CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE TOURS 1892

Publié le par histoire-agriculture-touraine

Journal d'agriculture pratique. Janvier à juin 1892 Tome I. 1892
p. 864-868 et 899-908
CONCOURS RÉGIONAL DE TOURS.
Gustave HEUZÉ

p. 899-906
La Touraine n'est pas très riche en bétail. Depuis 1840, elle a perdu 30 000 bêtes bovines et 120 000 bêtes ovines. La plupart des bêtes bovines appartiennent à la race parthenaise et à la race marchoise. Ce sont les défrichements opérés depuis 40 ans qui ont fait diminuer les bêtes ovines et augmenter le nombre des bêtes caprines. Le fromage de chèvres se vend facilement sur tous les marchés.

La race bovine parthenaise était représentée au concours par 73 animaux qui formaient un bel ensemble. Ces animaux appartenaient presque tous à des agriculteurs des départements des Deux-Sèvres et de la Vienne. La Vendée n'avait envoyé que quelques animaux dérivés de la race nivernaise. Il n'est pas inutile de rappeler que cette dernière race se substitue, depuis quelques années à la race parthenaise sur un certain nombre d'exploitations dans la partie bocagère de la Vendée, parce qu'on lui reconnaît des qualités que ne possède pas la race parthenaise. A part sa grande aptitude pour le travail, cette race a le défaut d'être un peu tardive et de s'engraisser bien moins facilement que la race charolaise. Quoi qu'il en soit, les animaux exposés par M. de Massardière, à Antran (Vienne), et M. Chantecaille, à Chavagné (Deux-Sèvres) caractérisaient très complètement la race connue depuis longtemps sous les noms de race parthenaise, race choletaise our race vendéenne.

La race nivernaise comprenait 53 animaux, appartenant à des cultivateurs du département de la Nièvre et de l'Allier. On a beaucoup admiré ceux qui avaient été exposés par M. Bourdeau, à Saint-Benin-d'Azy (Nièvre), M. Grizard, à Limon (Nièvre), M. Guillerand, Mars-sur-Allier (Nièvre), M. Aucouturier, à Saint-Just (Cher). Le prix d'ensemble a été décerné à M. Grizard, qui avait obtenu 7 prix.

La race limousine se perfectionne d'année en année, ainsi que l'attestent les animaux élevés par M. Léobardy, à la Jonchère, M. Teisserenc de Bort, à Saint-Priest-Taurion (Haute-Vienne), M. Parry à Limoges. Les animaux de cette race étaient en nombre de 114, sur lesquels 61 étaient inscrits au herd-book limousin. Sur 52 prix décernés, 29 ont été attribués à des animaux dont les noms figurent sur le registre matricule. Ces animaux avaient incontestablement une grande supériorité sur les autres, ce qui justifie une fois de plus l'utilisation de ce livre généalogique. C'est à M. Teisserenc de Bort qu'a été décerné le prix d'ensemble des races limousine et parthenaise. Les beaux animaux qu'il a présents pour disputer cette récompense sont inscrits au herd-book limousin.

La race marchoise, qui rappelle par son ensemble la race tarentaise, existe principalement dans le département de la Creuse. Cette race était représentée par 24 taureaux et vaches. Les 11 prix décernés ont été obtenus par M. Nadaud et M. Thomas, agriculteurs à Dun-le-Palleteau (Creuse).

La race durham ne comprenait pas moins de 74 animaux, venus des départements de Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe, Ille-et-Vilaine, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Allier, Nièvre, Charente-Inférieure et Pas-de-Calais. L'ensemble était si remarquable que le jury s'est trouvé dans la nécessité d'accorder 4 prix supplémentaires. Sue les 33 prix décernés, M. Grollier, à Durtal (Maine-et-Loire) en a obtenu 6 ; M. de Clercq, à Oignies (Pas-de-Calais), 5 ; M. Signoret, à Sermoise (Nièvre), M. le marquis de Chauvelin à Rilly (Loir-et-Cher), et M. Larzat, à Germigny-l'Exempt (Cher), chacun 3. Les taureaux et les vaches appartenant la race durham pure ont leur raison d'être dans les concours d'animaux reproducteurs, mais en est-il ainsi des animaux provenant de croisements opérés entre cette race noble et les races indigènes françaises ? Je ne l'ai jamais admis, parce que je ne connais pas de cultivateurs qui font usage de taureaux croisés durham comme reproducteurs. C'est dans les concours d'animaux de boucherie que doivent figurer les animaux qui ont été améliorés par le sang durham. En général, les taureaux et les vaches exposés dans les concours régionaux sous les noms de durham-charolais, durham-manceau, durham-croisé, etc., sont des durham qui ne sont pas assez parfaits pour être placés à côté de durhams purs d'une excellente conformation. Dans la plupart des cas, ces animaux n'ont aucun caractère qui rappelle la race indigène qui a été saillie par un taureau durham de premier ordre. Le prix d'ensemble attribué purs et à leurs croisements a été décerné à M. Gandon, à Greez-en-Bouère (Mayenne), qui a obtenu un rappel de 2e prix dans les durhams et deux prix et un rappel de 1er prix dans les croisements. Le moment est venu où les croisés durham doivent être bannis des concours d'animaux reproducteurs.

La catégorie comprenant les races françaises pures, à l'exclusion des races ayant une division spéciale, ne comportait pas moins de 131 animaux appartenant aux races normandes, salers, bretonne, bazadaise et garonnaise. La race normande et cotentine était représentée par 80 taureaux et vaches d'une très bonne conformation. C'est pourquoi elle a obtenu 16 prix sur 19 mentionnés dans l'arrêté concernant le concours. La plupart des animaux primés appartenaient aux départements de la Manche, du Calvados, d'Indre-et-Loire et des Côtes-du-Nord. Sur 5 accordés aux bandes de vaches laitières pleines ou à lait, la race normande en a obtenu 3.

Les races étrangères pures autre que la race durham étaient représentées par 28 animaux appartenant à des races laitières. La race schwitz a valu 3 prix à M. Maurice du Plessis, à Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire) ; la race hollandaise ; 3 à M. le comte de Briey, à Magné (Vienne) et la race jersiaise, 3 prix à M. Lafont, à Sussay (Vienne). La race hereford est d'origine anglaise ; elle a une grande aptitude pour le travail et s'engraisse assez facilement ; elle se distingue principalement par sa belle conformation et son pelage rouge foncé. Cette race se propagera-t-elle en France ? Peut-on l'utiliser dans l'amélioration de la race de Salers ? En attendant que l'expérience soit prononcée, elle a valu 2 prix à M. d'Etchégoyen à Saigneville (Somme).

Je ne puis quitter les bêtes bovines sans mentionner les beaux animaux exposés hors concours par la colonie agricole de Mettray, près Tours. Ces animaux, au nombre de 21, appartenaient aux races normande et hollandaise.
La colonie de Mettray a été fondée en 1839 par MM. de Metz et de Courteilles, dans le but de moralise l'enfance coupable, de rendre à la Société des enfants qui, sous l'influence de la mauvaise éducation qu'ils ont reçue, ont des dispositions vicieuses ou sont préjugés comme de natures perverties. Les fondateurs de cet établissement humanitaire avaient inscrit sur leu drapeau cette noble devise : Améliore l'homme par la terre et la terre par l'homme. De plus, comme la plupart des jeunes libérés n'ont pas de famille ou n'ont pas connu les bienfaits des conseils paternels ou maternels, les honorables fondateurs de cette charitable institution ont voulu que les enfants trouvassent en entrant et en sortant de Mettray une véritable famille qui les moralise et les engage sans cesse à persévérer dans la voie du travail et de l'honnêteté. etc...
 

 

 

2015

RADUGET Nicolas, Les acteurs et les voies de la mise en valeur du patrimoine alimentaire de la Touraine des années 1880 à 1990, thèse de doctorat d’Histoire contemporaine (sous la direction de Jean-Pierre Williot), Université de Tours, 5 volumes, 2015, 1063 p.
https://www.theses.fr/2015TOUR2016


RADUGET Nicolas, Les produits du Jardin de la France dans les Expositions internationales de la fin du XIXe siècle
Presses universitaires François-Rabelais, 2015
p. 213-225
https://books.openedition.org/pufr/25250
 

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