BONNIGAL Théodore (1856-1934)
Théodore Sylvain BONNIGAL
1893
Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire. 1893
p. 91-92
Les défoncements à la vapeur.
Tous ceux qui ont étudié les moyens de reconstituer les anciens vignobles par les plants américains ont pu se rendre compte de l'utilité d'un profond défoncement du terrain à replanter.
Les essais de plantation en aujous, et ceux qui consistaient à remuer seulement la surface du sol par un ou deux forts labourages, ont donné les plus mauvais résultats. I a donc fallu trouver un moyen plus puissant, et, divers constructeurs, tels que M. Fergon, à la Tranchée, près de Tours, et divers autres, ont créé une charrue défonceuse au soc profond, dont le travail a été excellent.
Huit ou dix chevaux attelés à cet instrument ont pu remuer des masses considérables de terre et, selon la nature des sous-sols à atteindre une profondeur de 0,50 m.
On a voulu mieux encore ; un treuil à manège mû par des chevaux a été installé non loin de Tours et, tout en marquant le premier pas vers le dernier progrès, n'a pu surmonter de sérieux obstacles de pratique.
C'est alors que MM. Bonnigal et Ansault - le premier fort connu pour son intelligente initiative en matière de viticulture - n'ont pas hésité à faire l'achat d'une machine défonceuse à la vapeur que la maison Peloux, de Toulouse, a construite il y a quelques mois.
C'est cet instrument que j'ai vu fonctionner dernièrement dans le domaine de M. Lheureux, au château de l'Ile-Bouchard, et que je tiens à faire connaître aux membres de la Société d'Agriculture en leur signalant tout ce qu'il offre d'avantageux.
Description de l'appareil. - Le treuil défonceur de MM. Bonnigal et Ansault est considérable dans ses proportions et dans sa force. Le chariot, dont la grande roue descend au fond du sillon, est construit en fer et supporte les bras et le soc formidable de la charrue.
Le tout à l'aide de contrepoids bascule de façon à pouvoir ramener l'appareil en arrière quand il est arrivé à l'extrémité de son rayage. Un câble métallique suffisamment résistant s'amarre la machine à ses deux extrémités, passe à chaque bout du sillon sur les roues d'amarrage et vient prendre sa force au moteur à vapeur de 10 chevaux après avoir parcouru deux côtés et la diagonale du quadrilatère à défoncer.
En dehors des mécaniciens attachés au moteur, deux hommes suffisent à manœuvrer le treuil.
Avantages. - Le travail effectué ainsi est vraiment merveilleux : des rubans épais de terrain sont coupés par tranches de 0,50 m à 0,60 m de profondeur, qui retombent sur la droite en s'écrasant et en formant un sol meuble de près d'un mètre. Il est aisé de reconnaître tout ce qu'il y a de favorable dans un état semblable du sol : la formation des radicelles et des racines des nouvelles plantes dot s'y faire rapidement, sans compter les éléments de nutrition qu'elles rencontreront par l'aération des masses souterraines et l'élévation à la surface de couches non encore épuisées.
Peut-être serait-il à désirer que l'oreille de la charrue, par une forme un peu rectifiée, remontât plus vigoureusement le sous-sol à la surface du terrain ; mais voilà une remarque qui n'a pas une énorme importance.
Conclusions. - Les conclusions sont aisées à déduire. Travail parfait, sécurité pour l'avenir des plantations futures. A l'heure actuelle, il me semble qu'il est encore possible d'apporter des améliorations importantes au fonctionnement général de l'appareil ; la lenteur des opérations, les arrêts fréquents dans la marche du travail sont des considérations dont il faut tenir compte pour établir un prix à l'hectare et qui, forcément, le tiennent encore élevé. Il importe que des études pratiques sérieuses soient faites pour éviter les pertes de temps et, par conséquent, pour abaisser le prix de revient ; le jour où MM. Bonnigal et Ansault auront surmonté cet obstacle, ils pourront compter sur de nombreuses entreprises et auront rendu un véritable service à la viticulture.
Ce jour est prochain, s'il n'est pas arrivé déjà, car on m'assurait il y a peu de temps que, dans les terrains faciles, où ne se encontre aucun bloc de rocher, MM. Bonnigal et Ansault pouvaient offrir des conditions de prix très acceptables, en rapport avec un travail aussi considérable et aussi périlleux.
Auguste Chauvigné,
Secrétaire perpétuel.
1895
Annales de la Société d'agriculture sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire. Tome LXXX, année 1895, Tours 1895
p. 60-61
Rapport sur le concours départemental de viticulture en 1895 spécialement réservé aux vignes reconstituées.
PETITE CULTURE
Vignobles d'au moins 1 hectare
M. BONNIGAL, à Fombèche (Saint-Martin-le-Beau)
L'ensemble de la propriété comprend 2,20 ha de vignes greffées, 0,66 ha de pieds-mères et un champ d'expériences de 30 variétés des meilleurs porte-greffes, de 1 an à 5 ans.
Le tout est complété par une pépinière de greffes destinées à la vente et se présentent dans de bonnes conditions.
Le clos de Bléré est planté en Côts sur Riparia et Solonis après défoncement à la main à 0,50 m. Ces greffes sont en bon état et plantées à 1,50 m sur 1,30 m.
Le clos de Bel-Air comprend des Pinots de 2, 3 et 5 ans, plantés sur défoncement à la vapeur à 0,60 m au moins. La vendange abondante et l'aspect vigoureux de l'ensemble assurent un grand avenir à la plantation qui, sans nul doute, maintiendra l'excellente réputation des vins de Saint-Martin-le-Beau.
Au clos Moulin, la végétation des greffes sur Riparia est encore plus belle ; cela tient au terrain argilo-siliceux reposant sur le fond argileux. Le long du chemin qui donne accès au champ, on remarque un amoindrissement notable dans la vigueur, ce qui s'explique par le changement absolu de la nature du sous-sol qui devient sableux et d'une profondeur de 3 mètres permettant l'extraction du sable de mine. Le Rupestris serait certainement le porte-greffe à préférer dans le cas qui nous occupe.
M. Bonnigal estime que l'installation complète d'un hectare coûte de 3 000 à 3 500 francs et que les travaux nécessités chaque année varient de 200 à 250 francs par hectare.
M. Bonnigal est certes un des premiers qui se soient occupés de la reconstitution à Saint-Martin-le-Beau. Les améliorations apportées dans son vignoble, plein d'avenir, ont démontré aussi l'utilité des défoncements surtout quand il s'agit de reconstituer une vieille vigne française détruite par le phylloxéra.
Le champ d'expériences établi dans un foyer phylloxérique a permis à M. Bonnigal de s'assurer, sur le terrain même, de la résistance des différents porte-greffes préconisés : aussi la Commission lui accorde-t-elle, pour les services rendus à la région, le 7e prix et une médaille d'argent offerte par M. Dugué, professeur départemental d'agriculture.
1896
LE BLACK-ROT DANS LE MIDI, Rapport de la délégation de la Société d'agriculture, sciences arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire, Nature, causes et remèdes, Caractères microscopiques et culture artificielle avec une planche photographique en couleurs, Tours, Imprimerie Louis Dubois, 10, rue Gambetta, 1896, 57 p.
Publicité p. 51
T. BONNIGAL
Propriétaire-Viticulteur, à Fombèche, Saint-Martin-le-Beau (Indre-et-Loire)
Chevalier du Mérite agricole
Nombreuses récompenses dans les Expositions et Concours (Diplômes d'honneur, Médailles Argent, etc.)
VIGNES AMÉRICAINES
Boutures, Racinés et Greffés
VASTES PÉPINIÈRES
Spécialité de Rupestris-Monticola (ou phénomène du Lot) et de Riparia-Gloire
Invitation à visiter sur place - Authenticité garantie
ENTREPRISE DE DÉFONCEMENTS À LA VAPEUR ET AU MANÈGE
Plantations à Forfait, etc.
VINS BLANCS ET VINS ROUGES
1er Choix, des Coteaux du Cher
Adresse Télégraphique : BONNIGAL-FOMBÈCHE, Saint-Martin-le-Beau
1897
Annales de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, Tome LXXVIII, 1898
p. 86-87
Rapport sur le concours départemental de viticulture en 1897
GRANDE CULTURE
M. BONNIGAL, à Saint-Martin-le-Beau
M. Bonnigal a un vignoble qui comprend 2,90 ha de vignes de 2 à 6 ans, de 0,66 ha de vignes greffées sur place, enfin de 0,60 ha de vignes greffes plantées dans l'année. En tout 4,16 ha de vignes reconstituées, plus 2 ha de pieds-mères.
Nous visitons d'abord une pépinière de pieds-mères d'environ 0,50 ha, plantée en Riparia-Rupestris. On a laissé 2 mètres entre les rangs et &,50 m sur le rang.
L'espace laissé libre a été utilisé par une plantation de racinés de Riparia Gloire et de Rupestris Monticola. Il est à regretter que M. Bonnigal ait planté ces Riparis-Rupestris sans les bien connaître et sans s'assurer au préalable de leur valeur. La culture est assez bonne.
Nous passons ensuite dans une pièce de vigne de 0,35 ha. Le terrain est perucheux très caillouteux. Un rang de gros pinots sur Aramon-Rupestris-Ganzin n°1 ; 5 rangs sur Rupestris Monticola, les autres sur Riparia, quelques-uns sur Viala.
Le tout a 3 et 4 ans. La végétation en est moyenne, la fructification médiocre.
Peu de différences entre les différents plants, qu'ils soient sur Riparia ou Rupestris. Si ce n'est l'Aramon-Ruespestris-Ganzin n°1 qui semblerait être moins fructifère. Mais il est difficile de porter un jugement sérieux, les vignes ayant considérablement souffert de la gelée.
Les autres pièces que nous traversons diffèrent peu de la première. Les précoces Malingre que nous trouvons çà et là se montrent toujours moins fructifères que les gros pinots. Comme cépages rouges, M. Bonnigal a des Côts, des Gamays, des Groslots, des Cabernets, des Castets et des Merlots.
L'ensemble du vignoble de M. Bonnigal se présente très bien ; malgré un défaut de végétation que des fumures appropriées feraient disparaître facilement.
Les pépinières de pieds-mères sont belles et très sélectionnées.
En dehors du vignoble que nous avons visité, le concurrent possède une importante pépinière de greffes. Il a en outre planté à moitié fruit un vignoble sur la commune de Sargé.
La Commission appréciant le mérite de ce courageux viticulteur décerne à M. Bonnigal le 3e prix de la Grande Culture une médaille de vermeil offerte par la Société nationale d'encouragement à l'Agriculture. A son collaborateur Prioux Jules, une médaille de bronze du Ministère de l'agriculture et une somme de 30 francs.