STOLTZ Jean-Louis (1777-1869)

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Marie d'Andlau (au cours d'un voyage en Alsace le 13 septembre 2013)

Marie d'Andlau (au cours d'un voyage en Alsace le 13 septembre 2013)

Jean-Louis STOLTZ

Né le 10 juillet 1777 à Andlau (Bas-Rhin)

Décédé le 19 octobre 1869 à Andlau (Bas-Rhin)

Ancien médecin militaire

Viticulteur à Andlau (Bas-Rhin)

Auteur de l'Ampélographie Rhénane (1852) [voir ci-après]

1850

Annales de la Société d'agriculture sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire. Tome XXX - année 1850
p. 210-217


Quelques observations sur l'Ampélographie Rhénane de M. Stoltz [par le comte ODART]

Il vient de paraître, sur la vigne, un ouvrage d'une importance d'autant plus grande que nous n'en avions pas de si détaillé, je dirais même de si complet, si cet ouvrage était terminé, sur les cépages d'un aussi vaste bassin de fleuve tel que l'est celui du Rhin.
Grâces soient donc rendues à l'auteur, M. Stoltz, et que des encouragements lui viennent, et du Ministre protecteur de l'agriculture, et des amateurs propriétaires de vignes, pour que l'auteur continue avec le même soin cette œuvre intéressante.
Voilà bien l'impression première et dernière que nous a laissé la lecture de ces cinq livraisons ; mais ce n'est pas à dire qu'il ne se soit pas présenté à notre esprit quelques circonstances atténuantes d'une approbation absolue, sinon dans l'ensemble, du moins dans certains détails ; atténuation que nous allons chercher à justifier.
Il y a dans l'historique des cépages beaucoup trop de conjectures sans base satisfaisante et des erreurs reconnues comme telles et rappelées comme si l'on n'en avait pas fait justice, rappelées même comme des probabilités ayant quelque poids dans la balance d'un saine critique, je veux dire de la raison et de la vérité.
Ainsi, quel est le collecteur de vignes qui puisse croire encore à l'identité du Riesling avec le Sauvignon de la Gironde (Surin des Tourangeaux et Fié des Poitevins) ? - Ou bien encore du Riesling avec le Pedro-Ximenès, et même avec le grossier Elbling ou Burger ? - A la vérité nous nous apercevons plus tard que M. Stoltz fait très peu de cas des observations des possesseurs de collections, et fort injustement, je pense ; car nous en connaissons qui ont fait mille lieues [voyage en Hongrie du comte Odart en 1839] en y comprenant le retour, pour aller visiter les vignobles célèbres de Tokai. S'il avait apprécié les avantages d'une collection de vignes avec plus de justesse et s'il avait été à portée d'en visiter quelqu'une bien tenue, il aurait acquis la certitude que ces divers cépages, le Riesling, le Sauvignon, le Pedro-Ximenès et le Burger n'avaient aucune ressemblance entre eux.
Mais c'est une opinion exprimée dans les ouvrages de plusieurs auteurs allemands, ainsi que celle qui voit que le Riesling ait été originairement tiré de France ; or, les œnologues allemands ont inspiré une grande vénération à M. Stoltz ; il fait plier la droiture de son jugement sous des idées singulières, les assertions hasardées et sans aucune base de ces œnologues. Il pose, d'après plusieurs vagues conjectures, une hypothèse qu'ils lui fournissent, il en tire des probabilités, puis des conséquences, le tout comme si l'hypothèse était un fait avéré et incontestable !
En voici un exemple : Il a plu à Metzger d'affirmer que le Riesling noir, dont l'existence est une 
question, était d'origine française ; ce qui ne pourrait être vrai que par transition, c'est-à-dire qu'il serait venu de quelque collection ; et il en conclut que toute la famille des Riesling a été tirée de France, et cela du temps de Louis-le-Germanique, parce que celui-ci a fait planter une vigne à Winkeller, vers le milieu du IXe siècle, comme s'il n'était pas plus naturel de croire que cet empereur savait prendre des plants de vigne les plus estimés dans les monastères de la vallée du Rhin, où cette culture était généralement très soignée.
Quant au conte inventé par le docteur Sachs, au XVIIe siècle, et répété par tous les auteurs allemands et même, le dirai-je, par un auteur espagnol, très vénérable, qui ne le cite pas par tradition, mais comme un fait énoncé par Berken Meyer, œnologue allemand, sur la transmigration du Pedro-Ximenès, des bords du Rhin en Andalousie. M. Stoltz n'est-il donc pas pénétré de cette idée si juste et si bien exprimée par notre compatriote, le savant Ampère : "Les erreurs ont la vie dure ; quand le temps ne les détruit pas, il les embaume." Malheureusement M. Stoltz n'a pas été à portée de consulter une collection ; c'est à regretter : il a préféré consulter Chaptal, auteur viticole de Paris ; et celui-ci a répété, sur la foi de Dussieux, autre auteur viticole de Paris, que le Sauvignon (le Surin de la Loire et le Fié de la Vienne) était un raisin tardif (uva serotina), ainsi que l'avait dit, près d'un siècle avant eux et exactement dans les mêmes termes, Garidel, botaniste distingué, qui a passé une partie de sa vie à Marseille, puis à Aix, où il était professeur de botanique ; car les premiers n'ont fait que répéter la description latine de Garidel, qui aura pris des raisins d'un vieille souche de plant de Salès pour des Sauvignons, auxquels ils ressemblent beaucoup. Ce plant de Salès est le Pinot de la Loire ou le Chenin de la Vienne. Le véritable Sauvignon, ou mieux, tous les sujets de cette tribu, dont je connais quatre variétés, mûrissent en temps moyen, et par conséquent plus d'une quinzaine avant le plant de Salès : aucun n'est donc uva serotina.
Nous nous permettrons aussi, pour ajouter une nouvelle preuve à celles que nous avons données de l'utilité d'une collection de cépages, de faire remarquer à l'auteur que le Sauvaguin vert des meilleurs vignobles de Châlon-sur-Saône et du Jura n'est pas identique, malgré la ressemblance de nom, au Sauvignon vert de la Gironde (Surin vert de la Loire, Fié vert de la Vienne).
Ce Savaguin vert est, suivant l'auteur [le comte Odart] de l'Ampélographie universelle, le Grün traminer ou Tramin vert, ainsi qu'il l'a établi dans un nouvel article qu'il a préparé pour une troisième édition [parution en 1854] ; variété précieuse qui ne paraît pas être de la connaissance intime de M. Stoltz. Et en cela nous nous faisons fort de l'opinion de M. Demerméty, l'homme de France le plus versé dans la connaissance des cépages. Nous connaissons nous-même ce cépage, d'autant mieux que nous en avons bien une cinquantaine de souches.
Si M. Stoltz, dont la langue maternelle est l'allemand, montre une considération pleine de tendresse et peut-être aveugle pour les œnologues de cette nation, nous pouvons nous plaindre qu'il soit oublieux volontairement et quelque peu dédaigneux à l'égard des œnologues français du temps présent. S'il en parle, c'est pour publier leurs erreurs, ou plutôt ce qu'il croit tel. Ainsi, nous avons lu dans une note le conseil qu'il a donné de se servir de claies pour l'exposition du Riesling au grand air, complément de maturité essentiel à sa perfection. Or, il se garde bien de citer l'auteur qui en a recommandé l'usage d'après sa propre expérience ; mais, en revanche, l'ampélographe du Rhin a bien soin de remarquer que l'auteur [le comte Odart] de l'Ampélographie universelle a compris, à tort, le Walteliner dans la tribu des Traminer. Nous avons relu cet article, et nous pouvons affirmer qu'une telle erreur n'a point été commise par l'auteur français.
Si le conseil que donne M. Stoltz, d'exposer les raisins de Riesling sur des claies, nous paraît très bon, nous ne pouvons en dire autant de celui qu'il donne aux Bourguignons de mêler leurs plantations à venir du Riesling noir dans la proportion d'un huitième ; car il serait alors fort embarrassant pour eux de réunir sa vendange avec celle des Pinots, qui mûrissent près d'un mois avant le raisin de cette variété, si rare encore que son existence n'est pas même bien constatée.
Nous venons de dire combien M. Stoltz avait une confiance aveugle dans les opinions souvent les plus hétéroclites des auteurs allemands, et que c'était le sentiment contraire qui dominait en lui pour les œnologues français ; en voici encore un exemple : il met en doute que l'auteur [le comte Odart] de l'Ampélographie universelle connaisse bien le véritable Pedro-Ximenès, et en ait donné une description exacte, puisqu'il est en contradiction avec les ampélographes allemands et encore parce qu'il y a cinq à six variétés de Pedro-Ximenès.
A notre tour, nous sera-t-il permis de lui demander d'où il sait et de qui il tient qu'il y a au moins cinq à six variétés de Pedro-Ximenès ? Car il ne nous paraît pas très versé dans la connaissance des cépages autres que ceux de la Vallée du Rhin. Et puis nous savons pertinemment que l'auteur [le comte Odart] de l'Amélographie universelle avait fait venir d'Andalousie par l'entremise du consul français à Cadix, M. de Mornard, un ballot de plants de vignes dans lequel il y avait quarante sarments de Pedro-Ximenès, qui se sont trouvés lors de leur végétation, et plus tard au temps de leur fructification, parfaitement identiques à soixante autres du même nom, provenus de l'Hérault, d'un viticole très expérimenté, M. Cazalis-Allas [Cazalis-Allut].
Nous regarderions comme une véritable découverte le moyen d'établir que telle sorte de raisin est une variété primitive, ainsi que M. Stoltz le dit du petit Riesling, du Walteliner, de l'Elbling et d'autres encore ; mais une telle affirmation aurait grand besoin d'être accompagnée de l'indication des bases sur lesquelles elle repose. Nous espérons que l'auteur réparera l'omission qu'il en a faite et que nous trouverons cette indication dans les dernières livraisons. Nous désirons aussi qu'il nous apprenne d'après quelles observations il a posé le principe que toute espèce de raisin avait nécessairement trois variétés : une blanche, une rouge et une noire ; et par exemple qu'il nous fasse connaître les variétés blanches et noires du Valtelin, puisqu'il croit qu'elles existent quelque part. Il est curieux de voir sur quelle observation il appuie cette croyance : c'est parce que l'ampélographe allemand Metzger dit avoir vu dans la collection du baron Babo un cépage qu'il a plu à celui-ci de nommer weiss-walteliner ; cépage que le baron a reçu des frères Baumann sous le nom de Rajoulenc du Lot. Voici donc seule circonstance sur laquelle M. Stoltz fonde l'existence du Valtelin blanc. Or, tous les collectionneurs français savent qu'il n'y a pas la moindre affinité entre le Rajoulenc et le Valtelin. Quant à la variété noire, M. Stoltz nous assure qu'elle doit être dans quelques vignobles de France. Je laisse à d'autres de tirer la conséquence de pareils raisonnements.
Nous conviendrons, avec une vraie satisfaction, que ce que l'auteur dit de la culture de chaque cépage, de ses parties constitutives, de sa valeur économique et de ce qu'il appelle ses propriétés agronomiques, mérite toute confiance, et, certes, c'était bien là le plus essentiel. Que le petit Riesling soit né dans la Vallée du Rhin ou qu'il soit l'Argitis minor des Romains, conjecture pareille à celle d'un autre œnologue allemand, qui a découvert que nos Chasselas étaient leurs Aminées, c'est une question à discuter dans une Société archéologique, et qui nous importe médiocrement. Nous en pourrions dire autant de la prétendue assimilation que le baron Babo fait de l'Elbling ou Burger ou Pedro-Ximenès ; car tous les œnologues allemands tiennent singulièrement à cette idée, aussi fausse qu'elle est ancienne, de la transmigration des cépages du Rhin en Andalousie.
Toutefois, en reconnaissant que M. Stoltz a réuni toutes les lumières qui se sont produites sous le ciel allemand, nous croyons qu'il eût été de meilleur goût de laisser dire à un autre "que l'Ampélographie trouverait un modèle de description dans la forme des siennes." Nous l'aurions dit nous-même sincèrement, du moins pour le cadre et la disposition des parties ; tandis que cette déclaration faite par lui-même appelle nécessairement la discussion ; et on est amené involontairement à se demander : La perfection dans ce cas consiste-t-elle dans l'étendue ? Une courte réunion des caractères les plus saillants, les plus saisissables ne vaudrait-elle pas mieux ? La partie historique ne forme-t-elle pas un titre un peu ambitieux ? Car en quoi consiste-t-elle, si ce n'est en conjectures si faibles de base qu'un Français ne peut en admettre aucune.
Nous omettons d'autres questions pour ne pas y mette trop d'insistance : ce qui ne serait pas convenable envers n auteur d'ailleurs si estimable.
Dans le cours de ces observations, notre désir a été beaucoup plus d'appeler l'attention sur un ouvrage d'un véritable intérêt que d'en faire remarquer les taches, toutefois légères et bien faciles à faire disparaître, et qui n'altèrent en rien le mérite du fond de l'ouvrage, du sujet principal.
Que tous les vrais amateurs de la culture de la vigne, et nous nous plaçons en tête pour cette manifestation, remercient donc M. Stoltz de tous les soins qu'il a apportés à la composition d'un ouvrage si important et qui sera toujours consulté avec fruit.


Par un ancien élève de l'école Polytechnique [le comte Odart], habitant la campagne depuis l'âge de 23 ans [1801] jusqu'à celui de 73.
 

1852

Publication de l'Ampélographie Rhénane

(En Allemand et en Français)

Version pdf téléchargeable sur : BSB Bayerische StaatsBibliotheck Münchener DigitalisierungsZentrum, Digitale Bibliothek

Ampélographie rhénane ou description caractéristique, historique, synonymique, agronomique et économique des cépages les plus estimés et les plus cultivés dans la vallée du Rhin, depuis Bâle jusqu'à Coblence, et dans plusieurs contrées viticoles de l'Allemagne méridionale. Par M. J. L. STOLTZ, auteur du manuel du cultivateur alsacien, etc., membre correspondant des sociétés d'agriculture du Haut- et du Bas-Rhin., et de la société nationale d'agriculture, histoire et arts utiles, à Lyon.


"Quoique les caractères qui différencient chaque cépage, ne soient souvent pas assez tranchés pour qu'à leur simple description on reconnaisse l'espèce de vigne à laquelle ils appartiennent, je ne regarde pas moins un ouvrage d'ampélographie comme une chose utile, surtout quand l'auteur a mis tous ses soins à bien faire connaître les habitudes d'un cépage, ses bonnes qualités et ses défauts." Cte ODART, Ampélographie, p. 83.

Avec 32 planches lithographiées en noir, représentant une partie du sarment, le fruit et la feuille de chaque cépage décrit.
Paris, Chez Dusacq, libraire, quai Malaquais. Chez Ve Bouchard-Houzard rue de l'Eperon, 5. Mulhouse, chez J. P Risler, libraire-éditeur. 1852

Préface

Liste des souscripteurs à l'Ampélographie Rhénane 

62 souscripteurs dont :

Augustin-Napoléon BAUMANN, à Bollwiller.
DEMERMÉTY, propriétaire à Dijon

La Bibliothèque de la ville de Tours (Indre-et-Loire)
La Société académique (section d'agriculture à Tours

Avant-propos

Table des matières
1. Espèce Gentil-aromatique (elde Gewürztraube), vulgairement Riesling (Pl. 1, 2, 3). p. 1
2. Espèce Gentil-Duret (edler Harthaeuter), vulgairement Traminer (Pl. 4, 5). p. 29
3. Espèce commune (gemeine Traube), vulgairement Elbling et Burger (Pl. 6, 7, 8), p. 34
4. Espèce Valtelin (Velteliner) (Pl. 9, 10). p. 67
5. Espèce Moréote (moreotische Traube), vulgairement Burgunder, Pinot (Pl. 11, 12, 13), p. 75
6. Espèce Feuille ronde (Rundblatt), vulgairement Sylvaner (Pl. 14, 15), p. 117
7. Espèce Petit-mielleux (kleine Methsüsse), vulgairement Kleinraeuscling, etc. (Pl. 16-17), p. 129
8. Espèce Grosse-Race (Trollinger), vulgairement Lamber, etc. (Pl. 18, 19), p. 151
9. Espèce Olivette (Oliventraube), vulgairement Moorendutte (Pl. 20, 21), p. 161
10. Espèce Gros-fendant (Klaffer) vulgairement Gross-Raeuschling, p. 170
11. Espèce Doucet (Süsstraube) vulgairement Gudetel, etc., p. 179
12. Espèce Agreste (Wildtraube), vulgairement Faeber, Teinturier, p. 193
13. Espèce Durefeuille (Hartlaeuber), vulgairement Hartolber, etc. p. 209
14. Espèce Grand-Tokai (grosser Tokaier), vulgairement Putzscheer, Thalburger, p. 223
15. Espèce Huns (Heunisch-Traube), vulgairement Heunschen, p. 223

Articles supplémentaires pour compléter plusieurs des monographies, p. 234

 

p. 245-255
Réponses aux observations critiques de l'auteur [comte Odart] de l'Ampélographie universelle sur les cinq premières livraisons de l’Ampélographie rhénane.


L'auteur [comte Odart] de l'Ampélographie universelle, sous le voile d'ancien élève de l'école polytechnique, commence ses observations en déclarant que : l'ouvrage sur la vigne, qui vient de paraître sous le titre d'Ampélographie rhénane, par M. STOLTZ, mais dont cinq livraisons seulement sont émises dans le moment, est d'une importance d'autant plus grande, que jusqu'ici on n'en possède pas d'aussi détaillé et d'aussi complet, sur les cépages d'un aussi vaste bassin de fleuve, tel que le Rhin. Il rend grâces dit-il, à l'auteur de ce travail, et il exprime le souhait que des encouragements lui viennent de la part du Ministre de l'Agriculture et des amateurs propriétaires de vignes, pour qu'il continue son œuvre intéressant avec le même soin. A ce cout préambule laudatif mon honorable critique se hâte d'ajouter, que ce n'est pas à dire qu'il ne se soit à présenté à son esprit des circonstances atténuantes d'une approbation absolue, sinon dans l'ensemble, du moins dans les détails ; atténuation qu'il va chercher à justifier.
A cet effet il commence par dire : qu'il y a dans l'historique des cépages beaucoup trop de conjectures sans base satisfaisante et des erreurs reconnues comme telles (par qui ?), et rappelées même comme des probabilités ayant quelque poids dans la balance d'une saine critique.
Je réponds : Quant aux conjectures que contient l'historique de mes cépages, je crois qu'il doit être permis à l'historien d'en faire, quand même elles n'auraient pas toujours des bases satisfaisantes, lorsqu'elles pourront encourager à des recherches et servir à des découvertes utiles. Autre chose est, lorsqu'il s'agit d'erreurs reconnues par des hommes compétents ou dont justice aurait déjà été faite. Voyons si l'historique de mes cépages contient effectivement de ces erreurs. La principale qu'on me reproche, c'est celle d'avoir admis comme probable, un fait avancé par quatre auteurs allemands et deux auteurs espagnols également estimables, fait que l'auteur [comte Odart]  de l'Ampélographie universelle taxe de conte inventé par l'un d'entre eux, le Dr. SACHS, et que les autres ne firent que répéter.
Mais qu'est-ce qui prouve que l'assertion des auteurs allemands et espagnols, que le Pedro-Ximènes de l'Espagne provient de plants importés des bords du Rhin dans les champs de l'Andalousie, soit un conte fait à plaisir ? Suffit-il pour infirmer la chose, que le Pedro-Ximènes ne se trouve plus nulle part sur les bords du Rhin, et que personne ne se souvienne de l'y avoir jamais vu, comme le prétend l'honorable critique ? Peut-on appeler cela une erreur, dont justice aurait déjà été faite par des hommes compétents ? Je ne le crois pas, et le lecteur attentif et impartial de mon ouvrage en jugera.
Une autre erreur qu'on me reproche, c'est celle où, trompé par les descriptions données par différents auteurs, du Sauvignon de la Gironde et du Pedro-Ximènes de l'Espagne, je les croyais identiques avec le Riesling des bords du Rhin, erreur que j'ai reconnue, et que je confesse pages 8 et 9 de mon ouvrage. Cela fait voir combien de simples descriptions, lorsqu'elles sont incomplètes surtout, sont insuffisantes pour faire découvrir leurs synonymes.
Mon honorable critique attribue mes méprises de ce genre au peu de cas que je parais faire des observations des possesseurs de collections, parce que je ne sais pas apprécier les avantages d'une telle collection, n'ayant jamais été à portée dit-il, d'en visiter une bien tenue. J'aurais acquis sans cela la certitude que le Riesling, le Sauvignon, le Pedro-Ximènes et le Burger n'ont aucune ressemblance entre eux ; je n'aurais pas fait plier la droiture de mon jugement sous les ides singulières, les assertions hasardées et sans aucune base, des œnologues allemands, pour lesquels il lui semble que j'ai une vénération non méritée, sans quoi je n'aurai pas posé, d'après leurs vagues conjectures, une hypothèse qu'ils me fournissent et dont je tire des probabilités, puis des conséquences, le tout comme si l'hypothèse était un fait avéré et incontestable.
Le lecteur en veut-il encore un exemple concluant ? Le voici : Il a plu à METZGER, dit-on, d'affirmer que le Riesling noir, dont l'existence serait une question (1), est originaire de France, ce qui ne pourrait être vrai que par transition, c'est-à-dire qu'il serait venu de quelque collection ; et l'auteur de l'Ampélographie rhénane en conclut que toute la famille des Riesling a été tirée de France. etc., etc……
(1) Je puis assurer aujourd'hui que l'existence du Riesling noir n'est plus une question, mais en réalité, ayant reçu de deux côtés des jeunes plants de cette variété que j'ai reconnue pour être du véritable Riesling. M. Demerméty de Dijon, m'en a envoyé l'année passée plusieurs sarments que j'ai greffés sur des sujets de Riesling blanc de 3 ans d'âge, et la première année j'ai reconnu à la teinte rougeâtre qu'a prise la feuille vers l'époque de la vendange, que c'était le Riesling noir. Cette année j'ai reçu, d'Oberbronn, une douzaine de crossettes du Riesling noir, dont la feuille présente, dès la première année de leur plantation, les mêmes traits.

1852

Revue d'Alsace. Troisième année, Colmar, au Bureau, rue des juifs, n° 20, 1852
p. 97-110 et 215-233
Notices historiques et topographiques sur les vignobles et les vins d'Alsace. (Suite de la livraison d'avril 1851, p. 137), par J. L. STOLTZ, viticulteur à Andlau, membre de la société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin.
 

2010

Journées du patrimoine en France et à Paris, 18 et 19 septembre 2010
http://www.paperblog.fr/

Mairie d'Andlau, Bas-Rhin, Exposition sur Jean-Louis SOLTZ (1777-1869), médecin militaire, scientifique, viticulteur et pédagogue. Jean-Louis SOLTZ et ses descendants ont apporté des connaissances scientifiques sur les terroirs d'exception d'Andlau, les cépages les plus adaptés et la vinification.
 

Publié dans Personnage, viticulture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article