CHAPTAL Jean-Antoine (1756-1832)

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Dictionnaire des scientifiques de Touraine. Presses universitaire François-Rabelais. 2017 
p. 132-133

CHAPTAL Jean-Antoine
Né au hameau de Naujaret (aujourd’hui Nojaret), commune de Badaroux-en-Gévaudan (Lozère) le 5 juin 1756 ; décédé à Paris, le 29 juillet 1832.
Médecin, chimiste et industriel, homme politique


Fils d’Antoine Chaptal, propriétaire, et de Françoise Bonnet, Jean-Antoine Chaptal fréquente les collèges de Mende (Lozère) et de Rodez (Aveyron), étudie la médecine à Montpellier jusqu’en 1777, puis la chimie à Paris. Revenu à Montpellier en 1780, il occupe la chaire de chimie de l’université. Il enseigne d’abord la doctrine du phlogistique mais se convertit très vite à la nouvelle chimie après lecture des traités d’Antoine Laurent Lavoisier et d’Antoine François Fourcroy.


La chimie au service de l’industrie
Le 11 septembre 1781, Chaptal épouse Marie-Anne Lajard, fille de riches manufacturiers d’origine protestante, Ce mariage lui permet d’acheter un immense terrain à La Paille au sud-ouest de Montpellier en novembre 1782. Il y crée une manufacture de produits chimiques dont les premiers produits (acide nitrique ou acide sulfurique) sont vendus en 1785. Il suit l’actualité scientifique et fait décoller une montgolfière de l’esplanade de Montpellier en novembre 1783. Il écrit ses Éléments de chimie en 1790, ouvrage qui propage les idées de Lavoisier en Europe car rapidement traduit dans plusieurs langues. Ses applications de la chimie dans le domaine industriel, telle l’amélioration de la production de l’acide chlorhydrique, font sa renommée avec la création d’un nouveau procédé de production de la soude conçu avec Étienne Bérard. Son usine, qui produira aussi de l’alun, emploie jusqu’à 1 500 ouvriers quand il s’en retire en 1799. À partir de 1794, à la demande de Lazarre Carnot, il dirige une commission composée de Claude Louis Berthollet, Antoine François Fourcroy et Gaspard
Monge, chargée d’augmenter l’efficacité du raffinage du salpêtre et la fabrication des poudres. Après l’explosion de la poudrière de Grenelle en 1794, il reprend ses cours à Montpellier en 1795, revient à
Paris en 1798, puis repart en 1799. Il est membre de la première classe de l’Institut en 1796, puis est nommé professeur à l’École polytechnique où il ne fait que quelques leçons car il débute une carrière politique.


Homme politique
Après le coup d’État du 18 brumaire, Chaptal devient sénateur et Bonaparte le nomme ministre de l’Intérieur (1800-1804). Il donne une impulsion nouvelle dans de nombreux domaines :


Manufactures et commerce.
En 1800, il mène à bien le grand projet d’une nouvelle statistique générale sur les richesses de la France. Il préserve les activités du secteur de l’industrie chimique en encourageant l’extraction de l’indigo à partir du pastel. Il favorise aussi l’apparition de procédés nouveaux pour le blanchiment des toiles, pour le tannage des peaux, pour le chauffage, pour l’éclairage. Il redécouvre le procédé de la teinture rouge, tenu secret par les turcs, et publie un Traité sur l’art de la teinture du coton en rouge en 1807. Il contribue à développer l’extraction du sucre de la betterave et un décret de mars 1811 ordonne l’ensemencement de 32 000 ha de betteraves dans tout le pays et accorde un million de francs aux promoteurs de cette industrie. Cent cinquante sucreries voient le jour. En 1812, Benjamin Delessert épure le sucre de betterave et obtient une qualité identique à celle du sucre de canne.
Pierre Flourens souligne dans l’éloge funèbre de Chaptal son « souci de débarrasser la France de ses besoins extérieurs, qui livrent toujours, plus ou moins, une nation à la merci des autres ; grâce à ses belles manufactures, l’alun, les acides sulfurique, nitrique, muriatique, le sel de Saturne, etc., ne sont plus importés de l’Angleterre ou de la Hollande ». Chaptal est aussi le premier président de la Société nationale pour l’encouragement des arts et de l’industrie, présidence qu’il conserve jusqu’à sa mort.


Viticulture.
Chaptal théorise un procédé imaginé par Pierre Joseph Macquer en 1777, qui consiste à ajouter du sucre dans les moûts avant le début de la fermentation afin d’augmenter la teneur en alcool du vin. Il décrit ce procédé dans son ouvrage l’Art de faire les vins, publié en 1807. On lui doit aussi plusieurs ouvrages sur la vigne et le vin dans lesquels il donne les fondements de la viticulture et de l’œnologie.
Hygiène et instruction et publiques.
Chaptal reste médecin : il réorganise la médecine en France en septembre 1794 et crée la première École de santé (elle recevra Pierre-Fidèle Bretonneau*). En 1800, il reçoit Edward Jenner venu à Paris. Il se préoccupe des problèmes de santé en créant le conseil général des hospices, et en mettant en place le comité central de vaccine (1804) et une grande école d’accouchement à l’hospice de la maternité. Chargé d’organiser l’instruction publique et plus particulièrement l’instruction pratique des ouvriers, Chaptal crée des écoles de chimie appliquées. Il participe à la création de la première école des arts et métiers. Le décret Chaptal est à l’origine des musées de province.


Chaptal et la Touraine
En 1802, sur proposition du préfet Pommereul, Chaptal, ministre de l’intérieur du premier Consul, achète pour 200 000 francs le domaine de Chanteloup (environ 230 hectares) à quatre kilomètres d’Amboise (Indre-et-Loire). À partir de 1804, il engage des sommes considérables pour restaurer le château et les dépendances, et pour remettre les terres en exploitation. Une vingtaine d’hectares sont cultivés en betterave à partir de 1806, puis une soixantaine à partir de 1812 ; il fait construire une sucrerie modèle qui fonctionne de 1811 à 1822 au lieu-dit « La sucrerie », à Amboise.
Chaptal introduit par ailleurs à Chanteloup un élevage de mouton Mérinos qui devient célèbre dans toute l’Europe (vente de béliers et de la laine) ; le troupeau atteint vite 1 200 bêtes et doit être déplacé sur un nouveau domaine de 300 hectares aux Arpentis, sur la commune de Saint-Règle (Indre-et-Loire).
Chaptal contribue à propager la vaccination antivariolique aux environs de Chanteloup, ce qui lui vaut une médaille d’or du Conseil central de la vaccine en 1807. Il reçoit Pierre-Fidèle Bretonneau, son voisin et ami qui habite alors Chenonceaux. Il prépare avec lui du sucre de raisin et soutient sa candidature au poste de médecin-chef de l’hospice de Tours en 1815 contre Bernard Félix Bouriat.


Dernières années
Chaptal est comte de l’Empire. Après avoir occupé les fonctions de trésorier du Sénat et de ministre d’État pendant les Cent-Jours, il connaît une semi-disgrâce de quatre années, mais est nommé pair de France par Louis XVIII en 1819. Il continue de publier. À son ouvrage De l’industrie française publié en 1819 succède en 1823 la Chimie appliquée à l’agriculture qui constitue les bases de l’agronomie. Chaptal applique les résultats de la chimie à l’agriculture en raisonnant sur ce qui influence la croissance des végétaux : composition des sols, température, éclairement, etc.
Il reçoit la distinction de Grand-Croix de la Légion d’honneur en 1825. En 1826, son fils Jean-Baptiste est ruiné par des spéculations malheureuses ; pour payer ses dettes, Chaptal quitte son hôtel parisien de Mailly et vend le château d’Amboise et le domaine de Chanteloup.
Chaptal fait partie des soixante-douze savants dont le nom est inscrit sur la tour Eiffel. Il a été chevalier de l’ordre de Saint-Michel et de la Société royale de Londres. Plusieurs lycées portent son nom.

Sources et liens divers :

http://academie-de-touraine.com/Ouvrages_numeriques_files/C/CHAPTAL%20Jean-Antoine/CHAPTAL%20Jean%20Antoine.htm

2021

Académie d’agriculture de France
Conférences du 15 décembre 2021
Chaptal et l’agriculture


https://www.academie-agriculture.fr/actualites/academie/seance/academie/chaptal-et-lagriculture

Youtube
https://lnkd.in/ecpPx7Dw

André FOUGEROUX
Chaptal : médecin, chimiste, manufacturier, agronome et homme d’état

Chaptal et l'invention d'une politique publique agricole sous le Consulat et l'Empire (1800-1815)
Laurent BRASSART, Université de Lille

Chaptal et la chimie agricole
Guilhem BOURRIÉ

Chaptal et le sucre
Jean-Pierre DÉCOR
 

Publié dans Personnage, viticulture

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