BOITEL Amédée (1820-1889)
Fils de Louis Cyrille BOITEL (1773-1848), sous-Lieutenant de Dragons (1807), cultivateur et Marie Marguerite Philippine CORION (1790-1861),
Époux de Françoise Octavie Valérie AVIGNON (1827-1911), union à Paris le 27 février 1851
Professeur à l'Institut Agronomique de Versailles (1851-1852)
Inspecteur général de l'enseignement agricole
Professeur à l’Institut national agronomique (Paris)
Chevalier de la Légion d'honneur le 5 août 1857
Officier de la Légion d'honneur le 2 décembre 1867
https://gw.geneanet.org/bedenis?n=boitel&oc=&p=louis+amedee
http://www.peintres-et-sculpteurs.com/biographie-1403-boitel-louis-amedee.html
https://data.bnf.fr/documents-by-rdt/10734119/te/page1
Nécrologie :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6583139r?rk=21459;2
Amédée. BOITEL
Inspecteur général honoraire de l'Enseignement agricole.
Professeur à l'Institut agronomique
Membre de la Société nationale d'agriculture.
8 décembre 1820 - 19 juillet 1889
Notice nécrologique par E. Prilleux, Inspecteur général de l'Enseignement agricole
Notice nécrologique par E. Prilleux, inspecteur général de l'enseignement agricole
L'agriculture française vient de perdre un de ses maîtres les plus universellement estimés, M. Amédée Boitel, qui, déjà professeur en 1851 à l'Institut agronomique de Versailles, professait encore au nouvel Institut agronomique [Paris] l'agriculture générale, quand la maladie à laquelle il a succombé l'a forcé, quelques semaines avant sa mort, à interrompre ses leçons. M. Boitel a assisté à ce mouvement considérable qui a transformé toutes les idées qui dominaient il y a 40 ans l'agriculture et qui a amené peu à peu les esprits à reconnaître l'importance des services que la science peut rendre à l'agriculture aussi bien qu'à l'industrie. Praticien consommé et donnant une très grande importance à la connaissance approfondie des procédés de la pratique agricole, il avait le goût de l'observation et des recherches scientifiques. Les intéressants mémoires qu'il a publiés sur la flore des prairies en font foi. Dans les nombreux voyages que lui imposaient les fonctions d'inspecteur général de l'agriculture ou de l'enseignement agricole qu'il a exercées pendant 34 ans, il ne cessait de recueillir des échantillons de plantes, de roches, de cailloux, de terres, réunissant sans relâche les éléments de ses travaux sur les herbages et les prairies et aussi ceux d'un grand ouvrage d'agrologie à la rédaction duquel il a consacré les derniers moments de sa vie. Dans les leçons qu'il professait à l'Institut agronomique, il exposait à ses élèves les principaux résultats de ses recherches personnelles si longuement poursuivies et se plaisait à montrer combien la connaissance de la botanique, de la géologie et de la minéralogie est nécessaire à l'agriculteur désireux d'améliorer ses prairies et de porter un jugement éclairé sur la composition du sol qu'il cultive.
M. Amédée Boitel naquit dans le département de l'Aisne, à Villers-Saint-Christophe, le 8 décembre 1820. Sa famille ne le destinait pas à l'agriculture ; ce fut un hasard heureux qui l'engagea dans la carrière qu'il a si utilement et si brillamment parcourue. En 1843, il avait terminé ses études et était encore indécis sur la voie où il devait s'engager, quand il apprit que la Société d'encouragement à l'industrie nationale mettait au concours une bourse à l'Ecole d'agriculture de Grignon. Sa résolution est aussitôt prise : sans demander conseil, sans prévenir personne, il se présente au concours et en subit les épreuves avec succès. Entré à Grignon, il est captivé par ces études auxquelles il va consacrer sa vie entière et se place, sans conteste, au premier rang des élèves de sa promotion, suivait les cours avec assiduité, mais se formant surtout lui-même en puisant, dans la bibliothèque, les livres qu'il va lire sous les ombrages du parc et au milieu des champs du vaste domaine de Grignon. Il examine tout ce qui l'entoure et observe sans cesse les divers travaux de la culture auxquels il aime prendre part ; il veut se former à la pratique agricole, car il est décidé à se faire agriculteur. Sorti le premier de l'Ecole de Grignon, il prend la direction de l'exploitation d'un domaine dans les Landes ; régisseur aux marais d'Orx, il a de grands travaux d'assainissement à organiser ; il s'y adonne avec ardeur tout en étudiant les conditions générales de la culture dans les Landes. C'est de cette époque de sa vie que date un travail très complet, qu'il publia en 1848 sur le pin maritime et dans lesquels il a traité de la plantation de cet arbre dans les dunes, de la pratique du résinage et de l'industrie des résines, et, aussi, une étude rééditée plus tard sur la mise en valeur des terres pauvres par le pin maritime, sur les marais des Landes et les vignes de Cap-Breton. La révolution de 1848 ne devait pas tarder à apporter de grands changements dans l'organisation si rudimentaire jusque-là de l'enseignement agricole en France. Sur le rapport de M. Richard, du Cantal, l'Assemblée nationale votait la loi du 3 octobre 1848 qui instituait l'enseignement de l'agriculture à tous les degrés. C'est au fond des Landes que M. Boitel apprit qu'une Ecole supérieure d'agriculture était créée à Versailles sous le nom d'Institut agronomique et que les chaires en allaient être mises au concours. Il ne put résister au désir de venir à Paris tenter la fortune, sans grand espoir de réussite, cependant, car il allait avoir à lutter, lui, jeune homme inconnu et à peine sorti de l'école, contre un des maîtres reconnus de l'agriculture française à cette époque, Moll, qui avait produit de nombreux et importants travaux. Il n'osait pas compter sur le triomphe, mais il voulait profiter de l'occasion qui se présentait à lui de résumer pour ce concours et de classer tout ce qu'il avait appris en agriculture, et de faire l'épreuve publique de ce qu'il pouvait valoir. Dans ce concours, la bonne ordonnance de son programme, son esprit juste et droit frappèrent le jury que présidait le meilleur des juges en telle matière, l'illustre comte de Gasparin. On vit en lui un jeune professeur plein d'avenir, unissant aux connaissances variées et au tact particulier du praticien, un esprit vraiment scientifique, et on lui attribua la chaire d'agriculture à l'Institut agronomique de Versailles. Il l'occupa avec distinction pendant deux années que dura cet établissement ; de 1851 à 1853. Le professeur d'agriculture de l'Institut agronomique avait la direction particulière d'un champ de 25 ha destiné aux cultures expérimentales. A peine avait-il eu le temps de le mettre en état convenable de culture et d'y installer les premières expériences dont il rendit compte dans un rapport oublié en 1852 dans les Annales de l'Institut agronomique, quand la brusque fermeture de l'Institut qui suivit de près le coup d'Etat de décembre 1852 vint anéantir toute son œuvre. Au moment de la destruction de l'Institut agronomique, M. Boitel fut indemnisé de la pette de la chaire qu'il avait gagnée au concours par le poste d'inspecteur général de l'agriculture qu'il occupera soit sous ce titre, soit sous celui d'inspecteur général de l'enseignement agricole jusqu'en 1887. Il a exercé pendant 34 ans ces délicates fonctions avec compétence, une probité, un tact et une affabilité que tous les agriculteurs ont été unanimes à reconnaître. Durant cette longue carrière d'inspecteur général de l'agriculture, bien des missions spéciales lui ont été confiées. Il fut tout d'abord chargé de réorganiser les cultures des domaines de Sologne appartenant au chef de l'Etat [Napoléon III]. Plus tard, à la fin du règne, en 1869 et 1870, il dut prendre provisoirement la direction de l'Ecole de Grignon dont il avait été l'un des plus brillants élèves, quand les cultures en furent cédées à l'Etat par la Société qu'il avait fondée. Inspecteur général du service pénitentiaire en même temps que de l'agriculture, il fut chargé d’organiser en Corse des cultures où le travail des détenus pût être utilisé. Partout et toujours M. Boitel apporta, dans les missions dont il fut chargé, la droiture, la fermeté, la conscience qui formait le fond même de son caractère. Homme de devoir avant tout, il savait braver le danger avec calme et résolution. L'influence pernicieuse des marais de Corse où il avait installé des exploitations rurales où devaient travailler les détenus ne le fit pas reculer ; il acheva son œuvre, mais rapporta en France des fièvres paludéennes dont il ressentit bien longtemps les atteintes. L'étude du climat et des cultures de la Corse l'intéressèrent au plus haut degré. Il a publié à ce sujet dans les Annales agronomiques, en 1875, une étude complète sur la culture du cédratier en Corse, et en 1878 un intéressant travail sur la mal ‘aria de la Corse et le rôle des cultures dans l'assainissement des terres insalubres. Très actif sous une apparence fort calme, M. Boitel était déjà au travail quand tous autour de lui dormaient encore. Dans les nombreux voyages que les inspections l'obligeaient de faire en toute saison en France, en Corse, en Algérie, tout en s'acquittant de ses devoirs administratifs avec la plus grande conscience, il poursuivit des recherches scientifiques personnelles et recueillait à chaque occasion des observations nouvelles. La flore comparée des prairies des différentes régions, la nature et le mode de formation du sol sur les points dont il étudiait la culture, étaient les principaux sujets de ses études. Il publia, de 1878 à 1885, dans les Annales agronomiques le plus souvent, plusieurs mémoires d'un grand intérêt sur les prairies : Etude sur la prairie de Goetz (1878), Prairies et irrigations des Vosges (1881), Prairies du bassin de la Saône (1881), Herborisations agricoles en Algérie (1882), Prairies naturelles et plantes adventices de la Suisse et de l'est de la France (1882), Etude sur les prairies naturelles de l'est et du centre de la France (1884), Etudes des prairies et pâturages de la Bretagne (1885). Enfin il a réuni dans un livre qui a obtenu un succès bien mérité l'ensemble des observations sur les herbages et les prairies naturelles (1887). Vers la fin de sa carrière, M. Boitel fut heureux de redevenir professeur. Il accepta en 1881 de faire le cours d'agriculture générale dans le nouvel Institut agronomique, qui, au bout de 23 ans d'interruption, avait repris la tête de l'enseignement agricole la place qu'avait brillamment occupée pendant deux ans l'Institut agronomique de Versailles. Le cours que M. Boitel faisait à l'Institut agronomique pendant ces dernières années avait un caractère très personnel. Le professeur se plaisait à expose dans ses leçons les faits très nombreux qu'il avait observés durant sa longue carrière agricole. La constitution du sol, ses origines, sa composition étaient un sujet qu'il se plaisait surtout à traiter en détail. Il se proposait de publier cette partie importante de son cours dans un livre spécial à la rédaction duquel il consacra ses loisirs que lui laissait sa mise à la retraite comme inspecteur général. La mort ne lui a pas permis de le voir imprimer. M. Boitel était membre de la Société nationale d'agriculture. Depuis 1864 il appartenait au comité d'agriculture de cette Société d'encouragement à l'industrie nationale dont il avait été boursier à l'Ecole de Grignon. Membre assidu de la Société des agriculteurs de France depuis sa fondation, il faisait partie de son conseil. Il n'avait jamais oublié les heureux jours de sa jeunesse qu'il avait passés à l'Ecole de Grignon, et il se plaisait à servir de patron aux élèves des bien nombreuses promotions qui avaient passé, après lui sur les bancs de Grignon. L'Association amicale des anciens élèves de Grignon perd en lui le meilleur et le plus dévoué des présidents. M. Boitel était officier de la Légion d'honneur depuis 1867. Une importante partie de l'œuvre de M. Boitel est dans les très nombreux rapports qu'il adressait à l'administration qui faisait toujours appel à lii quand il y avait une question difficile à étudier. Mais ces rapports si intéressants et où se marque si nettement l'esprit lucide et juste en même temps que le caractère conciliant et bienveillant de leur auteur, doivent demeurer au Ministère de l'agriculture et au Ministère de l'intérieur ; ils n'étaient pas destinés à la publicité. Je joins seulement à ces lignes la liste des Mémoires et ouvrages de M. Boitel qui ont été publiés par lui de 1848 à 1887. Il conviendra d'y ajouter le livre l'Agrologie française, dont le manuscrit est achevé et dont l'impression pourra probablement, être commencée dès cette année.
ADIL cote 7M86
Concours pour la chaire d'agriculture d'Indre-et-Loire : 4 octobre 1880
Lettre du ministre de l’Agriculture et du commerce. Concours pour la chaire d’agriculture. Envoi de la liste de jury d’examen. Paris, le 18 septembre 1880. Monsieur le préfet, pour faire suite à une lettre du 3 avril dernier, j’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint, en ce qui concerne votre département, un extrait de l’arrêté que je viens de prendre à la date du 7 septembre 1880, pour fixer la composition des jurys des concours pour la nomination à divers emplois de professeur départemental d’agriculture. Le jury d’examen pour la chaire projetée dans l’Indre-et-Loire, lequel se compose de 9 membres nommés dans les conditions stipulées par l’article 2 de la loi du 16 juin 1879, se réunira sous la présidence de M. l’Inspecteur général de l’agriculture et choisira son secrétaire. Je vous prie de vouloir bien tenir à la disposition du jury les locaux nécessaires pour ses opérations qui commenceront le 4 octobre 1880, à 9 heures du matin, à l’hôtel de la préfecture de Tours. Les candidats reconnus admissibles seront convoqués par les soins de mon administration. Leurs dossiers seront transmis en temps utile pour être remis entre les mains de M. l’Inspecteur général Président du jury. Recevez, Monsieur le préfet, l’assurance de ma considération la plus distinguée. Le ministre de l’Agriculture et du commerce. Pour le Ministre et par autorisation. Le Directeur de l’agriculture.
Ministère de l’agriculture et du commerce. Arrêté. Le ministre de l’Agriculture et du commerce, vu l’article 2 de la loi du 16 juin 1879 sur l’enseignement départemental et communal de l’agriculture. Vu la décision ministérielle qui institué les concours à ouvrir en 1880 pour la nomination de Onze emplois de professeurs départemental d’agriculture. Vu les présentations des conseils généraux et des commissions départementales. Sur le Rapport du Directeur de l’Agriculture, Arrête : Les jurys des dits concours sont composés ainsi qu’il suit. §6 Département d’Indre-et-Loire : MM. BOITEL, Inspecteur général de l’agriculture, Président ; REGUIER, Inspecteur d’Académie ; ROUSILLE, professeur de chimie à l’École d’agriculture de Grignon ; PRILLIEUX, professeur de botanique à l’Institut agronomique ; CRASLOT, professeur de pathologie à l’École vétérinaire d’Alfort ; de QUINEMONT, conseiller général ; BLANCHARD, directeur de la Colonie de Mettray ; d’AUXERRE, vice-président du Comice agricole de Chinon ; THOMAS Gaëtan, maire de Vallères.
Fait à Paris le 7 septembre 1880.
Signé P. Tirard.
Pour extrait conforme. Le Directeur de l’Agriculture.