AOC TOURAINE-AMBOISE
AOC TOURAINE-AMBOISE
AOC Touraine : décret du 24 décembre 1939
AOC Touraine Amboise : décret du 15 juillet 1955
Communes :
Amboise
Nazelles-Négron
Pocé-sur-Cisse
Limeray
Saint-Ouen-les-Vignes
Cangey
Saint-Règle (intégrée en 2005)
Chargé
Mosnes
Rilly-sur-Loire (Loir-et-Cher)
Superficie : 220 ha
Sols : « Perruches » (argiles à silex qui se réchauffent facilement) et « aubuis » (argilo-calcaires qui donnent de la puissance au vin).
Climat : La Loire dispense encore des influences atlantiques, mais une certaine continentalité fait de ce terroir une zone mixte.
Vin :
Production annuelle : 9 000 hl dont 60 % de rouge, 30 % de rosé et 10 % de blanc
Rendement de base : 55 hl/ha pour rouges et rosés, 60 hl/ha pour les blancs
Cépages : Gamay majoritaire, Cabernet et Côt en rouge ; Chenin en blanc (Pineau de la Loire)
Pratiques culturales dominantes : Densité de 6 600 pieds/ha.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Touraine-amboise
RADUGET Nicolas, Histoire des vins de l’AOC Touraine, Ed. La Geste 2022,
p. 161-181
Chapitre 6
Sur les terres de l’AOC Touraine… et de l’AOC Touraine-Amboise
Milieu XVIIIe siècle
p. 203-204
Au milieu du XVIIIe siècle, dans la région d'Amboise la vigne couvre les trois-quarts du sol dans les paroisses sises de part et d'autre de la Loire : il s'agit, sur la rive droite, de Noizay, Nazelles, et Limeray ainsi que Chançay dans la vallée de la Brenne, et de toutes les paroisses de la rive gauche.
p. 206
Dans les villages le conflit est fréquent entre partisans des vendanges précoces et des vendanges tardives ; dans l'élection d'Amboise, on sait qu'il est "possible de faire communément de bon vin blanc" mais la grande "précipitation" des vendanges ne le permet pas.
Les propriétaires sont attachés à la routine et ne se soucient pas d'engager des frais importants qu'entraînerait l'amélioration du vignoble ; la Société d'agriculture n'a pas travaillé sur ces questions [remarque valable pour toute la Touraine. C'est le comte Odart qui remettra ceci en question vers 1830].
Rien ne laisse à penser que le duc de Choiseul, pourtant propriétaire au cœur du vignoble d'Amboise, se soit intéressé à cette activité : dans les Instructions qu'il donne pour sa ferme de Chanteloup en 1774 il n'y a pas un mot à ce sujet ; peut-être jugeait-il le vin de Touraine trop médiocre.
Fin XVIIIe siècle
p. 207-208
Dans l'autre principale région viticole, celle d'Ambroise, pour 29 communes en l'an X (dont toutes les grandes communes viticoles, Bléré, Montlouis, Saint-Marin-le-Beau, etc.), la vigne couvre 8 973 arpents, soit en moyenne 204 hectares par commune ; si on y ajoute le terroir d'Amboise, on atteint 9 533 arpents. Le vignoble occupe donc 12,25 % du sol et les terres labourables 57 %. La répartition est tout à fait inégale : dans six communes (Montlouis 1 212 arpents, Bléré 919 arpents, Amboise 560 arpents, Saint-Martin-le-Beau 575 arpents, Nazelles 513 arpents, Noizay 500 arpents), les ceps couvrent plus de 500 arpents, mais c'est de moins de 100 dans neuf autres, toutes situées au nord de la Loire ou au sud du Cher (Autrèche, Auzouer, Civray, Épeigné, Fleuray, Morand, Neuillé-le-Lierre, Saint-Règle, et Sublaine qui n'a que 8 arpents de vigne).
1816
JULLIEN 1816
Extrait p. 102-103
Vins rouges de deuxième classe.
AMBOISE, sur la rive gauche de la Loire, à 20 km de Tours, a dans son voisinage les vignobles de POCÉ, de SAINT-OUEN, sur la rive droite de la Loire, et de SAINT-DENIS [AMBOISE] la rive gauche, qui produisent, en première cuvée, des vins moins colorés, moins corsés et plus agréables que ceux du Cher : ils sont préférés pour la consommation journalière. CHARGEY et LIMERAI [LIMERAY], sur la rive droite de la même rivière, MOSNES, SOUVIGNY et CHARGÉ, sur la rive gauche, tous voisins d'Amboise, donnent dans le choix, des vins peu colorés et assez agréables ; mais on y fait un très grande quantité de vins communs, verts, secs, peu spiritueux, et qui se conservent moins bien que ceux du Cher ; cependant ils font u assez bon effet dans les mélanges. Les vins de tous les vignobles que j'ai cités dans cette classe [Vins rouges de deuxième classe] ceux de Chinon exceptés, se présentent dans le commerce sous le nom de vins du Cher, qui ne convient réellement qu'à ceux que l'on récolte dans le voisinage de cette rivière.
1835
Raduget 2022, p. 177
1835 : fondation de l'entreprise Mabille à Amboise
1865
GUYOT 1865, cote A231
p. 667
M. Pelletier à Saint-Règle
1887
Annales de la Société d'Agriculture Science Arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire, Tome LXVIII, Tours, 1888.
Rapport du Concours de viticulture organisé par la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire en 1887
Par M. R. DE JUGNY [Commission de visite : MM. RENOU, ROBIN DE JUGNY, DENIS-COUSIN, GUIMAS, LATOUR].
Extrait p. 11-12
M. Jules TESSIER, à Pocé.
M. Jules TESSIER a créé de toutes pièces un fort joli vignoble de 10 ha environ à environ 1 500 m de Pocé, sur un plateau fort bien exposé, recevant toute la journée les rayons solaires. Le terrain est un bournais à sous-sol très argileux ; pendant l'hiver il est difficile d'y pénétrer et l'été le sol se durcit d'une façon extraordinaire.
La plantation est faite pour 5 ha en Côt, 3 ha en Gros-noir, et 2 ha en cépages divers.
M. Tessier cultive ses vignes par lui-même avec un domestique à l'année. Les façons sont très bien faites, le terrain est tenu très propre, il n'y avait pas apparence d'herbe. Les vignes reçoivent trois façons de labour, deux hersages. L'hiver, une façon de butteur est donnée entre les rangs, de la sorte l'eau est retirée du pied des ceps.
Lesdites façons sont évaluées à un prix de 250 francs de l'hectare
Le tout est sur fil de fer ; la taille est bien comprise, le Côt est taillé à très long bois suivant la force de la végétation, laquelle est partout remarquable.
De tous les vignobles que votre Commission a parcourus, c'est dans cette contrée qu'elle a constaté le plus de mildew. M. Tessier est actif, intelligent ; il veille sérieusement à tout son vignoble. Il a traité ses vignes en 1886 à la bouillie bordelaise, aussi a-t-il cette année une belle végétation. Ses Côts sont chargés de fruits, tandis que ses voisins n'ont rien ou à peu près. Il a traité deux fois ses vignes cette année à la bouillie bordelaise, il a ainsi enrayé l'invasion du mildew qui cependant existe encore, mais il ne reculera pas devant un troisième traitement.
Les vignes sont jeunes ; elles ne sont âgées que de six à sept ans [plantées en 1880 et 1881], elles n'ont reçu, jusqu'à présent que peu d'engrais.
M. Tessier ayant jusqu'à ce jour peu récolté, réserve à des temps meilleurs une installation vinaire complète, il s'est contenté d'aménager de magnifiques caves dans le roc.
La Commission ayant trouvé que les résultats obtenus étaient remarquables, a été unanime à lui décerner le premier prix de la petite culture, c'est-à-dire une médaille d'argent offerte par la Société des Agriculteurs de France et 100 francs
ADIL recensement à Pocé-sur-Cisse en1886, p. 13, Nbre maisons : 224, Nbre ménages : 387, Nbre individus : 1 084
Le bourg, 2e section route de Pocé à Amboise
Maison : n° 95
Ménage : n° 120
Individus : n° 351 et 352
TESSIER Jules Ambroise, 29 ans, français, propriétaire, chef de famille
GUÉRIN Anne Anastasie, 18 ans, française, propriétaire, femme du précédent
Geneanet
Jules Ambroise Henri TESSIER, né le 31 août 1856
Époux de Anne Anastasie GUÉRIN
1889
Annales de la Société d'Agriculture, Sciences, arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire. Tome LXIX, 1889 ; Concours départemental de viticulture de 1889, Rapport de la Commission. Membres de la Commission : MM. Duclaud notre honorable président, Denis-Cousin et Guimas.
p. 115-116
PETITE CULTURE
M. CAMUS-TESSIER, propriétaire exploitant à Pocé
M. Camus-Tessier exploite directement au lieudit Chaufours, commune de Pocé, un vignoble de 7,50 ha d'un seul tenant qu'il a acquis par héritage de son beau-père, en 1879, sans toutefois 0,70 ha qu'il a planté personnellement et depuis. Les cépages cultivés sont, le Côt sur une étendue de 5 ha, le gros noir sur 2 ha et enfin 0,50 ha fr gros et menu pinot de la Loire. Le sol sur lequel sont plantées les vignes du concurrent est argilo-siliceux avec sous-sol argileux peu perméable, sorte de bournais fort mélangé de cailloux siliceux en sa plus grande étendue.
D'une manière générale, la tenue du vignoble est bonne : les façons d'ameublissement et de sarclage paraissent bien conduites, tout au plus pourrait-on faire une légère observation sur les gros noirs, placés dans le milieu le plus argileux et où les rangs de vigne nous ont paru renfermer un excès d'agrostis des champs. Toutes les vignes de M. Tessier sont en rangs ; les unes sont franches de pied, tandis que les autres ont été recouchées [provignage]. La plantation est à distances variables, ici 1,50 m en tous sens et là à 2 m contre et sur le rang. Les côts sont établis sur échalas et trois rangs de fil de fer, les autres plants au contraire sont maintenus simplement avec des échalas.
La végétation est bonne dans l'ensemble, cependant dans une pièce de côt d'environ 1 ha, nous avons trouvé des feuilles jaunissantes, des raisins un peu maigres et une taille trop généreuse, comportant deux verges et coursons. Contre le mildiou, trois sulfatages dont le résultat était très ordinaire. Depuis que M. Camus-Tessier jouit de cette vigne, il ne l'a jamais fumée, nous a-t-il déclaré, si on ajoute à cela l'exagération de la taille relatée plus haut, cela constitue un régime qui n'est pas sans danger pour l'avenir de l'arbuste. Par contre M. Camus-Tessier fume son teinturier, aussi y avons-nous constaté une fort belle vendange, avec une protection suffisante contre le mildiou. Une autre pièce de côt de 4 ha, attenant au gros noir, a été trouvée ne laissant rien à désirer. M. Camus-Tessier nous a montré dans cette vigne une application assez étendue de l'incision annulaire, d'ailleurs parfaitement réussie. Les raisins étaient plus nombreux, à grains beaucoup plus gros, sans trace de coulure et nous ne surprendrons personne en avançant que les fruits des souches incisées se présentaient comme maturité, en avance de huit à dix jours sur ceux des ceps qui n'avaient pas été opérés.
Ici encore le syndicat anti phylloxérique d'Amboise traite avec plein succès, depuis cinq ans [1884], une tache occasionnée par la présence du phylloxéra. Des fumures au fumier complètent l'opération. Comme installation vinaire M. Camus-Tessier possède une cave dans le roc où sont logées quatre cuves en pierres, tirant chacune quinze pièces, et un pressoir à lanterne. Il dispose en outre d'assez d'espace pour loger convenablement 200 pièces de vin. L'ensemble est bon et capable de suffire à tous les besoins résultant des récoltes à provenir du vignoble existant. M. Camus-Tessier a hérité de cette installation en même temps que du vignoble.
Suivant déclaration du concurrent, il avait été récolté, en 1888, cent six pièces de vin, vendu le rouge 109 francs et le blanc 95 francs la pièce de 250 litres. Le vin de 1888 a été trouvé bon à la dégustation.
En résumé, si M. Camus-Tessier n'a pas montré à la Commission un vignoble d'une tenue irréprochable, on peut dire néanmoins que les conditions qui régissent d'ordinaire le bon aménagement d'une culture de vignes ont été remplies chez lui et donnent des résultats satisfaisants et rémunérateurs dans une région où la plupart des vignes présentaient lors de notre visite un aspect lamentable, tant du fait des maladies cryptogamiques que de la mauvaise culture. Pour ces raisons, la Commission cru devoir classer M. Camus-Tessier, dans l'espérance que ce sera pour lui un encouragement à mieux faire encore, en s'inspirant sur quelques points des réflexions qui précèdent.
ADIL recensement à Pocé-sur-Cisse en1886, p. 9, Nbre maisons : 224 ; Nbre ménages : 387, Nbre individus : 1 084
Le bourg, 2e section route de Pocé à Amboise
Maison : n°71
Ménage : n° 87
Individus : n° 237, 238, 239, 240
CAMUS Eugène, 37 ans, français, propriétaire, chef de famille
TESSIER Nathalie, 32 ans, française, propriétaire, sa femme
TESSIER Charles, 10 ans, leur fils
TESSIER Germaine, 3 ans, leur fille
1935
Raduget 2022, p. 91
Création des AOC le 30 juillet 1935 ; Comité national des appellations d'origine (CNAO, ancêtre de l'INAO)
1936
Raduget 2022, p. 91
AOC Vouvray : 8 décembre 1936
1937
Raduget 2022, p. 91
AOC Chinon, Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil en 1937
1938
Raduget 2022, p. 91
AOC Montlouis en 1938
1939
Raduget 2022, p. 89
24 décembre 1939 : reconnaissance par décret de l'AOC Coteaux de Touraine
1967
Raduget 2022, p. 110
1967 : Confrérie des Grands Vins d'Amboise
1970
Raduget 2022, p. 172
1970 : fondation du lycée d'enseignement professionnel viticole, disposant depuis 1976 du domaine de la Gabillère.
1975
Raduget 2022, p. 176
1975 : inauguration du Musée des Vins de Touraine à Tours (fermé actuellement)