CLOSERIE EN TOURAINE

Publié le par histoire-agriculture-touraine

MESTAT Pierre, La Closerie de la Garosse devenue Richmond Hill, Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, 2008, p. 221-230


Extrait p. 225
Les Closeries.
Il est important de bien les définir, car elles vont proliférer à partir du XVIIIe siècle. 
On peut dire que ce sont des "clos" mais avec des caractéristiques particulières. En général le propriétaire n'habite pas sur place, il y dispose toutefois d'une résidence secondaire et confie l'exploitation à un "closier" lié par un contrat spécifique : salarié payé à la tâche, mais aussi entrepreneur puisqu'il peut employer à ses frais des journaliers et profitant d'avantages en nature (maison, jardin, part de récolte).
Une closerie suppose aussi la présence de vignes, et la surface correspond à celle que peut entretenir le closier (environ 2 ha). Il faut préciser qu'à cette époque, la vigne était plantée "en foule" et non en rangs et que tous les travaux étaient effectués avec les bras, elle était en place pour très longtemps car lorsqu'un cep dépérissait (de vieillesse) on le remplaçait par marcottage (provignage) d'un rameau voisin ce qui était possible puisqu'il n'y avait pas de porte-greffe (vigne franche de pied).
On pourrait donc dire que la closerie est une petite maison de campagne avec exploitation viticole. Au XIXe siècle, presque tous les bourgeois de Tours avaient leur closerie sur les coteaux environnants, souvent en propriété, parfois en location. L'une d'elles, à Saint-Cyr, est restée célèbre par le séjour qu'y fit Balzac en compagnie de Madame de Berny, c'est la Grenadière.

Extrait p. 223
Le milieu rural [métairie et clos]
À l’époque qui nous intéresse (fin XVIIIe siècle) l’abbaye de Marmoutier avait perdu une partie de son prestige et l’on peut imaginer tous les petits propriétaires et même les gagne-petits de ce secteur [coteaux calcaires sur la rive droite de la Loire à Tours : Saint-Symphorien et par extension Rochecorbon, Vouvray] cherchant à arracher quelques arpents [1 arpent de Tours = 65,95 ares] de terre au monastère.
Il faut remarquer que les terres de la métairie n’étaient pas d’un seul tenant mais éparpillées parmi les petites propriétés voisines, lorsqu’elles étaient nommées « des clos », qu’on voit sur le plan de la métairie.
Un clos comprenait une maison avec dépendances et environ deux hectares de jardin, terres et vignes, habités par le propriétaire qui cultivait parfois d’autres parcelles plus éloignées. Les clos étaient entourés de murs au moins du côté des chemins et portaient le nom du propriétaire, par exemple clos Moreau, clos Lassalle (précédemment Harpillé) acheté en 1856 par la ville de Tours pour établir un cimetière hors de la ville (agrandi plus tard par l’acquisition de la Chenardière provenant de la métairie) ou bien certaines caractéristiques par exemple le clos neuf, le clos large, le clos Boutroue à un endroit où la pente de la rue nécessitait de « bouter » les roues des voitures (c’est-à-dire pousser), comme Jeanne d’Arc qui voulait bouter les Anglais hors de France.
Le propriétaire d’un clos, lorsqu’il parlait de sa maison, disait toujours « mon clos ».
Tout ce qui vient d’être exposé sur les clos est encore valable aujourd’hui, mais on a tendance à employer ce mot d’une façon abusive pour désigner un ensemble de terres avec ou sans construction sans qu’il présente les caractéristiques des clos.
 

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