TANVIRAY Jules (1847-1900)
Jules Séverain Pierre TANVIRAY
Né le 2 janvier 1847 à Pray (Loir-et-Cher), fils de René Tanviray (cultivateur) et de Marie-Anne Bordier.
Décède le 28 août 1900 à Cottenchy (Somme), célibataire, âgé de 53 ans.
Garde Nationale Mobile (sergent) : Jules Tanviray se distingue par sa bravoure pendant la guerre 1870-1871
Fermier, chef de culture sur domaine de l'Orfrasière (Nouzilly, Indre-et-Loire) appartenant Charles Robert de Wendel d'Hayange, maître de forges
Membre titulaire de la Société d'Agriculture d'Indre-et-Loire
Professeur de la chaire d'agriculture de Loir-et-Cher
Chevalier de la Légion d'honneur en 1885
1886-1900
Premier directeur de la École pratique d'agriculture du Paraclet (Cottenchy, Somme)
+ 6 domestiques
1876
Recensement Nouzilly L'Orfrasière (ferme) 1876, ADIL p. 31
TANVIRAY Jules, célibataire, fermier, 29 ans, né Pray Loir-et-Cher
+ 1 chef de culture, 1 laboureur, 5 domestiques.
Le château de l'Orfrasière appartient à Charles Robert de Wendel d'Hayange, maître de forges.
1879
Journal d'agriculture pratique. 1879. 43e année. Tome I.
24 avril 1879. N° 17
p. 559-560
Chronique agricole
Samedi 10 mai 1879
[Nouvelles chaires constituées postérieurement à la circulaire du 17 octobre 1874]
À la suite du concours et des examens qui ont eu lieu à Blois au commencement de mois de mars, M. Tanviray a été nommé titulaire de la chaire d'agriculture de Loir-et-Cher.
M. Tanviray est ancien élève et lauréat des écoles de la Charmoise et de Grand-Jouan. De plus, il cultive comme fermier, depuis 1871, la belle exploitation de l'Orfrasière [Nouzilly, Indre-et-Loire] qui contient plus de 200 hectares.
1883
Journal d'agriculture pratique, 16 août 1883, p. 219
Le comice de l'arrondissement de Blois organise un concours spécial de sulfureuse [traitement anti phylloxérique des vignobles au sulfure de carbone], à l'occasion de sa fête agricole annuelle qui aura lieu cette année à Saint-Aignan le 26 du présent mois. Il fait appel à tous les constructeurs de France.
Outre les prix qui seront décernés aux meilleures machines entrant en lice, la sulfureuse classée première par le jury sera achetée pour le compte du département.
S'adresser pour les déclarations et renseignements à M. Tanviray, secrétaire général de la Société d'agriculture de Loir-et-Cher, à Blois.
1883
Journal d'agriculture pratique, 4 octobre 1883, p. 469-471
Le 7 juillet dernier, un grand nombre de cultivateurs se sont réunis à Blois, sur l'initiative de M. Tanviray, professeur départemental d'agriculture de Loir-et-Cher. Il s'agissait de fonder une société qui a pour titre : Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher.
Quel est le but de cette institution ? Les statuts adoptés par l'assemblée générale du 7 juillet, et que nous reproduisons, vont nous l'apprendre.
But et organisation du Syndicat
Art. 1er. - Il est institué entre les cultivateurs du département, une association qui prend le titre de Syndicat des Agriculteurs de Loir-et-Cher.
Art. 2 - Cette association a pour but l'achat en commun de toutes matières premières utiles à l'agriculture, afin de les obtenir à meilleur marché. Elle se propose surtout de réprimer la fraude dans le commerce des engrais.
Le syndicat s'efforcera encore d'éclairer les cultivateurs sur le choix des matières fertilisantes convenables, suivant la nature du sol et les exigences diverses des cultures. À cet effet, les sociétaires devront adresser leurs commandes au président, avant le 1er février et le 15 août de chaque année pour les engrais, et avant le 15 avril pour les soufres. Ils devront indiquer la nature de leur sol, la culture à laquelle ils destinent l'engrais et la somme qu'ils désirent consacrer à son achat. Pour les cultivateurs fixés sur l'espèce d'engrais qu'ils doivent employer l'indication de la quantité suffira.
Art. 3. - Le siège de la Société est au chef-lieu du département. Sur la convocation du président, elle se réunit au moins une fois chaque année en assemblée générale.
Art. 4. - À cette réunion, qui doit avoir lieu en décembre, il sera rendu compte par le bureau des opérations de l'année, et la situation financière du syndicat.
Art. 5. - Le nombre des sociétaires est illimité. Pour faire partie de l'association, il faut être présenté par deux membres et admis par décision de l'assemblée générale. Le bureau peut accepter de nouveaux membres ; mais à titre provisoire seulement.
Art. 6. - La cotisation annuelle est de 1 fr. Elle est due à partir du 1er janvier, et payable chaque année avant le 1er avril. Les frais de recouvrement par la poste sont à la charge des adhérents.
Art. 7. Tout sociétaire doit sa cotisation entière de l'année quelque moment qu'il cesse de faire partie de la société ou qu'il y soit admis. Il reste membre du syndicat, tant qu'il n'a pas adressé sa démission au président.
Art. 8. - Le syndicat est administré par un bureau composé de : Un président ; deux vice-présidents ; un trésorier ; un secrétaire ; un vice-secrétaire.
Art. 9. - Le bureau est élu en assemblée générale à la majorité des membres présents. Il est renouvelable par moitié tous les deux ans. Les membres sortants sont rééligibles. Pour commence le roulement, le vice-président et le trésorier sortent les premiers.
Art. 10. - Toutes les délibérations seront prises à la majorité des sociétaires présents.
Art. 11. - Le bureau peut, pour des raisons graves dont il est seul juge, prononcer l'exclusion d'un membre. Cette décision est prise d'office contre un sociétaire qui n'aurait pas fidèlement rempli ses engagements quant au paiement des achats réalisés par l'intermédiaire du syndicat.
Budget.
Art. 12. - Le budget du syndicat se compose du montant total des cotisations annuelles. Il est prélevé sur ses ressources les sommes nécessaires pour couvrit les fais d'analyses, de correspondance, de publicité, et les autres dépenses faites dans l'intérêt de la société.
Attribution des membres du Bureau.
Art. 13. - Les poursuites à exercer contre les marchands d'engrais qui n'auraient pas loyalement rempli leurs engagements seront faites au nom de l'acheteur intéressé ; mais aux frais et diligence du syndicat.
Art. 14. - Aucun procès ne pourra être engagé sans l'assentiment du bureau. Les membres ne contractent, en raison de leur gestion, aucune obligation personnelle ni solidaire, relativement aux engagements du syndicat ; ils ne répondent que de l'exécution de leur mandat (art. 22 du Code de commerce.)
Art. 15. - Le président convoque les sociétaires en assemblée générale. Les membres du bureau se réunissent sur son invitation pour délibérer des intérêts du syndicat. Il préside ces réunions, et dirige les débats. En cas de division, sa voix est prépondérante.
Art. 16. - Le vice-président remplace le président en cas d'absence ou empêchement.
Art. 17. - Le trésorier est chargé de la comptabilité dont il est responsable et doit rendre compte à toute réquisition, ou au moins un fois par an, en assemblée générale. Les recouvrements sont faits par ses soins. Il effectue les paiements sur ordonnancement du président.
Art. 18. - Le secrétaire rédige le procès-verbal de chaque séance. Il en donne lecture au commencement de celle qui suit. Il est chargé de la correspondance, sous la direction du président. Le classement et la garde des archives sont sous sa responsabilité.
Art. 19. - Toutes les fonctions des membres du bureau sont gratuites.
Art. 20. - Les matières fertilisantes ou autres, achetées pour le compte des cultivateurs syndiqués, seront payés comptant ou à trois mois. Les sociétaires qui désireraient de plus longs termes devront s'entendre à cet effet avec le vendeur. Le syndicat n'est pas une entrave au crédit dont les cultivateurs ont besoin. Mais il n'est pas responsable de la solvabilité de ses membres.
Art. 21. - Toute proposition faite en assemblée générale doit être écrite et déposée au bureau.
Art. 22. - Toutes demandes tendant à modifier les présents statuts devront être signées de vingt membres et communiquées au bureau quinze jours au moins avant la réunion générale. Elles ne pourront être acceptées qu'à la majorité des deux tiers des membres présents.
Dissolution.
Art. 23. - La dissolution du syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher ne pourra être décidée qu'en Assemblée générale à ma majorité des deux-tiers de la totalité des membres. Dans ce cas, une décision sera prise concernant l'usage à faire de l'actif de la Société.
L'assemblée générale du 7 juillet [1883] a nommé pour président du syndicat, M. Tanviray, le promoteur de l'institution, le professeur zélé qui, dans son enseignement nomade, a montré aux cultivateurs le profit qu'ils pourraient tirer de l'association pour l'achat en commun des engrais, des semences, etc. ; pour vice-présidents MM. Gorteau, conseiller général et Morin, maire de Romorantin ; pour trésorier M. Mangon, maire de Cheverny ; pour secrétaire, M. Lucas, trésorier du comice de Vendôme, et pour vice-secrétaire M. Gauvin, conseiller d'arrondissement à Mer.
Bien que le syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher ne date que de quelques mois, il compte dès maintenant 265 adhérents. Le conseil général, dans sa dernière session, lui a accordé une subvention de 200 fr.
Aussitôt constitué le bureau s'est mis en relation avec les principaux fournisseurs d'engrais, et il a pu acheter pour le compte de 65 cultivateurs, 64 000 kg de bons engrais vendus à leur valeur réelle. Le fournisseur qui a traité avec le syndicat, s'engage à livrer les membres de l'association, avant le 10 octobre prochain, les matières premières et engrais désignés ci-après :
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QUANTITÉ kg |
DOSAGE % À L’ÉTAT NORMAL |
PRIX. |
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Phospho-guano |
25 700 |
14 à 16 d’acide phosphorique soluble dans l’eau ; 2,4 à 2,6 d’azote ammoniacal |
19,00 |
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Sulfate d’ammoniaque |
2 100 |
20 à 21 d’azote |
45,50 |
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Phospho-guano azoté |
700 |
14 à 16 d’acide phosphorique soluble et assimilable ; 5 d’azote ammoniacal |
24,35 |
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Superphosphate minéral |
10 800 |
18 à 20 d’acide phosphorique soluble dans le citrate |
14,05 |
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Superphosphate d’os |
1 700 |
0,5 à 1 d’azote ; 16 à 18 d’acide phosphorique soluble |
17,00 |
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Phosphate fossile |
4 000 |
45 à 50 de phosphate de chaux |
6,50 |
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Engrais complet (céréales) |
900 |
10 d’acide phosphorique soluble dans l’eau ; 3 d’azote nitrique ; 5 de potasse |
18,00 |
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Engrais incomplet (vignes) |
1 400 |
12 à14 d’acide phosphorique soluble dans l’eau ; 5 de potasse ; |
13,90 |
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Engrais complet (vignes) |
300 |
4 d’azote nitrique ; 6 d’acide phosphorique soluble dans l’eau, 14 de potasse |
20,70 |
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Poudre de corne |
400 |
13 à 14 d’azote |
24,00 |
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Acide sulfurique |
160 |
53° |
10,00 |
Ces engrais seront facturés sur analyse et d'après les bases suivantes :
Engrais fabriqués.
Azote ammoniacal, 2,35 francs l'unité.
Azote nitrique, 2 francs l'unité.
Azote organique, (corne, sang, chair), 2,20 francs.
Acide phosphorique soluble dans l'eau, 0,95 francs.
Acide phosphorique soluble dans le citrate à froid, 0,90 francs.
Potasse 0,50 francs.
Matières premières.
Azote ammoniacal, 2,27 francs.
Azote nitrique, 1,93 francs.
Acide phosphorique soluble dans l'eau, 0,84 francs.
Acide phosphorique soluble dans le citrate à froid, 0,78 francs.
Acide phosphorique insoluble, 0,30 francs.
Le contrat stipule encore les conditions suivantes :
Les livraisons auront lieu dans toutes les gares de Loir-et-Cher, pour toutes quantités sur la rive gauche de la Loire ; mais seulement par wagons complets de 5 ou 10 000 kg, sur la rive droite.
Pour les expéditions de moins de moins de 5 000 kg, le transport sera à la charge des destinataires.
En sus des prix plus haut mentionnés, les acheteurs auront à payer un supplément de 1 franc par 100 kg pour l'emballage des superphosphates et des engrais fabriqués.
Le paiement des engrais aura lieu au domicile des syndiqués à trois mois, date de livraison. Ceux qui paieront comptant profiteront d'une remise de 2 %. Pour les paiements à 30 jours l'escompte sera de 1 %. Enfin, les acheteurs qui auront besoin d'un crédit dépassant trois mois devront tenir compte au fournisseur de l'intérêt du retard à raison de 5 % l'an. Le vendeur se réserve dans ce cas le droit de demander des garanties. Il ne sera pas tenu non plus de livrer à terme aux personnes d'une solvabilité douteuse.
Pour le sulfate d'ammoniaque, l'acide sulfurique et la corne torréfiée, les paiements seront exigibles à 30 jours sans escompte.
Les prises d'échantillons auront lieu en gare d'arrivée ou en gare de Blois, en présence du vendeur ou de son représentant.
Les frais d'analyse seront à sa charge jusqu’à concurrence de 15 francs.
La vérification des dosages garantis sera faite aux choix de l'acheteur, ou au laboratoire de l'Institut agronomique, ou à celui de l'école des Mines, ou enfin au laboratoire départemental à Blois.
Enfin le fournisseur s'engage à livrer jusqu'au 1er mars 1884, aux mêmes conditions, telles quantités d'engrais qui seront demandées par l'intermédiaire du syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, mais sans délai fixe de livraison.
Voilà une Société qui rendra à coup sûr les plus grands services dans le Loir-et-Cher, puisque, moyennant une cotisation de 1 franc par an, les associés pourront acheter toutes sortes de matières fertilisantes vendues sur titre et aux conditions les plus avantageuses. Que de mécomptes on éviterait au paysan, victime inconsciente des fraudeurs d'engrais et des marchands de graines de pacotille, si l'on organisait partout des syndicats de ce genre. On arriverait ainsi à augmenter rapidement le rendement des récoltes tout en diminuant leur prix de revient.
Eût-il même la certitude de n'être jamais trompé sur la valeur des engrais ou des graines qu'il achète, que le petit cultivateur aurait encore avantage à fonder des sociétés coopératives, car l'achat au petit détail est la ruine des petites bourses.
1883
Journal d'agriculture pratique, 13 décembre 1883, p. 832-833
Nous recevons de M. Tanviray, professeur départemental d'agriculture et président du syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, la lettre suivante :
Blois, le 8 décembre 1883,
Monsieur le Rédacteur en chef, [M. Édouard. LECOUTEUX]
La réunion des cultivateurs en associations syndicales, pour l'achat en commun des engrais surtout, répond à un besoin si réellement impérieux, que de toutes parts nous recevons des demandes de renseignement. Beaucoup de personnes dévouées aux intérêts de l'Agriculture, veulent nous imiter.
Sachant, monsieur le Rédacteur en chef, que votre concours est acquis à toute œuvre utile, je vous prie de bien vouloir être assez bon pour donner l'hospitalité de vos colonnes à la note ci-jointe.
Veuillez agréer, etc.
Le Président du syndicat.
TANVIRAY
Voici la note dont il est question dans cette lettre :
Nos honorables correspondants des Ardennes, de l'Aube, du Cantal, d'Indre-et-Loire, de la Manche, de l'Oise, de Seine-et-Marne, de Seine-et-Oise, et des Vosges sont priés, vu leur nombre, de nous permettre de répondre par la voie de la Presse aux questions qu'ils ont bien voulu nous poser. Nos renseignements, de cette façon, pourront profiter à un plus grand nombre d'intéressés, et notre tâche sera simplifiée.
1° Le syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher est une association libre qui peut rentrer dans la catégorie des syndicats professionnels ; bien qu'elle compte dans ses rangs presque tous les dignitaires et beaucoup de membres de nos comices agricoles, elle n'est reliée par aucun lien à ces institutions. Ce n'est qu'en raison des services que cette Société peut rendre aux cultivateurs, aux petits, surtout, que le Conseil général du département a bien voulu lui accorder une subvention.
2° Les statuts du syndicat, pour des raisons qu'il est inutile de développer ici, ne permettent pas d'admettre dans son sein des membres étrangers au département de Loir-et-Cher.
3° Pour recruter promptement des adhérents, nous avons envoyé une liste d'adhésions à tous les maires, en les priant de nous la retourner, après l'avoir fait circuler dans leur commune.
4° Les commandes d'engrais doivent être centralisées à deux époques différentes de l'année, au 1er février et au 15 août ; celles de soufre pour la vigne, au 15 avril. Les cultivateurs qui ne sont pas fixés sur le choix de l'engrais à employer se contentent de nous indiquer la nature de leur sol, la plante à cultiver, et la somme qu'ils veulent consacrer à l'achat de matières fertilisantes.
5° Les commandes réunies sont transmises au fournisseur ; il est lié par un contrat envers l'association, et doit les exécuter à des conditions déterminées.
6° Tous les engrais achetés par l'intermédiaire du syndicat sont analysés. La prise d'échantillons a lieu en gare d'arrivée, contradictoirement, entre le vendeur et l'acheteur ou un membre du bureau. Le résultat de l'analyse connu, le président appose son visa sur la facture provisoire dont le paiement ne peut être exigible avant cette formalité.
7° En groupant les commandes de 75 cultivateurs, tout en n'achetant que de très bons engrais, nous avons obtenu une réduction de prix qui s'est élevée jusqu’à 30 %. Des acheteurs de 200 kg ont pu bénéficier de cette importante remise, et jouir en même temps de la certitude que les produits qui leur ont été livrés n'étaient pas frelatés.
Le président du syndicat,
TANVIRAY
NOTA. - La brochure contenant les statuts de la société et quelques explications sur son mode de fonctionnement est adressée franco contre 0,25 francs à toute personne qui nous en fera la demande.
Nous rappelons à nos lecteurs que les statuts du syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, le premier en date, ont été publiés en entier dans notre numéro du 4 octobre dernier (p. 469).
1884
Journal d'Agriculture pratique, 14 février 1884, p. 223
Le Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher a tenu sa seconde assemblée générale le 15 décembre dernier [1883], sous la présidence de M. Tanviray. Dans un rapport substantiel, chaleureusement applaudi par l'assistance, l'honorable professeur départemental d'agriculture a raconté ce que la jeune association a fait dans le cours de sa première campagne, et a montré, par l'exposé des services déjà rendus, l'importance des services que le syndicat est appelé à rendre aux cultivateurs du pays.
En quelque mois, le syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher a rallié 315 adhérents, répartis sur 80 communes, et pour ses débuts, il a acheté 81 000 kg d'engrais pour le compte de 75 associés. Sur ces 75 acheteurs, 30 ont payé comptant, 24 ont payé à trois mois, 7 paieront à un an et 14 n'avaient pas encore reçu leur facture définitive à la date du 15 décembre. Comme le fait remarquer fort justement M. Tanviray, le syndicat n'est donc pas une entrave pour les personnes qui ont besoin de crédit. Il faut noter que les achats d'engrais ont été faits aux meilleures conditions et que tous les syndiqués bénéficient des réductions de prix consenties par le fournisseur, même pour des commandes de 100 kg (voir le numéro du 4 octobre 1883, p. 470). Il faut noter encore qu'aucune livraison n'a été faite sans qu'un échantillon, prélevé contradictoirement avec le vendeur n'ait été analysé. C'est seulement après la vérification du dosage que le président appose son visa sur la facture dont le paiement ne peut être exigible sans l'accomplissement de cette formalité. Il n'y a donc pas de fraude possible partout où le syndicat étend son action.
Le syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher achète pour le compte de ses adhérents, non seulement des engrais, mais encore du plâtre, du soufre pour les vignes, du sel et des tourteaux pour le bétail, du fil de fer pour l'installation des vignobles, etc.
1885
Chevalier de la Légion d'honneur
TANVIRAY Jules Pierre Séverin
Professeur départemental d'agriculture
Né à Pray (41) le 2 janvier 1847
Chevalier LH 33007 le 16 septembre 1885
Résumé des services
S'est distingué par sa bravoure pendant la guerre 1870-1871
A contribué beaucoup aux progrès de l'agriculture
1º En dirigeant pendant 10 années une ferme modèle [domaine de l'Orfrasière (Nouzilly, Indre-et-Loire) ] de 220 ha et en y appliquant les méthodes les plus rationnelles.
2º Par son enseignement dans les écoles normales et dans les conférences nomades qu'il faisait chaque année
3º Par l'impulsion qu'il a donné au mouvement syndical en France :
Il a fondé dans le département de Loir-et-Cher :
5 associations pour l'exécution du battage mécanique des céréales,
6 sociétés d'assurance mutuelle contre la mortalité du bétail,
1 syndicat de vignerons, pour la vente directe du vin à la consommation,
22 syndicats viticoles anti phylloxérique,
1 syndicat d'agriculteurs, rayonnant sur tout le département, et comptant aujourd'hui plus de 700 membres.
Les brillants résultats obtenus par cette dernière société, ses succès, ont fait quelque bruit. Non seulement la Presse agricole de Paris, mais encore les grands journaux politiques, le Temps, la République française, Le Soir, l'Économiste en ont parlé en termes très élogieux.
De tous les points de la France et même de l'Étranger, sont venues des demandes de renseignements sur l'organisation et le fonctionnement du Syndicat des Agriculteurs de Loir-et-Cher. Son fondateur a reçu plus de 120 lettres émanant de députés, conseillers généraux, présidents de comices, de personnages dévoués à la Chose publique désireux de fonder aussi dans leurs centres respectifs des syndicats de cultivateurs.
Il est possible que plus de cent associations ont été créées depuis deux ans à l'instigation du Président du Syndicat de Loir-et-Cher (Presque toutes ces Sociétés ont adopté les statuts de leur sœur aînée de Loir-et-Cher).
Signé J. Tanviray
Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur,
Professeur départemental d'Agriculture,
Président du Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher,
Secrétaire général de la Société d'Agriculture de Loir-et-Cher.
1885
Ecole d'agriculture pratique du Paraclet
La ferme école a été créée en 1885 au Paraclet qui, mine de rien, est un vieux lycée !
Le Paraclet est isolé du village de Boves et de Cottenchy mais reste à proximité d'Amiens (seulement 11Km). Ce qui est pratique, c'est que les terres arables sont quasiment d'un seul tenant et se situent autour de la ferme.
1900
Nécrologie
Journal d'agriculture pratique, 6 septembre 1900, N° 36, p. 344
Nous avons également le regret d'annoncer la mort de M. Jules-Pierre-Séverin Tanviray, directeur de l'école pratique d'agriculture du Paraclet (Somme).
M. Tanviray était professeur départemental d'agriculture lorsqu'il fonda à Blois, en 1883, - un an avant le vote de la loi de 1884 - le syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, dont les statuts ont servi de modèle à la plupart des associations syndicales agricoles qui ont été établies depuis cette époque. Il a donc été le promoteur d'une oeuvre qui a déjà rendu et qui est appelée à rendre de plus en plus d'immenses services à l'agriculture.
M. Tanviray avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur pour avoir sauvé, pendant la guerre de 1870, en qualité de sergent de mobiles, le drapeau de son bataillon. Il était âgé de 53 ans.
1901
MUSÉE SOCIAL. Société reconnue d'utilité publique par décret en date du 31 mars 1894. PARIS, 5, rue Las-Cases, N° 2 - Février, Année 1901, p. 60-62, (Gallica)
II. Le premier syndicat agricole
Aujourd'hui que les Syndicats agricoles ont dépassé le nombre de 2 000 (la dernière édition de l'Annuaire des Syndicats professionnels, publié par le ministère du commerce, relevait, le 31 décembre 1899, l'existence de 2 069 Syndicats agricoles) ; il est intéressant de se reporter au point de départ de ces associations qui ont eu une si rapide fortune.
Le plus ancien Syndicat agricole est le Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, fondé le 7 juillet 1883, plus de huit mois avant le vote de la loi des Syndicats professionnels. Les circonstances qui motivèrent son organisation, destinée à servir de type, méritent d'être rapportées.
M. Tanviray, professeur départemental d'agriculture de Loir-et-Cher, s'efforçait de faire comprendre aux cultivateurs de ce département la nécessité d'obtenir de hauts rendements, afin de réduire les frais de culture et d'accroître le bénéfice net. A cet effet, il les engageait à compenser l'insuffisance des engrais de ferme par l'emploi d'engrais industriels, et ses conseils auraient été plus généralement suivis si les cultivateurs n’avaient craint d'être victimes des fraudes innombrables, alors reprochées au commerce des engrais. Pour le département seul, il évaluait au-dessus de 300 000 francs le préjudice annuel causé à la culture par la sophistication des matières premières qu'elle achetait alors, et il fait observer, non sans raison, que les conséquences de la fraude des engrais sont incalculables. Le cultivateur trompé perd, au lieu de gagner, et le plus souvent sa mésaventure le conduit à renoncer absolument à l'emploi d'engrais commerciaux. Dès lors, il est voué aux rendements précaires et peu rémunérateurs.
Cependant les cultivateurs du Loir-et-Cher ne savaient pas quelles mesures prendre pour lutter contre les fraudes croissantes lorsque se produisit un incident qui eut un grand retentissement dans le pays. Un marchand d'engrais, ayant vendu à un certain nombre de cultivateurs du phospho-guano à un prix très élevé d'ailleurs, leur livra, au lieu de cet engrais, un résidu de la fabrication du gaz qui, au lieu de favoriser la végétation, brûlait les plantes. 100 à 120 cultivateurs qui avaient fait usage de ce produit durent réensemencer plusieurs fois leurs terres. Ce fut un désastre. Sur les plaintes de plusieurs municipalités, le Parquer s'émut et traduisit le négociant en police correctionnelle pour tromperie sur la qualité de la marchandise vendue ; mais le tribunal acquitta le prévenu.
"Ce procès fut pour nous, a dit M. Tanviray, la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Si dans un cas pareil, la loi, les tribunaux sont impuissants à protéger la culture, il faut chercher ailleurs un remède, un préservatif. Nous avons cru le trouver dans l'association." L'idée lui vint de grouper les cultivateurs du département en association pour leur permettre de se défendre contre les fraudeurs d'engrais. C'était une idée féconde. M. Tanviray commença à la développer dans ses conférences et dans les réunions d'agriculteurs où elle fut généralement bien accueillie. Il publiait à Blois au commencement de l'année 1883, une petite brochure, aujourd'hui introuvable, ayant pour titre Syndicat des agriculteurs du Loir-et-Cher (Projet de création). Après avoir rappelé les notions élémentaires sur la composition chimique des végétaux, l'emploi des engrais complémentaires et leur influence sur le bénéfice net de la production, il insistait sur le préjudice énorme causé à la culture par les falsificateurs d'engrais et proposait, dans les termes suivants, le meilleur moyen de se prémunir contre la fraude : "Les Syndicats sont des associations de personnes ayant des intérêts identiques, une cause commune à défendre. N'est-ce pas le cas des cultivateurs su souvent victimes des falsificateurs d'engrais ? L'union fait la force. Nous sommes absolument convaincus qu'une association syndicale des agriculteurs aurait les plus heureuses conséquences pour la prospérité agricole du département :
"1° Elle permettrait de réaliser une certaine économie sur le prix d'achat car chacun sait qu ces prix s'abaissent en raison de l'importance des commandes. En centralisant celles de tous les syndiqués, elles atteindraient de gros chiffres.
"2° Les membres de l'association trouveraient un autre avantage dans le choix judicieux des matières fertilisantes, basé sur la nature des sols et les exigences diverses des plantes.
"3° Enfin, et surtout, ils pourraient acheter en toute sécurité les engrais qui leur sont nécessaires, car la fraude deviendrait impossible vis-à-vis d'un syndicat bien dirigé."
M. Tanviray ajoutait que l'influence bienfaisante de l'Association projetée moraliserait forcément le commerce des engrais et que les avantages obtenus par les cultivateurs dans l'achat collectif des matières fertilisantes pourraient s'étendre à l'achat des soufres pour le soufrage des vignes, des plâtres pour les prairies, du sel, des tourteaux, etc... Ces prévisions diverses se sont trouvées pleinement réalisées.
La brochure se terminait par le projet de statuts du Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher et la rédaction de ces statuts était si précise, si adéquate au but à atteindre qu'ils sont demeurés un type encore suivi aujourd'hui par de nombreux Syndicats agricoles. Nous en rappelons ici les principaux articles
ART. 1er. - Il est institué entre les cultivateurs du département, une association qui prend le titre de Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher.
ART. 2. - Cette association a pour but l'achat en commun de toutes les matières premières utiles à l'agriculture, afin de les obtenir à meilleur marché. Elle se propose surtout de réprimer la fraude dans le commerce des engrais.
Le Syndicat s'efforcera encore d'éclairer les cultivateurs sur le choix des matières fertilisantes convenables, suivant la nature du sol et les exigences diverses des cultures. A cet effet, les sociétaires devront adresser leurs commandes au Président, avant le 1er février et le 25 août de chaque année, pour les engrais, et avant le 15 avril pour les soufres. Il leur suffira d'indiquer la nature de leur sol, la culture à laquelle ils destinent l'engrais et la somme qu'ils désirent consacrer à son achat.
ART. 13. - Les poursuites à exercer contre les marchands d'engrais qui n'auraient pas loyalement remplis leurs engagements seront faites au nom de l'acheteur intéressé, mais aux frais et diligence du Syndicat.
ART. 14. - Aucun procès ne pourra être engagé sans l'assentiment du Bureau. Les membres ne contractent, en raison de leur gestion, aucun obligation personnelle no solidaire, relativement aux engagements du Syndicat ; ils ne répondent que de l'exécution de leur mandat (art. 32 du Code de commerce).
ART. 20. - Les matières fertilisantes ou autres, achetées pour le compte des cultivateurs syndiqués, seront payées comptant ou à trois mois. Les sociétaires qui désireraient de plus longs termes devront s'entendre à cet effet avec le vendeur. Le Syndicat n'est pas une entrave au crédit dont les cultivateurs ont besoin. Mais il n'est pas responsable de la solvabilité de ses membres.
Au mois de mai 1883, M. Tanviray adressa des listes d'adhésion à tous les maires du département. 70 répondirent à son appel et lui retournèrent des listes portant 200 signatures. Le 7 juillet, les adhérents furent convoqués en Assemblée générale à Blois. Ils adoptèrent les statuts et élièrent le bureau à la tête duquel fut placé M. Tanviray. Le Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher était constitué. Il commença immédiatement ses opérations en groupant les commandes d'un certain nombre de ses membres et en ouvrant, afin de les réaliser, une sorte de concours auquel il convia à prendre part quelques-uns des plus important et des plus honorables négociants d'engrais du département et de la France entière. À la suite de l'examen des propositions reçues, le bureau traita avec l'un d'eux qui eut à fournir à 75 cultivateurs syndiqués un total de commande s'élevant à 81 000 kilos d'engrais.
Les conditions du marché furent très avantageuses pour les cultivateurs et le Syndicat tint ses promesses en prévenant, d'une façon certaine, la sophistication des produits vendus.
À cet effet, dans toute livraison effectuée, un échantillon était prélevé contradictoirement avec le vendeur afin d'être soumis à l'analyse. C'était seulement après vérification du dosage que le visa du président apposé sur la facture en rendait le paiement exigible. En résumé, les droits et intérêts des agriculteurs syndiqués se trouvaient sauvegardés de la façon la plus efficace, et M. Tanviray pouvait proclamer à bon droit que "la fraude cesse d'être un danger partout où le syndicat étend son action".
Lors de la première Assemblée générale ordinaire, le 15 décembre 1883, le Syndicat des Agriculteurs de Loir-et-Cher comptait déjà 315 membres et rayonnait sur 80 communes du département. Le bruit des services qu'il rendait à l'agriculture s'était répandu et, de toutes parts, des renseignements étaient demandés sur l'organisation et le fonctionnement de l'association.
À l'assemblée générale du 19 décembre 1885, deux ans après, le syndicat comptait 830 membres et la quantité totale d'engrais atteignait 883 000 kilog. La bonification de prix obtenue sur l'ensemble des achats traités par le syndicat pouvait être évaluée à 75 000 ou 80 000 francs, les frais correspondants, mis à la charge des syndiqués, n'étant que de 1 713 francs (cotisation annuelle de un franc et rétribution de 0,10 francs par quintal d'engrais fourni).
"Moins de 2 000 francs de dépenses, plus de 75 000 francs de bénéfice : voilà Messieurs, disait M. Tanviray, notre bilan pour l'exercice 1885 ! Il n'existe pas beaucoup, que je sache du moins, de sociétés financières donnant de semblables dividendes à leurs actionnaires."
Quelques années plus tard, les achats d'engrais s'élevaient à 5 à 6 millions de kilogrammes par an, tandis que le nombre des membres s'est maintenu d'une façon à peu près constante, malgré la création de nombreux syndicats locaux, agricoles et viticoles, dans le département.
Quant au fondateur du syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, il a dû, quelques années plus tard, en quittant la chaire d'agriculture de de département pour prendre la direction de l'École pratique d'agriculture de Paraclet (Somme), laisser son œuvre en d'autres mains. Mais on se souviendra qu'en escomptant les promesses de la loi du 21 mars 1884 pour créer un type nouveau d'association dont l'objet était si bien approprié aux besoins des cultivateurs, en formulant ses statuts avec une entente si remarquable et en démontrant pratiquement avec tant d'évidence l'efficacité du groupement professionnel, M. Tanviray a été l'initiateur du mouvement syndical agricole.
1950
AUGÉ-LARIBÉ Michel, La politique agricole de la France de 1880 à 1940, Presses Universitaires de France, 1950. 483 p. (Gallica, pdf, numérisé)
p. 133-134
Tout ce qui a été fait de vraiment utile en matière d'organisation agricole est parti de la création du premier syndicat. Il est l'œuvre d'un petit fonctionnaire départemental et de quelques fermiers et cultivateurs du Loir-et-Cher, œuvre de praticiens qui, au moment où il fallut se procurer des engrais pour abaisser le prix de revient du blé, en eurent assez d’être volés par leurs fournisseurs. Il va sans dire que, par la suite, quand des hommages sont venus au Syndicat de Blois, d’autres groupements ont revendiqué l’honneur d’avoir eu l’initiative de l’achat en commun des engrais. Le Syndicat du Loir-et-Cher ne serait que le troisième. Mais il est le premier dont on ait parlé, le premier qui ait répondu aux demandes d’explications venues de toutes parts et qui, dès le début, ait vu plus loin que les engrais. Voici le faire-part de sa naissance dans la chronique de Lecouteux (Jour. d’agr. prat. 1883, II, p. 469) : Le 7 juillet, sur l’initiative de Tanviray, professeur départemental d’agriculture de Loir-et-Cher, fondation d’une société ayant pour titre Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher, art. 2. Cette association a pour but l’achat en commun de toutes les matières premières utiles à l’agriculture afin de les obtenir à meilleur marché. Elle se propose surtout de réprimer la fraude dans le commerce des engrais. Le Syndicat s’efforcera d’éclairer les cultivateurs sur le choix des matières fertilisantes convenables suivant la nature du sol et les exigences diverses des cultures. À la deuxième assemblée générale ; le 15 décembre 1883, le Syndicat comptait 315 adhérents dans 80 communes, il avait acheté 81 000 kg. d’engrais pour 75 associés, dont 30 ont payé comptant, 24 ont payé à trois mois, 7 paieront à un an et 14 n’avaient pas encore reçu leur facture. Donc ; est-il ajouté (Jour. d’agr. prat. 1884, I, p. 223), le Syndicat n’est pas une entrave pour les personnes qui ont besoin de crédit. Il achète aussi du plâtre, du soufre pour les vignes, du sel et des tourteaux pour le bétail, du fil de fer pour les vignobles, etc. J’insiste sur ce début modeste parce qu’on y voit l’intervention dans la politique générale d’un inventeur, d’un lanceur d’idées. C’est la part, trop minime, de l’initiative et de la confiance en soi. Pour une fois, les agriculteurs, ceux qui cultivent, se défendent eux-mêmes. Si nous n’étions pas si complètement fermés au sentiment de la reconnaissance et aux enseignements de l’histoire, c’est Tanviray et non pas Sully, qui aurait son portrait dans la grande salle des maison paysannes. C’est lui qui a semé et c’est un peu partout en France qu’on a récolté. Quelques semaines après, ont peut lire dans le Journal d’agriculture pratique (1883, II, p. 724) : « À l’exemple des agriculteurs du Loir-et-Cher, les agriculteurs de l’Aisne se proposent d’organiser un syndicat pour l’achat en commun de leurs engrais et de leurs semences ». Et pendant plusieurs années la chronique du Journal inscrira de nouvelles fondations de syndicats. Bien qu’il ne soit pas de langue française, le mot lui-même fait merveille. Il vient des régions méridionales où les « municipaux » ont été des syndics, où des canaux d’arrosage étaient administrés par des syndics, où les groupements pour la défense contre le phylloxéra ont été désignés sous le nom de syndicats. En 1883, il y avait un syndicat de Bézier qui était une association de planteurs de vignes américaines. Le mot portant la chose, la nouvelle formule d’association provigne de tous côtés.