SEYTRE Jean-Claude-Marius (1803-1879)

Publié le par histoire-agriculture-touraine

SCHWEITZ Daniel, Historiens, antiquaires et archéologues de la Société archéologique de Touraine, Répertoire biographique et bibliographique (1840-2019). Mémoires de la Société archéologique de Touraine, Tome LXXVII, 2020
Extrait p. 256
 

SEYTRE Jean-Claude-Marius [pseudo : SEYTRE de LA CHARBOUZE]

Né en 1803 à Thélis-la-Combe (Loire)

Décédé en 1879 à Doyzieux (Loire)

Conservateur adjoint de la bibliothèque municipale de Tours (1838)

Secrétaire du préfet d'Indre-et-Loire (1837-1840)

Archiviste du département d'Indre-et-Loire (1839) puis de l'Aube

Membre de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire (1837)

Secrétaire adjoint de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire (1840)

 

Annales de la Société d'agriculture des sciences, d'arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire. Tome XXII. 1842

p. 178-208
Séance publique du 27 août 1842
Discours du Secrétaire perpétuel M. SEYTRE

NDLR : texte très documenté sur l'histoire de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire depuis sa création an 1762, par Jean-Claude-Marius SEYTRE, diplômé de l'Ecole des Chartes et directeur des Archives départementales d'Indre-et-Loire.

 

MOLLET Vincent. Les chartistes dans les archives départementales avant le décret de 1850. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1993, tome 151, livraison 1. pp. 123-154.
doi : https://doi.org/10.3406/bec.1993.450685
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1993_num_151_1_450685


p. 142-144
Jean-Claude-Marius Seytre était né à Bourg-Argental (Loire) en 1806 ou 1807. Sorti de l'Ecole sans diplôme, il fut professeur à Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Tours. Il devint secrétaire particulier du préfet d'Indre-et-Loire, Godeau d'Entraigues, et, en 1838, conservateur adjoint de la bibliothèque municipale de Tours. En mars 1839, le préfet l'appelait à la direction des Archives départementales, au traitement de 1400 F par an (porté à 1800 à partir de l'exercice 1841). Le ministre de l'Intérieur devait approuver cette nomination le 24 juillet 1840. Le service occupait deux salles au rez-de-chaussée de la préfecture, soit environ 163 m2, plus le cabinet de l'archiviste. Ce local était envahi par l'humidité : « les liasses et les registres la rendent au toucher et à l'odorat », écrivait le préfet dans son rapport au ministre du 24 février 1843. De plus, le trop grand espacement entre deux rayons obligeait à empiler les archives. Ce n'était guère facile car, dans un but d'aération — chose nécessaire dans un local aussi humide — les « rayons » se limitaient à deux traverses posées de champ, avec un espace vide entre les deux. Soit on y posait les liasses en équilibre, soit on les disposait sur un lit de registres posés horizontalement pour les faire tenir. Dans les deux cas, l'éboulement menaçait les empilements. La demi-douzaine d'employés de la préfecture qui avaient précédé Seytre s'étaient partiellement occupés des archives modernes. L'administration en ayant besoin, le désordre y était moins grave que dans les fonds anciens. Les documents relatifs à l'administration communale et les recueils d'actes administratifs, en particulier, avaient été classés par Pornin, prédécesseur de Seytre en 1838 et 1839. Le nouvel archiviste prévoyait une division entre archives administratives et archives historiques. La première section comprendrait : administration générale ; travaux publics ; armée ; contributions ; administration communale et hospitalière, contentieux des domaines de l'Etat. Seytre comptait mener de front le classement des deux sections. Il écrivait dans son rapport au préfet du mois d'août 1839 : « Le dépouillement des vieux documents historiques a, sans doute, plus d'attrait pour l'archéologue et l'antiquaire que le classement des dossiers administratifs, mais pourtant je ne me dissimule pas l'intérêt qui doit s'attacher à cette partie des archives destinées à devenir un jour des monuments historiques ». Sans oublier leur intérêt administratif : « C'est en effet d'après ces documents que l'administration se dirige dans une infinité de cas où elle a besoin de précédent ». Le préfet avait d'ailleurs une conception très large des archives historiques, qu'il fit accepter par Seytre. Les registres de délibérations, correspondances, rapports de police, statistiques, documents relatifs aux élections, à la loi du maximum, retraçant l'histoire du département de 1790 à 1830, en faisaient partie. Le préfet résume le travail de Seytre dans son rapport au ministre de l'Intérieur du 24 février 1843. Il avait classé partiellement les archives selon le cadre qu'il avait prévu. À partir de fiches, il rédigea trente-huit cahiers d'inventaires d'archives administratives avant la circulaire de 1841, plus cinq cahiers portant sur cinquante-trois liasses d'archives historiques (ecclésiastiques ou seigneuriales) 74 : « des portions d'inventaires, d'inventaires incomplets très souvent fautifs » 75, dit son successeur. Il faudrait réviser le classement et refaire complètement les inventaires pour se mettre en conformité avec les nouvelles instructions. Par ailleurs, il avait mis quelques documents particulièrement anciens et précieux dans des cartons et les avait rangés dans son bureau, violant les instructions et le principe du respect des fonds 76. Il procéda à une vente de documents financiers périmés, approuvée par le ministre de l'Intérieur le 20 mai 1839. Dès 1840, par son rapport au préfet du mois d'août, Seytre réclamait des crédits pour explorer les archives communales des anciens chefs-lieux de district : Amboise, Châteaurenault, Chinon, Langeais, Loches, Preuilly. Il s'agissait de retrouver des archives, antérieures ou postérieures à 1790, d'intérêt départemental et pouvant enrichir la section historique. Le Conseil général lui accorda, à partir de l'exercice 1841, 100 F annuels pour ses tournées. Dans son rapport au préfet du 22 août 1841, il racontait avoir exploré en douze jours les archives sous-préfectorales et communales de Loches et Chinon, en quinze jours le greffe du tribunal de Tours. Sans parler d'éventuelles réintégrations, il proposait d'inciter les autorités locales à classer leurs documents. Les dépenses engagées avaient dépassé les crédits, mais, disait le Conseil général dans sa séance du 28 août, « [Seytre] a été dédommagé (...) par le bonheur qu'il a eu d'arracher à la destruction et à l'oubli des documents intéressants ». Nous verrons qu'il s'était dédommagé d'une autre façon. À l'occasion de la campagne électorale (les élections législatives eurent lieu le 9 juillet 1842), Seytre s'était mêlé à une rixe qui se termina en correctionnelle. Il garda des ennemis à Tours, se rendit à Paris pour solliciter un nouveau poste, et, par sa lettre du 14 octobre 1842, demandait au ministre de l'Intérieur de changer de poste avec Léon Aubineau, l'archiviste de l'Aube. Les deux préfets, Godeau d'Entraigues et Darcy, s'étant mis d'accord, l'arrêté préfectoral du 8 novembre nommait Aubineau archiviste d'Indre-et-Loire ; celui du 23 novembre nommait Seytre dans l'Aube. Il s'installait à Troyes le 1er décembre, avec un traitement inchangé de 1 800 F. L'Aube en était à son troisième archiviste en quatre ans, et Darcy comptait bien que Seytre avancerait sérieusement les travaux de classement. Cependant, des accusations s'élevèrent après son départ de Tours. « II s'est, dit-on, approprié le produit d'expéditions demandées par des particuliers (...). Il a prêté à des personnes qui ont leur résidence loin de Tours des documents importants qui ont été renvoyés depuis son départ au préfet qui ignorait ces communications ». Il y avait plus grave. Une perquisition le convainquit de « soustraction frauduleuse de livres imprimés et manuscrits, de parchemins, d'autographes, d'objets d'art, au préjudice des bibliothèques publiques de Tours et de Chinon, des Archives d'Indre-et-Loire, de celles du tribunal et de la mairie de Tours, et des archives de la sous-préfecture et de la mairie de Chinon et de Loches ». Ayant cessé ses fonctions d'archiviste le 3 février 1843, il fut condamné le 13 avril, par la cour d'assises de Tours, à deux ans de prison avec circonstances atténuantes. Aubineau récupéra la centaine de pièces appartenant aux Archives départementales que Seytre avait emportées.
 

Publié dans Personnage

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