GÉRIN Léonie (1856-1906) épouse Noël VALOIS

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Photo extraite de "La Chèvre" par Joseph Crépin, 1906

Photo extraite de "La Chèvre" par Joseph Crépin, 1906

Léonie GÉRIN dite Mme Noël VALOIS

Née le 25 novembre 1856

Décédée le 12 novembre 1906

1880

Elle épouse de Noël VALOIS (1855-1915) archiviste-paléographe historien, le 28 janvier 1880, avec lequel elle a deux fils : Charles et Jean

1875 :

A partie de 1875, elle élève des chèvres sur son domaine de Lestiou (Loir-et-Cher). Voir détails ci-après.

1906 :

Elue vice-présidente de la Section d'Etudes Caprines à la Société Nationale d'Acclimatation le 6 avril 1906 

1906

Création de la Section d'études caprines

 

Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation. 1906

Séance du 6 avril 1906

p 186-189

M. le comte d'ORFEUILLE propose l'élection du bureau de la nouvelle section d'Etudes caprines. Cette élection donne les résultats suivants à l'unanimité de tous les membres présents :

Président : M. le baron de GUERNE

Vice-Présidents : Mme Noël VALOIS ; M. le Dr GRANEL

Secrétaire : M. CRÉPIN

En prenant possession de la présidence, M. de GUERNE remercie les assistants de la marque de sympathique considération qu'ils viennent de lui donner. Il fait ensuite, dans une improvisation familière qui a beaucoup intéressé, l'historique de la question caprine en France. Il montre que la Société nationale d'Acclimatation s'est préoccupée de la réhabilitation de la Chèvre dès l'époque de sa fondation qui remonte à 1854. Il était question alors de la Chèvre à tissu. Dans sa séance annuelle publique du 17 février 1857, M. le Dr SACC annonçait la fondation d'un prix pour encourager l'élevage et la propagation de la Chèvre d'Angora dont un troupeau avait été importé d'Asie-Mineure par les soins de la Société d'Acclimatation et prospérait admirablement en Algérie.

En même temps qu'elle s'exerçait sue les Chèvres d'Angora, la sollicitude de la Société s'était portée sur les Chèvres au nez busqué et à oreilles pendantes, que le Négus a envoyées à Napoléon III et qui ont été embarquées au Caire en même temps qu'un jeune Hippopotame qu'elles étaient chargées de nourrir.

Cette race caprine, originaire de Nubie et appartenant à la variété Zaraïbe a été signalée par tous les auteurs qui ont écrit sur la Chèvre, comme susceptible de fournir des laitières merveilleuses comme abondance et qualité du produit.

Les propriétés hygiéniques du lait de Chèvre ont particulièrement frappé l'attention de la Société Nationale d'Acclimatation qui s'est préoccupée, vers 1883, de l'étude d'une amélioration zootechnique du cheptel caprin en France. A ce sujet, un questionnaire fut lancé, dans toute la France et dans quelques Etats voisins. Cette consultation a fourni à M. I. GAUTIER l'occasion de présenter à la Société un rapport des plus intéressants et qui a été publié en son temps au Bulletin. Ce rapport a fait ressortir l'état lamentable de la situation caprine en France et l'extraordinaire incohérence des opinions formulées sur un sujet que tout le monde croit connaître.

M. le médecin vétérinaire, Ernest PION a repris la question plus tard, en 1885 et a mis en lumière, de sa plume alerte et suggestive, les avantages considérables que peut présenter, pour l'allaitement des jeunes enfants, un animal doué de la précieuse faculté de résister d'une façon toute spéciale à l'infection tuberculeuse. Cette même thèse avait déjà été soutenue, vers la même époque, par le Dr BOUDART.

C'est aux archives de la Société d'Acclimatation, dans les écrits des personnalités que nous venons de citer et dans ceux d'autres amis de la Chèvre, tels que MM. le Dr SACC, GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, de PRUOS, Amédée BERTHOULE, HUART DUPLESSIS etc., etc., que M. CRÉPIN a amorcé ses premières recherches sur les Chèvres et c'est par le Bulletin de la Société qu'ont été publiées toutes les constatations scientifiques faites par ce dernier sur les nombreux troupeaux caprins de toutes races qu'il a été à même d'observer depuis 1897.

L'année dernière, usant de la valise diplomatique, la Société d'Acclimatation a lancé un nouveau questionnaire ayant cette fois pour objet l'exploitation de la situation caprine dans le monde entier.

Cette enquête a révélé que le bon grain jeté par notre Société depuis plus de 50 ans a levé puissamment dans tous les pays ouverts au progrès. En Angleterre, en Allemagne, en Suisse et en Belgique des sociétés et des syndicats y répandent l'usage de la Chèvre et le souci d'améliorer cette espèce animale. Le danger de l'infection tuberculeuse par le lait de vache a décuplé partout l'intérêt qui s'attache à l'étude de la Chèvre laitière.

M. de GUERNE conclut en traçant la tâche que la Section d'études caprines aura à remplir. Son programme comprendra notamment la fixation des caractères des meilleures races caprines à rechercher et à élever, soit en se plaçant au point de vue de la production des éléments à tissus, soit au point de vue de la production laitière. Il conviendra de rechercher la meilleure formule de sélection ou de croisement pour obtenir des types parfaits dans l'un ou l'autre des ordres d'idées poursuivis. Une Commission devra être nommée pour étudier ce programme et arrêter les bases d'un livre de généalogie caprine qui rendra les plus grands services à la cause de la Chèvre et aux éleveurs-amateurs soucieux de bien faire.

M. DEBREUIL demande la parole pour souhaiter la bienvenue à la jeune Section d'études caprines. Il compare avec infiniment d'à-propos et de bonne grâce la Section à la maison de Socrate qui, quoique de dimension restreinte, était encore largement suffisante pour grouper les bons et vrais amis.

Ceci, en l'espèce, pourrait s'entendre plus particulièrement des vrais amis de la Chèvre. Il rappelle que la Société d'Acclimatation a donné naissance, en France comme à l'Etranger, à plusieurs Clubs et Sociétés qu'il voudrait voir rattachés plus intimement à la Société-mère qui est restée et se maintient sur le terrain scientifique où les efforts de ses membres mis en commun ne visent jamais que l'intérêt général et le bien public.

La parole est donnée à Mme VALOIS pour une communication sur son élevage de Lestiou (Loir-et-Cher). La conférencière possède des chèvres depuis 1875, date à laquelle son premier sujet caprin lui fut fourni par le Jardin d'Acclimatation par prélèvement sur un troupeau nouvellement importé de Suisse. Il reste à Lestiou une seule descendance de la chèvre de Toggenbourg précitée et, fait remarquable, qui contredit les idées généralement reçues sur la prédominance du mâle, cet animal malgré l'intervention des boucs absolument vulgaires et banaux, rappellerait très bien encore son origine unilatérale de race, par sa robe et ses grandes qualités laitières.

Mme VALOIS n'a aucune préoccupation commerciale ; elle vise à faire de l'utile et du bien. Elle a pu l'automne dernier, attirer vers son troupeau toutes les Chèvres des environs, qui ont été saillies ; celles à poil ras, par un magnifique bouc Nubio-alpin de sang absolument authentique ; celles à poils longs, par un pur-sang de race mambrine, la fameuse race beurrière d'Orient. Il sortira des dispositions ainsi prises une génération caprine déjà un peu améliorée. Madame VALOIS rachètera à un prix honorable toutes les chevrettes au sevrage, qu'elle fera élever et soigner dans un herbage opulent qu'elle vient de louer. Les jeunes Chèvres seront accouplées dans la suite avec les mêmes sujets de choix dont elles proviennent et le fruit de ces unions donnera aux parages où Mme VALOIS exerce ses bons offices, une race caprine qui fera le bonheur de la grande masse des petits propriétaires qui vivent péniblement du produit de leurs champs et qui sont déjà vivement intéressés à l'entreprise bienfaisante qui honore l'esprit et le cœur de Mme VALOIS.

M. le comte DELAMARRE prend la parole pour exprimer, en sa qualité de citoyen du Loir-et-Cher, toute la reconnaissance que devront à cette dame tout particulièrement les nombreux enfants assistés que Paris envoie dans ce département, en raison des conditions supérieures d'hygiène et de bien-être que leur amènera l'introduction dans le pays d'une race caprine à lait meilleur et plus abondant.

Il est procédé ensuite à la désignation des membres qui feront partie de la Commission du livre d'origine. Sont nommés : MM. le Dr GARNEL, TOLET et CREPIN ; ce dernier fera office de rapporteur.

M. LOYER rend compte de l'affiliation spéciale à la Section d'études caprines de M. de GONTCHARROF, Président de la Société d'aviculture rurale de Moscou, qui vient de se faire admettre comme membre de la Société d'Acclimatation de France. L'assistance accueille avec grande faveur cette personnalité étrangère, qui est un homme de qualité, d'un esprit scientifique distingué, et qui témoigne en toute circonstance tout son dévouement à la France.

M. de GONTCHARROF a annoncé à M. LOYER qu'une exposition d'aviculture aurait lieu à Moscou en novembre prochain, qu'il y serait annexé une exposition spéciale de chèvres. Il convie la Section caprine à y participer tout au moins par des envois de documents sur l'espèce caprine.

La prochaine réunion est fixée au vendredi 11 mai 1906.

Le secrétaire

J. CRÉPIN

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E
Merci de ces informations précises et isntructives sur Léonie Gérin-Valois (mon arrière grand-mère). Mais ce que vous ne dites pas, c'est qu'en novembre de cette même année 1906, elle est décédée de la Salmonellose (d'après la mémoire familiale)
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H
Merci pour vos commentaires. L'histoire des pionniers de l'élevage caprin et des disciples de Joseph Crépin es très intéressante. Mes principales sources ont été les Annales de la Société d'Acclimatation disponibles sur Gallica. Si vous disposez d'autres informations sur cette époque, je suis preneur. Bien à vous. Pierre Desbons