Fondettes (id.), il met au point une fabrication de faïences qui seront renommées pour leur solidité, leur bas prix et leur résistance au feu. La même année, il proteste devant la Chambre de commerce contre l’octroi établi sur les bois à brûler qui « enlèvent aux manufacturiers les moyens de donner de l’étendue à leurs travaux et fait craindre que bientôt il en résulte l’abandon des fourneaux ».

En 1806, il crée une fabrique de minium, de céruse et de blanc d’argent et obtient une appréciation flatteuse de Jean-Antoine Chaptal (« les produits de la fabrique de M. Pécard peuvent être comparés aux meilleurs miniums anglais »); en 1815, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale lui décerne également une médaille de 1 000 francs pour les produits qu’il a envoyés au concours.


En 1813, il installe dans la tour Charlemagne à Tours une fabrique de plomb de chasse ; elle provoquera un incendie du monument en 1826. 


Le 24 avril 1830, après son décès survenu « à la suite d’une maladie longue et douloureuse », le Journal d’Indre-et-Loire publie un article dithyrambique : « L’industrie manufacturière lui doit d’immense progrès, l’administration publique de profondes lumières, ses amis de grands bienfaits ». Des critiques se font entendre quelques jours plus tard, après la révolution de Juillet.
Pécard-Taschereau a eu six enfants. Un de ses fils, Jean-Baptiste Eugène, reprend la fabrique de plomb ; un autre, Adolphe Pécard, devient un historien, spécialiste réputé du XVIIe siècle, membre de la Société archéologique de Touraine et conservateur de ses collections archéologiques.
 

1830

Annales de la Société d'Agriculture Sciences Arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire Tome X, 1830.

p. 125-127
Séance publique du 28 août 1830
Extrait du rapport du nouveau secrétaire perpétuel (Chauveau, bibliothécaire de la ville de Tours, secrétaire perpétuel de 1830 à 1843)


Je vous ai déjà rappelé, messieurs, tout ce que nous devons à la mémoire de notre secrétaire perpétuel. Nos regrets, en parlant de lui, doivent être plus vifs encore, puisque nous avons perdu, dans la force de l'âge et du talent, un collègue qui laisse aussi à cette Société de nombreuses traces de ses travaux, à ses concitoyens le souvenir de tout ce qu'il a fait pour la prospérité de son pays, et à ses enfants l'exemple de sa vie entière, héritage plus précieux que toute la fortune qu'il leur a si honorablement acquise. M. Pécard, né en cette ville, où il a puisé les premières notions des connaissances utiles qui l'ont rendu si remarquable dans la maturité de l'âge, paya, comme la plupart des jeunes gens ses contemporains, le tribut que tout Français doit à son pays. Retiré bientôt de la carrière des armes pour se livrer à des études plus conformes aux heureuses dispositions qui semblaient innées en lui, il ne rentra dans sa ville natale qu'après s'être mis en relation avec des personnes distinguées dans les arts qu'il cultivait, et avoir acquis auprès d'eux une partie de l'instruction nécessaire pour parcourir avec succès la route qu'il s'était tracée. Il fut bientôt jugé digne d'appartenir à cette Société ; et lors de la retraite de M. Veau-Delaunay, [Pierre-Louis-Athanase Veau-Delaunay], secrétaire perpétuel [1806-1813], tous les regards se tournèrent vers Pécard-Taschereau, qui fut choisi d'une voix unanime pour remplir cette place importante, dans laquelle il a donné pendant vingt ans l'exemple du talent le plus remarquable. Doué d'une étonnante aptitude à tous les genres d'instruction ; il passait sans effort de la culture des arts libéraux à la pratique des arts industriels. La poésie, la poésie, la musique le délassaient d'études plus sérieuses. Le peu d'essais qu'il a laissés dans cette dernière partie font presque regretter que des soins plus importants ne lui aient pas permis de se livrer à de si heureuses inspirations. C'est à son amour pour les sciences en général, autant qu'au besoin de créer une existence indépendante, que nous devons les différentes fabriques qu'il a formé parmi nous, et qui, soutenues encore par sa famille, rendront sa mémoire longtemps respectable aux nombreux ouvriers qu'il préservait ainsi de l'indigence. La vie politique de M. Pécard-Taschereau n'est pas moins digne que sa vie privée de fixer notre attention. Investi de nombreuses fonctions gratuites que son désintéressement et un dévouement sans bornes pour ses concitoyens lui faisaient pour ainsi dire, un devoir d'accepter, i a su justifier la confiance générale qui l'avait porté à ces différentes fonctions, en s'associant à tous les actes utiles et généreux dont elles pouvaient être la source. Je laisse, messieurs, à vos propres souvenirs le soin de suppléer à tout ce que d'autres devoirs me commandent de passer sous silence ; mais en parlant ainsi de la carrière administrative de M. Pécard-Taschereau, je sens que plus d'un regret vient se mêler aux éloges qui lui sont dus. Ne serait-ce pas en effet aux travaux multipliés qu'il s'imposait dans de si louables intentions, que l'on pourrait attribuer sa fin prématurée ? Si sa famille voyait dans cette idée de nouveaux sujets de douleur pour elle, n'y puiserait-elle pas aussi quelques consolations, en se représentant tout ce que la reconnaissance publique doit à la mémoire du citoyen estimable qui n'a pu être arrêté dans l'excès de son zèle par le soin de sa propre conservation.
 

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