Section d'étude caprine (1906-1912) de la Société d'Acclimatation de France

Publié le par histoire-agriculture-touraine

1905

Séance du 6 novembre

Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation de France (Revue des Sciences naturelles appliquées),1906.
p. 118
1re Section. - Mammifères
Séance du 6 novembre 1905
Présidence de M. le Docteur TROUESSART, Président
Extraits :
M. Loyer donne lecture au nom de Madame la duchesse de Bedford du catalogue des Mammifères vivant dans le domaine de Woburn, dans le Bedfordshire. Cette collection comprend un nombre considérable de Cervidés et d'Antilopidés choisis parmi le plus rares.

M. le Président donne la parole à M. Crépin qui fait une communication sur l'élevage de la Chèvre en France. Notre collègue,qui s'est livré depuis de longues années à l'étude de l'amélioration de notre cheptel caprin et dont les travaux o,t été déjà publiés, à diverses reprises, dans notre Bulletin, fait le résumé d'un nouveau travail très approfondi sur cette intéressante question. Ce travail sera publié ultérieurement.

1906

Séance du 6 avril

Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation de France (Revue des Sciences naturelles appliquées),1906.
p. 185-189
1re Section - Mammifères
Sous-section d'études caprines
Séance du 6 avril 1906
M. Ed. Perrier, Président de la Société d'Acclimatation, étant retenu à l'Institut au-delà de l'heure à laquelle il avait présumé être libre pour présider la première réunion de la section d'études caprines, M. le comte d'Orfeuille ouvre la séance à 5 h 30.
Il donne la parole à M. le Secrétaire général pour le dépouillement de la correspondance.
Dans une lettre de date récente, Mlle L. Reyen exprime sa satisfaction de l'article paru dans le dernier Bulletin sur la question caprine. La signataire fait connaître un cas où le lait de chèvre aurait guéri une personne âgée atteinte d'une maladie d'estomac jusque-là réfractaire à tout traitement. Cette cure est d'autant plus à noter que la personne qui en a été l'objet est la mère d'un médecin, le Dr Ravot qui, lui-même reconnaît les faits.
Une autre lettre émane de M. Robiou du Pont, inspecteur à la Compagnie de "New-York", qui demande que la Société lui indique les meilleures brochures traitant 1° du Mouton en Calédonie, 2° de la Chèvre d'Angora, 3° du nettoyage des laines après tonte.
Enfin Mme la duchesse de Bedford, répondant à une demande de photographies de chèvres de Cahemire destinées à illustrer un livre en cours de publication ; fait connaître qu'elle ne sera pas en mesure de donner satisfaction à la Société avant la fin avril, époque où elle retournera à Woburn. Le Chèvre du Thibet vivant de compagnie avec les daims, il est difficile d'en photographier un type isolément. En tout cas, a duchesse en tentera l'essai et le succès serait d'autant plus désirable qu'il n'existe nulle part, en Europe, ailleurs qu'à Woburn, des Chèvres authentiques de race thibétaine. Toutes les Chèvres de Cachemire annoncées communément en France, ne sont que de lointaines métisses de cette race, dépourvues celles-ci de tout caractère intéressant et provenant des Pyrénées où existaient, il y a bientôt un siècle, quelques sujets pur-sang.
M. le comte d'Orfeuille propose l'élection du bureau de la nouvelle section d'Etudes caprines. Cette élection donne les résultats suivants à l'unanimité de tous les membres présents :


Président : M. le baron de Guerne.
Vice-Présidents : Mme Noël Valois, M. le Dr Granel
Secrétaire : M. Crépin

En prenant possession de la présidence, M. de Guerne remercie les assistants de la marque de sympathique considération qu'ils viennent de lui donner. Il fait ensuite, dans une improvisation familière qui a beaucoup intéressé, l'historique de la question caprine en France. Il montre que la Société nationale d'Acclimatation s'est préoccupée de la réhabilitation de la Chèvre dès l'époque de sa fondation qui remonte à 1854. Il était question alors de la Chèvre à tissu. Dans sa séance annuelle publique du 17 février 1857, M. le Dr Sacc annonçait la fondation d'un prix pour encourager l'élevage et la propagation de la Chèvre d'Angora dont un troupeau avait été importé d'Asie-Mineure par les soins de la Société d'Acclimatation et prospérait admirablement en Algérie.
En même temps qu'elle s'exerçait sur les Chèvres d'Angora, la sollicitude de la Société s'était portée sur les Chèvres au nez busqué et à oreilles pendantes, que le Négus a envoyées à Napoléon III et qui ont été embarquées au Caire en même temps qu'un jeune Hippopotame qu'elles étaient chargées de nourrir.
Cette race caprine, originaire de Nubie et appartenant à la variété Zaraïbe a été signalée par tous les auteurs qui ont écrit sur la Chèvre, comme susceptible de fournir des laitières merveilleuses comme abondance et qualité du produit.
Les propriétés hygiéniques du lait de Chèvre ont particulièrement frappé l'attention de la Société Nationale d'Acclimatation qui s'est préoccupée, vers 1883, de l'étude d'une amélioration zootechnique du cheptel caprin en France. A ce sujet, un questionnaire fut lancé, dans toute la France et dans quelques Etats voisins. Cette consultation a fourni à M. I. Gautier l'occasion de présenter à la Société un rapport des plus intéressants et qui a été publié en son temps au Bulletin. Ce rapport a fait ressortir l'état lamentable de la situation caprine en France et l'extraordinaire incohérence des opinions formulées sur un sujet que tout le monde croit connaître.
M. le médecin vétérinaire, Ernest Pion a repris la question plus tard, en 1885, et a mis en lumière, de sa plume alerte et suggestive, les avantages considérables que peut présenter, pour l'allaitement des jeunes enfants, un animal doué de la précieuse faculté de résister d'une façon toute spéciale à l'infection tuberculeuse. Cette même thèse avait déjà été soutenue, vers la même époque, par le Dr Boudart.
C'est aux archives de la Société d'Acclimatation, dans les écrits des personnalités que nous venons de citer et dans ceux d'autres amis de la Chèvre, tels que MM. le Dr Sacc, Geoffoy-Saint-Hilaire, de Pruos, Amédée Berthoule, Huart Duplessis etc., etc., que M. Crépin a amorcé ses premières recherches sur les Chèvres et c'est par le Bulletin de la Société qu'ont été publiées toutes les constatations scientifiques faites par ce dernier sur les nombreux troupeaux caprins de toutes races qu'il a été à même d'observer depuis 1897.
L'année dernière, usant de la valise diplomatique, la Société d'Acclimatation a lancé un nouveau questionnaire ayant cette fois pour objet l'exploitation de la situation caprine dans le monde entier.
Cette enquête a révélé que le bon grain jeté par notre Société depuis plus de 50 ans a levé puissamment dans tous les pays ouverts au progrès. En Angleterre, en Allemagne, en Suisse et en Belgique des sociétés et des syndicats y répandent l'usage de la Chèvre et le souci d'améliorer cette espèce animale. Le danger de l'infection tuberculeuse par le lait de vache a décuplé partout l'intérêt qui s'attache à l'étude de la Chèvre laitière.
M. de Guerne conclut en traçant la tâche que la Section d'études caprines aura à remplir. Son programme comprendra notamment la fixation des caractères des meilleures races caprines à rechercher et à élever, soit en se plaçant au point de vue de la production des éléments à tissus, soit au point de vue de la production laitière. Il conviendra de rechercher la meilleure formule de sélection ou de croisement pour obtenir des types parfaits dans l'un ou l'autre des ordres d'idées poursuivis. Une Commission devra être nommée pour étudier ce programme et arrêter les bases d'un livre de généalogie caprine qui rendra les plus grands services à la cause de la Chèvre et aux éleveurs-amateurs soucieux de bien faire.
M. Debreuil demande la parole pour souhaiter la bienvenue à la jeune Section d'études caprines. Il compare avec infiniment d'à-propos et de bonne grâce la Section à la maison de Socrate qui, quoique de dimension restreinte, était encore largement suffisante pour grouper les bons et vrais amis.
Ceci, en l'espèce, pourrait s'entendre plus particulièrement des vrais amis de la Chèvre. Il rappelle que la Société d'Acclimatation a donné naissance, en France comme à l'Etranger, à plusieurs Clubs et Sociétés qu'il voudrait voir rattachés plus intimement à la Société-mère qui est restée et se maintient sur le terrain scientifique où les efforts de ses membres mis en commun ne visent jamais que l'intérêt général et le bien public.
La parole est donnée à Mme Valois pour une communication sur son élevage de Lestiou (Loir-et-Cher). La conférencière possède des chèvres depuis 1875, date à laquelle son premier sujet caprin lui fut fourni par le Jardin d'Acclimatation par prélèvement sur un troupeau nouvellement importé de Suisse. Il est à Lestiou une seule descendance de la chèvre de Toggenbourg précitée et, fait remarquable, qui contredit les idées généralement reçues sur la prédominance du mâle, cet animal malgré l'intervention des boucs absolument vulgaires et banaux, rappellerait très bien encore son origine unilatérale de race, par sa robe et ses grandes qualités laitières.
Mme Valois n'a aucune préoccupation commerciale ; elle vise à faire de l'utile et du bien. Elle a pu l'automne dernier, attirer vers son troupeau toutes les Chèvres des environs, qui ont été saillies ; celles à poil ras, par un magnifique bouc Nubio-alpin de sang absolument authentique ; celles à poils longs, par un pur-sang de race mambrine, la fameuse race beurrière d'Orient. Il sortira des dispositions ainsi prises une génération caprine déjà un peu améliorée. Madame Valois rachètera à un prix honorable toutes les chevrettes au sevrage, qu'elle fera élever et soigner dans un herbage opulent qu'elle vient de louer. Les jeunes Chèvres seront accouplées dans la suite avec les mêmes sujets de choix dont elles proviennent et le fruit de ces unions donnera aux parages où Mme Valois exerce ses bons offices, une race caprine qui fera le bonheur de la grande masse des petits propriétaires qui vivent péniblement du produit de leurs champs et qui sont déjà vivement intéressés à l'entreprise bienfaisante qui honore l'esprit et le cœur de Mme Valois.
M. le Comte Delamarre prend la parole pour exprimer, en sa qualité de citoyen du Loir-et-Cher, toute la reconnaissance que devront à cette dame tout particulièrement les nombreux enfants assistés que Paris envoie dans ce département, en raison des conditions supérieures d'hygiène et de bien-être que leur amènera l'introduction dans le pays d'une race caprine à lait meilleur et plus abondant.
Il est procédé ensuite à la désignation des membres qui feront partie de la Commission du livre d'origine. Sont nommés : MM. le Dr Granel, Tolet et Crépin ; ce dernier fera office de rapporteur.
M. Loyer rend compte de l'affiliation spéciale à la Section d'études caprines de M. de Gontcharrof, Président de la Société d'aviculture rurale de Moscou, qui vient de se faire admettre comme membre de la Société d'Acclimatation de France. L'assistance accueille avec grande faveur cette personnalité étrangère, qui est un homme de qualité, d'un esprit scientifique distingué, et qui témoigne en toute circonstance tout son dévouement à la France.
M. de Gontcharrof a annoncé à M. Loyer qu'une exposition d'aviculture aurait lieu à Moscou en novembre prochain, qu'il y serait annexé une exposition spéciale de Chèvres. Il convie la Section caprine à y participer tout au moins par des envois de documents sur l'espèce caprine.
La prochaine réunion est fixée au vendredi 11 mai 1906.
Le secrétaire
Joseph Crépin
 

1906

Séance du 11 mai

Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation de France (Revue des Sciences naturelles appliquées),1906.
p. 216-219
1re Section - Mammifères
Sous-section d'études caprines
Séance du 11 mai 1906
Présidence de M. le Baron de Guerne, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
L'ordre du jour amène la discussion sur l'établissement du livre d'origine des races caprines. M. le Président fait part du désir de M. Ed. Perrier, Directeur du Museum, Président de la Société d'Acclimatation de voir figurer dans la Commission chargée de déterminer les standards des races de chèvres, un zootechnicien professionnel. Le nom de M. Baron, professeur de zootechnie à l'Ecole vétérinaire d'Alfort est prononcé. M. Crépin est prié de se mettre en rapport avec ce savant et de solliciter son concours, comme le souhaite la Section.
La conversation s'engage sur les préliminaires de la composition du livre d'origine, mais on conclut que l'étude de la question ne pourra se poursuivre utilement qu'en présence d'un projet présenté par la Commission.


Le secrétaire signale un fait curieux d'embryologie caprine, etc...
A citer également, mais à titre d'amusement, la naissance dans l'Oise d'un chevreau hydrocéphale, etc...


Le Président donne la parole à M. Crépin pour rendre compte à la Section des résultats de l'enquête poursuivie au cours de l'année dernière (1905) en vue d'établir la situation caprine du monde entier.
De cette enquête, il ressort que sauf en Allemagne, en Suisse, en Belgique et en Angleterre, aucune attention n'est accordée officiellement à l'élevage et à l'amélioration de la Chèvre sur aucun point de l'univers.
Cependant des troupeaux caprins de plusieurs milliers de têtes, constituent une richesse pour les propriétaires, dans les steppes du nord de l'Asie, aux abords de l'Himalaya, dans les Indes anglaises, en Turquie d'Asie, en Palestine, etc., etc., ; en Afrique particulièrement, les Chèvres sont nombreuses au Soudan, au Macina, en Egypte, en Abyssinie.
Si partout elles sont redoutables par les déprédations qu'elles sont susceptibles de commettre dans les cultures et dans les bois, elles rendent partout de grands services à l'homme comme laitières, comme bêtes de boucherie et comme productrices de tissus précieux. Leurs peaux font l'objet d'un commerce considérable et sont de plus en plus recherchées par l'industrie des cuirs de luxe.
Il est à remarquer subsidiairement que la Chèvre est complètement dédaignée comme laitière chez toutes les peuplades de race jaune. Du reste le Chinois, comme le Japonais déteste le lait.
M. le Président intervient pour confirmer ce fait en citant le cas d'un missionnaire de sa connaissance qui, souffrant d'une affection de l'estomac, s'est trouvé en Chine dans l'impossibilité matérielle de se procurer la moindre tasse de lait, le seul aliment qui lui fut permis. Il aurait infailliblement succombé d'inanition sans le touchant concours de ses paroissiennes qui se sont avisées de lui trouver du lait humain.
Le secrétaire reprend son compte-rendu en faisant connaître qu'il existe en Allemagne 3 000 000 (3 millions) de Chèvres, susceptibles d'un rapport annuel de 205 millions de marks. On y compte 6 Chèvres pour 100 habitants. La Chèvre y vivant par troupeau, personne ne songe à lui reprocher sa dent nuisible aux forêts et aux plantations. Dans toute l'Allemagne la population caprine s'est accrue en 10 ans de 500 000 têtes, mais dans la province de Posen cet accroissement a été en 20 ans de 114 % et dans la Prusse Orientale de 172 %. Du reste l'Etat et les Conseils de Cercle accordent des subventions importantes pour l'achat de reproducteurs et pour récompenser les éleveurs dans les concours. Des professeurs et des savants font des tournées de conférences pour initier le public aux avantages et à l'intérêt que peut présenter l'utilisation économique de la Chèvre. Ils offrent les subsides du Gouvernement aux groupements qui voudraient s'occuper de l'amélioration des races caprines. Il résulte de ce mouvement d'opinion, qu'il est pris grand soin de la Chèvre dans les parages où on l'élève. Elle est conduite au pâturage par petits troupeau bien surveillé et à sa rentrée des champs on lui sert un excellent barbottage, qui augmente considérablement ses facultés laitières.
Aussi l'espèce caprine est-elle déjà très améliorée en Saxe comme dans toutes les provinces allemandes où l'on s'en occupe, et elle atteint des prix qui rémunèrent largement l'éleveur de ses peines.


Une chèvre laitière ou saillie vaut 80 marks
Une chèvre d'un an : 60 marks
La chevrette de 3 mois : 40 marks
Le bouc environ : 100 marks


Ce qui montre encore le succès de la Chèvre en Allemagne c'est que les statistiques rurales accusent 208 Chèvres contre 172 Porcs chez les propriétaires possesseurs de moins d'un hectare de sol ; en d'autres termes les petits cultivateurs trouvent la Chèvre plus productrice que le Porc, ce qui n'est pas peu dire, vu l'estime que le paysan allemand accorde à la charcuterie qu'il classe parmi "les délicatesses", lisez mets délicats.
En Belgique, une remarque s'impose tout d'abord. Contrairement à l'idée très répandue et d'ailleurs absolument fausse, que la Chèvre ne prospère bien qu'en montagne, vous ne trouverez pas de Chèvres en Belgique dans les parages d'allure montagneuse. Les grands groupements caprins n'existent que dans les Flandres qui sont des pays plats et on y compte plus de 155 000 Chèvres. La Belgique tout entière en avait en 1895 près de 250 000, mais la population s'y est considérablement accrue depuis dix ans. Les provinces flamandes sont couvertes de syndicats agricoles et de laiteries coopératives au lait de Chèvre ; toutes ces institutions économiques sont dues à l'initiative des curés de campagne. M. Tibbaut, député de Gand, avec le curé de Sainte-Catherine de Courtrai, M. l'abbé Van-der-Bulke, préside le syndicat inter-provincial. Les syndicats communaux des Flandre ont été créés en 1900. En 1902, nous trouvons 5 000 Chèvres syndiquées et l'année suivante en 1903, ce chiffre s'élève déjà à 25 000. Nos renseignements s'arrêtent là, mais tout nous porte à croire que la progression a continué. Il s'est formé également à Bruxelles, sous la présidence de M. Robert Pauwels, une Société nationale pour l'amélioration de la Chèvres, mais cette Société ayant manifesté des tendances politiques qui ont déplu aux syndicats flamands qui sont très religieux, il s'en est suivi une scission très regrettable dont la Société de M. Pauwels paraît avoir surtout pâti. Comme en Allemagne et en Suisse où les syndicats fonctionnent également pour le développement de l'industrie caprine, il s'est formé en Belgique des Sociétés mutuelles d'assurance contre la mortalité caprine. On verse par tête de Chèvre 0,5 franc par an. Ces assurances mutuelles d'organisation communale forment entre elles une caisse de contre assurance alimentée par le versement de 20 % du prix d'abonnement de chaque bête assurée. Si celle-ci meurt le propriétaire touche 80 % du prix de sa bête, prix qui est déterminé d'après le poids et la qualité vénale de celle-ci. Ainsi pour évaluer le prix de la Chèvre défunte la Commission élue ad hoc par les coassurés, estime de kg du poids de l'animal à raison de 0,60 fr. s'il s'agit d'une bête vide, de 1,80 fr. si elle a été saillie, et de 1,20 fr. si elle est en plein produit. Toutes ces caisses d'assurances sont très prospères et accusent des bénéfices qui vont en grandissant.
En Angleterre, la Chèvre jouit également d'une très grande considération et la British Goat Society, qui comprend les plus grands noms du pays, tout en plaçant la question caprine sur le terrain humanitaire, en ce sens qu'elle cède aux pauvres gens des Chèvres dont le prix est remboursé par versements échelonnés, s'applique à mettre en pratique pour l'amélioration de l'espèce caprine les savants procédés d'élevage et de sélection dont se glorifient à juste titre nos voisins d'Outre-Manche. Ce qui arrête momentanément l'essor de cette branche d'industrie agricole c'est la prohibition à la frontière de tout bétail étranger, prohibition qui atteint particulièrement la Chèvre qui manque encore beaucoup dans le Royaume-Uni.
Le Secrétaire.
Joseph Crépin
 

1906

Publication de référence par Joseph Crépin

Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation de France (Revue des Sciences naturelles appliquées),1906.
p. 328
BIBLIOGRAPHIE


La Chèvre, son histoire, son Elevage pratique, ses Bienfaits, ses Services, par M. Joseph Crépin.


Le livre de M. Crépin nous montre la Chèvre à travers l'histoire et soutient son procès contre l'Erreur et les Préjugés. Il traite ensuite la question du lait dans la mortalité infantile et signale la résistance de la Chèvre à l'infection tuberculeuse. En nous faisant connaître les admirables propriétés hygiéniques du lait de Chèvre, la composition chimique de ce lait, il indique avec une rigoureuse précision scientifique que la technique spéciale de l'allaitement de l'enfant par la Chèvre-nourrice.
Tous les produits de la Chèvre sont soigneusement étudiés et mis en valeur ; aucun des services que peut rendre cet animal n'est oublié. On y parle même du Kéfir qui ne peut être authentique qu'avec le lait de Chèvre, car c'est avec ce lait que les Tartares préparent ce breuvage fermenté.
L'auteur promène ensuite le lecteur à travers le monde et le met exactement au courant de la situation caprine dans tout l'univers. Chaque chapitre de ce voyage apporte des aperçus et des faits nouveaux extrêmement instructifs. Il décrit au passage toutes races caprines des quatre parties du monde et termine son oeuvre par des leçons pratiques sur l'élevage de la Chèvre et la conduite de l'industrie caprine, an ajoutant un abrégé de thérapeutique à l'usage des éleveurs de Chèvre avec la description des maladies auxquelles cet animal est sujet.
On ne saurait trop louer l'auteur de cet excellent livre d'avoir enfin réhabilité la merveilleuse laitière que des préjugés invétérés avaient fait classer sous la dénomination méprisante de : Vache du pauvre".
L'oeuvre de M. Crépin est remarquable par sa documentation ; c'est, d'après M. Edmond Perrier qui a écrit la préface, un des plus belles et des plus complètes monographies d'espèces domestiques qui aient été publiées.
Maurice LOYER

 

CRÉPIN Joseph. La chèvre, son histoire, son élevage pratique, ses bienfaits, ses services. Préface de M. Edmond PERRIER, 2e édit., 1 vol. broché de 333 pages avec nombreuses photographies. Librairie Hachette et Cie, Paris, 10 fr.

1906

Séance du 25 mai

Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation de France (Revue des Sciences naturelles appliquées),1906.
p. 355-357
1re Section - Mammifères
Sous-section d'études caprines
Séance du 25 mai 1906
Présidence de M. le comte d'Orfeuille
Le procès-verbal de la précédente réunion (11 mai 1906) est lu et adopté sans observation.
M. Verrier donne à la Section quelques indications sur la façon d'établir un livre des origines et insiste sur l'utilité de bien préciser les caractères de race et de s'en tenir rigoureusement aux préceptes arrêtés pour l'admission à l'inscription des animaux proposés. Il cite comme modèle des registres de ce genre celui ouvert à la race des Chiens bassets.
M. Debreuil fait remarquer que les standards de Chiens de race ont été, primitivement, l'œuvre de la Société Nationale d'Acclimatation qui a, à son acquis, de nombreuses initiatives de cette nature qui ont donné depuis les plus heureux résultats.
M. Crépin est invité à faire connaître son avis sur les races que l'on pourrait dès maintenant cataloguer. Le Secrétaire de la Section pense que la race à inscrire en tout premier lieu devrait être la race alpine, qui constitue la plus productive parmi toutes nos races indigènes. Il est d'autant plus urgent d'en préciser les caractères et les facultés, que des intérêts de clocher ont déjà cherché à faire valoir et à différencier comme races, des variétés alpines qui ne se distinguent que par le poil ou l'absence fortuite de cornes, alors qu'en réalité toutes ces variétés appartiennent à un seul et même type morphologique en possession de qualités et de facultés absolument identiques.
Les races aujourd'hui connues et déterminées sont outre l'Alpine, la Schwartzhals du Haut-Valais, la Maltaise, la Murcie, la Mambrine, la Nubienne, la Pyrénéenne, la Chèvre du Massif Central, la Chèvre naine et l'Angora.
D'autres races ont été décrites comme la Thibétaine, la Chèvre maure, la Chèvre du Fouta Djalon, l'Aoussa de Sokoto, etc., mais les animaux de ces races ne sont pas assez répandus en France pour qu'il y ait intérêt à s'occuper de leur amélioration.
La question de la participation de la Section caprine à l'exposition que la Société Nationale d'Aviculture doit organiser aux serres de la ville de Paris en novembre prochain, est soulevée à nouveau, mais M. Loyer déclare n'être pas encore en mesure de renseigner la Section à ce sujet : il se mettra dans la suite, et après les demandes nécessaires auprès des organisateur de l'exposition avicole, en rapport avec Mme Valois, MM. Tolet et Crépin pour rechercher le moyen de réaliser ce projet d'exposition caprine.
M. Courtet a la parole pour développer auprès des membres de la Section ses idées d'utilisation de la Chèvre comme bête de boucherie. Dans ses lointaines explorations à travers l'Afrique, M. Courtet a eu l'occasion de consommer très fréquemment de la viande de Chèvre. Il affirme que cette viande, lorsqu'elle provient d'un animal dans la force de l'âge n'est absolument en rien inférieure à la chair du Mouton. Pendant son séjour au Sénégal, son cuisinier, lorsqu'il se rendait au marché, n'attachait pas la moindre importance à acheter plutôt une côtelette de Mouton qu'une côtelette de Chèvre, la saveur et l'aspect des deux viandes étant identiques. Même ressemblance existe entre un gigot de Chèvre et un gigot de Mouton. Du reste des banquets ont été organisés, il y a quelque 30 ans, chez Chevet, au Palais Royal, et au Palace Hôtel à Londres pour faire goûter aux convives de la viande de chèvre accommodée de différentes façons et démontrer que cette viande vaut à tous égards celle du meilleur Agneau. Tout le monde sait d'ailleurs les succès qu'obtient partout la chair de Chevreau, et tout le monde sait également l'usage que l'on fait de la viande de Chèvre dans certains départements de France où la Chèvre forme encore de nombreux troupeaux.
Les Arabes donnent nettement leur préférence à la chair de Chèvre sur celle du Mouton. Il en est de même chez les Hindous et chez certains peuples asiatiques qui savent apprécier en gourmets les plaisirs de la table. Nous ne citerons pas l'usage de viande de Chèvre que font sur une grande échelle les peuplades du centre de l'Afrique, car celles-ci sont suspectes de s'accommoder souvent d'autres mets auxquels nous nous refuserions énergiquement de goûter.
L'intérêt que M. Courtet verrait à répandre la viande de Chèvre repose surtout sur l'idée de fournir au public, et notamment aux dyspeptiques auxquels on ordonne des viandes crues, une chair exempte de toute tuberculose. Cet usage aura aussi pour avantage de mettre en vogue la Chèvre qu'on recherche moins comme laitière, parce qu'après lactation elle trouve difficilement son écoulement en boucherie. On est bien arrivé à habituer le public à manger du Cheval, pourquoi ne l'amènerait-on pas, à plus forte raison, à consommer de la Chèvre qui n'est rien plus qu'absolument appétissante par sa recherche de propreté et le soin qu'elle met à écarter de sa bouche tout ce qui a seulement l'apparence d'être avarié.
On remarque à Paris que dès l'apparition dans certaines grandes épiceries d'un rayon de comestibles nouveaux tous les autres épiciers s'empressent d'imiter le confrère qui tient la vogue. Ne pourrait-on pas s'entendre avec une maison importante pour qu'elle ouvre à la suite de son étal de boucherie une section spéciale de viande pour les personnes qui désirent se nourrir impunément de viande crue ; celles-ci trouveraient dans ce rayon, des gigots non de chèvre (le nom effraierait) mais de Chevreau. Chevreau, Chevreuil, les deux mots ont de l'affinité, et le public parisien qui consomme, avec plaisir et recherche 150 000 Chevreaux par an, se risqueraient à goûter le gigot caprin et le trouverait parfait. Du coup tous les épiciers vendraient de la Chèvre et celle-ci, une fois bête de boucherie, deviendrait aussi courant à la ferme comme ailleurs comme ne l'est la vache, et le lait de Chèvre lui-même entrerait de ce fait dans la consommation courante pour le plus grand bien de la santé publique et surtout de l'hygiène de l'enfance.
M. Crépin présente quelques observations au sujet de l'élevage de la Chèvre. Il reconnaît que, pour obtenir des Chevreaux bien développés, il n'y a pas mieux que la méthode naturelle qui consiste à faire téter les jeunes animaux au pis de la mère, mais il condamne comme funeste à la lactation le maintien des biquets auprès de leur mère. Les jeunes bêtes, dans ces conditions, sont constamment après la mamelle, empêchant le lait de s'y amasser et fatiguent la glande mammaire par une succion continuelle. Il est reconnu qu'une chèvre qui vit à côté de ses petits ne donne que le lait nécessaire à ses besoins. Elle tarit dès que les Chevreaux peuvent se passer de lait. Il en est tout autrement d'une laitière qui reçoit ses petits à des heures régulières. L'appareil lactogène se développe alors sous la poussée du lait et l'uniformité régulière de la traite par mulsion manuelle substitue la force de l'habitude à l'impulsion de l'instinct. La bête continue à donner automatiquement un lait abondant que depuis longtemps ne réclame plus le Chevreau. On voit des lactations qui se prolongent de la sorte pendant plusieurs années sans amener de fatigue pour la laitière dont l'appétit se maintient en conséquence. Ce n'est qu'en observant cette règle qui est d'ailleurs celle suivie pour la Vache, que l'on obtient les grands rendements accusés par les éleveurs professionnels de la Chèvre.
Le Secrétaire
Joseph Crépin
 

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