PREMIER CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE : Paris 1919

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Histoire de la France rurale, Sous la direction de Georges Duby et Armand Wallon, La fin de la France paysanne de 1914 à nos jours, Tome 4, Seuil, 1978

p. 400-401
La dénonciation du « danger marxiste » semble suffisante, au lendemain de la Première Guerre mondiale, pour rassembler les adversaires d’hier [Société des Agriculteurs de France, de Droite, fondée en 1967 [présidée par Louis de Vogüé] vs. Société nationale d’encouragement à l’agriculture, de Gauche, fondée en 1880 par Gambetta] et pour institutionnaliser l’union sacrée. Les dirigeants professionnels des deux camps affirment la nécessité d’un rassemblement de toutes les énergies au service d’une agriculture momentanément affaiblie, mais qui doit retrouver la première place dans la nation. Pour atteindre cet objectif ils décident de taire leurs querelles et s’engagent à trouver un langage commun. C’est ainsi que, sous la présidence d’Émile Loubet, s’ouvre à Paris le 30 juin 1919 le congrès de l’agriculture française qui propose la création de la Confédération nationale des associations agricoles (CNAA).

AUGÉ-LARIBÉ Michel, La politique agricole de la France de 1880 à 1940, Presses Universitaires de France, 1950. 483 p.

CHAPITRE IV
ÉTAT DE L’AGRICULTURE A LA FIN DE LA GUERRE [1914-1918]

p. 368-369
« Au milieu des projets qui furent faits pour la rénovation agricole de la France dévastée et ruinée, le vieux projet des Chambres d’agriculture fut remis sur le tapis. Décidément les parlementaires en place y voyaient un risque électoral ; ils se méfiaient des pépinières de candidats que seraient fatalement ces sortes de conseils généraux tout entiers agricoles. Ceux qui avaient été élus savaient de quoi un candidat est capable ! Au lieu de chambres d’agriculture élues par un corps électoral nombreux, la loi du 6 janvier 1919 a créé les offices agricoles départementaux et régionaux. Composé du Directeur des services agricoles et de cinq membres nommés par le Conseil général, ils avaient pour but d’améliorer les méthodes de production, notamment par l’organisation de centres d’expérimentation et de vulgarisation et par le développement des associations agricoles. Il est visible que la préoccupation du législateur a été de faire avorter le projet des chambres d’agriculture. Sous la direction du premier fonctionnaire agricole du département (n’ayant qu’une voix délibérative), les cinq amis du conseil général, sinon même les cinq conseillers généraux désignés par leurs collègues pour constituer l’office, ne risquaient pas de répartir les subventions aux adversaires de la majorité. Les offices, avait-on dit, devaient disparaître devant les chambres. Ils furent établis comme s’ils devaient durer indéfiniment et ce sont les chambres qui, bien qu’instituées par la loi du 25 octobre 1919, ont attendu plusieurs années avant d’entrer en fonctions. C’est un des aspects de la politique agricole qu’il est bon de replacer de temps à autre sous la lumière. 
En même temps, les organisations professionnelles éprouvèrent le besoin de renforcer leur cohésion. L’assemblée plénière des associations agricoles et des coopératives de culture de la région du Sud-Ouest propose, à Toulouse le 26 janvier 1919, la création d’une Confédération générale des agriculteurs et le 1er février, sur l’initiative de la Société nationale d’encouragement à l’agriculture, sous la présidence du Président Émile Loubet, une réunion assez nombreuse de délégués associations s’entend recommander, par un discours de M. Victor Boret, de rassembler un congrès national qui devra être la « réunion des États généraux de l’agriculture française ». Il en sortira la Confédération nationale des associations agricoles que nous retrouverons dans la période suivante. »

1919

Journal d'Agriculture pratique, 20 février 1919 
p. 62

Projet de Congrès agricole.
Sur l'initiative de la Société nationale d'encouragement à l'Agriculture, une réunion de délégués d'assez nombreuses Associations agricoles s'est tenue le 1er février au ministère de l'Agriculture sous la présidence de M. Émile Loubet. À l'ouverture de cette séance, il a été donné lecture par M. Mazerat son chef de cabinet, du discours que le ministre de l’Agriculture avait préparé pour la circonstance (voir page 65).
Le principe du Congrès, dont l'objet était nettement indiqué dans le discours de M. Victor Boret, étant adopté, un Comité d'organisation a été constitué. Ce Comité a formé son bureau comme il suit : président, M. Émile Loubet ; vice-présidents MM. Émile Pluchet, Fernand David et Vigier ; Secrétaire général, Marcel Vacher ; secrétaires MM. Brancher, P. Marsais, Ricard et Lucas. Il a commencé l'étude du programme du futur Congrès.
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 20 février 1919
p. 65-66

LE CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
DISCOURS DU MINISTRE À LA RÉUNION PRÉPARATOIRE

À la réunion préparatoire du Congrès de l'Agriculture française, qui s'est tenue le 1er février 1919, au ministère de l'Agriculture, le discours suivant a été lu au nom de M. Victor Boret, ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, empêché.
Je suis heureux de saluer ici les représentants les plus qualifiés de nos grandes Associations agricoles, et de leur exprimer mes souhaits de cordiale bienvenue, en même temps que tous mes remerciements pour l'empressement avec lequel ils se sont rendus à l'appel qui leur a été adressé.
Cet appel, en effet, ne pouvait, messieurs, vous trouver indifférents. Il n'est pas douteux, au contraire, qu'il répondait à l'un de vos plus pressants désirs. Vous êtes trop fidèlement, trop profondément attachés à l'Agriculture, vous êtes pour elle des défenseurs trop passionnés, des amis trop ardemment dévoués, pour ne pas avoir mesuré l'urgence et l'étendue de l'effort rénovateur qu'il y a lieu d'accomplir pour régénérer la terre française.

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*  *

Courbés devant une nécessité inéluctable, celle de vaincre, pendant quatre années tous ceux qui aiment la terre, tous ceux qui l'honorent, comme notre mère nourricière, ont dû accepter la dure loi des évènements qui la privait de ses meilleurs serviteurs, qui, à l'intérieur, la laissaient sans autres soins que celles de mains vaillantes, mais débiles, et qui, au front, l'employait, hélas ! elle, la terre de fécondité et de vie, à l'œuvre de carnage et de mort.
Ces temps sont passés. La victoire a récompensé l'héroïsme des grands soldats du droit. Et, dès le jour où s'est apaisé le fracas des batailles, dès le jour où l'armistice a été signé, votre pensée, désormais libérée de poignantes et glorieuses anxiétés, s'est portée tout entière vers le grand problème de la production.
Messieurs, le Gouvernement, tout en poursuivant sans relâche son œuvre de guerre, s'était efforcé de prévoir et de préparer, dans la mesure où le permettaient les circonstances, les nouvelles conditions d'existence qui naîtraient avec la paix. À la fois, le ministre du Ravitaillement et ministre de l'Agriculture, par une rencontre de pouvoirs que je ne saurais, sans ironie, appeler une bonne fortune, car vous savez de quelles difficultés et de quelles angoisses elle fut faite, j'avais dès longtemps affirmé, au milieu des luttes sans trêve que je devais soutenir pour assurer l'alimentation du pays, le rôle bienfaisant, le rôle de salut d'abord, de prospérité ensuite, que notre agriculture aurait à remplir aux lendemains de la guerre.
Et c'est ainsi que j'ai déposé un projet que le Parlement aura prochainement à examiner, et qui détermine la mission de l'État dans la renaissance agraire. Vous connaissez les principes de ce projet, et je n'ai pas besoin aujourd'hui d'en faire l'exposé. Vous savez qu'il a pour but de substituer à la simple protection morale que l'État accordait autrefois à l'Agriculture, l'appui constant d'une collaboration tout affectueuse. Aider les agriculteurs à industrialiser, à commercialiser leu action et leurs moyens, pour obtenir le maximum de rendement, telle est, à mon sens, la formule d'où de dégagera notre évolution économique, et d'où sortira notre future puissance de surproduction.
Il est, par là même, indispensable que, sur le modèle des organisations industrielles, commerciales et ouvrières, dont chacune forme un faisceau compact, tous les éléments de la production agricole s'unissent pour une action concertée, coordonnée, en liaison étroite et constante. Il doit y avoir, en un mot - qu'importe le nom - une véritable ligue, une véritable fédération de tous les paysans de France.

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L'heure est venue de la réaliser. C'est le but principal, j'allais dire le but unique, du Congrès que vous devez préparer. Au front, où ils ont si magnifiquement fait leur devoir, les cultivateurs ont compris la nécessité de l'effort combiné. Ils ont constaté jusqu'à quel point tous les rouages de l'organisme militaire devaient correspondre et s'adapter pour éviter les mouvements inutiles et dangereux, et jusqu'à quel point le succès dépendait (c'est à dessein que j'emploie à nouveau ce mot, qu'ils ont si souvent entendu) d'une liaison bien établie. Ils savent que l'infanterie a besoin du concours de l'artillerie pour déblayer sa route, que l'artillerie, documentée par l'aviation, règle son travail sur la marche ma marche de l'infanterie, et que la cavalerie intervient pour la poursuite finale. Ils ont vue enfin - et je n'hésite pas à rappeler cet illustre et formidable exemple - que c'est au jour seul où la liaison totale, définitive, a été établie entre toutes les forces alliées, entre toutes les armées de l'Entente, que la victoire est devenue certaine.
Les paysans de France savent désormais qu'il en est ainsi partout où il y a un grand labeur à accomplir et de grands résultats à atteindre. Ce qui était vrai pour l'œuvre de guerre est vrai, à plus forte raison, pour l'œuvre de paix ! Chaque fois qu'il aura labouré un champ, taillé une vigne, ou fauché un pré, le cultivateur pourra penser qu'il n'a pas exécuté une besogne purement individuelle ni créé un résultat isolé, mais que son geste fait partie du fonctionnement général de l'immense organisme cultural, et que par son utilité, si minime soit-elle, il a sa répercussion sur la besogne qu'exécutent, en tous les points du territoire, les milliers de ses compagnons, de ses frères de travail.
Hier, ils avaient une tâche, elle s'appelait : vaincre. Elle était la même pour tous, et pour tous, elle devait amener les mêmes bienfaits. Ils ont une aujourd'hui qui s'appelle : produire. Elle est la même pour tous, et pour tous, elle doit amener une part de satisfaction et de profits. Après tout, c'est toujours la victoire, elle a simplement changé de nom.
Groupés autrefois au sein de leurs syndicats locaux, que ne préoccupait guère qu'un intérêt de région ou de culture spécialisée, et qui laissaient en dehors d'eux un grand nombre de fermiers, les ruraux demeuraient ignorants d'innombrables questions qu'il eussent trouvé bénéfice à connaître. Et ainsi, ceux qui étaient disposés à prêter quelque attention aux évènements qui se rapportaient à l'agriculture, inventions, améliorations, procédés nouveaux, tarifs douaniers, lois de toutes natures, ne les jugeaient guère qu'à un point de vue très particulariste, que sous l'angle étroit des effets qu'ils devaient avoir pour eux et leurs voisins. Il faut étendre à l'infini ce champ jusqu'ici borné d'examen et d'action.
Une sorte de méfiance, assez naturelle et parfaitement explicable, s'était ainsi développée, dans l'esprit des cultivateurs, à l'égard d'autres cultivateurs, l’égard de ceux qui travaillaient sous un autre climat, avec de moyens différents, sur un sol autrement constitué, et qui avaient un tempérament qui leur semblait opposé au leur. Là encore la guerre a singulièrement modifié les dispositions de cultivateurs. La vie du front les a rapprochés et unis. Ils ont appris à se connaître, ils ont échangé leurs idées. Des camaraderies, des amitiés sont nées, quelquefois entre des hommes d'origine absolument différente, et qui étaient for surpris de se trouver des aspirations et des goûts identiques. Tel homme du Nord, calme et froid, est resté l'ami d'un Provençal vif et pétulant, et tel Bourguignon expansif et jovial d'un Breton silencieux et volontaire. Ces hommes, messieurs, ont compris qu'avec leurs qualités diverses, avec leurs habitudes personnelles, et tout en portant, chacun à leur façon, la marque de l’empreinte du terroir natal, ils étaient, somme toute, de la même race ; et l'on peut dire qu'entre eux l'union des âmes est déjà faite.

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En de telles conditions, n'est-il pas facile de les unir pour le grand et commun effort que le pays réclame ? En ce Congrès, dont vous allez préparer les assises, et qui sera comme une réunion des Etats Généraux de l'Agriculture française, et dans lequel toutes les aspirations les plus légitimes, tous les intérêts les plus respectables feront entendre leur voix, je suis convaincu que les dernières susceptibilités s'effaceront, que les derniers antagonismes disparaîtront, que se concilieront sans peine des vues qui semblent contradictoires, et qu'à la lumière des débats au-dessus desquels planera la pensée de l'intérêt national et du devoir, les paysans de France verront clairement que tout doit les rapprocher, les unir, et que c'est de leur union que dépendent la prospérité du pays et leur propre bonheur.
Et, messieurs, ce n'est pas seulement pour le travail et la peine qu'il faut unir les paysans de France. La notion de devoir, ils l'ont au plus haut degré. L'amour du travail, ils en sont pénétrés ; il est dans toutes leurs pensées, dans tous leurs gestes. Ils doivent s'unir aussi, ils doivent s'organiser pour la défense de leurs droits. Il faut que, demain, toute loi touchant la culture, toute mesure d'ordre général, puisse déterminer l'avis du plus humble travailleur des champs. Il faut qu'il puisse apporter ses suggestions, ses observations, ses critiques mêmes à l'élaboration de toutes les décisions, soit du Gouvernement, soit du législateur, qui l'intéressent directement. Il faut qu'ils soient ligués pur constituer vraiment une force, vraiment une puissance capable d'exercer un ascendant profond sur l'opinion publique, et pour conquérir cette influence qui vient du nombre, de la volonté et de l'organisation.

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Messieurs, c'est la démocratie française qui a sauvé la France. C'est elle qui a donné la victoire. Ce n'est pas seulement l'équité, c'est l'intérêt même du pays, qui commandent d'appeler de plus en plus la démocratie, à la conduite des affaires publiques, en utilisant les ressources infinies de robuste bon sens, de compétence professionnelle, de courage réalisateur qu'elle recèle et qui se développent sans cesse avec les progrès de l'instruction et l'essor des intelligences. En est-il une qui soit plus digne de s'élever que cette démocratie rurale, qui, après avoir tant contribué à libérer notre sol, va demain, par son travail, lui rendre vie et régénérer les sources de la production, garantie de son existence et base de sa richesse ?
Messieurs, votre rôle est grand. Je vous remercie, au nom du Gouvernement, d'apporter à son service le concours de tant d'esprits éclairés, de tant d'expériences mûries par l'étude et le travail, et l'accord affectueux de tant de cœurs passionnément dévoués au bien public.
Sous la haute direction de l'illustre homme d'État, du grand citoyen dont le nom vénéré est synonyme de dévouement au pays, et qui conserve, en son robuste automne, l'âme toujours jeune et vibrante d'un apôtre, sous la haute direction de M. Émile Loubet, à qui j'ai l'honneur de remettre la présidence de cette assemblée, vous allez fonder l'Agriculture nouvelle. C'est avec confiance, c'est avec émotion que je salue l'aurore de vos travaux, et que j'en augure une profonde et féconde influence sur les destinées de la Patrie.

1919

Journal d'Agriculture pratique, 20 février 1919, 
p. 95-96

CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
Le Congrès de l'Agriculture française, dont M. Boret, ministre de l'Agriculture, avait ouvert le 1er février les travaux préparatoires d'organisation, se tiendra à Paris, du 30 juin au 3 juillet prochain.
Les délégués des groupements organisateurs du Congrès, viennent d'approuver, en effet, le 22 février, les propositions que lui a apportées la sous-commission chargée d'élaborer un plan et un programme.
La nouveauté de ce Congrès réside dans ce fait qu'il cherche à réaliser une représentation des groupements agricoles ; il est prévu, en effet, que le vote des résolutions ou des voeux aura lieu par les délégués mandatés par les associations représentées.
Après étude des diverses questions à discuter au Congrès, le Comité d'organisation a retenu les sujets suivants pour lesquels des rapporteurs ont été pressentis :
 

Section I. - La situation agricole des régions libérées (Président M. Émile Pluchet, rapporteur M. J. Helot).
Section II. - La situation du cheptel national (Président M. A. Viger, rapporteur M. A Massé).
Section III. - Défense, Organisation et représentation professionnelles de l'Agriculture (Président M. F. David, rapporteur M. J. H. Richard).
Section IV. - Le problème de la Main-d’œuvre agricole (M. E. Tisserand, rapporteur M. F. L. Blancher).
Section V. - La production coloniale agricole et les besoins de la métropole (Président M. Jean Morel, rapporteur M. Prudhomme).

Les conclusions des rapports, publiés avent le Congrès, seront soumises à l'examen de tous les groupements participants, puis discutées dans chaque Section respective. Le résultat de la discussion sera soumis à l'approbation des assemblées plénières.
Les rapporteurs rempliront dans chaque section les fonctions de secrétaire, avec la faculté d'adjoindre toutes personnes utiles en qualité de secrétaires-adjoints ; ils pourront de même faire appel à des rapporteurs spéciaux pour la préparation de leur rapport. Il y a là un cadre de travail important.
PIERRE BERTHAULT.
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 17 avril 1919, 
p. 224

CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
Le Comité d'organisation du Congrès de l'Agriculture française communique la note suivante :
Les Groupements professionnels qui, à la date du 1er avril, ont adhéré au Congrès qui se tiendra à Paris du 30 juin au 3 juillet, représentent un million d'agriculteurs ; d'autres inscriptions vont suivre. Cette manifestation agricole nationale sera donc réellement ce que ses organisateurs avaient espéré : la première session des Etats généraux de l'Agriculture française.
Une des importantes questions soumises au Congrès soulève déjà un vif intérêt dans les Groupements agricoles : celle de l'Organisation professionnelle. Dans son appel, M. Émile Loubet a dit que "pour que les résolutions du Congrès ne restent pas lettre morte, cette Assemblée devrait créer un organisme général et permanent de défense agricole, sur le terrain exclusivement professionnel, organisme dont la nécessité n'est plus à démontrer".
Étant donné l'ampleur que prend le Congrès et la complexité des dispositions à prendre avant le 30 juin, les Associations corporatives non encore inscrites sont averties qu'elles peuvent adresser leur adhésion jusqu'au 1er juin au siège du Comité d'organisation, 55, rue Bellechasse, Paris (VIIe).
 

1919

La Dépêche du Centre et de l'Ouest p.27D (ADIL numérisé)

Dimanche 18 mai 1919
Congrès de l'agriculture française 
Le comité d'organisation du congrès de l'agriculture française, présidé par M. Émile Loubet, s'occupe activement de l'organisation de la profession agricole nationale. Il envisage la création, à l'issue du congrès qui se tiendra à Paris du 30 juin au 3 juillet, d'un organisme général et permanent, ligue d'action agricole, où tous les agriculteurs français verront leurs intérêts respectés et défendus. 
Le comité maintient son principe : se placer sur le terrain exclusivement professionnel et réaliser l'union de tous les agriculteurs français. 
Les nombreuses adhésions qui parviennent de toutes les régions y compris la Lorraine et l'Alsace, garantissent la réussite de ce projet auquel toute notre agriculture est intéressée. Les adhésions au congrès prochain sont reçues 55, rue de Bellechasse à Paris (VIIe)
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 22 mai 1919, 
p. 327-328

CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE.
Le Comité d'organisation du Congrès de l'Agriculture française, présidé par M. Émile Loubet, s'occupe activement de l'organisation de la profession agricole nationale. Il envisage la création, à l'issue du Congrès qui se tiendra à Paris, du 30 juin au 3 juillet, d'un organisme général et permanent, ligue d'action agricole, où tous les agriculteurs français verront leurs intérêts représentés et défendus.
Le Comité maintient son principe : se placer sur le terrain exclusivement professionnel et réaliser l'union entre tous les agriculteurs français. Les nombreuses adhésions qui parviennent de toutes les régions, y compris la Lorraine et l'Alsace, garantissent la réussite de ce projet auquel toute l'Agriculture est intéressée.
Les adhésions au Congrès prochain sont reçues, 55, rue de Bellachasse, à Paris (VIIe).
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 26 juin 1919 
p. 422-423

Congrès de l'Agriculture française
On trouvera plus loin (p. 432) le programme des travaux du Congrès de l'Agriculture qui se tiendra à Paris, du 30 juin au 3 juillet. Des rapports préliminaires ont été établis pour les discussions dans les cinq sections du Congrès. En voici les titres :

La reconstitution agricole des Régions libérées. Rapporteur : M. René Gouge, président de l'Association des Sinistrés de la Somme.

La situation du Cheptel national. Rapporteur : M. Alfred Massé, agriculteur-éleveur, ancien ministre.

L'organisation de la défense et de la représentation professionnelle de l'Agriculture. Rapporteur : M. J.-H. Ricard, ingénieur agronome.

Le problème de la main-d’œuvre agricole. Rapporteurs MM. Brancher, secrétaire général de la Société national de protection de la main-d’œuvre agricole, et Raymond Vuigner, ingénieur agronome.
La production coloniale agricole et les besoins de la métropole. Rapporteur : M. Prudhomme, ingénieur agronome, directeur du Jardin colonial.
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 26 juin 1919 
p. 432
CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
Le Congrès de l'Agriculture française se tiendra dans l'Hôtel de la Société nationale d'Horticulture, 84, rue de Grenelle, Paris (VIIe), du 30 juin au 3 juillet.
Voici l'ordre des travaux :

Lundi, 30 juin. - 9h 30, séance plénière d'ouverture.
14h 30, réunion des cinq Sections.

Mardi, 1er juillet. - 9h 30, réunion des cinq Sections.
14h 30, séance plénière. Discussion générale des questions : Situation du Cheptel national et Production coloniale agricole et les besoins de la Métropole. Résolutions.

Mercredi, 2 juillet. - 9h 30, séance plénière. Discussion générale de la question : le problème de la main d'œuvre agricole. Résolution. - Examen des questions diverses non prévues à l'ordre du jour du Congrès.
14 h 30, séance plénière. Discussion générale de la question la Reconstitution agricole des régions libérées. Résolutions.

Jeudi 3 juillet. - 9h 30, séance plénière. Discussion générale de la question : l'Organisation de la défense et de la représentation professionnels de l'Agriculture. Résolutions.
16 heures. Séance plénière de clôture. Proclamation du prochain Congrès.
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 3 juillet 1919
p. 444

CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
La séance d'ouverture du Congrès de l'Agriculture s'est tenue la 30 juin sous la présidence de M. Victor Boret, ministre de l'Agriculture.
Au nom du Comité d'organisation, M. Émile Loubet, président, a d'abord souhaité la bienvenue aux délégués alsaciens et lorrains venus pour prendre part au Congrès. Ces paroles ont été saluée par d'enthousiastes applaudissements. Puis il a développé rapidement les idées qui ont présidé à l'élaboration du programme du Congrès.
Dans un discours inspiré par les sentiments les plus élevés, M. Victor Boret a remercié les délégués des Associations agricoles d'être venus en grand nombre pour étudier les meilleurs moyens d'accroître la production, indispensable pour permettre à la France de retrouver son ancienne vigueur et de l'accroître. Il a promis, à cet égard, la coopération la plus complète du Gouvernement. Nous reproduisons ce discours dans notre prochain numéro.
Le bureau du Comité d'organisation a été maintenu comme bureau définitif du Congrès, avec l'adjonction, au titre de vice-présidents, de M. Heinrich, représentant de l'Alsace et de la Lorraine, et de M. Couzinet, président du récent Congrès agricole de Toulouse.
RAMOND DUPRÉ.
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 10 juillet 1919 
p. 461

Congrès de l'Agriculture française.
On trouvera plus loin (p. 272) le compte-rendu des travaux du Congrès d'Agriculture française, dont les séances se sont succédé au 30 juin au 3 juillet. C'est la première fois que les représentants de la plupart des Associations agricoles du Pays se sont trouvées réunis, animés du même esprit, aspirant au même but, soucieux de s'organiser pour constituer une représentation solide des intérêts de la production agricole française. Cet espoir a été réalisé. En effet, à côté des résolutions et des voeux d'ordre varié qui ont été adoptés, un fait capital a été le couronnement du Congrès. C'est la constitution d'une Confédération nationale des Associations agricoles [C.N.A.A], c'est-à-dire la réunion dans un faisceau compact de toutes les Associations du pays, du nord au midi, de l'est à l'ouest. Tous les représentants des grandes Sociétés, dont quelques-unes pouvaient être considérées comme rivales, ont donné immédiatement leur adhésion à la Confédération. Il n'est pas douteux que leur exemple sera universellement suivi. Depuis un certain nombre d'années, des fédérations régionales s'étaient constituées. Dès avant-guerre, on pouvait citer la Fédération des Associations agricoles du Nord, celle du Nord-Est, celle du Centre, celle du Sud-Ouest, la Confédération générale des Vignerons, celle des Vignerons du Sud-Est, de nombreuses Unions des Syndicats, des Unions d'assurances agricoles mutuelles, etc.
Tous ces groupements vivaient en ordre disséminé, s'ignorant souvent les uns des autres, se combattant parfois. La dispersion des forces est toujours une cause de faiblesse. Cette dispersion doit désormais disparaître. Il appartiendra à la Confédération de profiter de tous ces éléments et de les fusionner pour exercer une action féconde au profit de l'agriculture
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 10 juillet 1919, 
p. 472-476

CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
Le Congrès de l'Agriculture française a, dans ses séances plénières des 1er, 2 et 3 juillet, discuté les différentes questions soumises à son examen, et élaborées dans ses sections.
Afin de suivre d'une façon méthodique les travaux de ce Congrès dont les voeux seront, pour le Gouvernement, des indications sérieuses, il y a lieu d'examiner, chacune à son tour, les questions qui y ont été traitées. Les conclusions adoptées seront reproduites dans le prochain numéro.

Séance plénière du 1er juillet 1919.
Situation du cheptel national. - La séance est présidée par M. Vigier, sénateur, ancien ministre de l'Agriculture, assisté de M. le Président Loubet, de MM. Méline, de Vogüé, Jean Morel, Michel (de Nancy), Heinrich, ancien ministre de l'Agriculture d'Alsace et Lorraine, Tibaut, de la Chambre des représentants de Belgique, de Vuyst, directeur général de l'Agriculture de Belgique.
Le rapporteur de la 2e section, M. Alfred Massé, agriculteur éleveur, ancien ministre, membre de l'Académie d'Agriculture, fait un exposé extrêmement clair de la situation actuelle du cheptel. La guerre a lourdement pesé sur notre élevage. Malgré les chiffres de la statistique du 30 juin 1918, d'après lesquels le cheptel aurait augmenté en nombre, le poids a constamment diminué. M. Massé fait en effet observer que, dans cette statistique, 500 000 veaux destinés à la boucherie ont été compris. Ces animaux n'avaient jamais été recensés dans les relevés précédents.
Abordant les conditions insérées dans le traité de paix, M. Massé fait observer qu'il est possible de trouver an Allemagne des bêtes pouvant s'adapter chez nous. Les races de Simmenthal, Pie rouge du Holstein, de Frise peuvent être parfaitement utilisées.
Il ne faut pas oublier également que si le troupeau porcin a été largement sacrifié en Allemagne, le troupeau bovin et ovin, et spécialement les races de premier choix, n'a pas varié pendant la guerre.
M. Heinrich est de cet avis.
En ce qui concerne la reconstitution de notre cheptel, le rapporteur demande énergiquement le maintien du décret du 14 octobre 1915, qui limite l'abatage des animaux susceptibles de reproduire.
Ce décret a rendu de signalés services quoiqu'il fût dépourvu de sanctions et, comme le fait remarque M. David, il est surtout important pour l'avenir. En retour M. Massé demande que soient données aux éleveurs des facilités pour nourrir et les animaux que ce décret oblige à garder.
La création d'abattoirs industriels régionaux et la création de chambres froides dans chaque ville sont de nature à empêcher le prix de la vie de s'élever, de même qu'actuellement le Gouvernement doit encore faciliter l'importation de viandes frigorifiées.
La lutte contre les maladies épizootiques doit être également poursuivie et les mesures édictes pour éviter la contamination doivent être appliquées aux commerçants.
Dans la discussion qui suit le rapport de M. Massé, nous ne pouvons passer sous silence l'initiative prise sous la direction de M. Couzinet, président de la Fédération des syndicats agricoles du S.-O. Ce Comité a proposé à la Direction des Services agricoles du Nord de déléguer des agriculteurs sinistrés pour venir dans la région de Toulouse choisir des animaux dans les foires importantes de la région. Ce Comité a rassemblé également, grâce à la générosité de ses membres, des sommes assez importantes. Aucune réponse n'est parvenue, mais les délégués de la région du Nord ont une excuse valable : ils n'ont pas été avisés !
La production coloniale agricole et les besoins de la métropole. - La discussion de la situation du cheptel a absorbé la plus grande partie de la journée. Il ne reste que peu de temps à M. Prudhomme, le distingué directeur du Jardin Colonial, pour présenter les voeux de la 3e section. Cette séance est présidée par M. Jean Morel, sénateur, ancien ministre des Colonies, assisté de M. Massé et de M. Vogüé.
Les voeux de la section sont adoptés.

Séance plénière du 2 juillet.
Le problème de la main-d’œuvre agricole. – La séance est présidée par M. Tisserand, membre de l'Institut, directeur honoraire au ministère de l'Agriculture, puis par M. Fernand Davis, député, ancien ministre.
Il était aisé de prévoir que certaines des conclusions présentées par MM. Brancher et Vuigner, rapporteurs, donneraient lieu à de vives discussions. Déjà au sein de la Section, des dissentiments profonds s'étaient manifestés. Les deux questions principales, présentées par les rapporteurs étaient :
Rémunération du travail agricole, en tendant à la péréquation des salaires agricoles sur tout le territoire. Cette conclusion fut éloquemment combattue par M. Garcin qui parlait d'ailleurs au nom de la Société des Agriculteurs de France ; il fixa très exactement le débat. Qui dit "péréquation" dit "salaire égal dans l'ensemble", c'est demander à la petite culture l'application des mêmes salaires que pour la grande culture, donc à une productivité du travail inégale un salaire égal. Le résultat certain sera l’augmentation des terres en friche.
Quant à tendre à réaliser l'équivalence entre les salaires de l'industrie et du commerce et ceux de l'Agriculture, M. Garcin montre la différence profonde entre ces salaires. Il faut dit-il, savoir ce que vaut l'argent, à la ville et à la campagne. Il repousse les formules générales dangereuses et ne voit qu'une façon d'apporter une amélioration aux salaires agricoles : l'intensification de la production.
Le vœu présenté par M. Garcin, et auquel se rallie d'ailleurs en fin de discussion, M. Brancher, est voté à une forte majorité.
En ce qui concerne une autre question non moins importante, le travail agricole, le Congrès se montre nettement opposé à toute limitation de la durée du travail agricole. L'application d'ailleurs utopiste, de la journée de huit heures en Agriculture aurait pour conséquence immédiate l'augmentation du prix de vente des denrées et rendrait impossible le métier d'agriculteur.
D'ailleurs, le Congrès proclame énergiquement l'intime union des propriétaires, fermiers ou métayers avec leurs ouvriers. Leurs intérêts sont communs. L'ouvrier agricole peut prétendre à l'accession à la petite propriété. Il est nécessaire d'étendre la loi Ribot : ne pas limiter la parcelle de terre à 1 hectare, et doubler l'avance actuelle de 8 000 francs.
L'enseignement postscolaire fait également l'objet d'une discussion fort intéressante à laquelle prennent part M. Méline, M. de Marcillac et M. Ricard. M. Méline, dont le nom est universellement respecté, pense que les instituteurs ruraux doivent être nettement "ruraux et qu’un stage d'un an dans une école d'agriculture leur est nécessaire. Naturellement, il faut que les mêmes avantages que ceux donnés à leurs collègues des villes leur soient attribués.
La réforme de l'Enseignement doit être dirigée dans le sens du développement de la production nationale, c'est-à-dire de la production agricole.
Les autres voeux sur le chômage agricole, l'hygiène rurale, l'organisation du marché du travail agricoles, et les familles nombreuses présentées par la Section sont adoptés.
En ce qui concerne la main-d’œuvre de complément, nous devons signaler l'intervention de M. Michel demandant l'introduction de main-d’œuvre Polonaise. 
Questions diverses. – Sur la demande de plusieurs congressistes, une 6e Section s'occupant des voeux divers avait été constituée à la première réunion. Cette Section était présidée par M. le marquis de Vogüé, président de la Société des Agriculteurs de France.
Parmi ces voeux qui seront ultérieurement publiés, nous devons signaler toutefois ceux relatifs : 1° à l'introduction de la production du superphosphate et de la potasse : 2° à l'extension de la capacité civile des syndicats agricoles ; 3° à la protection des sites et monuments naturels.
Reconstitution agricole des Régions libérées. - Cette question si importante figurait également à l'ordre du jour. La séance est présidée par M. Louis Michel, président de la Société d'Agriculture de Meurthe-et-Moselle, assisté de M. René Gouge, rapporteur, président de l'Association des Sinistrés de la Somme.
M. R. Gouge, dans un rapport chaleureusement applaudi, expose l'Etat lamentable dans lequel se trouvent nos malheureuses régions. Il demande la création d'un haut-commissariat des Régions libérés, centralisant toutes les questions de quelque ordre qu'elles soient et le respect de la liberté des sinistrés.
M. Michel, dans une éloquente improvisation, réclame énergiquement l'envoi de baraques. Il y a, dit-il, encore des réfugiés. Est-ce qu'il devrait y en avoir encore ? Que leur manque-t-il ? Des baraques. Or, le nombre de ces baraques inutilisées est immense. Il fait un tableau saisissant et émouvant du paysan sinistré qui, revenant chez lui, dénué de toutes ressources, rentre sur sa terre, couchant dans la tranchée avec pout tout mobilier une pierre pour appuyer sa tête.
Il demande la transformation complète du service qui préside à la reconstitution, l'organisation d'un bureau unique comprenant toutes les compétences, et enfin il s'élève avec une grande vigueur contre le Service des travaux de première urgence qui, jusqu'à présent dit-il, n'a rendu qu'un seul service, celui de ramasser le peu de main-d’œuvre de ces malheureuses régions pour l'employer à des salaires de 18 à 21 fr. par jour.
Il rend un juste hommage au labeur des Sociétés tiers-mandataires qui sont malheureusement arrêtées par des services administratifs, chevauchant les uns sur les autres.
M. Fleurant, de l'Oise, signale qu'au canal du Nord on emploie un personnel à 15 fr. par jour, nourri et logé.
Au point de vue financier, M. Michel demande que le Gouvernement donne sans tarder à chaque sinistré un papier négociable sur une banque, puisque bien souvent le sinistré trouve la Caisse de l'Etat fermée. Il signale enfin que l'Amérique a demandé aux Banques françaises de former entre elles un consortium pour recevoir des avances égales à leur capital.
M. Couzinet signale l'initiative prise par les Syndicats de la région de Toulouse et que nous avons rapporté plus haut ; il demande que cette initiative soit étendue à tous les départements de France. Le représentant des vignerons champenois tient à faire part, dans ce ordre d'idée, de l'exemple manifeste de solidarité de la Confédération générale des Vignerons dont ils ont bénéficié.

Séance plénière du jeudi 3 juillet.
Organisation de la défense et de la Représentation professionnelle de l'Agriculture. - La séance est présidée par M. Fernand David, député, ancien ministre, assisté du Président Loubet, de M. de Vogüé, de M. Tisserand et M. Ricard, rapporteur.
Le rapporteur expose la nécessité de la création d'une Confédération agricole.
M. Vimeux demande la transformation de ce titre en celui de Confédération nationale des Associations agricoles [C.N.A.A.]. Cet amendement est adopté.
M. Ricard précise qu'il ne s'agit pas d'un parlement agricole, mais d'une hiérarchie nécessaire. A la base l'organisation communale, puis départementale, enfin régionale.
De ces fédérations régionales, d'accord avec l'organe central, se composerait le nouveau groupement.
M. Pallu de la Barrière expose l'historique de la Confédération générale agricole [C.G.A.] qui groupe de nombreux adhérents, et craint que le nouvel organisme de détruise la C.G.A. naissante.
M. Fernand David lui répond an exposant que l'Agriculture a fait, au point de vue national, plus que les autres classes sociales ; il affirme la nécessité absolue de s'unir.
M. Verest, directeur de la Coopérative de Saint-Pol-de-Léon, dans une improvisation éloquente, dit la nécessité de ce groupement, la nécessité de bâtit une maison solide pour la France la première nation agricole. Il assure le concours des hommes de sa génération qui, ayant fait la guerre, sont partisans des réformes hardies, et de crier bien haut la volonté de tous les agriculteurs de faciliter au paysan qui travaille l'accession à la propriété.
La discussion se poursuit pour élaborer les détails de ce nouveau groupement : Président pris chaque année dans une fédération différente, non rééligible. Secrétariat général permanent.
Enfin, de nombreuses sociétés donnent aussitôt leur adhésion à la Confédération nationale des Association agricole [C.N.A.A.] : la Société des agriculteurs de France (par l'organe de M. de Vogüé), la Société nationale d'Encouragement à l'agriculture (M. le Président Loubet), la Fédération des Syndicats du S.-E. (M. de Fontgalland), la Fédération des Syndicats du S.-O. (M. Couzinet), la Société des Viticulteurs (M. Tisserand), la Fédération de la Mutualité, la Société nationale d'Horticulture, etc. (M. Viger), l'Union centrale des Agriculteurs de France, etc. Enfin M. Heinrich promet l'adhésion prochaine des Associations agricoles et viticoles d'Alsace et Lorraine.

Séance de clôture du 3 juillet.
Le président de la République, accompagné du général Pénelon, fait son entrée dans la salle, respectueusement salué par les applaudissements des congressistes.
Il prend place au premier rang de la salle, ayant à sa droite M. Méline, à sa gauche le général Pénelon.
La séance est présidée par le Président Loubet, entouré de M. le ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement et des membres du bureau.
Aux premiers rangs de l'assemblée se tiennent les représentants de l'Alsace, de la Lorraine et des régions libérées. Dans un discours fréquemment interrompu par de chaleureux applaudissements, M. Loubet remercie le Président de la République d'avoir bien voulu honorer de sa présence la séance de clôture du Congrès. Il en passe brièvement en revue les travaux, mais insiste sur la question de la représentation professionnelle. Il déclare aussi qu'il est temps que la Nation se rende compte des efforts des ruraux, qu'elle ne croît pas que ceux-ci ont été des "profiteurs de guerre". L'Agriculture lutte avec les éléments et bien des cataclysmes ont pesé sur elle.
M. Victor Boret prend ensuite la parole et, avec sa haute éloquence, prononce le discours dont on trouvera le texte plus bas. Ce discours soulève à maintes reprises les applaudissements unanimes des congressistes.
Sur la demande de M. Poincaré, M. Victor Boret lui présente les délégués alsaciens et lorrains.
Un délégué lorrain assure au Président du dévouement complet des agriculteurs alsaciens et lorrains et lui exprime leur joie profonde de se retrouver Français. Le Président, dans une improvisation chaleureuse, répond au délégué lorrain, en lui disant que la France n'a jamais oublié l'Alsace et la Lorraine parce qu'elle savait toute la fidélité qu'elle savait toute la fidélité de ces provinces.
Après avoir reconduit M. R. Poincaré, le président Loubet annonce qu'il faut qu'un Congrès nouveau se réunisse bientôt pour examiner, entre autres, la question douanière qui va venir bientôt à l'ordre du jour. La date et le lieu seront fixés par le Comité confédéral.

DISCOURS DE M. VICTOR BORET,
MINISTRE DE L'AGRICULTURE, À LA SÉANCE DE CLÔTURE DU CONGRÈS

Messieurs, 
Lorsque, il y a quatre jours, j'avais l'honneur d'ouvrir la première séance du Congrès de l'Agriculture, je vous disais quel intérêt le pays tout entier attachait à vos délibérations, et quel confiants espoirs in fondait sur elles.
Les commentaires que vos travaux suscitent dans la Presse et dans l'opinion, la place qu'ils détiennent dans les méditations et dans les entretiens de tous, les critiques qu'ils soulèvent, les suggestions qu'ils inspirent, suffirait à certifier que ce Congrès peut devenir le point de départ d'un grand mouvement et d'une immense évolution de l'activité national.
Ce qu'il marque par-dessus tout, ce qu'en retiendront tous les Français comme un évènement capital, c'est que désormais, les agriculteurs veulent s'organiser, c'est que leurs forces, éparse et isolées, doivent se grouper et se coordonner.
À tous, il apparaîtra clairement que, désormais, le monde agricole entend prendre sa part équitable - et elle doit être considérable - dans l'examen, dans la discussion des affaires du pays.
Nul plus que moi ne se réjouit lorsque les ruraux déclarent qu'ils veulent que les travailleurs de la terre puissent se faire entendre comme les travailleurs de l'usine.
Nul plus que moi désire que les uns et les autres situent leur discussion dans l'ensemble des problèmes généraux afin d'éviter que des solutions partielles ne contrarient l'intérêt national et ne risquent de le compromettre.
Ce qui donne à ce Congrès sa plus haute signification, c'est que l'on y parle de droits, on y envisage aussi le devoir.
Au cours des délibérations qui ont rempli ces journées et qui s'achèvent dans l'enthousiasme des mâles et rapides résolutions, vos regards convergeaient dans un sentiment de respect et de reconnaissance vers l'illustre homme d'Etat qui les a dirigées.
Et vos vous disiez que c'est à la fois l'honneur et la sauvegarde de ce pays que de compter des hommes comme M. Emile Loubet, vivante incarnation des plus hautes vertus de notre race, que la noble passion du bien public tient jusqu'en leur verdoyant automne au poste d'action et de dévouement.
Son nom vous était une auréole, sa présence une égide, sa direction le plus précieux des guides et la plus élevée des consécrations.

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Mais une autre consécration encore vous était réservée, qui devait affirmer à la face attentive de la Nation la grandeur de votre mission. Cette consécration, elle vous est donnée par la présence de M. le Président de la République qui, en assistant à la dernière séance du Congrès de l'Agriculture, vous apporte le salut de la France dont il est la personnification la plus haute.
Vous vous inclinerez devant le grand patriote lorrain qui, aux heures les plus tragiques, et dans les conjonctures les plus douloureuses a conservé intacte son inébranlable confiance dans les destinées de la Patrie, qui n'a cessé de proclamer avec la plus impressionnante et la plus réconfortante fermeté qu'en aucun cas, - et quels que soient nos souffrances, nos déceptions et nos malheurs, - nous ne devions renoncer à la lutte.
Nous ne séparons pas de lui M. Georges Clémenceau, le premier des poilus de France, vivant modèle d'endurance et de vigueur morale, que les coups du sort, au lieu de l'abattre, ont fait plus courageux et plus ardent.
En même temps qu'à eux, nous songeons aux sublimes artisans de la Victoire militaire, à ces soldats presque tous sortis de nos campagnes, qui seront les artisans de la Victoire économique, à ces cultivateurs que d'injustes accusations voudraient représenter comme des profiteurs, alors qu'ils sont eux-mêmes les victimes d'un trop grand nombre d'intermédiaires, appelés à disparaître devant les progrès de la coopération.
Oui, nous songeons aux agriculteurs qui luttent sans relâche, sans répit contre tant de forces ennemies, contre les exigences de la glèbe, contre la malfaisance des éléments.
Cependant, ils vont jusqu’au bout, quand même, parce qu'ils savent que le succès, que la victoire, sont toujours aux plus tenaces, aux plus opiniâtres, et qu'il n'est pas d'impossibilité pour quiconque applique au maximum de travail le maximum de courage et de volonté.
Ainsi se rejoignent dans l'attestation magnifique des vertus de la race, l'humble travailleur, le chef du Gouvernement et le premier magistrat de la République. Ils sont de la même lignée. Avec eux, en eux, c'est toute la France, c'est la Patrie qui lutte, qui travaille, qui espère qui croit.

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Messieurs, ma part, à l'issue de ce Congrès, est de vous apporter l'assurance que vos voeux seront examinés avec le plus grand soin et que s'il en est certains sur lesquels nous différions d'avis, ils seront tout au moins des éléments précieux de discussion.
Notre collaboration sera constante et affectueuse, sans immixtion, sans intrusion dans vos délibérations. Cette indépendance me paraît, comme à vous, une condition de l'efficacité de votre action.
Je suis convaincu que notre Agriculture sera prospère, si nous savons retenir à la terre ceux que la ville attire par de hauts salaires ou par illusion d'une vie plus attrayante et plus confortable.
A côté du progrès technique que vous voulez réaliser, vous avez une grande œuvre sociale à accomplir. Il y aurait péril à en différer l'accomplissement, car la désertion des campagnes rendrait vains vos efforts.
Grâce aux sacrifices de tous, l'Agriculture, nimbée de lauriers et de gloire, donnera l'exemple du travail, de la solidarité et de la volonté, qui seuls peuvent nous assurer le mieux-être et la liberté.
 

1919

Journal d'Agriculture pratique, 17 juillet 1919, 
p. 484-488

CONGRÈS DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE
On a lu, dans les numéros du 3 et du 10 juillet, le compte rendu des séances générales. Voici, section par section, le texte des résolutions et des voeux adoptés, établis par le Secrétariat du Congrès :

1re SECTION. - Reconstitution des régions libérées.
Que la reconstitution des Régions libérées soit assurée, d'une manière pratique et rapide, en respectant la liberté et l'initiative du sinistré en lui apportant l'aide efficace de l'État ;
Que tous les services de reconstitution, disséminés dans de nombreux ministères, soient réunis sous la direction d'un Haut-Commissaire aux Régions libérées, chef unique et responsable, avec les pouvoirs les plus étendus et relevant seulement de la présidence du Conseil.
Qu'il soit assisté de trois commissaires adjoints, chargés spécialement de la reconstitution agricole, industrielle et commerciale ;
Que chacun des services placés sous leurs ordres soit amélioré et bien défini, de telle sorte que le sinistré sache exactement à qui s'adresser pour obtenir ce dont il a besoin dans le plus bref délai et sans formalités inutiles ;
Que les commissaires adjoints, comme tous les agents de la reconstitution, à quelque degré qu'ils soient nommés, aient la compétence et l'initiative nécessaire pour bien remplir leurs onctions et qu'ils soient responsables de leurs actes dans l'étendue de leurs attributions ;
Que les rapports entre le Haut-Commissaire et les sinistrés soient réglés au moyen d’organismes de liaison qui seront leurs porte-paroles ;
Qu'à la base de la reconstitution agricole, soit favorisée la création de groupements professionnels dans chaque localité :
Qu'il soit institué pour éclairer le Haut-Commissaire sur les besoins des agriculteurs, pour lui faire connaître leurs voeux et l'aider à les réalise, des Conseils techniques autonomes, savoir :
1° Des Conseils techniques départementaux au régionaux, composés de délégués nommés par les Groupements agricoles ;
2° Un Conseil technique central, se réunissant à Paris aux dates qu'il fixera lui-même, formé des délégués, à raison d'un par Conseil, des Conseils techniques départementaux ou régionaux ;
Que ces Conseils soient obligatoirement consultés pour toutes les mesures importantes intéressant leur région ;
Qu'il y ait une coordination étroite dans l'action de ces organismes et des services de reconstitution, des méthodes bien précisées et appliquées avec un effort continu et énergique, pour assurer, sans tarder, le relèvement des régions dévastées dans leur intérêt et dans celui de la France ;
Que dès à présent, tous les abris provisoires qui sont à la disposition du ministère de la Guerre, soient remis au ministère des Régions libérées pour être répartis, par département, entre les sinistrés et que des mesures soient prises, sans plus de retard, pour faire face à leurs besoins les plus urgents.
Sur la proposition de M. Couzinet. - 1° Que dans chaque département ou au moins dans chaque région; s'organisent des Comités, dont certains membres choisis parmi les agriculteurs notables inviteront les délégués accrédités des régions dévastées à venir séjourner chez eux pour acheter tous les animaux qui seront nécessaires à la reconstitution de leurs fermes, qui les accompagneront sur les champs de foire ou dans les écuries où se trouvent les animaux recherchés, de façon à réaliser ces achats aux meilleures conditions possibles, tous frais de voyage, de séjour et de déplacement devant être à la charge de ces Comités, de façon à ne grever d'aucun frais les prix d'achat ;
2° Que le ministère de l'Armement et toutes autres administrations publiques envoient les plus rapidement possible dans les régions dévastées, sur les points où elles pourront être le mieux utilisées pour la reconstitution des fermes, toutes les installations provisoires démontables qui ont servi pendant la guerre, à loger de nombreux ouvriers ayant travaillé dans les usines de l'État et aujourd'hui congédiés, installations qui ont servi aussi à abriter un matériel considérable, - toutes ces installations se trouvant actuellement sans emploi là où elles se trouvent et étant vouées d'ailleurs, à raison de leur inoccupation, à une ruine très prochaine.

2e SECTION. - Situation du cheptel national.
1° Nécessité pour les agriculteurs de faire, en faveur de l'élevage, un vigoureux effort ;
2° Nécessité d'exiger de l'Allemagne la restitution en nature des bovins et des ovins qui, se trouvant dans les départements envahis, sont tombés aux mains de l'ennemi. Une Commission composée d'agriculteurs, de professeurs et vétérinaires devra indiquer les races qui contribueront à cette restitution et choisir sur place les sujets. La restitution devra s'échelonner sur trois années ;
3° Le Congrès émet le vœu que l'Allemagne soit tenue de restituer en nature à la France les animaux de basse-cour, au même titre que les bovins et les ovins ;
4° Pour la reconstitution du cheptel des départements libérés, il est à désirer que l'on demande aux Sociétés d'Agriculture locales de désigner les races qui conviennent à chaque région et que le ministre des Régions libérées tienne, autant que possible, compte des indications ainsi obtenues ;
5° L'État a le droit de stimuler l'effort des éleveurs en limitant les abatages des veaux femelles, dans les conditions prévues par le décret du 14 octobre 1915, si d'autre part, il assure aux éleveurs le moyen de nourrir les animaux qu'ils conserveront.
6° Pour obtenir ces résultats, il faut que les meuniers retrouvent autant que possible la liberté en ce qui concerne le taux de blutage, que des facilités de transport soient assurées pour les sons et les issues, ainsi que pour les farines et aliments concentrés ; enfin, que ces derniers et en particulier les tourteaux soient en quantité suffisante pour que tous puissent s'en procurer à des prix normaux.
7° Ces derniers résultats ne peuvent être obtenus que si notre flotte commerciale retrouve toute sa liberté et si les Compagnies françaises de navigation sont en mesure de transporter de nos colonies dans les ports de la métropole, la quantité de graines oléagineuses qui peuvent y être travaillées. Il serait à souhaiter que le Gouvernement établisse rapidement le programme relatif à sa politique économique, le fasse approuver par le Parlement et lui assure une durée suffisante pour que les particuliers et les Sociétés industrielles sachent exactement quel régime leur sera appliqué, quelles sont les charges qui leur incomberont, mais en même temps les garanties qui leur seront assurées.
8° Pour permettre de mieux nourrir le bétail aux prés, pour augmenter les réserves de fourrage nécessaires pour l'hivernage, il est indispensable que les éleveurs trouvent en quantité suffisantes les engrais fertilisants propres aux herbages. Il faut en conséquence, obtenir : 1° le transport maritime des phosphates et nitrates au même titre que ce lui des graines oléagineuses ; 2° des facilités pour transporter et transformer les produits susceptibles de fournir des engrais à l'agriculture ; 3° que les promesses faites en ce qui concerne les potasses d'Alsace, soient réalisées.
9° Nécessité pour le Gouvernement, en attendant que le cheptel soit reconstitué et puisse suffire aux besoins du pays, de faciliter l'apport des viandes frigorifiées ;
10° L'encouragement à l'organisation dans les centres de production, d'abattoirs industriels munis de frigorifiques ;
11° Inciter les municipalités et les commerçants à établir des frigorifiques pour conserver les viandes et les denrées périssables ;
12° Nécessité de créer des Syndicats d'élevage dans les régions où il n'en existe pas encore ; de fixer par les intéressés le but auquel doit répondre l'élevage local, - production de viande, du lait, ou animaux de trait ; - de rechercher par la sélection à améliorer les races en vue du but poursuivi et de leur donner une plus grande précocité par une alimentation abondante et rationnelle.
13° D'une façon générale, éviter les expériences de croisements qui, pour donner de bons résultats, demandent des connaissances que beaucoup ne possèdent pas et qui, faites sans méthode, ne peuvent aboutir qu'à une confusion et à un mélange de races sans profit pour les particuliers et contraires à l'intérêt général....
14° Vote par le Parlement du projet de loi déposé par M. Méline tendant à surveiller et à contrôler la monte publique des taureaux.
15° Étude immédiate d'encouragement à l'amélioration du bétail par la distribution de primes de conservation en argent.
16° Établissement de livres généalogiques économiques pour chacune des races nettement caractérisées et jugées utiles, qui n'en possèdent pas encore avec réglementation uniforme votée par un Conseil supérieur de l'élevage qu'il serait désirable de créer ; contrôle et publication des livres généalogiques assurés par l'État ;
17° Constatant le préjudice causé au cheptel par les maladies épizootiques, notamment par la cachexie aqueuse, l'avortement épizootique et la fièvre aphteuse, le Congrès émet le vœu que les Pouvoirs publics accordent des crédits nécessaires pour développer les recherches scientifiques portant sur l'agent de ces maladies. Il demande, en outre, que les mesures prophylactiques les plus sérieuses soient prises pour empêcher le développement de ces maladies ; que les commerçants, bouchers et commissionnaires particuliers y soient soumis au même titre que les agriculteurs. Enfin, que toutes les précautions au point de vue sanitaire soient prises à l'égard du bétail importé.
18° Le Congrès émet le vœu que des mesures soient prises par le ministère de l'Agriculture pour étudier et améliorer les races caprines susceptibles d'apporter un appoint utile dans la crise de la vie chère, par la production du lait, de la viande et des dépouilles.
19° Création d'un Conseil supérieur de l'élevage, avec constitution au sein du Conseil supérieur de l'agriculture, d'une Section spéciale chargée de l'étude des questions de l'élevage.
20° Si des congrès annuels ou périodiques ont lieu, il est impossible d'aborder devant chacun d'eux, tous les problèmes agricoles ; mais il importe que jusqu'à la complète reconstitution du cheptel, les questions qui s'y rapportent soient inscrite à l'ordre du jour.

3e SECTION. - Organisation professionnelle.
La défense corporative doit être l'œuvre des agriculteurs eux-mêmes par l'action concertée de leurs groupements professionnels dans lesquels ils doivent s'unir plus étroitement que jamais. Cette défense sera mieux réalisée par une coordination à établir entre les associations existantes, ou à créer, que par la constitution de toutes pièces de nouveaux organismes.
Le Congrès est d'avis qu'il y a lieu de demander au Parlement de remplacer avant la fin de la législature les Offices régionaux et départementaux agricoles par des Chambres d'agriculture, et qu'en attendant la création de ces Chambres, les Offices exercent leur action par le canal des associations agricoles, en conformité de la loi et des circulaires ministérielles.
Dans le cas où la Chambre des Députés se refuserait à adopter le projet Lhopiteau voté par le Sénat, le Congrès se rallierait à l'examen de tout projet qui, maintenant aux Chambres d'agriculture leur caractère régional, imposerait au collège électoral des conditions de compétence de nature à lui assurer un caractère nettement professionnel.
Une délégation est désignée dans le but de demander une audience à la Commission d'agriculture de la Chambre afin de lui faire connaître les points de vue du Congrès en ce qui concerne le projet Lhopiteau.
Confédération nationale des Associations agricoles [C.N.A.A.]. - Sous ce nom, il sera formé entre les grandes associations agricoles françaises nationales ou régionales représentant les intérêts généraux de l'agriculture française ou l'une de ses branches, un lien permanent.
Y auront seuls des représentants :
1° Les associations professionnelles dont la circonscription territoriale s'étend à toute la France ;
2° Les groupements professionnels d'une circonscription territoriale ayant une étendue vraiment régionale, qui ont réalisé l'union d'un ensemble d'organisations agricoles de leur territoire et qui auront été agréés par le Bureau de la Confédération nationale des Associations agricoles.
Le fonctionnement de cet organisme permanent est réglé ainsi qu'il suit :
Chacune des associations est représentée par deux délégués. La Confédération nationale des Associations agricoles aura un secrétariat général permanent à Paris, et un président sera pris par roulement annuel dans chacune des associations représentées sans qu'il puisse être rééligible à l'expiration de son mandat.
Le règlement intérieur de la Confédération nationale des Associations agricoles [C.N.A.A.]  sera dressé par les délégués eux-mêmes dans leurs premières réunions et porté à la connaissance des associations. Il sera établi de telle sorte qu'il laisse à chaque association le soin de poursuivre les solutions envisagées suivant ses propres méthodes et en toute autonomie.
Chacune des organisations centrales et régionales susceptibles de concourir à la formation de la Confédération nationale des Associations agricoles [C.N.A.A.] prévue ci-dessus, est invitée à faire connaître au Secrétariat du Congrès son adhésion, et, le cas échéant, le nom de ses délégués.

4e SECTION. - Main-d’œuvre agricole
(La longueur des conclusions adoptées ne permet d'en reproduire que les parties essentielles.)

Durée du travail. - En ce qui concerne la durée de la journée de travail, le Congrès de l'Agriculture française déclare que toute limitation de cette durée entraînerait une réduction correspondante de la production et une majoration plus que proportionnelle des prix de revient et surtout du prix de vente. L'application en agriculture de la journée de huit heures ; même sous la forme mitigée d'une moyenne annuelle des heures de travail, aurait donc un double résultat pratique qui serait la cherté plus grande de la vie et l'obligation pour la France d'acheter à l'étranger une plus forte proportion des denrées alimentaires dont nous avons besoins.
Pour ces motifs, dans l'intérêt national comme dans l'intérêt des consommateurs, le Congrès de l'agriculture française déclare s'opposer énergiquement à l'adoption de tout texte législatif qui limiterait la durée de la journée de travail agricole ; il ajoute que cette limitation rendrait impossible l'exercice même du métier d'agriculteur et qu'au surplus, elle n'est pas compatible avec la menée à bien de certains travaux agricoles, tels la fenaison et la moisson.
Rémunération du travail agricole. - Chercher dans l'augmentation de la production le remède à la crise de la main-d’œuvre agricole afin, notamment, d'être à même d'améliorer la rémunération des travailleurs ruraux.

Lutte contre le chômage et fixation à la terre de la main-d’œuvre agricole. - Pour lutter contre le chômage qui n'est plus actuellement à craindre en agriculture pour les ouvriers, et même pour les médiocres, vu leur rareté, pour fixer surtout davantage à la terre la main-d’œuvre agricole, avoir recours : a) aux moyens purement agricoles ; b) aux moyens à la fois agricoles et industriels.

Education professionnelle. - Créer et multiplier sur tout le territoire des fermes d'apprentissage, agricole, par l'effort des agriculteurs eux-mêmes aidés au besoin par l'Etat. Ces fermes présenteront un avantage inappréciable pour de très nombreux pupilles de la Nation et pour certains enfants enlevés à l'atmosphère malsaine des colonies pénitentiaires.
Pour l'avenir, orienter les instituteurs vers le goût des choses de la terre dès leur entrée à l'Ecole normale, afin qu'ils soient mieux préparés à faire aimer nos campagnes à leurs élèves ruraux, et mettre ceux-ci à même de mieux profiter de l'apprentissage professionnel. A cet effet, et pour mieux atteindre le but recherché, diviser en deux groupes les instituteurs primaires : instituteurs ruraux et instituteurs urbaine, bénéficiant des mêmes avantages à mérite égal ; imposer aux instituteurs ruraux un stage obligatoire d'une année dans une Ecole d'agriculture.

Institutions d'assistance et de prévoyance sociale. - Développer les institutions diverses de mutualité, de coopération, de crédit et d'épargne. 
Faciliter l'accession à la propriété en élevant au besoin le chiffre des capitaux mis à la disposition des futurs propriétaires sous réserve qu'ils présenteront des garanties en rapport avec les sommes demandées.

Relèvement de la natalité. - Le Congrès demande aux Pouvoirs Publics de ne rien négliger pour améliorer la situation des familles nombreuses, soit pour faire cesser les injustices dont sont victimes ces familles du chef des impôts de consommation, soit pour compenser les charges excessives que leur imposent la cherté de la vie et la hausse générale des prix des transports et des services.

5e SECTION. - Agriculture coloniale (extrait)
En ce qui concerne notre ravitaillement alimentaire et industriel; - 1° Qu'il soit dressé, aussi rapidement que possible, par les soins des ministères de l'Agriculture et du Commerce, un tableau qualitatif et quantitatif des besoins actuels de la métropole, en produits à faire venir de l'extérieur, afin de mettre le ministère des Colonies, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc en mesure de rechercher ceux d'entre eux qui peuvent être obtenus dans nos possession d'outre-mer ou remplacés par des produits similaires d'origine coloniale ;
2° Que toutes les mesures utiles soient prises pour intensifier le plus possible la production des denrées coloniales susceptibles de servir au ravitaillement présent ou futur de la Métropole ;
3° Que l'on mette toujours les produits coloniaux sur le même pied que ceux de la Métropole en leur accordant les traitements de faveur que l'on n'hésite pas à attribuer aux denrées et matières premières d'origine métropolitaine, et que l'emploi de ces produits par nos industriels ne soit pas entravé, à la sortie des Colonies, par des taxes trop élevées ;
4° Qu'à égalité de prix et de qualité, la préférence soit toujours donnée, notamment par l'Administration, aux articles fournis par nos Colonies plutôt qu'aux produits étrangers.
En ce qui concerne l’organisation générale de la mise en valeur des colonies. - Que l'on arrive, le plus tôt possible, à la phase des réalisations pratiques.

6e SECTION. - Questions diverses.
Déclaration de principe. - Le Congrès déclare : Qu'il étudiera tous les problèmes posés dans un esprit complet d'indépendance, avec l'unique souci de travailler à la prospérité de l'agriculture, qu'il juge indissolublement liée à la prospérité, au crédit et à la vitalité de la France.
Sur la cherté de la vie. - Le Congrès, ayant appris que des personnes mal renseignées ou aux gages de mercantis sans pudeur prétendent que les agriculteurs vendent leurs produits à des prix excessifs et qu’ils sont seuls responsables de l'augmentation du coût de la vie, proteste énergiquement contre ces allégations mensongères ; proclame que le cultivateur français n'entend plus rester taillable et corvéable à merci au profit de parasites éhontés. Et invite instamment les propagateurs de ces affirmations intéressées à chercher ailleurs que dans les campagnes les auteurs de la vie chère.

Réquisitions et taxations. - Le Congrès émet le vœu :
1° Que soient supprimées toutes réquisitions, taxations et déclarations motivées par l'état de guerre ;
2° Que le régime normal des transactions soit rétabli dans le plus bref délai, afin d'obtenir par liberté commerciale et le libre jeu de l'offre et de la demande, une stabilisation des prix des denrées à un taux qui ne peut être que profitable aux producteurs, aux commerçants et aux consommateurs ;
3° Que notamment les vins réquisitionnés pour les besoins de l'armée à un prix inférieur au prix commercial ne soient plus livrés pour d'autres besoins, à un commerce privilégié.

Engrais. - Le Congrès émet le vœu :
1° Que le Gouvernement prenne immédiatement les mesures nécessaires pour que les usines de superphosphates soient approvisionnées le plus rapidement possible en phosphates, et notamment en phosphates d'Algérie et de Tunisie, afin de permettre aux cultivateurs de recevoir en quantité suffisante et d'employer en temps utile les superphosphates, aussi bien que tous autres engrais ou produits anticryptogamiques, facteurs essentiels à la production.
2° Que la production des usines de potasse d'Alsace soit intensifiée autant que possible.
Questions chevalines. - Le Congrès émet le vœu :
1° Que les étalons de toutes les races et de toutes catégories soient désormais qualifiés par des épreuves d'endurance ;
2° Que soit étudié dès maintenant et réalisée le plus tôt possible, une réforme complète su Service des remontes, en s'inspirant des enseignements de la guerre, et qu'il soit constitué une direction autonome des remontes concentrant entre ses mains tous les services d'achat et de réquisitions du ministère de la Guerre.
3° Que les ministères de la Guerre et de l'Agriculture s'entendent pour rendre publics les enseignements de la guerre au point de vue de l'utilisation des chevaux, de la manière d'en tirer une méthode d'élevage qui concilie les exigences de la Défense Nationale avec les intérêts de la culture.
Extension de la capacité civile des syndicats. - Le Congrès émet le vœu : Que si les deux Chambres ne peuvent s'entendre sur les modalités du droit syndical à accorder aux fonctionnaires, m'article qui les vise soit disjoint et fasse l'objet d'une proposition spéciale relative au statut des fonctionnaires ; que par contre, la proposition de la loi accordant la capacité civile pleine et entière aux Syndicats professionnels et à leurs unions soit votée immédiatement par le Parlement avant la fin de la législature.

Sites et monuments naturels. - Le Congrès émet le vœu : Que la proposition de loi, ayant pour objet de modifier la loi du 21 avril 1906, sur la protection des sites et monuments naturel, soit adoptée par le Parlement.

Réserves nationales boisée. - Que la proposition de loi de M. Charles Beauquier, tendant à créer des réserves nationales boisées en vue d'hygiène et de conservation de la beauté des sites, créant un aménagement forestier spécial hygiénique et esthétique, soit étendue à tous les départements et présentée d'urgence au Parlement.

Halles centrales. - Le Congrès émet le vœu : Qu'en conformité des lois et règlements existants ou de ceux qui pourraient être édictés, les Halles centrales soient réserves aux transactions directes entre les consommateurs et les producteurs ou leurs mandataires autorisés, à l'exclusion de tous les intermédiaires.
 

Publié dans Organismes, Syndicalisme

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